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Mim-tçong

vinffent tour à tour au palais, & qu'ils donnaffent audiance au peuple. Comme ce Prince ne fçavoit pas lire Après J. C. & que fon Miniftre ne pouvoit pas dreffer lui-même les L'an 926. réponses à tous les placets qu'on lui préfentoit, il nomma des Officiers qu'il chargea de cette commiffion, il rétablit la mémoire de plufieurs Généraux qui avoient eté mis à mort fous le regne précédent.

Il y eut dans le même tems quelques troubles à Pientcheou; mais on ne leur laiffa pas le tems de devenir plus confidérables, & on les appaifa fur le champ. Les Kitans d'un autre côté s'étendoient alors beaucoup vers l'orient. Leur Roi Apao ki venoit de s'emparer de la ville de Fouyu - tching au nord de la Corée. L'Empereur lui envoya un ambassadeur nommé Kuen pour lui annoncer le changement qui venoit d'arriver dans l'Empire. Le Roi des Kitans parut regretter l'ancien Empereur, & maltraita l'ambaffadeur; il vouloit qu'on lui remit plufieurs places dans le nord, fur le refus qu'on en fit, il mit aux fers Kuen; mais ce Prince mourut prefque auffi-tôt, & fon fils Te - kuam lui fuccéda. Il y avoit alors un Officier de l'Empereur nommé Mem-tchi-fiang qui avoit quelque deffein de s'emparer du pays de Cho; un autre qui voulut fe revolter fut puni fur le champ. Ce Prince commença à faire diftribuer à fes Officiers des habits d'hyver & de printems. Il fçut engager Liu-ven-tcin qui s'étoit retiré autrefois chez les Kitans à revenir à la Chine, cet Officier commandoit dans Pim-tcheou pour ces Tartares & il avoit fous fes ordres plus de cent mille Chinois qu'il ramena dans leur patrie.

L'Empereur au commencement de la nouvelle année donna quelques charges à différens Officiers;événemens peu importans & fur lefquels nous ne nous arrêterons pas, fi ce n'eft que pour faire remarquer que Che-kim-tam, gendre de l'Empereur, & qui fonda dans la fuite la Dynaftie des Heou-tfin, fut un de ceux qui cut part à ces diftributions; il obtint une charge confidérable dans les troupes. D'autres furent punis avec toute leur famille. En même tems

L'an 9270

Après J. C.
Mim-tcong

Kao-ki-tchang roi de Hing-nan s'empara de Kuei-tcheou. On fut obligé d'envoyer des troupes contre lui. Celles L'an 927. qui étoient dans la ville de Po-tou se revolterent; mais elles furent foumifes & on en fit périr un grand nombre. L'Empereur fit enfuite porter la guerre dans le pays deHingnan dans le midi. Cette expédition ne réuffit pas. Ses troupes furent plus heureufes quelque tems après. Kuei-tcheou, Tchong-tcheou (a) & Van-tcheou (b) furent reprises, enfuite les Kitans firent la paix avec l'Empereur ; & les peuples de Sin - lo vers la Corée ; de Yam-ko, de Tanghang à l'occident du Chenfi, les Hoei-ke & les Tou-fan ou peuples du Tibet lui envoyerent des ambaffadeurs. Ce Prince voulant alors fe rendre à Pien-tcheou, ce voyage fit naître quelques foupçons dans l'efprit de Tchu-cheou-in qui en étoit gouverneur : une partie de fes Officiers l'exhorterent à prendre les armes & il le fit. L'Empereur fe propofoit de lui envoyer Fan-yen-kuam pour l'engager à rentrer dans le devoir; mais Fan-yen-kuam ayant représenté qu'il étoit plus à propos de faire partir des troupes, parceque la ville de Pien-tcheou étoit trop fortifiée, on le chargea d'y aller avec cinq cens cavaliers. Il fut obligé d'en venir aux mains avec les troupes de Pien-tcheou ou Kai-fong-fou. Enfuite l'Empereur s'aprocha lui - même de cette place. Alors Tchou-cheou-in se donna la mort, & les habitans,voyant de deffus leurs murailles l'Empereur, ouvrirent leurs portes. Dans le même tems Che-kim-tam fut encore élevé à de plus grandes dignités. Par - là l'Empereur accéléroit la ruine de fa famille.

