Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small][merged small]

LES

[ocr errors]

ATABEK S DE SYRIE. pono...........2 Es Turcs ont apporté avec eux du Turkestan une efpéce de gouvernement féodal, qu'ils ont établi dans tous les pays dont ils fe font emparés. Dans la Tartarie, le Grand Khan avoit fous lui plufieurs autres petits Khans qui lui payoient un certain tribut, & qui venoient dans des tems marqués lui rendre quelques hommages. Du refte, ils étoient indépendans dans leurs Gouvernemens qui paffoient de droit à leurs enfans, avec la clause cependant de faire renouveller l'inveftiture par le Grand Khan. Il en fut de même dans la Syrie & la Perse, où le Sulthan qui réfidoit quelquefois à Ifpahan, représentoit le Grand Khan de Tartarie. Il donnoit les Provinces &

les villes ou à des Princes de fa famille, ou à ceux de fes Apr. J. C. grands Officiers qu'il affectionnoit le plus. Ces Gouverneurs avoient foin de recueillir les tributs qu'ils lui envoyoient, faifoient prononcer fon nom le premier dans la priere publique, fe rendoient de tems en tems à la Cour, & montoient à cheval quand il s'agiffoit d'une expédition qui intéreffoit le Sulthan & le bien général de la Nation; au-delà, ils étoient abfolus dans leurs Gouvernemens, & y faisoient la guerre en leur propre nom contre leurs voifins, qui étoient fouvent comme eux fujets du même Prince. Le Sulthan ne prenoit aucune part à ces difputes particulieres, & laiffoit fes Emirs fe dépouiller les uns & les autres; & fouvent à force d'argent, ils obtenoient de lui dans la fuite l'inveftiture des pays qu'ils venoient de conquérir. C'est ainfi qu'ils parvinrent par degrés à une Souveraineté abfolue, & totalement indépendante, à mefure que le Sulthan perdoit de fon

Ac-fancar.

autorité.

Ac-fancar, furnommé Cafim eddoulet, qu'il ne faut point confondre avec Ac-fancar (a), furnommé Bourski, n'étoit originairement qu'un Officier Turc qui avoit été élevé avec Malek fchah, qui l'avoit toujours fervi fidélement depuis, & qui après que ce Prince fut parvenu à l'Empire, obtint de lui de grandes Charges, & devint fon favori. Le grand crédit d'Ac-fancar lui fufcita bientôt des ennemis à la Cour, Benelathir. on chercha à l'éloigner. Le grand Vizir Nedham el moulk nah. cet homme fi célébre dans l'Orient, fe déclara dans cette

Benfchou

occafion contre Ac-fancar. Il ne chercha point à l'accufer auprès du Sulthan, il fit au contraire de grands éloges de fes fervices & de fon attachement pour Malek fchah, & L'an 1084. comme ce Prince venoit de fe rendre maître d'Alep (b), il lui propofa de donner cette ville & le commandement des armées de ce canton à Ac-fancar. Tel fut le moyen qu'il employa pour conferver fon crédit, & ramener à lui toute l'autorité dont le favori jouiffoit. Malek fchah ajouta à Alep les villes de Hama, de Manbedge & de Laodicée, donna à Ac-fancar le titre de Cafim eddoulet, & accorda à lui

(a) Aboulfáradge confond ces deux (b) L'an 477 de l'Hegire.. Emirs..

& à fa poftérité le privilége d'être toujours à la droite de Apr. J. C. fon trône dans les grandes cérémonies. Ac-fancar fe ren- Ac-fancar. dit à Alep, où il fe fit aimer des habitans & refpecter de fes voifins. Il eut quelques démêlés avec Nafr Roi de Schizour,

de la famille des Moncadites, il alla faire le fiége (a) de ce L'an 1088, château, s'empara des fauxbourgs de la ville, & obligea Nafr de lui demander la paix.

Ac-fancar revint dans Alep où il demeura jusqu'à la mort du Sulthan Malek fchah son bienfaiteur. Les troubles qui fuivirent cet événement firent changer de fentiment à Ac-fancar. Toutousch, Prince de la famille des Seljoucides, qui régnoit dans la Syrie, difputoit l'Empire de Perfe aux enfans de Malek fchah. La jeuneffe de ceux-ci ne leur permettoit pas de réfifter aux nombreuses armées de Toutoufch, Ac-fancar abandonna leur parti, fit fa paix avec le Sulthan de Syrie, & prononça fon nom dans Alep à la priere publique, c'est- Benelashir à-dire, qu'il le reconnut en qualité de Sulthan. Il fit en même-tems des courfes dans les environs, & alla prendre Tekrit. Ac-fancar fut mal récompenfé des fervices qu'il avoit rendus à Toutousch, & fon inconftance fut punie. Il venoit de s'attacher au Sulthan Barkiaroc ; auffi-tôt que Toutoufch fut de retour de l'Adherbidgiane, il fe mit à la tête d'une nouvelle armée, & marcha vers Alep (b). Ac- L'an 109 fancar avoit réuni fes troupes à celles d'Youzan, Emir de Harran, & le Sulthan Barkiaroc envoyoit à leur fecours l'Emir Kerboga. Les deux armées fe rencontrerent entre Tellfulthan & Alep, le combat fut opiniâtre, la plus grande partie de l'armée d'Ac-fancar prit la fuite, & laissa cet Emir expofé à tout le feu des ennemis, il fut fait prifonnier. Toutoufch le fit venir en fa préfence, & lui demanda de quelle maniere il l'auroit traité s'il eût été vaincu; Ac-fancar répondit qu'il l'auroit fait mourir, aufsi-tôt il fut exécuté, & Toutoufch alla prendre Alep.

