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Mim-tçong

ment l'un de l'autre. Meng - tchi-siang avoit eu quelque Après J. C. deffein de venir fe rendre à l'Empereur; mais Tong-tchang dont on avoit fait mourir toute la famille s'y étoit toujours oppofé & l'entretenoit dans la revolte. La divifion acheva de fe mettre entre eux. Ce dernier s'empara de Sitchuen, aujourd'hui Tching-tou-fou capitale de la Province. Meng-tchi-fiang marcha auffi-tôt contre lui, Tungtchang fut battu & tué par un des fiens. Alors Meng-tchifiang fe rendit maître de Tung-tchuen, aujourd'hui Tungtchuen-fou fur les frontiéres du Yun-nan, & fit enfuite fon traité avec l'Empereur.

L'an 934.

Le crédit de Che-kim-tam augmentoit de plus en plus à la Cour, il venoit d'être revêtu d'un nouveau gouvernement. Le Général Tchang-yen-tchao qui étoit fon ennemi en fut fi irrité qu'il alla fe foumettre aux Kitans & engagea ces peuples à venir de nouveau faire le ravage dans les environs de Ta-tom-fou. D'un autre côté le petit roi de Min appellé Vam-yen-kiun qui regnoit dans le Fokien, prit le titre d'Empereur. En même-tems Meng-tchifiang dont nous avons parlé obtint de l'Empereur des Tam le titre de Roi de Cho dans le Sse - tchuen. Ce Monarque donna auffi de nouvelles charges à fes Miniftres, & des titres aux Princes de fa famille. Il fit porter la guerre dans le pays des petits Princes de Hia qui jettoient les fondemens d'un puiffant Empire dans Ning-hia. Ces Princes étoient de la Nation des Tam-hiang: on ne put fe rendre maître de leur ville dont les murailles paffoient pour être auffi dures que le fer. Cette ville avoit été bâtie autrefois par Po-po Roi de Hia. Le peu de fuccès de fes armes & les troubles qui regnoient dans l'Empire obligerent l'Empereur à faire de grandes largeffes aux troupes qui étoient mécontentes. Il donna à fon fils Tçong-yong le commandement général des armées de l'Empire; on l'avoit follicité de le déclarer Prince héritier; mais Tçongyong voyant la trifteffe que cette demande avoit caufee à fon pere, avoit toujours rejetté ce titre, fous prétexte qu'il étoit encore trop jeune, & qu'il avoit befoin d'être plus inftruit afin d'être plus en état de gouverner les

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Après J C.

peuples. Cette réponse n'étoit pas fincére, & plufieurs grands Officiers qui le voyoient toujours accompagné Mim-tcong d'un nombre de cavaliers conçurent de violens foupçons fur fa conduite. L'Empereur étoit alors malade, & le jeune Prince venoit s'informer de fa fanté. Un jour après avoir remarqué que l'Empereur pouvoit à peine foutenir fa tête, comme il fortoit de l'appartement il entendit de tous côtés des cris; il crut que le Prince venoit de mourir le lendemain matin il fe préfenta à la porte du palais avec une troupe de foldats, dans le deffein de forcer les gardes. On fut obligé de lui oppofer des troupes ; il fut battu & abandonné par fes gens, on l'arrêta & il eut auffi-tôt la tête coupée. C'eft après cette fcéne tragique que l'Empereur mourut âgé d'environ 67 ans. Ce Prince avoit coutume de fe retirer tous les foirs dans un endroit du palais où il brûloit des parfums en faifant au Ciel cette priere. Je fuis un barbare qui a été choifi dans le trouble pour regner, je fouhaite que le Ciel faffe naître demain un grand homme qui foit en état de gouverner le peuple. Après fa mort fon fils Tçong-heou lui fuccéda, il' porta le titre de Min-ti. Tçong-ko fils adoptif du feu Empereur devint fufpect & fe tint fur fes gardes, Mem-tchi-fiang qui n'avoit porté jufqu'alors que le titre de Roi de Cho prit celui d'Empereur. Che-kim-tam & Tçong-ko, l'un & l'autre mécontens du gouvernement, n'avoient pas voulu fe rendre à la Cour. Le dernier leva même une armée dans Fong-tsiang-fou dans le Chenfi. On envoya contre lui des troupes qui furent repouffées, fa victoire le détermina à continuer fa révolte, fon parti augmenta & il fe rendit enfuite à Si-gan-fou. L'Empereur ne fçavoit comment appaiser ces troubles, il voulut engager Che-kim-tam à joindre fes troupes aux fiennes ; mais perfonne n'ofa faire cette propofition à Che-kim-tam & toute la vangeance que l'on put tirer, fe borna à faire mourir deux enfants de Tçongko; ce dernier de fon côté arrêta un des Généraux de l'Empereur & le fit mourir. Dans fa route toutes les troupes qu'il rencontroit fe foumettoient à lui, un grand nombre de Généraux fe rendirent & l'Empereur effrayé, ne fça

