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L'an 1185.

Rois de Khelath que l'on peut regarder comme dépendante Apr. J. C. de l'hiftoire des Seljoucides; le fondateur Sokman étant un Efclave d'un Prince de cette famille. On a vû qu'il a régné jufqu'en 1112, & qu'il a eu pour fucceffeur fon fils Dhahireddin Ibrahim. Ce Prince eft mort l'an 1127. Son frere Ahmed lui fuccéda; mais la mort l'emporta au bout de dix mois. Alors Aniandge Khatoun femme d'Ibrahim gouverna ce Royaume pour fon fils Sokman qui n'étoit âgé que de fix ans. Il vécut (a) foixante-quatre ans, & mourut laiffant fon RoyauL'an 1184 me entre les mains de Baktimour (6), Efclave de fon pere. Celui-ci étoit alors à Miafarekin, d'où il fe rendit promptement à Khelath; il y fut reconnu par tous les Officiers de Sokman & par les habitans de la ville. Ce fut le fruit de Bohaeddin. fa justice & de plufieurs autres vertus. Il fçut conferver fon petit Royaume au milieu de plufieurs Princes très-puiffans. Dans le tems que Pehlevan fils d'Ildighiz venoit pour s'en emparer, il fe mit fous la protection de Saladin; le nom de ce Conquérant en impofà à Pehlevan qui fit la paix avec Baktimour, & lui donna fa fille en mariage. Par-là, Saladin lui-même qui avoit envoyé un de fes Officiers pour prendre poffeffion de cette ville, fe vit fruftré de ses efpérances, & mourut fans avoir pu fe rendre maître de cette place. Cet évenement fit faire de grandes folies à Baktimour. Se croyant délivré du plus redoutable de fes Ennemis, il fit des réjouiffances dans fes Etats, fit faire un trône fur lequel il s'affit, & prit des titres pompeux, & furtout celui de Sulthan; mais il fut affaffiné deux mois après (c) par Acfancar hazaridinari (d) fon gendre. Le fils de Baktimour âgé de fept ans, fut enfermé dans un château.

L'an

1193.

L'an 1197.

Après la mort (e) d'Acfancar hazardinari, un de fes Of ficiers, Arménien d'origine, nommé Catlagh, s'empara de Khelath où il ne régna que pendant fept jours. Il fut tué par quelques habitans qui tirerent de prifon Mohammed fils de Baktimour, lui donnerent le titre de Malek el Manfour & nommerent un Gouverneur appellé Schadgia eddin

(a) Il étoit furnommé Seifeddin.
(b) L'an 581 de l'Hegire dans le mois
Rabi elaoual..

(c) L'an 589 de l'Hegire.
(d) Il étoit furnommé Bedreddin..
(e) L'an 594 de l'Hegire.

catlagh, né dans le Kaptchaq. Dans la fuite Mohammed Apr. J. C. ayant fait mourir (a) cet Officier, un autre Officier nommé L'an 1205. Azzeddin balban le fit arrêter (b), on l'étrangla, & fon L'an 1206, corps fut jetté par-deffus les murailles du château. Balbant fe fit proclamer Roi de Khelath; alors un Prince de la famille de Saladin, nommé Aouhad (c) partit de Miafa- L'an 12074rekin, & vint prendre la ville de Moufch, il défit Balban qui implora le fecours de Thogrul fchah (d), Roi d'Arzen erroum ou Erzeroum. Ces deux Princes ayant réuni leurs armées, battirent Aouhad. Après cette victoire Thogrul fchah qui avoit également envie de Khelath, fit affaffiner Balban, & fe préfenta devant les portes de cette ville; les habitans refuferent de les lui ouvrir; il alla devant Malazkurd où il ne fut pas mieux reçu. Alors les peuples de Khelath appellerent Aouhad, & fe foumirent à lui.

LES TURKOMANS ORTOKIDES.

PENDANT que Tes Turcs Seljoucides envahiffoient la Per d'Herbelors fe, la Syrie & l'Afie mineure, une autre efpece de Turcs, Jacques de Vitry. originaires du Kaptchaq, & qui portoient le nom de Komans, d'où l'on a formé celui de Turkomans (e), fortirent de ces plaines & fe partagerent en deux bandes; l'une fe répandit dans l'Empire des Khalifs, & principalement dans l'Arménie & dans le Maouarennahar, fur les confins de la province de Khorafan; l'autre pénétra jufqu'en Europe, Benelashir fous le nom de Uzes que les Arabes prononcent Gozz (f)

(a) L'an 602 de l'Hegire. (b) L'an 603 de l'Hegire. (c) Malek elaouhad ayoub, fils de Malek eladel. Il partit Tan 604 de l'Hegire.

