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Moham

L'an 1139.

tres fe fauverent; Anar fit venir de Baalbek Dgemaleddin Mohammed, frere de Mahmoud, & le fit déclarer Roi de Da- Apr. J. C. mas. Ce nouveau Roi fut obligé de défendre fa capitale med. contre les efforts d'Emad eddin zenghi qui étoit (a) venu une feconde fois en faire le fiége. Sous le regne de ce Prince, les Aboulfedha Bathéniens devinrent encore plus puiffans qu'ils n'étoient L'an 1140. auparavant dans la Syrie; ils s'emparerent (b) de la fameuse fortereffe de Mafiat, fituée proche Tripoli, fur la monta

fils

L'an 1143

Guillaume

de Sikkin ou du Coufteau. Mohammed mourut dans cet L'an 1142 gne intervalle & Anar mit fur le trône (c), Modgir eddin abc, de Mohammed. Zenghi fut obligé de lever le fiége de Damas, & de s'en retourner. Ce Prince s'emparoit infenfiblement des Etats du Roi de Damas (d). Les Turcs qui étoient sujets de ce dernier n'étoient guere en état alors d'incommoder les Francs. Ils ne laifferent pas cependant de faire quelques courses vers un château appellé la Vallée de Moyse, dans le territoire de Mont Royal. Ils y avoient été appellés par les habitans; mais les Francs les en délogerent prefque auffi-tôt. L'année fuivante, un des principaux Officiers du Roi de Damas, Arménien d'origine & appellé Tantais, de Tyr fe rendit à Jérufalem avec une partie de fa famille, & offrit de livrer aux Francs la ville de Bofra, capitale de la premiere Arabie & celle de Selcath. Il étoit Gouverneur de ces deux places. Auffi-tôt les Francs fe mirent en marche du côté de Tibériade; mais comme on avoit fait une trêve avec Anar Régent du Royaume, on ne pouvoit entrer dans fes Etats qu'on ne l'eût auparavant averti de se mettre en défense. Anar retint les Envoyés des Francs jufqu'à ce qu'il eût raffemblé toutes fes forces; alors il les fit venir en få présence & leur reprocha l'infidélité du Roi de Jérufalem; mais comme il défiroit la paix, & que de-là dépendoit la confervation du Royaume de Damas qui étoit expofé aux incurfions des Princes Atabeks, il offrit de payer aux Francs toutes les dépenfes de leur armement. Le Roi Baudouin III. lui fit réponse qu'il n'avoit point envie de

(a) L'an 534 de l'Hegire.
(b) L'an 535 de l'Hegire.

Guillaume de Tyr le nomme Meïe

reden.

(d) L'an 538 de l'Hegire.

L'an 1143.

Abc.

rompre la trêve, & que tous les Francs ne s'étoient rafApr. J. C. femblés que pour reconduire dans fon pays un de fes principaux Officiers, pour lequel ils le prioient de lui accorder fes bonnes graces. Anar aimoit les Francs, & vouloit d'autant plus les ménager, qu'il avoit tout à craindre de Noureddin fon gendre, fils d'Emad eddin zenghi. La populace des Francs qui fut fachée que le Roi de Jérufalem ne continuât point une expédition dans laquelle elle espéroit faire un grand butin, força par fes mouvemens féditieux, ce Prince à entreprendre une guerre fi injufte. L'armée s'avança dans une plaine appellée Médan; mais de-là elle découvrit un fi grand nombre d'ennemis qu'elle commença, à se repentir de s'être mise en marche avec tant de précipitation. Il étoit difficile de s'en retourner, les Turcs étoient répandus de tous côtés. Les Francs prirent le parti de continuer leur route; après des fatigues inconcevables, expofés fans ceffe aux infultes des ennemis, ils traverferent toute la Traconitide, & vinrent jufqu'à un lieu appellé anciennement Adrat, & alors la ville de Bernard d'Eftampes. C'est une petite ville qui dépend de Bofra. Enfin, ils arriverent dans le voifinage de cette derniere ville, ils ne tarderent pas à apprendre qu'elle avoit été remife aux Turcs par la femme de Tantaïs. Les Francs incertains fur le parti qu'ils avoient à prendre, & ne voyant aucun moyen d'échapper d'un fi grand danger, confeillerent au Roi Baudouin de prendre le meilleur cheval & de fe fauver. Le Roi n'ayant point voulu y confentir, ils fe remirent en marche. Noureddin venoit d'arriver au fecours d'Anar avec une armée. Les Francs furent obligés de s'ouvrir un chemin au milieu des ennemis; Baudouin avoit ordonné de mettre tous les corps morts fur les chameaux & autres bêtes de charge, afin que les Turcs ne s'apperçuffent point du nombre de ceux qui périffoient. En effet les Turcs, malgré le grand nombre de fleches qu'ils lançoient, ne voyant point de morts, crurent que les Francs étoient invulnérables; ils eurent alors recours à un ftratagême qui mit les Francs dans le plus grand danger. Ils enflammerent toute la plaine qui étoit couverte de buiffons, de ronces & d'autres ma

