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Après J. C,

Kam-mo,
Lie-tai-ki-

Su.
Van-fim-
sum-pou,

LES TURCS CHA-TO.

I I.

DYNASTIE IMPERIALE DES HAN.

C

HE-KIM-TAM, plus connu dans l'hiftoire fous le titre de Kao-tçou, ne poffeda l'Empire de la Chine que pendant huit ans. Les Kitans qui lui avoient mis la Couronne fur la tête, devinrent prefque auffi-tôt fes ennemis; il leur avoit abandonné une trop grande étendue de pays; c'étoit une tache pour la Chine & un fujet pour les Tartares d'y étendre de plus en plus leur domination. L'Empereur fut bientôt dans la néceffité de les repouffer. Ces barbares avoient déja pénétré jusques dans le Honan. On nomme parmi les différens Généraux dont Kao-tçou se Lan944. fervit dans la guerre contre les Kitans. (a) Lieou - tchiyuen; c'étoit un Turc de la Horde des Cha-to: ce Général battit les barbares en plusieurs rencontres & campa fur les frontiéres pour arrêter leurs courfes. Son_crédit s'accrut à proportion de fes fervices fous le regne de Tchouti qui fuccéda à Kao tçou, Il fut fait Roi de Tai-yuen on ne le combloit de titres que parce qu'on le craignoit, mais ce que l'on faifoit pour le contenir dans le devoir ne fervit qu'à favorifer les deffeins ambitieux que l'on appercevoit en lui. Dans un état plus tranquile on eût arrêté le progrès de fon ambition, mais le Prince étoit trop foible pour s'oppofer à un fujet puiffant & dont il avoit befoin.

L'an 946.

Les Kitans qui étoient ennemis de l'Empereur des Tcin firent un dernier effort & mirent fur pied une grande ar

(4) Il étoit fils de Tien, fils de Tfun, fils de Gang, fils de Tuon,

mée; la plupart des Généraux de l'Empire fur la fidélité defquels l'Empereur ne pouvoit compter, accelerent, plus Après J. C. que les Kitans, la ruine des Tçin; tous allerent fe rendre aux barbares qui entrerent dans Ta-leam, & firent prifonnier l'Empereur. Les Chinois furent effrayés de voir L'an 947 les Kitans dans le centre de l'Empire & dans la Capitale, mais le Roi de ces Barbares les fit raffurer par fes Offciers on punit plufieurs Généraux, & le Peuple oubliant l'esclavage dont il étoit ménacé se joignit aux Barbares, arracha le cœur de quelques-uns de ces Officiers difgraciés, & mangea leur chair. On renferma l'Empereur dans un endroit avec une forte garde, on le dépouilla de fa dignité, pour ne lui donner que le fimple titre de Heou. Les Kitans paroiffoient paifibles poffeffeurs de l'Empire, tout étoit foumis & Lieou-tchi-yuen qui avoit cinquante mille hommes fous fes ordres, apprenant la ruine des Tcin le foumit lui-même. Mais la plû - part de fes Officiers lui ayant représenté enfuite que les Kitans fe rendoient odieux à tous les Chinois par leur avidité & qu'ils ne garderoient pas long-tems l'Empire ; ils l'exhorterent à raffembler toutes fes forces pour s'en rendre maître. Lieou-tchi-yuen refolut d'attendre que les Kitans fe retiraffent d'eux-mêmes,après qu'ils auroient ruiné l'Empire, & ne voulut point confentir à prendre le titre d'Empereur que tous les Officiers lui offroient, fous prétexte qu'il n'y avoit plus d'Empereur; ils revinrent à la charge & l'affurerent que c'étoit la volonté du Ciel. Leurs follicitations, les vexations que les Officiers Kitans exerçoient fur le Peuple, & la revolte de quelques-uns qui tuerent ces Officiers le déterminerent enfin à fe faire déclarer Empereur; les Hiftoriens lui donnent le titre de Kao-tçou, Kao-tou il ne voulut point que l'Empire changeât de nom, & il conferva celui de Tcin qui lui avoit été donné par ía Dynaftie qui venoit d'être détruite. Il ordonna que l'on courût fur tous les Kitans qui fe trouveroient dans l'Empire & qu'on les tuât; enfuite il fe mit à la tête de fes troupes & marcha du côté de l'Orient, dans le deffein de rejoindre l'ancien Empereur & de le tirer des mains de çes

Après J. C.

