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Apr. J. C.

Dekak.

fes troupes pour aller contre eux. Dans le tems qu'il alloit L'an 1101. partir pour la défenfe de la Syrie, un Aftrologue de la Secte Redouan. des Bathéniens, le premier de ces fcélérats qui parut en Syrie, perfuada à Redouan de faire mourir Houssain, il en obtint la permission & alla affaffiner avec fa troupe cet Emir. Le crime ne fut pas plutôt commis que Redouan s'en repentit, & fit mourir peu de tems après (a) le Bathénien. Le Comte de Toulouse attentif à observer toutes les démarches des Musfulmans, & ardent à profiter de leurs fautes, quitta auffi-tôt le fiége du château des Kurdes, & vint affiéger L'an 1102. Hemeffe après s'être emparé de tout fon territoire.

Benelathir.

Aboulfedha

Aboulfedha

par

La Syrie perdit encore dans le même tems un grand Capitaine, c'eft le fameux Kerboga, Roi de Mouffoul, qui avoit été au fecours de la ville d'Antioche. Il venoit d'être envoyé dans l'Adherbidgiane par le Sulthan Barkiaroc. Il mourut à Khoï (b). Un Turkoman appellé Moufa qui commandoit dans le château de Kipha pour cet Emir, vint auffi-tôt s'emparer de Mouffoul; mais un Turc nommé Schamfeddoulet Dgiokarmisch, Gouverneur de l'Ifle appellée Dgeziret ben omar, s'avança avec une armée pour lui difputer cette grande ville; il prit en chemin Nefibin, & Moufa ayant voulu le combattre, fut abandonné fes troupes qui fe jetterent dans le parti de Dgiokarmisch, il fe fauva promptement à Mouffoul où il fut bientôt affiégé. Il crut devoir abandonner fon château de Kipha à Sokman fils d'Ortoc qui régnoit dans le Diarbekr pour en obtenir du fecours. A l'approche de celui-ci Dgiokarmisch leva le siége de Mouffoul; mais dans le tems que Moufa alloit au-devant de Sokman, il fut affaffiné par quelques-uns de fes gens auprès d'un village appellé Koutha, & enfuite enterré fur une colline, qui depuis fut appellée Tell-moufa, la colline de Moufa. Sokman après cet évenement fe retira à la forteresse de Kipha dont il prit poffeffion, & fa poftérité la conferva toujours depuis; Dgiokarmisch alla s'emparer de Moussoul. Les divifions qui régnoient parmi les Mufulmans, qui diminuoient des forces qu'ils pouvoient employer avec

(a) Quatorze jours après,

&

(6) Dans le mois Dzoulcaada de l'an 495

L'an 1102.

Dekak.

fuccès contre les Francs, continuoient toujours; Dekak Roi de Damas alla affiéger (a) la ville de Rohba & s'en rendit Apr. J. C. maître. Ces divisions étoient entretenues par la haine que tous Redouan. les Turcs qui reconnoiffoient le Khalif de Bagdad pour le fucceffeur légitime de Mahomet, avoient pour celui d'Egypte: elle les aveugloit jufqu'au point qu'ils laiffoient accabler ce dernier contre lequel les Francs réuniffoient tous leurs efforts. Par-là ceux-ci eurent la liberté de faire de L'an 1103 grands ravages (b) aux environs de Racca & du château de Dgiaber, de prendre Dgiabil & Akka, autrement Ptolemaïs, où ils commirent des défordres infinis ; ils menaçoient même de s'emparer de Tripoli.

trouva,

Aquenfis.

Enfin la prise de Ptolemaïs & le danger où la Syrie fe Albertus déterminerent quelques Princes voisins à prendre les armes. Dgiokarmisch (c) Roi de Mouffoul (d), & l'Emir Sokman raffemblerent foixante mille Turcs, & s'avancerent dans le deffein d'affiéger Roha ou Edeffe dont Baudouin du Bourg étoit maître. Celui-ci envoya promptement demander du fecours à Boëmond Prince d'Antioche, & à Tancrede, qui fe mirent auffi-tôt en campagne à la tête de trois mille hommes de cavalerie & de fept mille piétons. Ils fe joignirent à Baudouin dans les environs de Harran. Là ils furent informés par un Arabe que les Turcs marchoient droit à Roha. Cette nouvelle les obligea de décamper & de venir fe pofter proche la riviere de Khabour d'où, à la pointe du jour, ils allerent fe ranger en bataille dans la plaine de Racca. Ils étoient à peine en ordre que Sokman avec trente mille Turcs, vint fondre fur l'aîle droite des Chrétiens; elle étoit commandée par Boëmond & par Tancrede. Ces deux Chefs des Francs repoufferent les Turcs qui perdirent cinq cens hommes. Baudouin du Bourg & Jofcelin de Courtenay qui étoient éloignés de Boëmond de plus d'un mille, ayant appris qu'on en étoit aux mains voulurent accourir au fecours; mais furpris par dix mille Turcs qui s'étoient mis en embufcade, ils furent obli