Min-ti.
L'an 9341

Min-ti.

chant plus quel parti prendre, vouloit fe fauver à GoeiAprès J. C. tcheou ou Ta-mim-fou(a). Lorsqu'il fut arrivé à Ouei-tcheou ou Goei-kiun - fou (b) il rencontra Che- kim - tam qui fit mourir tous ceux qui le fuivoient : l'Empereur se sauva feul, & Che-kim-tam marcha vers Lo-yam. Un des principaux Officiers de l'Empire nommé Mem-han-kiong alla fe rendre à Tçong-ko qui le fit auffi-tôt mourir. Pendant ces troubles quelques fortereffes voifines de la Province. de Sse-tchuen fe rendirent au Roi de Cho.

Tçong-ko.

L'an 935.

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Cependant Tçong-ko s'approchoit de plus en plus de Lo-yam, où tous les Officiers fe préparoient à aller le recevoir; il entra dans cette capitale,l'Impératrice mere dépofa l'Empereur & déclara Tçong-ko, que l'on l'appelle auffi quelquefois Lou-vam; c'eft-à-dire le Roi de Lou, Regent du Royaume : le lendemain elle le déclara Empereur. On donna à l'ancien Empereur le titre de Roi de Go;on envoya quelques troupes pour le pourfuivre ; il fut arrêté & mis auffi-tôt à mort. On fit périr en même tems quelques Officiers, dont la conduite étoit fufpecte. On fit de grandes largeffes aux Généraux d'armée; on distribua des charges & Che-kim-tam fut fait gouverneur du Ho - tong. Cet Officier avoit de mauvais deffeins. Lorsqu'il fut arrivé dans fon gouvernement, les Kitans y vinrent faire des courfes: & dans le même-tems il y eut une grande fechereffe qui occafionna une famine confidérable; Che-kim-tam alla camper à Hin-tcheou (c). L'Empereur envoya à cette armée des habits d'hyver, toutes les troupes firent à plufieurs reprifes des vœux pour fa perfonne, en criant Van-foui. Ces marques d'attachement pour ce Prince déplurent à Chekim-tam qui fit punir de mort plufieurs de ceux qui avoient crié le plus haut. Cette action fit connoître à l'Empereur ce qu'il devoit attendre de Che-kim - tam. Pour partager l'autorité de ce gouverneur & affoiblir fon parti, il envoya un fecond Commandant qui campa à Tai-tcheou. Du côté du Sse-tchuen le Roi de Cho vint faire des cour

(a) Dans le Pe-tcheli.

(b) Dans le Ho-nan.

(c) Aujourd'hui Sicou-yong-hien dépendante de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.

fes dans les environs de Kin-tcheou & battit en quelques rencontres les troupes impériales.

Après J. C.
Tçong-ke.
L'an 936.

