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Apr. J. C.

habitans & paffé le reste au fil de l'épée; Benelathir dit qu'elle fut prife d'affaut. Le Cadhy de cette ville embraffa le L'an 1138. Christianisme, & l'Empereur après avoir refté une vingtaine Zenghi.. de jours dans Bouzaa, la donna au Comte d'Edeffe, de-là il alla vers Bempezum qu'il négligea de prendre, enfuite ce Prince s'approcha d'Alep, & campa à Couïq. Les habitans d'Alep firent plufieurs forties, & tuerent le Patriarche des Grecs. L'Empereur qui vit que cette ville étoit trop bien fortifiée n'y refta que trois jours, & alla prendre d'affaut la ville d'Athareb (a), où laiffant tous les prifonniers qu'il avoit faits, il marcha vers Kaferrab, place forte, qui avoit fous fa dépendance plufieurs autres châteaux ; mais ne jugeant pas à propos de s'arrêter long-tems devant cette ville, il leva le fiége pour aller faire celui de Schizour (b) ou Céfarée, ville fituée entre une montagne & une riviere, à une journée de Hama; elle s'étendoit en amphithéâtre, depuis le penchant de la montagne jufqu'au bord de la riviere; elle appartenoit alors à un Emir, appellé Aboul afaker Sulthan, de la famille des Moncadites. Les Francs avoient perfuadé à l'Empereur Grec que que Zenghi (c) ne s'attacheroit point à la défendre. Ils drefferent dix-huit machines qui battirent les murailles de la place. Aboul asaker inftruisit Zenghi de sa situation & lui demanda du fecours. Ce Prince vint auffitôt camper à Hama d'où il envoyoit des partis qui harceloient continuellement les Grecs & les Francs, campés fur une montagne à l'Orient de Schizour. Zenghi leur fit proposer de defcendre dans la plaine, & leur offrit la bataille, les Francs la vouloient accepter, mais ce ne fut point l'avis de l'Empereur; il fe donna plufieurs petits combats, auffi inutiles que peu avantageux aux deux partis. Zenghi fema la divifion parmi les Francs & les Grecs. Tous leverent le fiége (d), & abandonnerent leurs machines. Alors Zenghi tomba fur l'arriere-garde, & enleva plufieurs prifonniers. Il fit auffi-tôt part de cette nouvelle au Sulthan Mafoud qui étoit à Bagdad; il l'avoit quelque-tems auparavant informé de l'arri

Nicet chon, la nomme Phereb. (b) Nommée Sizeri par nos Hiloriens. (c) Nicet chon. le nomme Zaçe.

(d) Dans le mois Ramadhan de l'an 532. Ils avoient refté pendant 24 jours devant Schizour,

L'an 1139.

vée de ces Grecs: Tous les habitans de Bagdad qui craiApr. J. C. gnoient qu'après la prise d'Alep, les Francs ne pénétraffent Zenghi. plus avant dans l'Orient, en avoient été allarmés & murmuroient hautement de ce que Mafoud ne fe difpofoit pas à faire partir des troupes au fecours de la Syrie, où il ne feroit plus refté aux Mufulmans que Hama. La nouvelle du départ des Francs & des Grecs calma tous les efprits. Il ne fe paffa rien de plus dans le cours de (a) cette année, que des tremblemens de terre qui défolerent la Syrie. Alep en fouffrit beaucoup.

Benfchou

Benelathir. Après la retraite des Grecs, Zenghi alla affiéger la Abouljedha fortereffe d'Arca dans la contrée de Tripoli, il rafa cette nah. place qui appartenoit aux Francs après y avoir fait un grand Aboulfa- nombre de prifonniers. Enfuite il marcha vers (b) Baalbek, radge.

L'an 1140.

qui appartenoit à Anar Régent du Royaume de Damas. Il la fit battre par quatorze machines; d'abord la ville capitula, ensuite le château; mais Zenghi lorfqu'il s'en vit une fois le maître, n'obferva aucune des conditions, & fit pendre la garnifon.

