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HISTOIRE

GÉNÉRALE

DES HUN S

LIVRE HUITIÉ ME.

LES TURCS CHA-T O.

I.

Dynaftie des Tcin.

USQU'ICIles Nations defcendues des Huns, ou n'avoient fait que des courfes dans l'Empire de la Chine, où lorfqu'elles avoient poffedé quelques-unes de fes Provinces, leurs Princes n'avoient été regardés que comme des petits Rois. Les Turcs Cha- to furent les premiers d'entre les Huns qui ont été mis au rang des Empereurs, & leur Dy

Je n'ai point cité dans ce Livre mes authorités, parce que tout ce que je rapporte eft uniquement tiré du Kam-mo & de Lie-tai-ki-fu.

naftie placée à la fuite des Dynasties impériales. Cet Empire a toujours éprouvé un grand nombre de révolutions qui avoient été occafionnées ou par les Chinois eux-mêmes ou par les différentes Nations Tartares qui étoient venues s'y établir. Dans les premiers tems de fon origine, il avoit été électif; mais il devint bientôt héréditaire, & la famille de Hia fut la premiére dont les princes le poffederent à titre d'héritage. Celle de Cham lui fuccéda; mais les mémoires hiftoriques qui nous reftent de ces anciens tems ne font pas fuffifans, ni capables de nous donner une jufte idée de la véritable fituation de la Chine. Ces mémoires commencent à être plus étendus fous la Dynastie des Tcheou qui regna après celle de Cham; nous voyons alors la Chine démembrée par une foule de Princes qui regnoient fur autant de petits Royaumes, & qui ne laiffoient aucune autorité à l'Empereur. Ces fiécles malheureux font appellés par les Hiftoriens Chinois, les tems des guerres civiles.

Tel fut l'état de la Chine jufqu'à l'an 240 avant J. C. Tant de fiècles d'une guerre continuelle ont été terminés le par regne d'un Empereur qui peut paffer pour un des grands Conquerans de la Chine. Chi-hoam-ti fondateur d'une nouvelle famille appellée Tfin, après avoir foumis & détruit toutes les familles de ces petits fouverains acheva cette fameufe muraille pour fervir de bariére aux Tartares, dont les courfes avoient encore augmenté les troubles que les guerres civiles entretenoient depuis long-tems. L'ouvrage immenfe de Chi - hoam-ti n'arrêta point les Tartares, & la mort de cet Empereur replongea la Chine dans des malheurs auffi grands que ceux qu'elle avoit effuyés avant fon regne. Un Prince de fa famille lui fuccéda, mais il ne poffeda pas toute la Chine. Plufieurs Capitaines fe revolterent dans les Provinces, & y formerent de petites principautés qui ne furent éteintes que par l'établissement de la célébre Dynaftie des Han. Elle commença à regner vers l'an 206 avant J. C. mais le voisinage des Tartares & principalement des Huns, dans le tems que les Chinois avoient lieu

d'efpérer de la tranquillité, leur occafionna des guerres longues & couteufes. Des armées innombrables, venues de Tartarie, entrerent dans la Chine & ruinerent fes Provinces feptentrionales. Dans la fuite les Chinois s'aguérirent & commencerent à fortir de leurs frontiéres ; ils firent la conquête de tous ces vaftes pays qui font fitués entre le Maouarennahar & la Chine; ils s'avancerent même jufqu'à la mer Cafpienne. Un ufurpateur interrompit la fuite des Princes de la Dynaftie des Han, & fut auteur de grands troubles qui ne prirent fin que par le rétabliffement des Han. Cette feconde branche fut longtems occupée à détruire l'Empire des Huns, & elle n'y parvint que vers l'an 95 de J. C. mais elle approchoit elle-même de fa fin. Elle fut détruite l'an 219 de J. C. Une troifiéme branche de cette famille conferva encore la dignité impériale pendant environ quarante-cinq ans quoiqu'elle ne poffedât pas toute la Chine. Deux autres, celles de Ou & de Goei la partageoient avec elle; ainsi la Chine, qui jufqu'alors n'avoit toujours formé qu'un seul Empire, fouvent démembré par de petites familles dont les Princes ne portoient que le titre de Roi, fut gouvernée en même-tems par trois Empereurs. Enfuite la famille de Tcin réunit fous fa puiffance ce vafte Empire; mais à peine fe trouva-t'elle maîtreffe abfolue, par l'entiére deftruction des trois familles, qu'il s'éléva une quantité prodigieufe de petites Dynafties, les unes originaires de la Chine, les autres venues du Turkeftan. Tant de petites Principautés devinrent une fource intariffable de guerres; elles étoient continuellement aux prifes les unes avec les autres. Les Tartares Orientaux augmenterent les troubles. Ainfi fe paffa tout le tems que regna la Dynaftje des Tcin; il fut fuivi par des tems encore plus facheux. La deftruction des Tcin produifit deux Empires dans la Chine; l'un dans le nord avoit été fondé par les Tartares Orientaux qui portoient le nom de To-pa ou de Goei; l'autre dans le midi ; cinq familles Chinoifes le poffederent fucceffivement en peu de tems. Jamais la Chine ne s'étoit encore trouvée dans des tems fi malheureux. Des

familles qui fe difputent le thrône impérial entraînent avec elles des maux bien plus grands que de petites Prin- Après J. C. cipautés bornées dans une Province. Il y en avoit cependant encore indépendamment des deux grands Empires.