L'an 9:8.

Les Kitans vinrent prendre Pim-tcheou. D'un autre côté Yam-po roi d'Ou envoya des ambassadeurs à l'Empereur on ne voulut pas les recevoir, & cela fut cause que ce petit Roi interrompit tout commerce avec les Tam, & ne fongea plus qu'à leur faire la guerre. En même tems un Officier de l'Empereur nommé Vam-tou se revolta, & appella à son secours un chef des Tartares Ki

(a) Dépend de Tchong-king-fou dans la Province de Ssetchuen.

(b) Aujourd'hui Van-hien qui dépend de Kouci-tcheou-fou dans le Ssetchuen,

Après J. C.

qui vint auffi-tôt avec dix mille cavaliers de fa Nation, & fit des courses dans les environs de Tim-tcheou. Il fe Mim-tcong joignit aux troupes du rebelle & vint affiéger Kio-yam pro- L'an 928. che Tchin-tim-fou dans le Petcheli; mais ils furent l'un & l'autre vaincus, alors les Kitans leverent une armée & porterent des fecours à Tim-tcheou dont le rebelle s'étoit emparé. Le Général de l'Empereur nommé Gan-kieou fit quitter à fes troupes l'arc & la fléche & leur ordonna de marcher à l'ennemi le fabre à la main. La plus grande partie des Kitans fut tuée, le refte fe fauva dans le nord & le rebelle eut beaucoup de peine à s'échapper. Cependant les Kitans raffemblerent de nouvelles troupes & revinrent vers Tim-tcheou; mais ils furent battus une feconde fois par les troupes impériales: leur commandant fut fait prifonnier avec un grand nombre d'autres Officiers l'Empereur accorda la vie à environ cinquante d'entre eux & fix cens autres prifonniers eurent la tête coupée. Pendant que les Kitans étoient occupés à faire ces incurfions, l'Empereur avoit engagé les Ta-ta à ravager leurs frontières. Ce Prince donna dans le même-tems le titre de roi de Min à Vam-yen-kiun : ce petit Roi avoit tant de confiance dans les Bonzes que fon royaume en étoit rempli. Les Kitans envoyerent auffi des ambaffadeurs à l'Empereur. Les Hoei-ke, les Turcs, les Tou-ko-hoen & les Toufans avoient fait la même chofe dans le courant de cette année.

Le rebelle Vam-tou fe foutenoit toujours dans Timtcheou, cette place étoit très-forte, jufqu'alors l'Empereur n'avoit pû la prendre ; mais enfin Gan-kieou étant venu de nouveau en faire le fiège, elle ne put tenir contre les efforts des Tam, elle ouvrit fes portes & Vam - tou fe précipita, avec toute la famille, dans les flammes ; le chef des Tartares Ki fut fait prifonnier & eut la tête coupée. L'Empereur avoit alors un fils nommé Tçong qu'il fut obligé de faire mourir à cause de ses débauches: il remédia enfuite à des abus qui s'étoient gliffés dans les monnoyes,il établit sur les frontières des endroits pour le commerce des chevaux; Tome II.

L

L'an 929.

Après J. C. il rappella fon fils Tçong-yong qui commandoit dans le Mim-tçong nord: la jeuneffe de ce Prince & le peu de foin qu'il apportoit aux affaires de fon gouvernement, furent caufe qu'il le fit revenir dans le midi, & qu'il envoya à fa place un autre fils appellé Tçong-heou: les Kitans firent une course vers Yun-tcheou, & les Hoei-ke envoyerent des ambaffadeurs à l'Empereur.