Pendant ce tems-là Che-kim-tam après avoir retiré de Lo-yam les richesses qu'il y avoit, étoit allé à Tcin - yam; on craignoit beaucoup qu'il ne fe réunît aux Kitans, & c'eft pour le retenir que l'Empereur lui fit offrir le gouvernement de Tien-pim; mais cet Officier l'ayant refufé, on leva des troupes deftinées à marcher contre lui, & on fit périr quatre de fes enfans. Il s'éleva en même tems de nouveaux troubles d'un autre côté, Che-kim-tam en profita & eut le tems d'engager dans fon parti les Kitans en fe déclarant leur vaffal, & promettant de leur céder quelques Provinces. Kim-ta Général de l'Empereur alla affiéger Tcin-yam où ce rebelle s'étoit retiré. Mais cette ville ne put être prife. Te-kuam Empereur des Kitans s'avança avec cinquante mille cavaliers & vint à Hou· pekeou aujourd'hui Kou-pe-keou dans le Petcheli, d'où il envoya dire à Che-kim-tam qu'il alloit livrer bataille aux ennemis. Che-kim-tam fit partir un Courier pour le détourner de ce deffein, & l'engager à attendre au lendemain, parce que les troupes Impériales étoient en trop grand nombre; mais les Kitans en étoient déja aux mains. Il leur envoya promptement du fecours. Kim - ta Général de l'Empereur étoit campé avec fon infanterie au pied d'une montagne au nord-eft de la ville. Les Kitans le firent attaquer par un corps de trois mille hommes que les autres troupes fuivoient. L'armée impériale fut battue & dix mille hommes. Kim-ta fe retira avec les fuyards à Tein-gan, que les Kitans & Che-kim-tam vinrent auffitôt alliéger. L'armée impériale étoit encore de cinquante mille hommes,l'Empereur fit partir de tous côtés des troupes pour aller fecourir Tein-gan, & fe mit lui-même en campagne; mais il ne marchoit que malgré lui vers le nord. On propofa, pour faire lever le fiège, de donner à un Prince Kitan qui étoit à la Chine, le titre d'Empereur des Kitans & de l'envoyer en Tartarie, dans l'efpérance que Te-kuam, obligé de défendre fa Couronne, abandonneroit Che-kim-tam; mais la crainte où l'on étoit ne permit pas

Après J. C.
Tçong ko.

que l'on prît aucun parti. On fit des levées extraordinainaires dans l'Empire pour aller repouffer les Kitans: le L'an 936 peuple se trouva accablé; de plus quelques Officiers qui ne cherchoient qu'à profiter de ces malheurs, offroient du fecours à l'Empereur dans le deffein de garder pour eux les places dont ils fe rendroient maîtres, & ce Prince étoit obligé d'accepter leurs offres. Pendant ce temslà le Roi des Kitans, pour achever de ruiner la famille des Tam, donna à Che-kim-tam le titre d'Empereur des Tçin, & obtint de ce nouveau Monarque, pour les services qu'il lui avoit rendus, feize Tcheou ou petites Provinces fituées dans le nord de la Chine. Tchao-te-kiun à qui l'Empereur des Tam venoit de confier en partie la défense de I'Empire; pendant que les Kitans étoient à Kou-pe-keou, youlut fe foumettre à eux dans le deffein de s'emparer avec leur fecours de l'Empire, il leur fit faire des offres confidérables, s'il vouloient le reconnoître en qualité d'Empereur; mais les Kitans le refuferent: un autre Général fit mourir Kim-ta & alla fe rendre à ces Tartares, & Tcingan fut foumife au nouvel Empereur des Tcin.

Ce Prince & un Général des Kitans defcendirent enfuite vers le midi & vinrent_affiéger Tuon-pa: Ils livrerent un combat aux Tam, Tchao-te-kiun & Tchao-yencheou, furent les premiers qui prirent la fuite : tous les autres furvinrent & il périt environ dix mille hommes, le refte fut diffipé. La plupart des Officiers abandonnerent l'Empereur des Tam, la ville de Lo-yam fut consternée & craignit l'approche de l'ennemi. Les Kitans & les Tcin s'avançoient toujours vers le midi, & vinrent jufqu'à Loutcheou; ils prirent Tcin-tcheou. L'Empereur des Tam qui étoit à Ho-yam (a) voyant que tout étoit perdu revint à Lo-yam, & les Tcin qui le fuivoient entrerent dans la premiere de ces places. L'Empereur hors d'état de se défendre contre tant d'ennemis, & abandonné par fes propres fujets, raffembla ce qui reftoit de fa famille, deux Impératrices, une Princeffe & quelques autres Princes,

(a) Aujourd'hui Ho-yam-yen qui dépend de Hoai-kim-fou.

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