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Apr. J. C.

prit inquiet d'Atziz. L'ambition de regner lui faifoit tout enAtziz. treprendre. Sandgiar apprit que ce Gouverneur ne fe foumettoit point à fes ordres, qu'il venoit de reprendre les armes, & que dans tout fon Gouvernement il fe conduifoit en Monarque abfolu. Pour en être plus inftruit, le Sulthan envoya un de ses principaux Officiers, nommé Adib faber de Termed; Atziz le fit arrêter, & fit partir en même tems pour Merou des gens qui lui étoient dévoués, pour affaffiner le Sulthan. Adib faber, qui n'étoit pas affez étroitement gardé, en donna avis au Sulthan. Sandgiar fit faire dans Merou une recherche exacte des affaffins, & les fit punir. Atziz de fon côté ayant appris ce qui venoit de fe paffer à Merou, & jugeant que tout avoit été découvert par le moyen d'Adib faber, fit précipiter cet Officier du haut d'un château dans le Gihon.

L'an 1147.

Il étoit important de ne pas laiffer impunie l'infolence du Gouverneur du Kharizme. Sandgiar s'avança (a) à là tête d'une puiffante armée vers Hezar-afp ( ), dans laquelle Atziz s'étoit renfermé, comme dans la plus forte place du pays. Mais le Sulthan, après plusieurs affauts, s'en rendit maître. Atziz ne tira de cette expédition que la gloire d'avoir fait une vigoureuse défense, & le bonheur d'échapper & de fe fauver dans fa capitale. Comme cette ville n'étoit point en état de foutenir un long fiége, il fit faire des propofitions de paix, que Sandgiar écouta; foit parce qu'il étoit fatigué de cette guerre, foit parce qu'il vouloit épargner le peuple. Atziz chargea le Dervifch Ahoupoufch, ainfi nommé, parce qu'il étoit vêtu d'une peau de biche ou de gazelle d'être fon médiateur auprès du Sulthan., Cet homme qui étoit regardé comme un faint dans le pays, n'eut pas de peine à adoucir l'efprit de Sandgiar, qui fe contenta, pour toute fatisfaction de la part d'Atziz, qu'il le vînt trouver fur le bord du Gihon, fe profternât & baifât la terre devant lui, felon la coutume de rendre hommage aux Princes Orientaux; coutume qui eft encore en ufage parmi les Perfans, qui l'appellent Roui-zemin, c'est-à-dire, vifage contre terre. Pendant ce tems

(a) L'an 542 de l'Hegire.

(b) C'est-à-dire, mille chevaux,

Atziz.

là le Sulthan devoit être de l'autre côté du fleuve. Atziz ne pouvoit refufer de donner à ce Prince cette marque de fou- Apr. J. C. miffion, pour obtenir un pardon dont il avoit befoin; mais fa fierté naturelle la trouvoit trop humiliante. Il s'approcha du bord du fleuve, & fans defcendre de cheval il fe contenta d'incliner la tête, après quoi il fe retira. Le Sulthan fut peu fatisfait de la hauteur d'Atziz ; mais voulant mettre fin à toutes les conteftations qu'ils avoient ensemble depuis fi long-tems, il ne fit aucune attention à ce procédé, & lui pardonna. Depuis ce tems Atziz vécut en bonne intelligence avec le Sulthan, & alla porter la guerre (a) chez d'Herbelot. les peuples qui habitent le long du rivage de la Mer Caf- L'an 1152. pienne, où il fit la conquête des provinces de Saganac & de Glondur.

Quelque tems après Atziz (b) mourut âgé d'environ 61 L'an 1155. an dans la vallée de Khaboufchan. Il avoit été attaqué de Aboulfedha paralyfie, & les remèdes trop violens qu'il voulut faire, hâte- d'Herbelor. rent fa mort. Les Ecrivains ont donné de grands éloges à ce Prince à cause de fon courage, de fa fcience dans l'art militaire, & plus encore à caufe de fa libéralité envers les gens de Lettres, parmi lefquels on pouvoit le compter. Il avoit régné pendant 29 ans. Son fils Il-arflan lui fuccéda.