Kao-tçou.
L'an 947.

Tartares; mais lorsqu'il fut arrivé à Cheou-yang (a) il apprit que ce Prince emmené par les Kitans étoit près de fortir des frontiéres de la Chine & d'entrer dans le Leaotong. Ce Monarque en paffant par la ville de Kouam-ning à trente li de laquelle étoit le tombeau d'Apaoki, fondateur de l'Empire des Kitans, fut forcé par les Tartares d'y aller rendre les refpects, ce qui irrita tellement l'Impératrice, qu'elle voulut s'empoifonner avec l'Empereur, mais on les en empêcha.

Les Kitans ayant été inftruits de toutes les démarches de Lieou-tchi-yuen envoyerent différens Officiers pour fe faifir de plufieurs poftes. Keng-tçong-moei eut ordre de garder Tce-tcheou & Lou-tcheou, Kao-tam-ing, la ville de Siang-tcheou & Tfoui-yen-hiun celle de Ho-yam. Il y avoit alors un grand nombre de voleurs qui s'étoient retirés dans les montagnes & dans les bois, la plupart étoient des foldats; un de leurs chefs nommé Leam-hoei vint fe rendre à Kao-tçou qui étoit retourné à Tcin - yam. Ce Prince envoya auffi-tôt faire le fiége de Siam-tcheou dont le Gouverneur étoit abfent, Leam-hoei choisit quelques braves foldats qui escaladerent les murailles pendant la nuit, la ville fut forcée & on maffacra tous les Kitans qui s'y trouverent. Mais le fruit de ces fuccès penfa être détruit en un moment. L'envie de récompenfer les troupes porta Kao-tçou à vouloir prendre tous les biens de fes nouveaux fujets. Une femme l'arrêta en lui reprochant de ne vouloir ufer de fon autorité encore chancelante, que pour faire une pareille action; elle lui repréfenta qu'il devoit au contraire s'attacher à regagner leur amitié, & que que s'il avoit deffein de donner des récompenfes à fes foldats il pouvoit prendre dans le palais le peu de richeffes qu'il avoir. Kao-tçou fuivit ce confeil & tout le Peuple fut tranquille. En même-tems il envoya un Officier nommé Tchang-gan-hong à Tein-tcheou dont le Gouverneur étoit auprès de l'Empereur des Kitans. On avoit laiffé dans cette ville Tçong-lang, ce fut lui que Kao--tçou fit folli

y

(a) Elle dépend aujourd'hui de Fong-yam-fou,

citer

citer de rendre la place. Mais cet Officier ayant fait enAprès J. C. fermer l'envoyé de l'Empereur, un Commandant tua aufKa-tçou. fi-tôt Tçong-lang, & informa Kao-tçou de cette nouvelle ; L'an 947. les habitans firent main - baffe fur les Officiers Kitans tuerent celui que l'Empereur des Kitans y avoit envoyé pour appaifer ces troubles & nommerent un Gouverneur, après avoir brûlé l'ordre de l'Empereur des Kitans. Ils prefferent Kao-tçou de marcher vers le midi pour chaf fer ces Barbares; plufieurs autres villes voifines fuivirent cet exemple & fe foumirent toutes à ce Prince. Un chef de voleurs nommé Vam-kiong tenta de furprendre la ville de Tan-tcheóu où il y avoit un Commandant Kitan; mais il fut battu & tué dans l'action. L'Empereur des Kitans que toutes ces revoltes intimiderent commença à perdre l'efpérance de pouvoir fe maintenir dans la Chine, & prit la refolution d'en fortir. D'autres voleurs détruifirent les villes de Song-tcheou (a), de Po-tcheou (b) & de Mietcheou (c) ce qui fit dire à l'Empereur des Kitans qu'il avoit ignoré que les Chinois fuffent fi difficiles à gouver

ner.

