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Afcalon qui appartenoit aux Egyptiens, il alla affiéger Apr. J. C. Paneas, il espéroit que les Francs viendroient au fecours Noureddin de cette ville, & abandonneroient Afcalon; mais il fut Cothbedobligé de lever ce fiége, les Francs continuerent celui d'Afcalon, & prirent (a) cette ville.

Ils fe conduifoient alors dans la Syrie d'une maniere à attirer fur eux les armées de tous les Princes Mufulmans. Les traités qu'ils faifoient n'étoient pas religieufement obfervés. Il y avoit dans les environs de Paneas une multitude incroyable d'Arabes & de Turkomans qui vivoient fous leurs tentes, difperfés dans la forêt. Ils en avoient obtenu la permiffion de Baudouin III. qui avoit juré folemnellement la paix avec eux; mais la néceffité d'argent dans laquelle ce Prince fe trouvoit, & les mauvais confeils qu'on lui donna, le porterent à aller furprendre ces Turkomans qui vivoient paisiblement, il n'eut point de peine à les mettre en déroute, & fit fur eux un butin immense. Paneas appartenoit alors à Unfroy du Toron Connétable du Royaume, les dépenfes qu'il étoit obligé de faire pour empêcher que cette place ne tombât entre les mains de tous les ennemis qui l'environnoient, & fur-tout de Noureddin, l'obligerent d'en céder une partie aux Chevaliers de l'Hôpital, à condition qu'ils contribueroient aux, frais de la guerre. En conféquence, les Chevaliers firent de grandes provifions qu'ils avoient deffein de jetter dans la ville; mais Noureddin en ayant été informé enleva ce convoi; les Chevaliers ne voulurent plus garder une ville, qui dès le commencement leur coutoit fi cher, & Noureddin en fit auffi-tôt le fiége. Il étoit près de s'en rendre le maître; mais la présence du Roi de Jérufalem qui arriva avec une armée, l'obligea de décamper après avoir mis le feu à une partie de la ville. Baudouin III. fit réparer toutes les fortifications, renvoya fes troupes, & prit le chemin de Tibériade avec quelques cavaliers; Noureddin paffa auffi-tôt le Jourdain, & fe mit en embuscade dans un endroit par lequel les Francs devoient paffer; il les furprit & les mit en

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(a) Le 12 du mois d'Août 1154

din.

L'an 1156

L'an 1156.

fuite (a); le Roi lui-même eut beaucoup de peine à fe fauver." Apr. J. C. Noureddin fit un grand nombre de prifonniers, & alla fe Noureddin préfenter devant Panèas, croyant que les Francs ne feroient Cothbed- pas en état de la fecourir contre les nombreuses armées qu'il

din.

Benelathir,

Benelathir.

Aboulma

venoit de raffembler; mais il fut trompé, le Roi Baudouin, Rainaud de Châtillon Prince d'Antioche, & le Comte de Tripoli vinrent au fecours, & l'obligerent de lever le fïége, quoique la place fût prefque ruinée.]

Noureddin porta enfuite fes armes vers le château d'Harem (b) fitué dans la principauté d'Antioche à l'occident d'Alep. D'abord les Francs fe raffemblerent pour aller fecourir cette place; mais le Gouverneur leur ayant fait fçavoir qu'il étoit affez fort pour résister à Noureddin, ils s'en retournerent; ils ne laifferent pas cependant de faire la paix avec Noureddin, & de lui céder quelques pays pour conferver L'an 1157. Harem. L'année fuivante (c) toute la Syrie fut défolée Aboulfedha par de grands tremblemens de terre. Les villes de Hama, d'Hemeffe, de Schizour ou Céfarée; la fortereffe des Kurhafen. des, Tripoli, Antioche furent ruinées, & la plûpart de leurs habitans écrasés. On rapporte pour exemple de la grande quantité de monde qui périt, qu'un Maître d'Ecole de Hama étant forti un peu avant le tremblement, & ayant trouvé à fon retour tous fes Ecoliers enfevelis fous les ruines de fa maison, dans la fuite personne de la ville n'en reclama aucun; en effet, il n'étoit refté que foixante-dix habitans de quinze mille qu'il y avoit. Le château de Schide Tud. zour fitué à une demi-journée de Hama, fur un rocher élevé, & auquel on ne pouvoit parvenir que par un petit fentier coupé dans la montagne, fut détruit, & toute la famille des Moncadites qui l'avoit enlevé fur les Grecs l'an Aboulfedha 1081 de J. C. fut écrasée; quelques Emirs de Noureddin Benfchou- s'en emparerent auffi-tôt, & ce Prince le fit rétablir. Il prit auffi Baalbek dans le même tems.

