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Ils oferent fouvent paffer le Tigre pour venir l'attaquer juf L'an 185. ques dans fes retranchemens. Saladin ne pouvant prendie Azzeddin, de force cette ville, effaya de détourner le cours du Tigre,

Apr. J. C.

& de le faire paffer du côté de Ninive; mais ce travail demandoit un tems confidérable & fatiguoit trop fes troupes Il apprit dans cet intervalle que le Roi de Khelath venoit de mourir (a), & que Baktimour lui avoit fuccédé. Il profita de cette occafion pour lever le fiége de Mouffoul & aller prendre Khelath. Il affiégea d'abord Miafarekin dont il fe rendit maître (b); mais ne se flattant pas d'êtte aussi heureux devant Khelath, il revint affiéger Mouffoul; il y fut joint par Moezzeddin fandgiar fchah. Comme les chaleurs étoient alors très grandes, Saladin fut attaqué d'une maladie fort dangereufe qui l'obligea de fe retirer à Harran. Le bruit fe répandit même dans toute la Syrie qu'il étoit mɔrt. Az、 zeddin qui n'avoit pu obtenir ni de Bagdad ni de Perfe aucun fecours, crut que la maladie de Saladin le porteroit à la paix. Bohaeddin auteur de la vie de Saladin, fut chargé avec quelques autres Officiers d'aller trouver ce Prince. Ils L'an 1186. arriverent (c) auprès de lui dans le tems que l'on défefpéroit de fa vie. Aulli-tôt qu'il put donner audience, les Ambaffadeurs d'Azzeddin conclurent la paix avec lui, ils eurent la prudence de la faire jurer également à fon frere; par-là Saladin leur rendit la Méfopotamie. Azzeddin de fon côté lui céda la ville & le territoire de Scheherzour, la principauté de Carabag & tout le pays qui eft au-delà du Zab; il confentit de faire dans Moulfoul la priere publique au nom de ce Conquérant, & de mettre fon nom fur les monnoyes. Saladin obferva religieufement cette paix juf qu'à fa mort.

L'an 1191.

Depuis ce tems le Roi de Mouffoul lui fournit des fecours Benelahir. dans les guerres qu'il fit contre les Francs. Mais les Princes Atabeks ne firent rien par eux-mêmes, & refterent en paix. les uns avec les autres fous la protection de Saladin. Les Hiftoriens (d) ne parlent que d'une guerre qui s'éleva entre

(a) Dans le mois Rabi elakher.
(6) Dans le mois Dgioumadi elaoual
de l'an 181.

(c) Au commencement de Dzoushed gé de la 581.

(d) Ceux que j'ai consultêse ̧

L'an 1191.

Azzeddin & Moezzeddin fandgiar schah (a). Celui-ci avoit voulu fe révolter, & il avoit donné des fecours aux ennemis Apr. J. C. du Roi de Moussoul; Azzeddin n'avoit rien négligé pour Azzeddin. faire rentrer dans le devoir fon neveu, & il n'alla que malgré lui faire le fiége du Dgeziret ben omar; il s'affli geoit fur le fort de Moezzeddin, & ne battoit que foiblement la place. Lorfque Moezzeddin vit qu'il ne pouvoit plus réfifter, il demanda la paix, c'étoit ce qu'Azzeddin défiroit le plus, il la lui accorda; & après lui avoir fait quelques reprimandes, il promit d'oublier le paffé. Moezzeddin ne fuivit pas fon exemple, & ne tarda pas à recommencer fes anciennes menées.

Saladin n'eut plus alors à combattre que les Francs, Aboulfed Aboulfail leur enleva (6) Tibériade, & enfuite Akka, Céfarée, radge. Haipha, Sephouria, Schokaïf, Phoula, Jaffa, Talnin, Seid, Berout, Dgiobail, & de-là il marcha vers Jérufalem. 11 y avoit eu (c) un grand combat qui s'étoit donné à Ptolemaïs ou Akka, & où les troupes de Mouffoul commandées par Dahireddin el yahankeri, fe trouverent, ainfi que dans la plûpart des autres occafions. Jérufalem fut enlevée aux Chrétiens par Saladin; mais il ne put s'emparer de Tyr; il prit Dgiabala, Laodicée, Sahioun, Schogr-bakas, Derbefac, Bagras, Krak, Sephed. C'eft après tant de victoires que mourut (d) ce grand Conquérant à Damas, âgé de 57 L'an 11930 ans. Après la mort, fon fils Nourreddin aly () lui fuccéda dans le Royaume de Damas; Othman (f) en Egypte ; Gaïatheddin ghazi (g) à Alep. Seïfeddin aboubekr fils d'Ayoub à Krak & Schoubek; fon neveu Nafireddin Mohammed (h) à Hama, Salamia, Mara & Manbedge. Madgededdin behram fchah (d) à Baalbek. Schirkouh petit-fils du fameux Schirkouh à Hémeffe, Rohba & Palmyre. Quelques autres Princes, enfans ou parens de Saladin, eurent d'autres petites villes, mais ils étoient fous la dépendance de ceux-ci. C'eft

