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Seifeddin.

Zeineddin (a) eut le gouvernement du château de Mouffoul, Apr. J. C. Azzeddin aboubekr, le Dgeziret ben omar. Alors tout l'Em- L'an 1145. pire de Zenghi forma deux Royaumes. Le premier, foumis Noureddin à Seifeddin, avoit Mouffoul pour capitale. Cette ville eft Benjamin fituée fur le bord occidental du Tigre, qui la fépare de l'an- de Tud. cienne Ninive, dont il ne refte que quelques ruines. Elle Schulteus. eft grande, bien peuplée, & une des plus célebres villes de l'Orient. Elle eft nommée Moussoul, c'est-à-dire, la jonction, parce que dans cet endroit la Méfopotamie & l'Eraque fe touchent. Alep, capitale des Etats de Noureddin, est la même qu'Aram-tfoba ou Berrhoea. Il y avoit alors un fuperbe château, & elle n'étoit pas moins célebre que Mouffoul.

Pendant que Noureddin & Seifeddin partageoient entre Aboulfedha eux les Etats de leur pere, Modgireddin abc, Roi de Damas, alla s'emparer de Baalbek; Nodgemeddin ayoub, pere du fameux Saladin, qui en étoit le Gouverneur, ne voyant aucune apparence de fecours de la part des deux Princes, livra cette ville; & après avoir obtenu en échange quelques villages, il fe retira à Damas.

Benelathir.

La nouvelle de la mort de Zenghi, qui s'étoit répandue Guillaume parmi les Francs, leur fit concevoir quelques espérances de delat Tyr. délivrer des mains des Turcs la ville d'Edeffe. Ils choisirent Aboulfedha le moment que Noureddin étoit occupé à établir fa puiffance dans Alep. Jofcelin, Comte d'Edeffe, qui demeuroit alors dans la ville de Tell-bafcher, fit proposer (b) aux habitans d'Edeffe de lui livrer leur ville; la garnifon Turque étoit peu nombreuse, & le peuple étoit Chrétien, ainsi ils lui promirent de lui ouvrir les portes. Auffi-tôt Jofcelin accompagné de Baudouin de Mares & d'un corps confidérable de troupes; paffa l'Euphrate, & fe préfenta pendant la nuit au pied des murailles de cette ville, il y fut introduit; toute la garnifon Turque & les Mufulmans se réfugierent promptement dans la citadelle, mais Joscelin, faute de munitions & de machines, ne put les y forcer. Ils députerent auffi-tôt un courier à Mouffoul vers Seifeddin, pour l'inftruire de leur fituation. Le courier rencontra dans le ter

(a) Il poffèdoit alors Arbel.

Guillaume de Tyr dit que ce fut
Tom. II. Part. II,

les habitans qui folliciterent ce Comte

Y

Apr. J. C.

ritoire de Moussoul Azzeddin aboubekr el dobaïfi, qui alloit Noureddin prendre poffeffion de quelques biens dans le Dgeziret, il prit Seifeddin. auffi-tôt la route d'Edeffe avec le corps de troupes qu'il

avoit, & il ordonna au courier de continuer fon chemin afin de demander de nouvelles troupes à Seifeddin, mais. tous fes foins devinrent inutiles,par la prudence de Noureddin, qui en apprenant à Alep la perte d'Edeffe, s'étoit mis auffitôt à la tête de fes troupes, & avoit investi la ville. Les Francs qui n'étoient point en état de fe défendre, prirent le feul parti qui leur reftoit, c'étoit celui de fe faire jour au milieu des ennemis, & de fortir de la ville. Les citoyens qui avoient contribué à la reddition, ne fe croyant pas en fûreté, réfolurent d'accompagner les Francs. Tous fe mettent en marche, les troupes de Noureddin les attendent à la porte, la garnifon Turque fort du château, & les attaque par derriere, Les Francs gagnent avec peine la plaine; les vieillards, les malades, les femmes & les enfans des deux fexes furent foulés fous les pieds des chevaux; prefque tous les habitans qui fuivirent les Francs, furent tués, Edeffe fut reprise par Noureddin, & Jofcelin fe fauva à Samofath, & de là à Tellbascher. Ce fut la prife de cette ville d'Edeffe, & celle de Aboulmahafen. quelques autres places, comme Artéfie, Mamoula, BaAboulfedha farfout, & Kafarlatha (a), qui donnerent lieu à la Croifade,, que S. Bernard, Abbé de Clairvaux, prêcha dans l'Occident. Elle attira dans la Syrie un grand nombre de François & d'Allemands, qui fe joignirent aux Francs, & allerent. faire le fiége de Damas..