(a) L'an 496 de l'Hegire.
(b) L'an 497 de l'Hegire.
(c) L'an 497 de l'Hegire..

,

(d) Albert d'Aix le nomme Geigremitch, le fait parent de Kerboga, & frere de Sokman,

Apr. J. C. gés de fuir, & Baudouin Prince d'Edeffe fut fait prifonnier. L'an 1103. Tancrede qui fe hâta de venir les délivrer ne le put faire Redouan. à caufe de la nuit qui furvint; & le lendemain les troupes des

Dekak.

L'an 1104.

Aboulma

hafen.

Francs ayant été inftruites de la prise de Baudouin, se retirerent promptement vers Roha pour conferver cette ville aux Chrétiens. Il étoit tems de la mettre en état de défense; huit jours après cette action, Dgiokarmisch, avec de plus grandes forces la vint affiéger. Tancrede à qui on avoit confié la garde de cette place, raffura les habitans, & leur promit d'aller dans peu attaquer les Turcs. Il informa de fa fituation Boëmond Prince d'Antioche. Celui-ci fe mit en chemin avec trois cens cavaliers & cinq cens fantaffins; mais les difficultés qu'il rencontra dans fa route le retinrent pendant fept jours, terme qui parut long aux affiégés. Tancrede qui défefpéroit de fon arrivée réfolut de faire une fortie. Il furprit de grand matin les Turcs encore endormis, & en égorgea un grand nombre avant qu'ils euffent le tems de fe reconnoître. Dgiokarmifch & Sokman, étonnés, se sauverent en défordre, abandonnant tentes & bagages. Tancrede étoit occupé à les poursuivre lorfque Boëmond arriva. Ce renfort acheva de ruiner les Turcs, Dgiokarmisch & Sokman se retirerent avec peine. Les Francs, dans le nombre de prifonniers qu'ils firent, prirent une femme de confidération, qu'ils fe propofoient d'échanger pour Baudouin du Bourg; mais cela n'eut pas lieu, & il resta prisonnier chez les Turcs.

La ville de Damas. n'étoit point en état de feconder Aboulfedha les projets de Dgiokarmisch contre les Francs. Elle étoit trop agitée de troubles. Dekak (a) venoit de mourir. Thoghteghin, Maître du gouvernement, fit proclamer Roi le fils de Dekak. Peu de tems après il le dépofa (6) pour mettre la couronne fur la tête d'Yaltafch, fils de Toutoufch; mais changeant tout-à-coup de deffein, il remit fur le thrône le fils de Dekak, qui n'avoit qu'un an; toute l'autorité étoit entre les mains de ce Miniftre. Pendant que Damas étoit ocL'an 1105. Cupée de fes propres divifions, Redouan, Roi d'Alep (c), (b) Dans le mois Dzoulhedgé de l'an 497. (c) L'an 498 de l'Hegire.

(a) Dans le mois Mouharram de l'an $97.

de Tyr.