(a) L'an 587 de l'Hegire.

(b) L'an 583 de l'Hegire, & fuivante, de J. C. 1187.

(c) Dans le mois Schaban.

(d) Le 27 de Sepher de l'an 589. () Surnommé Malek el afdhal,

(f) Malek el aziz.
(g) Malek el dhaher.
(k) Malek el manfour.

(i) Malek el amdgad, fils de Phakh-
rou fchah, fils de Schahan fchah, fils
d'Ayoubr

'Apr. J. C. L'an 1193. Azzeddin.

ainfi que furent partagés tous les pays qui avoient été foumis par Saladin.

Auffi-tôt que la nouvelle de fa mort fut parvenue à MoufBenelashir, foul, Azzeddin fit affembler fon confeil pour délibérer fur ce qu'il y avoit à faire. Madgededdin frere de l'Hiftorien Benel athir propofa que l'on allat fur le champ s'emparer de la Méfopotamie qui étoit fans défenfeur. Caïmaz fut d'avis au contraire qu'on envoyât des députés vers Emadeddin Roi de Sandgiar, Moezzeddin Roi du Dgeziret ben omar, & Modhaffereddin Roi d'Arbel, pour les mettre dans les intérêts du Roi de Mouffoul. C'étoit bien l'avis de Madgededdin; mais il ne vouloit pas qu'on s'amufât à attendre leur réponse, ce qui feroit perdre un tems considérable; il croyoit qu'il étoit plus à propos qu'on leur annonçât qu'Azzeddin étoit en marche. Ce Prince n'ofa fe hâter dans cette occafion où il étoit fi befoin de diligence, il refta plufieurs mois à Moussoul, écrivit à tous les Princes voisins & aucun ne lui répondit, finon Emadeddin Roi de Sandgiar qui fit un traité avec lui. Pendant ce tems-là (a) Adel frere de Saladin arriva à Harran où il fut joint par les troupes de Damas, d'Alep, d'Hémeffe & de Hama. Alors Azzeddin fe rendit à Néfibin; Emadeddin le vint trouver avec ses troupes dans cette ville. Ils avoient deffein de marcher vers Roha. Adel leur offrit la paix à condition qu'il garderoit la Méfopotamie, Roha, Harran, Racca & les autres pays voifins, comme un fief relevant d'Azzedin. Ce Prince qui ne voulut pas écouter ces propofitions tomba malade prefque auffi-tôt à Tell-mouzan. On fut contraint de le ramener à Mouffoul avec un détachement de troupes, & il laiffa un plein pouvoir à Emadeddin de faire la paix avec

Benelathir. Aboulfaradge.

Adel.

Pendant toute fa maladie Azzeddin ne ceffa de prier Dieu & de faire lire l'Alcoran auprès de lui. Il fit fon testament par lequel il laiffoit le Royaume de Mouffoul à fon nah. fils Noureddin arflan schah. Son frere Scherfeddin & fa mere Aboulfedha le folliciterent inutilement de changer ces difpofitions. Scher

Benfchou

(a) Malek el adel feïfeddin aboubekr, fils d'Ayoub.

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L'an 1193.