Li-tçong-ko fils adoptif de Mim-tçong avoit alors le L'an 930. gouvernement du pays de Ho-tchong. Dans le tems qu'il faifoit la vifite de fa cavalerie hors des murailles de la ville, un de fes Officiers, à l'inftigation de Tchong-hoei qui avoit tout pouvoir à la Cour & qui étoit ennemi fecret de Li-tçong-ko, raffembla les troupes & ferma les portes de la ville. On confeilla en conféquence à l'Empereur d'envoyer des troupes dans ce pays & de dépouiller fon fils de ce gouvernement; ces apparences de troubles ne tarderent pas à être appaifées; mais il s'en éléva d'autres dans le Sse-tchuen. Tong-tchang & Meng-tchi fiang réunirent leurs troupes attaquerent plufieurs places de cette Province & Pao-ning-fou fut prife malgré les troupes impériales. Che-kim-tam reçut ordre de marcher contre ces rebelles; tout le Sse-tchen fut rempli de troubles. L'Empereur ayant fait mourir toute la famille de Tongtchang, ce rebelle,pour fe vanger, alla fe rendre maître auffi-tôt de Tchong-king-fou, de Chun-king-fou & de plusieurs autres villes voifines. Meng-tchi- fiam prit Kin-tcheou aujourd'hui Peng-choui - hien fur les frontiéres du Houkouam. Che-kim-tam entra dans le Sse-tchuen, & après avoir été joint par plufieurs autres Généraux, il alla affiéger Kien-tcheou, il prit une des portes de cette ville où il tua trois mille hommes; mais les rebelles ayant raffemblé de nouvelles troupes & Meng-tchi-fiang en ayant envoyé de Tching-tou, l'armée impériale fut repouffée. La feule vangeance que l'Empereur tira, fut de dégrader Mem-tchifiang de toutes les charges qu'il poffedoit, punition que celui-ci méprifa. Che-kim-tam tentavainement de prendre la ville, T'Empereur le rappella & refolut de fe rendre

en perfonne dans cette Province; mais il abandonna bientôt ce projet & y envoya Tchong-hoei qui laiffa Mem- Après J. C. Mim-tçong tchi-fiam s'emparer de Soui-tcheou: Tchong-hoei fut alors L'an 931. rappellé & Che-kim-tam retourna dans le Sse-tchuen. La méfintelligence regnoit parmi ces Généraux, Che - kimtam qui n'avoit pas de provifions, fut obligé de fe retirer vers le nord, il vint enfuite prendre Li-tcheou, pendant que Mem-tchi-fiang fe rendit maître de Tchong-tcheou, de Van-tcheou & de Kuei-tcheou.

Tchong-hoei avoit toute la confiance de l'Empereur qui lui abandonnoit le gouvernement de l'Empire; le peuple en murmuroit & quelques Officiers en parlerent à ce Prince. Les chofes refferent dans cet état pendant quelque-tems; enfuite ce Miniftre qui commençoit à appréhender, demanda à fe démettre de fes charges. Mem - hankiong en fut revêtu. Alors on fit arrêter Tchong - hoei & il fut mis à mort. Pendant le cours de cette année les Turcs envoyerent des ambassadeurs à l'Empereur.

Ce Monarque au commencement de l'année suivante envoya une armée chez les barbares d'occident appellés Tam-hiang & les foumit. On leur enleva deux mille fept cent prifonniers, ils avoient fait auparavant des courfes dans la Chine. On commença à imprimer dans le même tems fur des planches de bois les neuf King ou livres ca, noniques des Chinois. Ces peuples jaloux de connoître feuls ce que ces livres contiennent, défapprouvent qu'un barbare les ait rendus fi publics. Il y avoit alors plufieurs prifonniers Kitans qui étoient retenus dans l'Empire, & la Nation les redemandoit; mais la crainte qu'ils ne découvriffent aux Tartares la véritable fituation de la Chine fut cause qu'on ne voulut pas les rendre. Il en refulta delà un autre mal, c'eft que les Kitans vinrent faire des courfes fur les frontiéres feptentrionales. Mim-tcong fut obligé de faire conftruire dans les environs de Pe-king, une ville appellée San-ho-hien destinée à arrêter ces barbares. Dans le Ssetchen les affaires prirent une nouvelle face plus favorable à l'Empereur : les deux Généraux rebelles qui étoient dans cette Province fe défioient continuelle

L'an 932.

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