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L'an 471.

Kam-mo.

Cette grande puiffance des Topa n'empêchoit pas cependant que la Tartarie n'eut fes Khans particuliers qui étoient alors de la race des Geou-gen & les Kao-tche euxmêmes,quoique foumis à ces Geou-gen, ne redoutoient pas tellement les To-pa, qu'ils ne priffent quelquefois les armes contre eux, & ne les battiffent. Mais les cruautés du Khan des Geou-gen nommé Fou-mim-tun, contribuerent encore davantage à augmenter la puiffance des Kao-tche. A-foutchi-lo chef des Kao-tche se mit à la tête de cent mille familles, fe retira vers l'Irtisch où il prit le titre de Roi, & battit en plufieurs rencontres les Geou-gen. Il revint enfuite dans les pays plus orientaux, fit alliance avec les ToL'an 508. pa ou Goei; battit enfuite & tua le Khan des Geou-gen nommé To-han au bord du lac de Lop dans le defert. L'an 16. Quelques-tems après, les Geou-gen eurent leur revanche, & tuerent Mi-gno-to qui étoit alors chef des Kao - tche. Y-fou fon frere, fut mis à la tête de la nation, & il défit Po-lo-muen Khan des Geou - gen. L'année fuivante il fut tué lui-même par fon frère Yue-kiu, qui fe déclara chef des Kao-tche.

L'an 491.

L'an 521.

L'an $23.

L'an 606.

Kam-mo.

,

Pendant ce tems-là il y avoit toujours dans le nord de la Chine un grand nombre de familles des Kao-tche qui étoient foumifes aux Goei; elles étoient employées communement dans les armées des Goei, & fouvent elles alloient faire des courfes fur les terres des Tartares Geougen; fouvent auffi elles fe revoltoient contre les Empereurs des Goei qui étoient obligés d'envoyer contre elles des troupes, & d'entretenir des garnifons. Ces fortes de mouvemens qui n'intéreffent point le refte de la Nation ne m'ont pas paru affez importans pour que je me fois attaché à les faire connoître. Tous ces peuples de même que ceux qui habitoient dans la Tartarie, continuerent d'être foumis les uns aux Goei, les autres aux Geougen; & après la deftruction de ces Tartares aux Turcs.

Les Kao-tche furent vaincus par le Khan des Turcs occidentaux nommé Tchou-lo, & lui payerent tribut; ce Prince qui appréhendoit que ces peuples ne fe revoltaftum kao. fent, fit affembler leurs chefs, & les fit mourir tous; auffi

Tam-chou.
Ven-bien

tôt les Kao-tche prirent les armes & choifirent un Khan nommé Ko-leng, à qui ils donnerent le titre de Mo-ho- Après J. L. khan; ils remporterent plufieurs victoires fur Tchou-lokhan & s'emparerent des pays de Hami, d'Igour & d'Harafchar. Un des chefs des Sie-yen-to prit le titre de fecond

Khan.

Ju

Tous ces peuples fe difperferent de plus en plus dans Lie-tai-kila Tartarie & devinrent très-puiffans. Ils fecouerent le joug Kam-me des Turcs & jetterent alors les fondemens d'un Empire Ven-bienqui occupa depuis, prefque toute la grande Tartarie. Ils tm-ka. étoient divifés en un grand nombre de Hordes qui avoient toutes leurs chefs.

La premiére & celle qui donna dans la fuite fon nom à toute la Nation étoit appellée Hoei-ke ou Goei-ke ; elle étoit très nombreuse & très-brave. Dans le commencement elle n'avoit point de chef. Ces peuples comme tous les Tartares cherchoient les bords des rivieres & fe tranfportoient de cótés & d'autres avec leurs troupeaux. Ils demeuroient au-deffus de la riviere So-ling-choui ou de Selinga au nord de la Horde des Sie-yen-to.