feddin prétendoit être le feul Prince des Atabeks alors en état résister à Adel qui affiégeoit Néfibin & de conferver Apr, J. C. l'Empire dans cette famille. Il avoit un grand nombre de Azzeddin, partifans. Azzeddin ordonna à Caïmaz de faire prêter promptement le ferment de fidélité en faveur de Noureddin, afin de ne pas laisser l'Etat fans maître. Mais Caïmaz qui craignoit une fédition, ne se hâta pas; il fit folliciter Scherfeddin de reconnoître fon neveu, & promit d'augmenter fes appanages, Scherfeddin ne répondit rien. D'un autre côté Noureddin envoya prier Caïmaz par Madgededdin de ne plus attendre. Madgededdin trouva Caïmaz fort irréfolu, & qui lui dit pour toute réponse. « Scherfeddin veut exciter des troubles, Azzeddin ordonne que fon fils regne, Adel affiége Néfibin, nous voici à la veille d'une guerre ». Pendant que ces deux Miniftres s'entretenoient de ces affaires, il arriva un Officier de la part d'Azzeddin, qui leur ordonna de fe hâter parce qu'il ne comptoit point paffer la journée, & que l'ennemi étant proche, ils fe trouveroient fans Sulthan au milieu d'une guerre; alors Caïmaz par le confeil de Madgededdin, fe détermina à faire prêter le ferment qu'on exigeoit. Tous les Emirs affemblés jurerent l'obéiffance à Noureddin. Noureddin Scherfeddin fe plaignit de ce procédé, & dit qu'il vouloit installer lui-même fon neveu. Noureddin fit fon entrée publique dans Mouffoul ayant devant lui le Sandgiac, ou l'étendart Royal, & Caïmaz marchant à pied à côté de lui. Azzeddin mourut (a) deux jours après, regretté de tous fes fujets. Il fut enterré dans le collége qu'il avoit fait bâtir à Mouffoul. Ce Prince étoit doux, généreux, plein de clémence, exact obfervateur des préceptes de l'Alcoran, & si modefte qu'il ne parloit que les yeux baiffés à ceux qui étoient avec lui. Il fe relevoit fouvent pendant la nuit pour aller faire fa priere dans un endroit particulier de fon palais.

La puiffance des Atabeks depuis que Saladin & fes enfans étoient maîtres de la Syrie & de l'Egypte étoit confidérablement diminuée. Ces Rois de Mouffoul éloignés alors

(a) Le 27 de Schaban de l'an 589,

Apr. J. C.
Noureddin

des pays que les Francs occupoient, n'avoient plus de part
à ces guerres qui avoient tant illuftré les regnes de leurs
prédéceffeurs. Ils vivoient en paix avec les Princes Muful-
mans leurs voisins, ou s'ils avoient quelques guerres, elles
étoient fi confidérables que
peu
les Hiftoriens n'ont point
jugé à propos d'en faire mention. Ils se bornent, pour ainsi
dire, à indiquer les années dans lefquelles ces Princes font

morts.

Caïmaz qui employoit alors toute fa prudence à maintenir la paix dans le Royaume, ne put éviter la guerre à l'occafion de plufieurs villages dépendans de Mouffoul que L'an 1197. les Lieutenans d'Emadeddin zenghi avoient pris (a). Caïmaz Benelathir. cacha cette violence à Noureddin qu'il connoiffoit d'un caractere impétueux. Il fit redemander ces villages qu'il croyoit, difoit-il, avoir été pris fans ordre du Prince, Emadeddin lui répondit qu'ils étoient de la dépendance de Nesibin, que c'étoit pour cette raifon qu'il les avoit envahis, & qu'il avoit deffein de les garder. Caïmaz les fit redemander une feconde fois, mais inutilement. Alors il en inftruisit Noureddin qui voulut auffi-tôt marcher vers Nefibin. Caïmaz fit ce qu'il put pour le détourner de ce deffein. Dans cet intervalle Emadeddin zenghi tomba malade & mourut. Ce Prince étoit maître de Sandgiar, de Nefibin, de Khabour & de Racca. Les Hiftoriens donnent des éloges à fa conduite, & difent qu'il aimoit fingulierement les fçavans, radge. mais qu'il étoit extrêniement avare, & trop ennemi de la fecte Benelathir. Schaféene. Son fils Cothbeddin Mohammed lui fuccéda, Aboulfedha & Moudgiahed eddin yarnecoufch fut Régent du Royau

Benfchou nah.

Aboulfa

me.

Caïmaz s'adreffa à Cothbeddin, mais ce Prince fut aussi obftiné que fon pere, & Noureddin fut contraint de fe mettre à la tête de fes troupes, & d'aller vers Nefibin. Cothbeddin vint auffi-tôt fous les murailles de cette ville. Noureddin continua toujours fa route, & ne fe trouva plus féparé L'an 1198, de (b) l'armée ennemie que par une riviere; alors l'Emir Phakhreddin la traverfa le premier, toute l'armée de

(a) L'an 594 de l'Hegire.
(b) Dans le mois Dgioumadi elaoual

de l'an 594.

Noureddin

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