Albertus

rompit les liaisons d'amitié qu'il avoit avec Tancrede, Apr. J. C. chargé alors de défendre les villes d'Antioche & de Roha. L'an 1:05. Il entra dans le territoire de ces villes à la tête dix mille ca- Redouan. Thoghtevaliers & de vingt mille piétons, il ne fe propofoit rien moins ghin. que de faire. le fiége d'Antioche. Tancrede demanda des Aboulfedha fecours aux Princes Chrétiens des environs, & fe rendit à Guillaume Antioche avec mille cavaliers & neuf mille piétons, il paffa Albertus la rivière de Farfar, & marcha vers Artéfie, où Redouan Aquenf. étoit campé avec toutes fes forces. Il l'obligea à prendre Chartres. Foulques de la fuite, prit fon étendart, fe rendit maître d'Artéfie, tua un grand nombre de Musulmans, fit un plus grand nombre de prifonniers, & s'en retourna chargé de butin, emmenant avec lui beaucoup de chevaux dont il avoit befoin. Les Francs ne furent pas fi heureux dans une autre expédition qu'ils entreprirent contre le Royaume de Damas; ils avoient voulu profiter (a) de la foibleffe du jeune Prince L'an 1106. de Damas, & des révolutions qui paroiffoient troubler cette Aboulmahafen. ville. Hugues de Tibériade, avec deux cens cavaliers & quatre cens hommes de pied, vint faire une incurfion dans Aquens. la plaine (b) de Damas, & y enleva un grand butin qu'il conduifit à Belinas ou Céfarée de Philippe. Thoghteghin, informé plutôt de fa retraite que de fon arrivée, raffembla ses troupes, & marcha vers des montagnes par lesquelles Hugues de Tibériade devoit paffer, il y eut un combat que les Francs perdirent. Hugues fut tué sur le champ de bataille, & porté à Nazareth par les fiens, pendant que Thoghteghin reconduifit à Damas tout le butin que les Francs avoient fait. De nouveaux ennemis également dangereux aux Chrétiens & aux Mufulmans, commencerent alors à devenir Aboulfedha puiffans dans la Syrie; il s'agit des Bathéniens ou Affaffins. hafen. Le Gouverneur d'Apamée pour Redouan, attaché fécretement au parti des Egyptiens, leur fit offrir de remettre cette ville & le château. Le Khalif d'Egypte y envoya auffitôt Khalaf, Arabe de la tribu des Kelabites, qui avoit fait autrefois le métier de voleur dans les environs d'Hemeffe ; celui-ci n'eut pas plutôt pris poffeffion de la place, qu'il la campagne de Grossus Rufticus Ou (b) Albert d'Aix appelle cet endroit de Suet. Tom. 11. Part. II.

(a) L'an 499 de l'Hegire.

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Aboulma

Albertus

Aquenf

ghin.

Apr. J. C. recommença fon ancien métier, il protégeoit particuliere1 an 1106. ment les Chrétiens & les Francs, qui alloient en pélérinage Redouan. à Jérufalem. Abou-taher ef-faigh (a), chef des Bathéniens, Thoghtequi demeuroit dans Apamée, & qui fuivoit Khalaf dans fes expéditions, l'invita à un feftin, au milieu duquel il le fit maffacrer. Les habitans qui étoient la plupart Chrétiens, voulurent venger la mort de Khalaf. Abou-taher fe renferma dans une tour, & fit partir fécretement un Courier pour engager Redouan à venir s'emparer de la ville. Les Syriens & les Arméniens qui appréhendoient de retomber fous la domination de Redouan, offrirent de livrer leur ville à Tancrede. Celui-ci accourut d'Antioche avec fept cens cavaliers & mille piétons; mais Abou-taher ayant fçu ramener à lui les habitans, la porte de la ville fut fermée à Tancrede, qui après trois femaines d'un fiége inutile, s'en retourna à Laodicée, & de-là à Antioche. On étoit alors dans le Carême. Après les Fêtes de Pâques il vint une seconde fois devant Apamée, & dreffa toutes fes machines; mais il trouva encore tant de résistance de la part des habitans qu'il n'eût pû fe rendre maître de la ville, fans un fecours auquel il ne devoit point s'attendre. Deux enfans de Khalaf qui s'étoient réfugiés à Damas, après la mort de leur pere, offrirent leurs fervices à Tancrede, & vinrent au camp des Francs avec cent foldats partie Arabes, partie Turcs. Après un long fiége, la ville fut prife par compofition. Tancrede pardonna aux habitans, & emmena avec lui Tboutaher à Antioche, laiffant dans Apamée les enfans de Khalaf, qui tuerent après fon départ tous les gens d'Abou-taher. Ce fut-là la premiere place dont ces Bathéniens effayerent de s'emparer dans la Syrie.

Albertus Aquenf.

Thoghteghin n'avoit point oublié les incurfions Huque gues de Tibériade avoit faites dans les environs de Damas. Pour s'en venger, il réfolut de venir affiéger Tibériade, où Gervaife avoit fuccédé à Hugues. Il y avoit trois mille hommes de troupes dans la place, & Baudouin, Roi de Jérufalem, qui s'y étoit rendu quelque tems auparavant, yenoit de fe mettre en campagne à la tête de quatre cens

(a) Albert d'Aix le nomme Bother.

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