La feconde Horde étoit nommée Sie-yen-to; elle s'étoit 'déja revoltée autrefois contre les Turcs, elle étoit devenue très - puiffante & avoit poffedé l'Empire de la Tartarie, Mo-ko-khan étoit de cette Horde; elle étoit compofée d'une ancienne bande de Huns appellé Sie qui demeuroient au nord du défert: ces Sie dans la fuite défirent les Yento, autre Horde de Huns, & depuis ce tems ces deux bandes réunies ont été connues fous le nom de Sie-yen-to.

La troifiéme Horde appellée Ki-pi-yu demeuroit au nord-oueft d'Haraschar, au midi des Tou-lan-ko: ces peuples étoient très-braves.

La quatrième étoit appellée Tou-po, elle demeuroit dans la Siberie vers le lac Paikal. Les Peuples de cette Horde étoient beaucoup plus barbares que les autres, ils ne s'appliquoient point à la culture des terres & n'avoient point de bœufs ni de moutons ; ils vivoient de racines ou des animaux qu'ils prenoient à la chaffe, ou des poiffons que les rivieres leur fourniffoient. Ils s'habilloient de peaux;

Tam-chen:

Après J. C.

ils laiffoient les corps morts au milieu des montagnes fufpendus à des arbres; en un mot, ces peuples étoient des barbares qui n'avoient aucune connoiffance des Loix, ni même des faifons.

La cinquiéme Horde étoit celle des Ko-li-han qui demeuroient auffi dans la Siberie fur le bord du lac Paikal. C'eft précisément dans le pays que nous appellons aujourd'hui le pays des Kergis, d'où font fortis les Circaffiens. Il est encore renommé pour la bonté de ses chevaux, mais y fait très-froid.

il

La fixiéme Horde eft appellée To-lan-ko; ces peuples demeuroient à l'Orient des Sie-yen-to, au nord du désert fur le bord d'une riviere appellée Tum-lo.

La feptiéme portoit le nom de Pou-ko, cette Horde étoit fituée à l'Orient des To-lan-ko dans le nord; on la nomme encore Pou-fiu.

La huitiéme Pa-ye-kou eft placée à l'Orient des Pouko, & dans le voisinage des Mo-ko. Ces peuples font des chaffeurs. On rapporte qu'il y a dans leur pays une riviere qui a la propriété de pétrifier le bois.

La neuviéme eft appellée Tong-lo & placée à l'Orient des To-lan-ko & au nord des Sie yen-to, au fud du Kerlon, proche un grand lac qui fe trouve dans les environs. Cé pays eft éloigné de Si-gan-fou de dix-fept mille cinq cens li.

La dixiéme nommée Hoen, eft la plus méridionale de toutes ces Hordes.

La onzième Sse-kie étoit située dans le même pays que les Sie-yen-to au nord du défert.

La douziéme Kiai-fie étoit au nord eft des To-lan-ko & dans le voisinage des Pou-ko.

La treiziéme Hi-kie étoit située au nord des Tong-lo & à l'Orient des Pou-ko.

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La quatorziéme O tie ou A-ti étoit fituée au nord-oueft des To-lan-ko.

La quinziéme Pe-fieou demeuroit au nord du pays des Kitans dans l'ancien pays des Sien-pi.

