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des tentes avec leurs troupeaux, comme les Tartares. Il est très-agréable, & abondant en toutes fortes de grains; fes habitans font Musulmans ; quelques-uns alors étoient Chrẻtiens fuivant le Rit Grec, & relevoient du Patriarche d'Antioche.

C'est par le Kharizme que les Seljoucides pénétrerent dans l'Empire des Musulmans, & ce pays fut une de leurs premieres conquêtes. Lorfqu'ils fe furent emparés du Khorafan, de la Perfe, des deux Eraques & de la Syrie, ils établirent dans toutes ces provinces des Gouverneurs, qu'ils choififfoient parmi leurs efclaves. Tel fut Balca-teghin, Tefchtdar, c'est-à-dire, grand Echanson du Sulthan Malek schah. Comme les appointemens de cette Charge étoient pris fur les revenus du Kharizme, Balca-teghin qui, de même que fes maîtres, étoit Turc d'origine, avoit une autorité confidérable dans cette province, & elle étoit d'autant plus grande, que le Kharizme étoit fort éloigné de la capitale de l'Empire. Balca-teghin y étoit regardé comme le Roi. C'étoit la coutume parmi ces Turcs, comme ce l'est encore chez ceux qui font établis à Conftantinople, que des hommes tirés de l'esclavage, ou nés parmi la populace, parvinffent aux plus grandes Charges de l'Etat. Ces peuples, que nous regardons comme groffiers, ne recherchoient que le mérite & les talens, & non pas la nobleffe des ancêtres. Balca-teghin, encore nommé Balca-begh & Marca-teghin, acheta d'un homme du pays de Gourfcheftan un esclave Turc nommé Anoufch-teghin (a), qui fut furnommé Gourf- Aboulfedha chah, à caufe du pays dont il étoit forti. Anousch-teghin d'Herbelot. fçut fi bien fe conduire à la Cour, qu'après la mort de fon Maître il obtint fa place de grand Echanfon des Seljoucides, & par conféquent le Gouvernement du Kharizme ; il devint puiffant, mais il ne monta pas fur le trône ; cet honneur étoit réservé à fon fils Mohammed, pour l'éducation duquel il ne négligea rien.

Un grand nombre de Turcs qui étoient alors difperfés Aboulfedha dans le Khorasan, ne tarderent pas d'exciter des troubles,

(a) D'Herbelot le nomme Boufteghin gourgé,

L'an 1097..

ding

qui attirerent l'attention du Sulthan Barkiaroc. Le Gouverneur Apr. J. C. du Kharizme avoit péri dans ces troubles. Emir Dad, ComCothbed mandant des armées Seljoucides, fe tranfporta dans cette province par ordre du Sulthan, y rétablit le calme ; & avant que de s'en retourner, il en donna (a) le Gouvernement à Cothbeddin mohammed, fils d'Anoufch-teghin, avec le titre de Khaouarefm-fchah, c'eft-à-dire, Empereur du Kharizme, qui a toujours refté depuis aux Princes de cette famille. Cothbeddin par fa juftice, fa libéralité, & la protection qu'il accorda toujours aux Sçavans qui fe retiroient en foule auprès de lui, rendit fon nom cher aux habitans de cette province. Il étoit cependant toujours foumis aux Princes Seljoucides, auprès defquels il s'acquittoit exactement des fonctions de fa charge pendant un an, & fe faifoit relever l'année d'après par fon fils.

Kam-mo.

tum-kao.

lou.

Lie-tai-ki

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L'an 1125.

Dans ce tems, les extrémités Orientales de l'Afie étoient Ven-hien- remplies de troubles; les Tartares de Niu tché commenHum-kien- çoient à paroître, & s'efforçoient de détruire d'autres Tartares, qui fous le nom de Khitans régnoient depuis longtems dans la Tartarie & dans le Nord de la Chine. O-ko-ta, Hi.génér. premier Empereur de ces Niu-tché (b), déclara la guerre à des Tatars. ces Khitans, qui étoient connus à la Chine fous le nom de Leao, battit leurs troupes en plufieurs reconcontres, & enfin les obligea de quitter leur ancien pays. Plufieurs bandes de Khitans, auffi appellés Carakhitans, conduits par Nufitaigir-ili (c), Prince de la famille royale des Leao, fe retirerent chez les Kergis, ou Circaffes de la Sibérie, & pafferent enfuite dans les environs de Kaschgar. C'est depuis cet établissement que ce pays porta le nom de Kara-khatai. Illik-khan, que les Chinois appellent Pi-le-ko, Khan des Hoei-khe, faifoit fa réfidence dans la ville de Balasgoun; il étoit alors preffé par les Kang-li, peuples qui habitoient dans le voisinage de cette ville, & qui ravageoient fes terres. Illik-khan demanda du secours à Nufi-taigir ili, & offrit