(d) Surnommé Moghiatheddin le Seljoucide.

(e) D'Herbelot fait defcendre ces Turkomans d'Ogouzkhan; il ajoute qu'étant entrés dans le voifinage du Khorafan, & ayant pris des femmes du pays, ils engendrerent des enfans, lefquels retenoient dans leur langue quelque

chofe de la rudeffe de celle de leurs pe-
res, ce qui donna lieu aux Khorafaniens.
de les appeller Turkman, c'est-à-dire,
femblables aux Turcs.

(f) Toutes les fois que les Hiftoriens
de la Byzantine parlent des Uzes em-
ployés dans les armées Romaines contre
les Sarrafins, les Ecrivains Arabes, tels
que Benelathir, Aboulmahafen, &c. en
défignant ces mêmes peuples, ne les ap
pellent que Ghozz; ce qui prouve que
ceux-ci font les mêmes que les Uzes,

Apr. J. C.

ou Gouzz. Nous avons fait connoître les expéditions des Uzes; il ne reste plus à parler que des Turkomans' du Hift.génér. Maouarennahar & de l'Arménie. Les premiers habitent fur des Tatars. les bords de la riviere d'Amou, & fur le rivage de la mer Cafpienne, dans les pays d'Afterabad & de Kharifme; ils reffemblent aux Tartares avec lefquels ils habitent; en été ils portent de longues robes de toile de coton ou de gros drap, & de peau de mouton en hyver; pendant cette derniere faifon ils habitent dans les villes & dans les villages qui font aux environs de la riviere d'Amou & vers le rivage de la mer Cafpienne; pendant l'été ils campent de côtés & d'autres dans les endroits où ils trouvent de bons pâtu rages & des eaux, car le bétail & l'agriculture leur fourniffent toutes les chofes qui leur font néceffaires à la vie. Ceux qui font dans le pays d'Afterabad font de la Secte d'Aly; ceux du Kharisme fuivent la religion des Tartares Uzbeks; mais dans le fond ils ne fe mettent pas beaucoup en peine de leur Religion; ils font remuans, fupportent difficilement le joug des Tartares Uzbeks & des Perfans qui les traitent avec dureté. En général ces Turkomans vivent comme les Tartares dont ils tirent leur origine.

Les Turkomans de l'Arménie ont été plus célebres dans l'Hiftoire; ils vinrent s'établir dans l'Arménie & dans la Syrie, fous la conduite d'un Emir appellé Ortoc, ou Ortocbegh, auquel les Sulthans Seljoucides avoient donné la ville L'an 1082. de Jérufalem & les environs. Il paroît qu'il y demeuroit dès Aboulma l'an 475 de l'Hegire de J. C. 1082 & qu'il vivoit en paix avec Toutoufch Sulthan de Syrie. Il y mourut (a) en qualité d'EL'an 1091. mir, ou de Gouverneur de Jérufalem qu'il laiffa à fes deux enBenfchou- fans Il-ghazi & Sokman. Ceux-ci refterent maîtres de cette Aboulfedha ville jufqu'au tems que Moftaali Khalif d'Egypte envoya L'an 1096. fes (5) armées dans la Syrie, fous la conduite d'Aphdhal,

hafen.

nah.

Général de fes troupes. Aphdhal après avoir fommé Redouan de reconnoître le Khalif d'Egypte, s'empara de Sour ou Tyr, & enfuite de Jérufalem; les Egyptiens avoient dressé contre cette ville toutes leurs machines, & la tinrent allié

(a) L'an 484 de l'Hegire,

(b) L'an 489 de l'Hegire.

Apr. J. C.

de Tyr.

Benelathiri

gée pendant quarante jours: lorfque les habitans fe rendirent, Il-ghazi & Sokman fe retirerent, le premier à Bagdad, & le fecond à Roha ou Edeffe. Cette ville que l'on nomme encore Rhages, étoit alors la Guillaume métropole de la Méfopotamie. Quelque tems auparavant le Sulthan de Perfe avoit donné tout fon territoire à un Emir appellé Izan ou Bouzan. Edeffe encore dépendante des Grecs, étoit obligée de lui payer un gros tribut. Elle fouffroit impatiemment ce joug, lorfqu'elle apprit que les Francs L'an 1097 s'étoient rendus maîtres de Nicée, & qu'ils avoient dessein d'aller s'emparer de Jérufalem. Les habitans les appellerent à leurs fecours, & introduifirent chez eux Baudouin, auquel ils fe foumirent, malgré les efforts que les Turcs avoient faits pour l'empêcher d'arriver dans cette ville. C'est ainfi que les Francs firent la conquête d'une des plus belles villes de l'Orient.