L'an. 11470.

Soyouthi.

Pendant que ces chofes fe paffoient ainfi du côté d'Alep, Benelathir Seifeddin étoit occupé à recevoir dans Mouffoul le ferment Aboulfedha de fidélité de la plupart de fes Emirs; il paffa enfuite dans la Syrie, tant pour faire la vifite de ce pays, que pour fe racommoder avec fon frere Noureddin. Ces deux Princes vivoient dans une défiance continuelle l'un de l'autre ; Noureddin qui étoit le plus puiffant, profitoit de la foibleffe de fon aîné, & exigeoit de lui des Places que celui-ci lui accordoit, , pour conferver le refte de fon pays, & gagner les

(a) L'an 542 de l'Hegire..

L'an 1147.

Seifeddin

bonnes graces d'un frere ambitieux. Ces deux freres fuivis chacun de cinq cens Cavaliers, eurent une entrevûe dans Apr. J. C. les environs d'Alep; Noureddin donna de grandes marques Noureddin d'amitié à fon frere, defcendit de cheval vint baifer la terre devant lui, & l'embraffa; il revint enfuite à Alep d'où il partit peu de tems après avec fon armée pour accompagner Seïfeddin, fous prétexte qu'il étoit important qu'ils de

meuraffent enfemble pendant quelque tems, afin que les

Francs inftruits de leur union, n'ofaffent rien entreprendre. Ceux-ci étoient alors très-puiffans, ils venoient de recevoir d'Europe de grands fecours fous la conduite de Louis VII. Roi de France, & de l'Empereur Conrad. Toutes ces armées réunies étoient alors devant Damas, dont elles faifoient le fiége; mais les liaisons des Francs de Syrie avec les Musulmans, & la jaloufie qu'ils avoient contre les François & les Allemands, avoient fait échouer cette entreprise; parlà Damas fut confervée aux Mufulmans. Noureddin & Seïfeddin étoient venus au fecours de cette ville. Après que le fiége eut été levé, Noureddin alla à Baalbek où Anar Régent du Royaume de Damas l'avoit invité, pour prendre enfemble des mefures fur la fituation des affaires. Dans le tems qu'ils y étoient ils reçurent une lettre du Comte Benelathira de Tripoli, par laquelle ce Comte les exhortoit de venir affiéger le Château d'Arima. Le fils du Roi (a) de Sicile qui avoit fuivi les Princes Croifés dans la Syrie, venoit de lui enlever cette Place, & paroiffoit vouloir s'emparer auffi de Tripoli. Cette conduite des Croifés indifpofa tellement le Comte, qu'il s'unit aux Mufulmans contre les Chrétiens. Noureddin & Anar allerent faire le fiége de ce Château, & Seïfeddin leur envoya de nouvelles troupes fous la conduite de Seïfeddin Aboubekr el dobaïfi. Le Prince de Sicile repouffa ces Musulmans, mais Noureddin ayant fait fapper les murailles, il s'en rendit maître en peu de tems, fit prifonniers les hommes, les femmes, les enfans qui y étoient, avec les foldats, & le Prince de Sicile lui-même; enfuite il fit rafer le Château & fe retira vers Seifeddin.

(a) Les Arabes nomment ce Roi de Sicile Phatsch, ou Alphonfch.

Apr. J. C.

Benelathir.