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de lui donner la fouveraineté de fa ville. En conféquence Apr. J. C. le Prince Khitan s'approcha davantage de l'Occident, & Cothbedvint troubler les dernieres années du regne de Cothbeddin mo- din. hammed. Il pénétra jufqu'à la ville de Sun-fe-khan, la même que Samarkande (a), dans le Maouarennahar. Le Sulthan de Kharizme avec cent mille hommes voulut s'opposer à son paffage, mais Nufi-taigir-ili ayant partagé toutes fes hordes en trois corps d'armée, les Kharizmiens furent vaincus. Après cette victoire, il refta pendant quatre-vingt-dix jours à Sunfe-khan, où il reçut les foumiffions & les tributs qu'il venoit d'impofer aux Mufulmans. Il continua fa marche, & fe rendit enfuite à Ki-ulh-nan (6). Là il prit le titre de Kourkhan, & Illik-khan, qui l'avoit appellé à fon fecours, se contenta de celui d'Illik-turkman.

Le Prince Khitan ne refta pas long-tems dans ces pays Occidentaux. Quelques Hiftoriens prétendent qu'il fuivit la côte Occidentale de la Mer Cafpienne, & qu'il rentra en Tartarie après avoir fait le tour de cette Mer. Il établit sa demeure à Kafchgar, qu'il nomma Hou-fe-ou-oulh-tou c'est-à-dire, Houseordou ; elle a été auffi appellée Ordoukend; depuis ce tems cette ville a été la capitale de ce nouvel Empire. Par-là Cothbeddin mohammed fut délivré de ces Barbares, mais il mourut prefque auffi-tôt (c), laif- L'an 11376 fant un fils nommé Atziz, qui lui fuccéda.

Atziz fut, comme fon pere, Echanfon de Sandgiar, Sul- Atziz. than des Seljoucides. Les fervices de Cothbeddin moham- Aboulfedha med, & fes qualités perfonnelles, contribuerent beaucoup à augmenter le crédit du fils à la Cour de ces Princes. Le Sulthan Sandgiar ne fut pas long-tems fans s'appercevoir des deffeins ambitieux de ce Gouverneur ; mais les fervices qu'il L'an 1138. avoit reçus de cette famille, le déterminerent à ne pas écouter fes foupçons (d); & il le combla de nouveau de biens & d'honneurs. Les Grands de la Cour, allarmés du

(a) Je me fuis trompé dans les Tables fable. Atziz eft mort en 1155, & Sandau fujet de cette ville.

(b) Peut-être Carminiah.. (c) L'an 521 de l'Hegire.

(d) Tout ce que dit d'Herbelot fur le fujet de cette guerre, n'est qu'une

giar ne fortit de captivité de chez les
Gozz qu'en 1156; & c'eft à cette épo-
que, fuivant M. d'Herbelot, qu'il fau-
droit placer cette guerre.

Apr. J. C.

L'an 1138.

Atziz.

crédit d'Atziz, entreprirent de le perdre. Celui-ci, pour prévenir l'orage dont il étoit menacé, demanda la permiffion de fe retirer dans fon Gouvernement de Kharizme ; quelques troubles qui venoient de s'élever dans cette province, fervirent de prétexte. Le Sulthan Sandgiar qui connoiffoit le caractère de cet Officier, dit en le voyant partir : Je vois les épaules d'un homme dont probablement je ne verrai plus guere le vifage. Un pareil difcours qui annonçoit des foupçons & de la méfiance de la part du Prince, engagea plufieurs courtisans à propofer d'arrêter Atziz; mais Sandgiar leur Herbelos. répondit: J'ai trop d'obligation à cet homme & à fon pere

je croirois bleffer la reconnoiffance que je lui dois, fi fans aucun fujet, & fur un fimple foupçon, je cherchois à l'offenfer. J'ai toujours obfervé cette maxime; Que l'on doit être fenfible aux bienfaits les plus légers, parce que le bien est toujours grand en lui-même, & toujours eftimable. Sandgiar, plus politique, mais moins généreux, eût fait arrêter Atziz, dont la conduite ne fit que confirmer fes foupçons. Atziz fouleva toute la province, fe mit à la tête des rebelles, & Sandgiar fut contraint de marcher contre un homme, que fa générosité avoit laiffé échapper.