Benjamin

Benelathir.

nah.

Benelathir.

Cothbeddin Roi de Moffoul & frere de Noureddin ne L'an r158. jouoit pas un fi grand rôle dans fon Royaume; les Historiens

(a) Le 14 du regne de Baudouin, le
13
des kalendes de Juillet, au mois de
Juin.

(b) L'an 551 de l'Hegire.

(c) Dans le mois Redgeb de l'an 552 de l'Hegire.

Noureddin

ne nous apprennent que peu de chofe de fon regne. Il venoit de perdre (a) un de fes grands Officiers nommé Azzed- Apr. J. C. din aboubekr el dobaïfi qui étoit maître du Dgeziret ben Cothbed-. omar. Cothbeddin voulut rentrer dans ce pays, mais il le din. trouva occupé par Ogul-begh, & il fut obligé d'affiéger la ville. Ogul-begh la lui remit pour quelques châteaux que Cothbeddin lui céda.

Guillaume

Dans ce tems-là Thierry Comte de Flandres venoit de L'an 1159. fe rendre en Syrie; tous les Francs s'étoient affemblés dans Aboulfedha le deffein d'entreprendre avec ces nouveaux fecours quelque de Tyr. expédition confidérable. Ils allerent affiéger le château de Saroudge; mais ils furent forcés de décamper & de se retirer dans le pays d'Antioche. Ils n'y furent pas plûtot arrivés, qu'ils apprirent que Noureddin étoit tombé dangereusement malade (b).Ceux qui apporterent cette nouvelle dirent que tout fon camp qui étoit alors proche Nepa étoit en trouble, & que les foldats qui n'étoient plus arrêtés par la préfence de ce Prince, s'abandonnoient à toutes fortes d'excès. C'étoit affez la coutume de ces peuples à la mort de leur Prince. Noureddin se fit porter dans une litiere à Alep. Les Francs youlant profiter de cette circonftance, firent folliciter Toros Roi d'Arménie, de venir le joindre avec fes troupes à Antioche. Toros y accourut, & tous enfemble ils marcherent vers Céfarée ou Schizour, & l'affiégerent avec un grand nombre de machines. Les habitans, plus accoutumés au négoce qu'à fupporter les travaux d'un fiége, laifferent prendre leur ville. Baudouin III Roi de Jérufalem avoit deffein de la donner au Comte de Flandres qui étoit affez puiffant pour la défendre contre les ennemis; mais Rainaud de Châtillon Prince d'Antioche la réclama comme étant fituée dans fon pays. Cette conteftation fut caufe que les Francs fe féparerent, & qu'ils ne tirerent pas de la maladie de Noureddin tout l'avantage que cette occafion leur offroit s'ils euffent été unis, & s'ils euffent fçu entretenir la divifion qui étoit à la Cour de ce Prince. Son frere Miran (c) avoit raffemblé Aboulfedha

(a) Dans le mois Dzoulhedgé de l'an 552.

(b) L'an 554 de l'Hegire.

(c) Guillaume de Tyr le nomme Mir Miram, c'est-à-dire, l'Emir Miran. II étoit furnommé Nafreddin.

L'an 1159.

fes amis avec lefquels il étoit venu affiéger le château d'Alep. Apr. J. C. L'Emir Schirkouh qui étoit à Hemeffe, courut à Damas dans Noured in le deffein de s'en emparer. Celui-ci avoit un frere nommé Cothbed- Nodgem eddin ayoub pere du fameux Saladin, Nodgem

din.

Guillaume

de Tyr.

eddin détourna Schirkouh de fon deffein, & lui confeilla de s'en retourner à Alep auprès de Noureddin s'il étoit encore vivant, lui promettant cependant, fi l'on apprenoit qu'il fût mort, de l'aider à prendre Damas. Schirkouh vint à Alep, Noureddin que l'on croyoit mort fe montra à une fenêtre de fon palais; la fédition fut appaisée, & l'Emir Miran qui avoit été environné de courtifans, parce qu'il alloit être Roi, fe trouva feul lorfqu'il fut redevenu fujet.