Après la mort d'Ac-fancar, tous fes Emirs refterent at- Zenghi. tachés à fon fils Emad eddin Zenghi, qui n'étoit alors âgé L'an 1095. que de dix ans. Kerboga, qui fut délivré peu de tems après

(a) L'an 481 de l'Hegire,

(b) L'an 487 de l'Hegire.

Apt. J. C. Zenghi.

de prifon (a), le prit fous fa protection, & eut foin de fon éducation; c'est le fameux Zenghi que nos Hiftoriens des Croisfades appellent Sanguin, & qui donna tant d'occupation aux Francs de Syrie. Il accompagna toujours Kerboga L'an 1100. dans toutes fes expéditions; après la mort de cet Emir (6) il s'attacha à Dgiokarmifch, qui s'étoit rendu maître de Mouffoul, enfuite il paffa au fervice de Dgiaouli Sacaou, L'an 1106. Emir de Mouffoul, après la mort de Dgiokarmifch (c). C'eft ainfi que Zenghi fe forma dans le métier de la guerre, fous les plus grands Généraux de fon tems. Dans la fuite Dgiaouli Sacaou s'étant révolté contre le Sulthan, Zenghi abandonna le parti de cet Emir, & fuivit les Généraux Maudoud & Ac-fancar el Bourski dans les guerres de Syrie contre les Francs. Il fe diftingua dans plufieurs occafions. Bourski L'an 1122. auquel le Sulthan Mahmoud avoit abandonné (d) les villes de Benelahir. Mouffoul, de Sandgiar & de Vafeth, donna le gouverAboulfedha Aboulfa- nement de cette derniere place, & l'intendance de Bofra radge. au jeune Zenghi, qui fe retira l'année fuivante auprès du L'an 1123. Sulthan Mahmoud. Les Arabes venoient de faire une incurBenelathir. fion du côté de Bofra (e). Mahmoud chargea Zenghi d'aller

L'an 1127. Aboulfaradge.

Benclathir.

les repouffer, & lui donna cette ville. Zenghi y rétablit la tranquillité. Il accompagna enfuite Mahmoud dans la guerre qui s'éleva à l'occafion des démêlés que le Khalif Moflarfched eut avec Yarnecoufch Intendant de Bagdad pour le Sulthan. Ce Prince fut fi fatisfait de la conduite de. Zenghi, qu'il lui donna la place d'Yarnecoufch, & Zenghi en prit poffeffion (ƒ). Quoique cette place augmentât de beaucoup fa puiffance, la présence du Khalif, & la trop grande proximité des Sulthans Seljoucides étoient autant d'obstacles à fon ambition déméfurée. Il préféra un Gouvernement moins considérable, mais plus éloigné, & par conféquent plus indépendant.

Il étoit dans ce tems-là de l'intérêt de tous les Musulmans d'avoir un Général habile, qui pût réfifter aux entreprises des Francs. Ceux-ci étoient alors maîtres de tous les

(a) L'an 488 de l'Hegire.
(b) L'an 494 de l'Hegire.
(c) L'an 500 de l'Hegire.

(d) L'an 516 de l'Hegire.
(e) L'an 517 de l'Hegire.
L'an s21 de l'Hegire.

pays qui

pour

L'an 127.

s'étendent depuis Maredin & Sandgiar jufqu'en Egypte. Il ne reftoit plus dans la Syrie aux Mufulmans qu'Alep, He- Apr. J. C. meffe, Hama & Damas. Tout ce qui étoit entre le Diar- Zenghi. bekr & Emed appartenoit aux Francs. Du côté du Diardgeziré ils poffédoient jufqu'à Nefibin & Rafelain. Après la mort du Général Bourski, fon Efclave Dgiaouli qui avoit envoyé demander l'inveftiture de Mouffoul au Sulthan Mahmoud le fils de fon maître, ne put obtenir cette grace; il avoit de trop grands ennemis à la Cour du Sulthan, qui représenterent la néceffité de dépofer Dgiaouli & les enfans de Bourski, & de donner Moussoul à Zenghi qui étoit feul capable de conferver la Syrie. On ne pouvoit faire un meilleur choix, & le Sulthan Mahmoud fut heureux que les vûes particulieres de fes Miniftres & leur haine pour Dgiaouli fe trouvaffent favorables au bien général des Mufulmans. Zenghi quitta Bagdad & fe rendit en Syrie. Dgiaouli reçut paisiblement les ordres du Sulthan, & alla avec fes troupes au-devant du nouvel Emir de Mouffoul. Aufsi-tôt qu'il l'apperçut il mit pied à terre & vint lui baiser la main. Zenghi ne fe fervit de fon autorité que pour lui donner la ville de Rohba avec tout fon territoire. Il fit enfuite des préfens confidérables à tous ceux qui s'étoient employés auprès du Sulthan pour lui procurer le Gouvernement de Mouffoul.

Après que Zenghi eut pris poffeffion de cette ville, il partit pour aller faire la guerre à ceux du Dgeziret ben omar qui avoient refufé de fe foumettre à lui. Le Dgeziret ben omar eft une ville que les defcendans du Khalif Omar ont bâtie dans une Ifle du Tigre, située au-dessus de Mouffoul, à laquelle ils ont donné ce nom, qui fignifie l'Isle des enfans d'Omar. Zenghi fit paffer à ses troupes le Tigre, partie à la nâge & partie dans des vaiffeaux. Il campa entre les murailles de la ville & le rivage du fleuve. Après un combat dans lequel la garnifon fut défaite, les habitans demanderent à capituler, & fe rendirent à Zenghi. S'ils euffent réfifté un jour de plus ils étoient fauvés ; la nuit même qu'ils ouvrirent leurs portes, le Tigre augmenta fi confidérablement, qu'il vint battre les murailles, & couvrit entiere

« AnteriorContinuar »