Aboulfedha Sandgiar fe transporta (a) à la tête de ses armées dans le Herbelos Kharizme. Atziz, avec fon fils Il-kilidge, ofa marcher contre lui; mais fes forces n'étant pas comparables à celles du Sulthan, il fut vaincu, & obligé de prendre la fuite, & fon fils tombé entre les mains du Sulthan fut mis à mort. Par cette victoire le Kharizme rentra dans le devoir, & Soliman schah, neveu du Sulthan, en obtint le Gouvernement. Sandgiar ne fut pas plutôt rentré dans Merou, qu'Atziz reparut à la tête d'une nouvelle armée, & se disposa à marcher contre Soliman schah, qui n'avoit qu'un petit nombre de troupes. Soliman, hors d'état de résister à fon ennemi, se retira auprès de Sandgiar, & abandonna tout le Kharizme à Atziz. Celui-ci avoit intéressé dans son parti les Khitans, établis alors à Kaschgar. Taigir, leur Prince, venoit de recevoir un échec confidérable de la part des Tartares de Niu-tché. Le Khan des Khitans avoit formé le projet de retourner dans (a) L'an 533 de l'Hegire, dans le mois Mouharram.

L'an 1138.

le fond de la Tartarie, & de rétablir fa puiffance & fa domination dans le pays que fes ancêtres avoient poffédé; & Apr. J. C. c'est dans ce deffein qu'il avoit envoyé fon Général Aris (a) Atziz. à la tête de foixante-dix mille hommes, vers la Chine & le pays des Tartares de Niu-tché. Taigir ili étoit lui-même dans cette armée. Une partie de fes boeufs & de fes chevaux périt dans la route, & fes foldats voulurent reprendre le chemin de Kafchgar. "Taigir ili livra quelques combats aux Niu-tché. Ceux-ci craignoient que les Khitans ne se réuniffent aux Princes de Hia, qui étoient leurs ennemis ; c'étoit effectivement le deffein de Taigir ili; mais la mort de ce Prince, arrivée en 1136, mit fin à cette expédition. Les Khitans revinrent dans leur pays de Kafchgar, où ils donnerent le titre de Khan à Y-li, fils de Taigir-ili. Comme celui-ci étoit en bas âge, Siao-chi, fa mere, fut déclarée Régente. C'est à cette Princeffe qu'Atziz s'adreffa; il lui Aboulfedha écrivit pour l'engager à venir s'emparer du Maouarennahar. Les Khitans entrerent auffi-tôt dans cette province; Sand-, giar quitta le Khorafan, & accourut au fecours; mais il fut L'an 1141 vaincu (b), & la Reine fon époufe fut du nombre des prifonniers. Après fa déroute, Atziz entra dans le Khorafan qu'il ravagea; il enleva tous les tréfors qui y étoient, pendant que les Khitans s'établiffoient dans le Maouarennahar. L'an 1148î Ils perdirent alors leur Reine Siao-chi.

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Sandgiar raffembla (c) promptement de nouvelles trou-, L'an 1143 pes, & marcha vers le Kharizme. Après avoir enlevé plu-, Aboulfedha fieurs places à Atziz, il le vint affiéger dans fa capitale. d'Herbelor. Atziz, qui étoit fur le point d'être forcé, eut recours à l'artifice, & il lui fut facile de le faire réuffir auprès d'un Prince qui fe piquoit de générofité. Il envoya des Députés avec de riches préfens, vers le Sulthan, demanda pardon de fa faute, & promit de garder à l'avenir une fidélité inviolable. Sandgiar lui accorda le pardon qu'il demandoit, & fit plus; il le laiffa en poffeffion de fon Gouvernement; excès de bonté, dont il fe repentit bientôt, & qui ne ramena pas l'ef

la.

(a) Les Chinois prononcent Ouo-li

Dans le mois Mouharram de l'an

536 de l'Hegire.

(c) L'an 538 de l'Hegire,

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