Pendant qu'une foule de voleurs, qui étoient ainsi disperfés de tous côtés, s'efforçoient de délivrer leur patrie du joug des Kitans, les Officiers de l'ancien Empereur étoient occupés à rendre toutes fortes de refpects à l'Empereur Tartare. D'un autre côté Kao-tçou s'attachoit à faire revenir dans les campagnes les laboureurs & les paysans, que la crainte des Kitans avoit fait fuir. L'Empereur des Kitans fous prétexte que les chaleurs de l'été auxquelles il n'étoit point accoutumé, l'obligeroient de quitter la Chine, prit enfin la refolution de fortir de Ta-leam: il fut accompagné dans cette fortie par plus de mille Officiers de toute efpéce qui avoient fervi fous les Tçin; il y avoit auffi un grand nombre d'Eunuques, & il emportoit avec lui une prodigieufe quantité de richeffes. Dans fa route il attaqua Siam-tcheou qui fut prife d'affaut; une grande par

(a) Aujourd'hui Tfu-yam-hien dans le territoire de Kai-fong-fou.
(b) Aujourd'hui Po-hien dens le territoire de Fong yain-fou.
() Ville détruite à 3oo li à l'orient de Tcing-tcheou-fou.

Tome II.

N

Kao-tçou.

tie des habitans fut paffée au fil de l'épée, principaleAprès J.C. ment les enfants mâles: on ne referva que les filles qui furent menées dans le nord. On laiffa dans cette place un Officier nommé Kao-tang-ing. Il ne reftoit qu'environ fept cens perfonnes dans la ville, cent mille avoient été tués.

Lan 947.

Kao-tçou nomma alors plufieurs grands Officiers, envoya un de fes Généraux au fecours de Lou-tcheou qu'un Officier Chinois foumis aux Kitans fe disposoit à venir affiéger, il mit des garnifons dans plufieurs villes des environs de Ta-yuen-fou, & fe prépara à paffer au midi du Hoam. Quelques Chinois qui avoient fervi les Kitans dans leur retraite les voyant au nord de ce fleuve se réunirent pour garder la rive méridionale, en attendant que le Ciel eût déclaré celui qui devoit porter le titre d'Empereur. Ils maffacrerent les Officiers Kitans; Vou - him-te ayant trouvé la ville de Ho-yam fans troupes, y entra & envoya faire fes foumissions à Kao - tçou. Il battit quelques partis des Kitans. L'Empereur des Kitans n'arriva jufques dans fes états, il mourut proche Louan-tching-hien dans le territoire de Tchin-tim-fou dans le Pe-tche-li. Les Chinois de la fuite des Kitans chercherent à profiter de cet événement pour donner le titre de Gouverneur Général de l'Empire de la Chine à Tchao-yen-cheou; mais cette conduite déplut à Quo - yo, fur lequel les Kitans avoient déja jetté les yeux. Ce Chef des Barbares fit arrê– ter Tchao-yen-cheou; & en préfence de tous les Chinois, il fit voir l'ordre du feu Empereur des Kitans qui lui donnoit l'Empire.

pas

Kao-tçou déliberoit fur le parti qu'il avoit à prendre à l'occafion de la retraite des Kitans. Tous fes Généraux propofoient de s'emparer de Tchin-tcheou & de Goei-tcheou. Il vouloit aller dans le pays de Cham-tam. Mais on lui repré-fenta que quoique l'Empereur des Kitans fût mort, fon parti étoit encore puiffant & qu'il poffedoit dans ce pays un grand nombre de villes très-fortifiées, que fi on fe tranfportoit

A préfent Tchin-ting-fou dans le Pe-tcheli,

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