La célébre Dynaftie des Tam mit fin à tous ces troubles & parut promettre à la Chine plus de tranquilité. En effet après plufieurs guerres qu'elle fut obligée de foutenir pour détruire ce qui reftoit des familles précédentes, elle fe trouva maîtreffe abfolue de toute la Chine. Aucune principauté ne la partagea avec elle; mais les Turcs & tous les Barbares du nord ne cefferent de faire la guerre aux Empereurs des Tam. Quelques rebelles qui penferent caufer la ruine de cette Dynaftie, l'ébranlerent jufques dans fes fondemens; enfin cette famille fut détruite comme toutes celles qui l'avoient précédée, & la Chine fe trouva plongée dans de nouveaux malheurs. Pendant que la petite Dynaftie des Heou-leam ne faifoit

de fe montrer fur le thrône Impérial, il s'élévoit dans le Turkeftan une famille qui s'approchoit infenfiblement de la Chine pour s'en emparer entiérement dans la fuite, fous le nom de Tcin & enfuite fous celui de Heouam; c'est-à-dire les feconds Tam.

tum-kao

Parmi les differentes Hordes des Turcs il y en avoit Ven-hienne qui portoit le nom de Tchou - yue; elle demeuroit 'ns les environs du lac de Lop, proche lequel il y avoit Lie tai kö ι grand défert que les Turcs appelloient Cha - to, & S cft de-là que la Horde de Tchou - yue a été appellée G-to. Les Hiftoriens Arabes qui ont parlé de cette espéce durcs lui ont donné le nom de Bagargar, & ils nous apprinent que ces peuples adoroient en partie le feu, & Scherif slee qula ville de Tantabée étoit leur Capitale. La Horde drifi. deCha-to étoit foumife aux Grands Khans des Turcs ocdentaux; elle les fuivit dans toutes leurs expéditions & rouva la même fortune. Après la mort du Grand Kha Ho-lou, les Cha-to avoient un chef nommé Kinchaqui, pour les fervices qu'il rendit à l'Empereur de la Cne fut fait Kum de Tcham-ye. Il envoya des tri

L'an 657

L'an 71

L'an 786.

ye,

buts aux Chinois. Après fa mort, fon fils Fou - koue lui Après J. C. fuccéda dans le gouvernement de la Horde. Celui-ci eut pour fucceffeur fon fils Ko-tou, & le fils de ce dernier nommé Tfin-tchong devint après lui chef de la Nation. La L'an 713. trop grande puiffance des Tibetans ou Toufans l'obligea d'abandonner fa demeure & de fe retirer avec fes fujets dans le voisinage de la fortereffe de Pe-ting au nord d'Igour. Enfuite lorfque cette place eut été prife par ces peuples, Thin-tchong, dont le nom de famille étoit Tchoufe foumit aux Tibetans. Ces peuples le placerent avec fes fujets à Kan-tcheou à l'extrêmité du Chenfi, & toutes les fois qu'ils faifoient des courfes dans la Chine, les Châto étoient à l'avant-garde de leur armée. Dans la suite les Hoei-ke enleverent aux Toufans Leam-tcheou: alors ceux-ci craignant que les Cha-to ne fe déclaraffent en faveur des Hoei-ke voulurent les tranfporter plus loin du côté de l'occident; mais Tçin-tchong & fon fils Tchi-y fe retirerent au contraire vers l'orient avec trente mille familles Turques, dans le deffein de fe foumettre à l'Empereur des Tam; les Toufans les poursuivirent & ils en vinrent plufieurs fois aux mains. Les Turcs s'approcherent de l'endroit où eft aujourd'hui Caracorom.

L'an 808.

Après la mort de Tçin-tchong, fon fils Tchi-y qui avoit perdu une grande partie de fes fujets, s'avança avec di mille hommes vers Lim-tcheou où il fe foumit aux Ch

nois. Le gouverneur du pays le plaça à Yen-tcheou, x l'Empereur Hien-tcong lui donna quelques titres. Das la fuite un frere de Tchi-y nommé Ko-le-o po fe renit auffi à la Chine avec plufieurs bandes de Turcs, & btint auffi des titres de l'Empereur. On confia à Tchi-la garde des frontieres feptentrionales pour maintenir les L'an 836 peuples du nord, & furtout les Hoei-ke, qui, en apporant leurs tributs, ne laiffoient pas de commettre de gands défordres vers Kouei - hoa-tching ou Kou-kou - hotun. Après la mort de Tchi-y, fon fils Che-fin lui fuccéda.

L'an 869.

Ce chef des Cha-to rendit de grands fervices aur ChiLie tai-ki- nois. Sous le regne de Y-tçung Empereur de la Dynastie des Tam, un rebelle nommé Pang-hiun ravageoit les Pro

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