L'an 1143.

tieres combustibles. Baudouin dans cette extrémité, envoya faire des propofitions de paix à Anar; mais celui qui fut Apr. J. C. chargé de cette commiffion, fut percé de fleches avant que Abc. d'avoir pu parvenir auprès des Princes Turcs. Les Arabes qui étoient dans l'armée ennemie, harceloient continueldement les Francs, qui ne pouvoient quitter fans danger leur rang. Baudouin après plufieurs jours de marche au milieu des ennemis, parvint enfin à la caverne de Roob; comme ce chemin étoit étroit & dangereux, on fut obligé d'en prendre un autre. Dans cet endroit, Anar qui fçavoit que l'armée manquoit de vivres, offrit un repas au Roi Baudouin, mais ce Prince n'ofant fe fier aux Mufulmans, continua fa route, & fe rendit à Tibériade. Dans la fuite, l'Emir de Bofra qui avoit engagé les Franes dans un fi mauvais pas, retourna à Damas où Anar lui fit arracher les yeux.

L'Empire des Seljoucides s'affoibliffoit alors de plus en L'an 11447 plus dans la Syrie, & les Atabeks qui étoient originaire- Guillaume ment des Officiers attachés au fervice des Seljoucides de de Tyr• Perfe, faifoient tous les jours, fous la conduite d'Emad eddin zenghi, de nouvelles conquêtes, tant dans les Etats des Seljoucides de Damas, que dans les pays occupés par les Francs. Emad eddin venoit d'enlever à ceux-ci la fameufe ville de Roha ou Edeffe (a). Les Francs qui craignoient un pareil fort pour Antioche, & conféquemment la perte de toute la Syrie, envoyerent demander des fecours à tous les Princes de l'Europe. S. Bernard, Abbé de Clairvaux, prêcha dans l'Occident une nouvelle croifade; le Roi de France Louis VII, avec un grand nombre de Princes François fe croiferent à Vezelay. L'Empereur Conrad III, & avec lui une partie de l'Allemagne, prirent la réfolution de venir délivrer la Terre Sainte; tous ces Princes quitterent leur pays, fe rendirent en Syrie, & s'affemblerent à Ptolemais. Ĉet orage qui fembloit ne s'être formé que pour la perte des Atabeks, alors les plus puiffans Ennemis des Francs, vint fondre tout à coup (6) fur le Royaume de Damas, L'an 1148.

(a) L'an 539 de l'Hegire.

Tom. II. Part. II,

(6) L'an 543 de l'Hegire.

R

L'an 1148.

de Tyr.