Zenghi n'avoit épousé Zamrad khatoun, mere du Roi de Damas, que parce que cette Princeffe avoit beaucoup d'autorité dans cette ville, & qu'il espéroit par fon moyen fe rendre maître de cette place importante. Mais n'ayant pû y parvenir par fes intrigues, il fit offrir à Dgemal eddin Mohammed qui en étoit Roi, les villes de Baalbek & d'Hémeffe. Comme fes deffeins étoient trop connus, on ne voulut point écouter fes promeffes, & les difficultés qu'il rencontra pour l'acquisition de Damas, lui firent abandonner fa nouvelle épouse. Il affiégea Damas en forme; Anar qui y avoit toute l'autorité, avoit établi un fi bon ordre, que Dgemal eddin étant mort pendant le fiége (c), les habitans refferent tranquiles, & le laifferent mettre fur le trône Modgir eddin abc. Zenghi, obligé de lever le fiége, alla faire quelques courfes, bien réfolu de revenir devant Damas; mais Dgemal eddin fit fa paix avec lui, en

(a) Ils durerent depuis le 4 de Sepher de l'an 533 de l'Hegire. jufqu'au 19 du meme mois.

Π

(6) Il l'affiégea le 20 de Dzoulhedgé

(c) Le 8 de Schaban de l'an 534.

s'engageant

:

Zenghi.

s'engageant de faire faire la priere publique en fon nom dans cette ville. Avant cette expédition, Zenghi avoit pris Sche- Apr. J. C. herzour, qui appartenoit à un Emir appellé Captchaq (a). Cet Emir qui avoit ofé mesurer fes armes avec celles de Zenghi avoit été vaincu, & tout fon pays étoit paffé fous la domination du Vainqueur.

Aboulfedha

Dans la fuite (b) Zenghi marcha avec fes armées dans L'an 1142. le pays des Kurdes. Ces peuples qui font répandus le long Benelathir. du Tigre & de l'Euphrate, font originaires de ces hautes Jean de Lumontagnes qui font aux environs de la Géorgie; ce font ca des gens fauvages, accoutumés à vivre dans les bois ou au milieu de leurs troupeaux. On les a encore appellés Lazes ou Lefghis, quelques - uns prétendent que leur nom de Kurd fignifie un Loup, parce que leur pays eft rempli de cette efpéce d'animal. Ils étoient divifés en différentes Tribus ou Hordes, parmi lesquelles étoient celles des Ravadiens, des Hekariens & autres. Nafir eddin Dgiacar, Lieutenant de Zenghi, avoit fait la conquête d'une partie de leur pays, & depuis ce tems les Kurdes faifoient des incurfions continuelles dans le Royaume de Mouffoul. Zenghi marcha contre eux, & alla faire le fiége de leur plus fort château nommé Schabaï; il le rafa, & en bâtit un nouveau à la place, qu'il appella Emadia de fon nom Emad eddin. Les Kurdes le détruifirent peu de tems après, & il fut obligé

de le faire rebâtir.

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Malgré tant de victoires, Zenghi n'étoit point aimé du L'an 1143Sulthan Mafoud, qui attribuoit la défertion de plusieurs Emirs aux menées fecrettes de ce Roi de Mouffoul (c), & qui n'attendoit que des circonftances favorables pour s'en venger. Il les trouva cette année; en conféquence, il leva une armée nombreuse, avec laquelle il fe propofoit de venir affiéger Mouffoul; mais une fomme confidérable que Zenghi lui donna, appaifa fa colere, & ce Sulthan s'en retourna, après avoir exigé que Zenghi se rendroit auprès de lui. Le Roi de Mouffoul, qui ne crut pas devoir faire cette démarche, prétexta que la guerre contre les Francs ne lui

(a) Fils d'Arflan tafch le Turkoman. L'an 537 de l'Hegire.

Tom, II. Part. II.

(c) L'an 538 de l'Hegire.

X

י,

Apr. J. C. Zenghi.

L'an 1143.

permettoit pas de s'éloigner, & le Sulthan parut fatisfait. Quoique fon premier deffein eût été de détruire entiérement la puiffance de Zenghi, les confeils de fes Miniftres l'avoient arrêté. On lui avoit repréfenté que Zenghi étoit le feul Emir capable de réfifter à toutes les forces des Francs, ce que n'avoient pû faire auparavant Maudoud, Bourski, & les autres Emirs avec des armées nombreufes. Les rufes de Zenghi acheverent de lui gagner la confiance du Prince. Seif eddin ghazi, fon fils aîné, étoit alors à la Cour du Sulthan. Zenghi lui ordonna fécrettement de prendre la fuite, & enjoignit en même-tems à Nafir eddin Dgiacar fon Gouverneur dans Mouffoul, de refufer l'entrée de cette ville à Seïf eddin. Le Gouverneur exécuta les ordres de Zenghi, il ne voulut pas même que le jeune Prince allât trouver fon pere. Seïf eddin fut reconduit auprès du Sulthan par un Officier qui étoit chargé de dire que Zenghi étoit lì mécontent de la conduite de fon fils, qu'il le renvoyoit fans. avoir voulu le voir. C'est par de telles menées que ce Prince qui étoit fi redoutable aux Francs, confervoit fon pouvoir dans la Syrie auprès du Sulthan de Perse dont il étoit vaf

fal.