Baudouin devenu maître d'Edeffe, fe difpofa à étendre fa do- Guillaum, mination dans tous les environs. Il y avoit auprès de Ro- de Tyr. ha une ville ancienne & très-fortifiée nommée Samofath, qui appartenoit alors à un Turc appellé Balduc, de la famille des Ortokides. Il accabloit les habitans d'impots, & les faifoit gémir fous une dure fervitude. Ces Peuples vinrent folliciter Baudouin de les délivrer de l'efclavage. Auffi-tôt le Comte fe mit en campagne, s'empara d'un château voifin, & enfuite foumit une grande étendue de pays qui étoit foumis à Balduc. Celui-ci ne voulant point fe trouver affiégé dans Samofath, convint de livrer cette ville à Baudouin pour une fomme de dix mille piéces d'or. La forte place de Saroudge (a) foumise à Balak (b) fils de Bahram fils d'Ortoc fut bientôt affiégée par Baudouin, elle fe rendit en peu de tems. Par cette conquête le chemin entre Antioche & Edef fe fut entierement libre pour les Francs.

de Tyr.

L'an 1098

Les habitans d'Edeffe ne furent pas long-tems fans fe Guillaum repentir d'avoir introduit les Francs dans leur ville. Ceuxci s'y rendoient en foule, moins pour la défendre contre les entreprises des Turcs, que pour perfécuter les Edefféniens

(a) Nos Hiftoriens la nomment So- (6) Nos Hiftoriens l'appellent Balas gorgia,

L'an 1098.

& leur piller leurs biens. De concert avec les Turcs des Apr. J. C. environs, il fe forma dans la ville une confpiration dont le projet étoit ou de faire périr Baudouin ou au moins de le chaffer; mais elle fut découverte, & le principal auteur fut aveuglé. Baudouin courut encore un plus grand danger dans le même tems. Balak qui avoit été jufqu'alors fon allié & fon ami, offrit de lui remettre la feule place qui lui reftoit, fous prétexte que les liaifons qu'il avoit avec lui, l'avoient rendu odieux aux Mufulmans, & que pour se mettre à couvert de leurs infultes, il ne pouvoit prendre d'autre parti que de venir demeurer avec toute fa famille dans Roha. Baudouin ajouta foi aux paroles du Turc, & fe rendit au jour marqué avec deux cens cavaliers à la fortereffe de Balak. L'Emir y avoit introduit cent Turcs des plus braves, qui devoient arrêter le Comte; mais Baudouin ayant eu la prudence de n'y point entrer le premier, douze foldats qu'il y envoya furent arrêtés prifonniers; Baudouin connut par-là le danger auquel il avoit été expofé. Il fomma Balak de rendre ces prifonniers, l'Emir n'y voulut pas confentir qu'on ne lui eût remis Saroudge. Alors le Comte qui n'avoit pas des forces suffifantes pour le contraindre, fe retira à Roha, & Fulbert de Chartres Commandant de Saroudge, pour venger l'injure qui venoit d'être faite à Baudouin fon maître, fit des incurfions dans les environs de cette fortereffe, & procura la liberté à dix de ces prifonniers Francs; les deux autres eurent la tête tranchée par ordre de Balak. Depuis cet évenement Baudouin fe défia des Turcs; il fit couper la tête à Balduc, ancien Emir de Samofath, qui, fuivant les conventions qui avoient été arrêtées en livrant fa place, devoit venir avec toute fa famille demeurer à Edeffe. Il cherchoit à éluder, mais Baudouin le fit prendre comme il entroit à fon ordinaire dans la ville.

Quelque tems après Jofcelin de Courtenay qui s'étoit rendu dans le pays d'Edeffe auprès de Baudouin, défirant de se fignaler dans la guerre contre les Musulmans, obtint de Baudouin les villes de (a) Tell-bascher, d'Aïn tab(), de Ravendel

(a) Nos Hiftoriens la nomment Turbeffel

(b) Nos Hiftoriens la nomment Hamtab. &

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