Il étoit néceffaire, pour faire connoître toute l'étendue

que

de cette Nation, d'indiquer le nombre de fes Hordes & les pays dans lesquels elles habitoient; elles étoient tou- Après J. C. tes foumises aux Turcs. Plufieurs d'entre elles firent quelques efforts pour fecouer le joug, & particuliérement la Horde des Sie-yen-to. Celle des Ou-hou ou Ou-ke, après Tchou-lo-khan eut fait périr fes chefs fe joignit aux Pou-ko, aux Tong-lo & aux Pa-ye-kou : toutes ensemble elles fe revolterent, & nommerent un chef qui portoit le titre de Se-kin (a). Cette Nation prit alors le nom de Hoei-ke, le nom de famille de fon premier chef, ou Ssekin étoit Yo-lo-ko, ou felon d'autres Yo-ko-lo; il étoit appellé Chi-kien, & il commandoit à cent mille hom- Chi-kien mes, dont la moitié étoient foldats. Chi-kien avoit un fils nommé Pou-fa qui fe fit aimer des Hoei-ke à cause de sa bravoure & de fa prudence. Il marchoit à la tête des armées, & affuroit la victoire à fa Nation. Après la mort de Chi - kien, il fut fait chef des Hoei-ke; il gouverna fa Pou-fa. gement ces Hordes avec fa mere Ou-lo-hoen; les Hoeike commencerent à fe faire craindre dans la Tartarie ils vinrent avec les Sie-yen-to faire des courfes fur les frontiéres feptentrionales de l'Empire des Turcs. Pou-fa avec cinq mille cavaliers défit une armée de cent mille hommes que Kie-li-khan avoit envoyée contre lui, & la pourfuivit jufqu'aux monts Altai. Sa reputation fe repan-. dit dans toute la Tartarie, il prit le titre de Houo-kie-lifa, & mit fa Cour au nord du fleuve Toula : il rechercha enfuite à faire alliance avec les Chinois ; il envoya des ambassadeurs chargés de préfens à l'Empereur Tai-tçong de Lie-tai kila Dynaftie des Tam, plufieurs autres Hordes de la Nation S. telles que celles des Pou-ko, des Pa-ye-ko, des Tong-lo, des Pe-fieou, & des Hoen imiterent fon exemple. L'arrivée de ces étrangers à la Chine fervit à faire connoître le nom Chinois dans toute la Siberie. On y vit en L'an 631. core venir des peuples appellés Che-goei qui font pro prement les Tongoufes d'aujourd'hui; ils demeuroient prom che le fleuve Amour, & s'étendoient le long de la Lena

(4) On dit encore Ki-kin,

L'an 629.

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Après J. C. Tou-mitou.

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Tam-chou.

Ven-hinεum-kao.

L'an 647.

Après la mort de Pou-fa, Tou-mi-tou lui fucceda, it raffembla les troupes de toutes les Hordes & marcha contre les Sie-yen-to qu'il détruifit. Après s'être emparé de leur pays, il envoya des ambaffadeurs à Tai-tçong L'an 646. Empereur des Tam qui étoit alors à Lim-tcheou dans le Lie-tai-ki- Chenfi. Ce Prince leur donna audience à Kim-yam : les Hoei-ke lui dirent qu'ils venoient se foumettre à lui & le supplier d'établir parmi eux des Officiers Chinois pour les gouverner, parce qu'ils ne vouloient pas imiter les Sie-yento qui étoient actuellement détruits & difperfés, pour n'avoir pas voulu rendre hommage à un auffi grand Prince que lui. Tai-tçong donna un grand feftin à ces ambassadeurs, & envoya dans leur pays environ mille Officiers Chinois, qui partagerent ces vaftes Contrées en différents Gouvernements, & les diftribuerent aux principaux Chefs de Hordes. Chacun de ces Chefs étoit foumis à un officier Chinois & portoit à fa ceinture un poiffon incruftré d'or. Pour les engager d'avantage à refter fous l'obéiffance des Chinois l'Empereur leur fit préfent d'un grand nombre d'habits de foye & de fabres richement ornés. Ils fupplierent l'Empereur de faire des grands chemins pour aller plus facilement de la Chine en Tartarie. Tai-tçong fit établir dans le défert foixante-huit campemens ou poftes, dans lefquels on trouvoit des chevaux, du lait caillé & des viandes pour les voyageurs. Ces endroits fervoient en même-tems à recevoir les peaux de martes Zibelines que ces peuples envoyoient en tribut aux Chinois. Tou-mitou obtint le titre de Général des armées Chinoises; mais il prit lui-même celui de Khan & établit différens OffiL'an 648. ciers pour l'adminiftration des affaires & le commandement des armées ; il avoit à peine achevé d'établir une forme de gouvernement parmi ces peuples, qu'un de fes neveux appellé Ou-ke, qui avoit débauché fa femme, refolut de fe défaire de lui. Tou-mi-tou fut tué & le cous pable après cette action se sauva avec fes complices auprès de Tche-pi-khan; mais il fe laiffa tromper enfuite par les promeffes des Chinois qui paroiffoient oublier fon crime & lui offrirent des Charges confidérables. Il vint

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