La ville de Roha ou d'Edeffe étoit alors un des plus puiffans. Aboulfedha établiffemens que les Francs euffent fait dans la Syrie; deBenelathir. là ils fe répandoient dans tous les environs, & ils s'étoient rendu maîtres de toutes les places qui font entre Maredin &l'Euphrate, telles que Saroudge, Bira, Dgiamelin, Mouzar, Caradi & autres, ils faifoient des courfes jufques aux portes d'Emed & dans tout le Diarbekr qui appartenoit aux Ortokides; & ceux-ci n'étoient point en état de les repouffer. Maredin, Nefibin, Rafalaïn, Sarca & Harran étoient continuellement exposées. Zenghi qui craignoit la force. & le courage de Jofcelin, n'ofoit s'approcher de Roha, & défefpéroit de pouvoir prendre cette ville, tant que ce Franc feroit dans Roha; son dessein étoit de l'attaquer, mais pour lui donner le change, il alla porter la guerre dans le Diarbekr, où il prit les places de Thanra, d'Afarad, de Hizan, de Rouk, de Bidlis, de Bathaza & de Dzoulcarnaïn. Rokn eddoulet Daoud Roi d'Emed, fut contraint de fe foumet

L'an 1144.

de Tyr.

Aboulfedha

nah.

tre à lui, & de faire faire dans Emed la priere publique en fon nom; enfuite Zenghi vint s'emparer d'Haditha & d'Hani Apr. J. C. proche l'Euphrate. Jofcelin, contre la coutume des anciens Zenghi. Comtes d'Edeffe, avoit abandonné le féjour de fa capitale, Guillaume & derneuroit à Tell-bafcher, qui en étoit peu éloignée. Ce Comte croyant que Zenghi n'étoit occupé que de la guerre Benelaikir. du Diarbekr, fe mit à la tête de fes troupes, & marcha vers Benfchoula Syrie. Auffi-tôt Zenghi s'avança à grandes journées vers AboulfaRoha & en forma le fiége (a). Il profita encore dans cette radge. occafion de l'inimitié qu'il y avoit entre le Comte d'Edeffe hafin.. & le Prince d'Antioche; il fomma d'abord les habitans de fe rendre; mais quoiqu'ils manquaffent de provifions, ils refuferent de le faire; alors Zenghi dressa toutes ses machines,* & battit vivement la place.

La nouvelle du fiége d'Edeffe ne fut pas plutôt répandue, que le Comte chercha à fe réconcilier avec le Prince d'Antioche, & lui demanda du fecours; mais le Prince ne s'empreffa pas de le faire, il fe réjouiffoit intérieurement du malheur du Comte. La Reine de Jérufalem, Régente du Royaume pendant la minorité de Baudouin III. envoya le Connétable Manaffés, Philippe de Napoulous, & Elinand de Tibériade avec quelques troupes. Zenghi pendant ce tems-là pouffoit avec vigueur les travaux, il avoit fait miner les murailles, elles n'étoient plus foutenues que par des poutres auxquelles il fit mettre le feu; elles furent bientôt renverfées, fes foldats entrerent de tous côtés dans la ville, & la livrerent au pillage (b). Tout fut égorgé, hommes femmes & enfans. Quelques-uns des habitans voulurent se jetter dans une fortereffe qui n'étoit pas encore prife; mais la foule étoit fi grande pour entrer, qu'ils s'étouffoient les uns & les autres. L'Archevêque d'Edeffe nommé Hugues, périt dans cette occafion; il portoit avec lui des fommes confidérables qu'il avoit ramaffées de tous côtés fous prétexte de défendre la ville; l'envie de conserver tout cet argent occasionna fa perte. Zenghi fit réparer les fortifica

(a) Dans le mois Dgioumadi elakher de l'an 539 de l'Hegire.

(6) Le fiége avoit duré 28 jours, le=

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lon Benelathir, & 18, felon Aboulfe-
dha,

Aboulma

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