Aboulma

Ce Prince n'étoit pas moins ardent que Noureddin à reL'an 1147. Couvrer les pays qui lui avoient été enlevés depuis la mort Noureddin de Zenghi. Il reprit (a) le château de Dara & plufieurs autres Seifeddin, qui font dans le pays de Maredin, & dont Houfam eddin Timourtasch s'étoit rendu maître. Il fit même le fiége de Maredin dans le deffein d'entrer enfuite dans le Diarbekr, & de reprendre tout ce qui avoit appartenu à Zenghi. Pendant qu'il étoit devant cette place, un autre corps d'armée ravageoit tout le pays des environs; Timourtafch fut obligé de capituler, & de recevoir les conditions que Seïfeddin voulut exiger. Il promit de lui donner fa fille en mariage, alors Seïfeddin reprit le chemin de Mouffoul; mais lorsque la L'an 1149. Princeffe de Maredin s'y rendit dans la fuite, elle trouva que. Seïfeddin étoit malade & près de mourir; en effet hafen. il mourut prefque auffi-tôt (b). Il étoit âgé de quarante ans, Aboulfedha Benelaihir. il avoit regné trois ans, un mois & vingt jours. Il fut enAboulja- terré dans le fuperbe Collége qu'il avoit fait bâtir dans Benfchou- Mouffoul. Ce Prince étoit doux, fage & généreux, il avoit beaucoup de foin de fa milice. Il avoit laiffé de grands biens à fon collége de Mouffoul, & des appointemens pour les Docteurs de la Secte Schaféenne & Haniféenne. C'est lui qui le premier a fait porter devant lui, quand il étoit à cheval, le Sandgiac ou l'Etendard. Il voulut auffi que fes foldats ne montaffent jamais à cheval fans le fabre & la maffe d'arme à côté de l'étrier; ordonnance qui fut imitée par tous les autres Princes voisins. Seifeddin laiffoit un fils en bas âge, dont Noureddin prit foin; dans la fuite il le maria à la fille de Cothbeddin maudoud frere de Seifeddin, mais. ce jeune Prince mourut fans enfans.

radge.

yah.

Cothbeddin.

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Après la mort de Seifeddin, Cothbeddin Maudoud reçut le ferment de fidélité du Grand Vizir Dgemaleddin du Général Zeïneddin & de toute l'armée ; il fut reconnu Roi de Mouffoul, & il épousa la fille de Timourtasch. Il ne fut pas plûtôt affermi fur le trône que quelques Emirs, envieux de la puiffance de Dgemal eddin & de Zeïneddin, chercherent à mettre la divifion entre lui & fon frere

(a) L'an 542 de l'Hegire.

de l'an 544. Il étoit âgé, suivant Aboul(b) Sur la fin de Dgioumadi elakher mahafen, de 54 ans.

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Cothbed

Noureddin. Parmi ces Emirs étoit Almocaddem, pere de Schamfeddin, Dizdar ou Gouverneur du château de Sand- L'an 1149. Apr. J. C. giar. Il s'engagea envers Noureddin de le rendre maître de Noureddin cette ville. Noureddin qui ne négligeoit aucune occafion din d'augmenter fes Etats, partit auffi tôt d'Alep fuivi de foixante-dix perfonnes, parmi lesquelles étoient Asad eddin Schirkouh, oncle du fameux Saladin. Il alla fe présenter devant Makfin où il fut reçu par le Gouverneur; de-là il marcha vers Sandgiar. En arrivant, la laffitude l'obligea d'aller fe jetter dans un foffé, & après s'y être repofé il fit fçavoir fon arrivée au Gouverneur, Mocaddem étoit alors à Mouffoul, fon fils Schamfeddin reçut Noureddin qui prit poffeffion de la place.

Ce Prince fut follicité dans le même tems par Phakreddin cara arflan, Roi du château de Khipha qui lui demandoit des fecours, & offroit de lui remettre le château de Haitan. Noureddin s'y rendit auffi-tôt. Alors Cothbeddin qui apprit toutes ces entreprises de fon frere fur fes Etats, raffembla fes armées & marcha vers Sandgiar, accompagné de Dgemaleddin & de Zeïneddin. Quand ils furent arrivés à Tell-yafar, ils envoyerent faire des reproches à Noureddin fur ce qu'il envahiffoit ainfi des pays qui ne lui appartenoient pas. Noureddin répondit qu'il étoit plus en état que fon frere de gouverner les Etats de fon pere; que d'ailleurs il s'étoit déterminé à le faire, tant à la follicitation des Emirs de Mouffoul, que par la crainte qu'il avoit qu'ils n'en appellaffent d'autres. Le grand Vizir Dgemal eddin confeilla à Cothbeddin de s'accommoder avec fon frere, pour ne point s'expofer au fort d'une bataille, dont les fuites lui feroient toujours défavantageufes, parce s'il étoit vainqueur il attireroit contre lui le Sulthan & le Khalif, & étoit vaincu, les Francs viendroient l'attaquer. Dgemalque s'il eddin vint trouver Noureddin, lui offrit Hemesse à la place de Sandgiar. Noureddin l'ayant acceptée, & la paix étant faite, il s'en retourna à Alep, & emmena avec lui fix cens chameaux, fans compter les mulets, tous chargés de choLes précieuses qu'il avoit prifes dans Sandgiar.

La puiffance des Francs diminuoit confidérablement dans

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