Les Francs que la méfintelligence avoit forcés de lever le fiége de Schizour, reconnurent leur faute, & voulurent la réparer, ils convinrent d'aller faire le fiége du château de Harem proche Antioche. La garnison de cette place incommodoit beaucoup cette ville. Toute l'armée des Francs inveftit Harem (a). Noureddin étoit malade, & tous les Médecins de l'Orient que l'on avoit appelés défefpéroient encore de fa vie. Le Roi de Jérufalem qui étoit dans l'armée des Francs preffa le fiége, afin de profiter de la maladie de ce Prince; il fit dreffer un grand nombre de machines qui jettoient de groffes pierres, il fit fapper les murailles, & après deux mois de travaux cette place fe rendit, & elle fut donnée au Prince d'Antioche, qui la conferva malgré les efforts que Noureddin fit pour la reprendre; alors le Roi & le Comte de Flandres s'en retournerent à Jérufalem.

Auffi-tôt que Noureddin fut en état de pouvoir de mettre en se campagne, il raffembla fes troupes, & pendant que les Francs s'étoient retirés chacun dans leur pays, il entra fur leurs terres dans le deffein d'aller faire le fiége de Tripoli. Il commença par celui du château des Kurdes, qui étoit dans la contrée d'Hemeffe. C'étoit une caverne fituée fur le penchant d'une montagne élevée, appellée Khalil, ou la montagne d'Abraham. On ne pouvoit y parvenir que

(a) Vers les Fêtes de Noël,

Cothbed

par un fentier fort étroit & fort dangereux, à caufe des précipices dont il étoit environné. Le dedans de cette caverne L'an 1159. Apr. J. C. étoit fort commode, & très-facile à défendre. Le Roi de Noureddin Jérufalem & le Comte de Flandres s'y rendirent en dili- din. gence. Déja la garnifon s'étoit engagée à remettre la place à Noureddin fi elle ne recevoit point de fecours dans l'efpace de dix jours. Le Roi qui en étoit informé s'avançoit à grands pas. Noureddin par le confeil de Schirkouh, leva auffi-tôt le fiége, & marcha avec toutes fes troupes au-devant des Francs. Il les rencontra proche le lac de Genefareh. Le Roi de Jérufalem ne lui laiffa pas le tems de fe mettre en ordre de bataille. Les Francs tomberent si subitement fur lui, qu'après quelques efforts, fon armée fut diffipée (a); ils pénétrerent jufqu'à fa tente; un des plus ardens étoit Doucas Général (6) Grec qui étoit venu dans la Syrie avec quelques troupes. Noureddin n'eut que le tems de fe fauver par derriere, fans robe, & de se faifir d'un cheval, un Kurde qui l'avoit aidé fut tué. Il gagna Hemesse où il prit des tentes & campa à une parafangue de cette ville, & à quatre de l'endroit où s'étoit donné le combat; on croyoit qu'il poufferoit jufqu'à Alep, mais il ne voulut point abandonner le refte de fon armée, il attendit-là tous ceux qui purent échapper, quoiqu'on lui repréfentât qu'il n'y étoit pas en sûreté, & que les Francs alloient arriver. Il répondit que pourvû qu'il eût mille hommes avec lui, il ne les craignoit pas. Il fit venir de Damas, d'Alep & des autres villes, des chevaux, de l'argent, des bagages, des hommes & des tentes, il avoit perdu tout dans le combat. Les Francs avoient deffein de venir à Hemeffe, mais ayant appris que Noureddin y étoit, ils n'oferent s'y expofer, & lui propoferent une trêve qu'il ne voulut pas accepter. Alors ils fe retirerent après avoir laiffé dans le château des Kurdes une bonne garnison.

L'Empereur de Conftantinople étoit arrivé alors à la tête d'une armée nombreuse vers Antioche, pour tirer vengeance de Renaud; mais ayant fait la paix avec ce Prince, il fe

(a) Cette bataille fut donnée aux ides, de Baudouin. de Juillet, la quinzieme année du regne

(b) Ou Calaman.

pro

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