quoique le Régent qui avoit toujours appréhendé les enApr. J. C. treprifes d'Emad eddin zenghi, fe fut attaché à gagner l'aAbc. mitié des Francs. Baudouin Roi de Jérufalem, avec tous Guillaume les Barons de fon Royaume, joignit fes troupes à celles qui arrivoient de l'Europe, & toutes fe mirent en marche (a) pour Aboulfedha Benelathir. venir faire le fiége de Damas. Lorsque les Francs furent arrivés Soyoushi. dans un endroit appellé Daria, éloigné de quatre ou cinq mil les de cette ville, ils partagerent leur armée en trois corps ; le premier étoit compofé. des Francs de Syrie. Ce corps com me plus inftruit du pays devoit marcher à la tête, il étoit commandé par le Roi de Jérufalem. Les François conduits par Louis VII formoient le fecond corps, & étoient deftinés à foutenir le premier. L'Empereur Conrad avec fes Allemands empêchoit que l'ennemi ne vînt furprendre les Francs par derriere; il formoit le troifieme corps. A l'occident & au nord de Damas il y avoit une grande plaine d'environ cinq milles d'étendue. Elle étoit remplie de vergers, & ne paroiffoit former qu'une grande forêt. De mauvais murs faits de boue, diftinguoient les poffeffions de chaque particulier. On s'étoit contenté de ne ménager que des petits fentiers. Cet amas d'arbres étoit regardé comme une des meilleures fortifications de Damas. C'est par cet endroit cependant que les Francs réfolurent de l'attaquer, tant pour s'emparer des fruits qui y étoient, que pour en priver les habitans. Le Roi de Jérufalem (b) eut beaucoup de peine à pénétrer dans cette forêt ; les Turcs qui y étoient dif perfés, défendoient l'entrée de chaque chemin, & fe tenoient en embuscade derriere les murs. Malgré leur résistance tous ces jardins furent emportés. Les Turcs fe retirerent alors fur le bord du fleuve où ils établirent leurs machines pour empêcher que les Francs ne vinffent fe défaltérer. L'Empereur Conrad qui conduifoit l'arriere-garde, impatient de ce que l'armée n'accouroit pas affez promptement, vint à la tête & fondit fur eux l'épée à la main. Les Turcs furent repouffés de toutes parts & rentrerent dans la ville.

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Apr. J. C

Pendant que les Francs s'établiffoient le long de ce fleuve, Anar avoit envoyé demander du fecours à Seifeddin ghazi, 1114 Roi de Mouffoul, qui s'étoit rendu promptement à He- Abc. meffe avec une armée. Les habitans de Damas étoient difpofés à abandonner leur ville, & faifoient déja tous les préparatifs néceffaires pout n'être point inquiétés par les Francs dans cette retraite. Mais l'arrivée de Seifeddin & les menées d'Anar fauverent cette ville. Ce Gouverneur fit en- Benelathir: tendre aux Francs de Syrie, qu'il étoit dangereux pour eux Aboulfedha que les François & les Allemands nouvellement arrivés ne devinffent trop puiffans, qu'ils devoient craindre encore que le Roi de Mouffoul qui étoit à Hemeffe n'entrât dans Damas & ne s'en rendît maître, ce qui mettroit ce Prince en état de tout entreprendre fur Jérusalem. Les Francs entraînés par le difcours d'Anar, engagerent l'Empereur & le Roi de France à quitter ces Jardins pour porter les attaques d'un autre côté, fous prétexte que les fortifications y étant plus foibles la place feroit emportée fur le champ. Ils fçurent en même tems faire manquer les provifions, alors le Roi de France & l'Empereur ne trouverent plus d'autre parti que de lever le fiége. Anar mourut (a) peu de tems L'an 1149. après.

nah.

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Dans la fuite les Francs paroiffant avoir des deffeins fur L'an 11543 Damas, Noureddin (6) vint en faire le fiége; les habitans Aboulfedha mécontens de la conduite de leur Roi qui étoit adonné à la dé- Benfchou bauche, lui ouvrirent leurs portes. Modgireddin abc rendit le Aboulfa château par capitulation. Noureddin lui donna d'abord le radge. gouvernement d'Hemeffe, le dépofa auffi-tôt, & l'envoya commander à Napoulous; mais ce Roi de Damas irrité de la conduite de Noureddin, revint à Damas où il vécut fujet de ce Prince avec fes anciens fujets; alors le Royaume de Damas dont les Croifés auroient pu fe rendre maîtres fans leur méfintelligence, paffa entierement fous la puiffance des Atabeks de Syrie, & Modgireddin mourut l'an 1168. hafen. L'Empire des Seljoucides étant entierement détruit dans Aboulfedha la Syrie, il ne nous refte plus à fuivre que l'Hiftoire des

Aboulma

(a) L'an 544 de l'Hegire.

(b) L'an 549 de l'Hegire.

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