Il-arfan.

Il-arflan avoit un frere cadet nommé Soliman fchah, qui voulut lui difputer la Couronne. Soliman fchah s'empara d'Herbelot d'une partie des Etats de fon pere; mais Il-arflan ne lui donna pas le tems de faire de plus grands progrès. Il le fit arrêter, & le tint prifonnier pendant tout le tems de fon régne.

Pendant qu'Il-arflan occupoit le trône du Kharizme, le Kam-moè Khan des Khitans mourut, & comme fon fils étoit trop jeune, fa foeur Pou-fo-huon prit foin du gouvernement. Mais ayant excité des divifions dans ce Royaume, le Général Ariz fit donner le titre de Khan à Tche-lou-kou autre fils d'I-li. Ces troubles cependant n'empêcherent pas que les Khitans ne paffaffent le Gihon & n'entrassent dans le Kharizme. Il

(a) L'an 547 de l'Hegire.

(b) Il étoit né l'an 490 dans le mois Redgeb, & il mourut le 9 de DgiouTome II. Part. II.

madi elakher de l'an 550 de l'Hegire.
D'Herbelot met cet événement en 551.
J'ai fuivi Aboulfedha.

Kk

L'an 1171.

arflan fe mit en marche pour les repouffer; mais lorsqu'il Apr. J. C. fut arrivé à Amouïeh, il tomba dangereufement malade (a), Il-arflan. & ne put continuer fa route. Il fut obligé de donner le Aboulfedha commandement de fon armée à un de fes Généraux; les Aboulfaraige.

deux Nations en vinrent aux mains, les Kharizmiens furent vaincus & leur Général fait prifonnier. Après cette victoire les Khitans s'en retournerent dans leur pays, & Il-arflan L'an 1172. revint à Kharizme où il mourut (b).

Sulthan hah.

Ce Prince eut pour fucceffeur le plus jeune de fes enfans nommé Sulthan-schah Mahmoud qui étoit en bas âge. C'étoit la Reine Meliket tarkhan qui gouvernoit l'Empire. On prétend que pour régner feule elle avoit fait tomber la Couronne fur la tête de ce jeune Prince, au préjudice de l'aîné nommé Tagasch ou Tekesch (c). Celui-ci qui étoit furnommé Ala-eddin, demeuroit dans la petite ville de Jond, fituée dans le voifinage d'Iegni-kond proche l'embouchure du Sihon. Cette ville lui avoit été donnée en appanage par fon pere. Auffi-tôt qu'il eut appris la mort d'll-arflan, & l'inftallation de fon frere Sulthan-fchah, il écrivit à celuici pour demander part dans la fucceffion d'Atziz. Sulthan fchah répondit par des vers, dans lefquels il lui marquoit qu'une pareille difpute ne devoit pas être décidée par des Lettres ni par des Couriers, & qu'il n'y avoit que les armes qui pûffent la terminer. Cette Lettre étoit en vers. Tagasch chargea fon fils Malek fchah de répondre. Le jeune Prince qui avoit beaucoup d'efprit, le fit en ces termes : « Vous » poffédez [de grands tréfors, & je ne poffede que mon épée; vous habitez dans de fuperbes Palais & fous de magnifiques tentes, je n'ai qu'un cheval & un champ de bataille; cependant fi vous voulez terminer notre différend fans guerre, laiffez-moi le Khorafan, & contentez-vous du Kharizme. Sulthan fchah n'ayant point écouté les propofitions de Tagafch, on fe prépara de part & d'autre à la guerre. Ce dernier qui étoit le plus foible appella à Aboulfa fon fecours le Khan du Cara-khatai. Le gendre (d) de ce Prince xadge.

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20

(a) L'an 567 de l'Hegire

(b) L'an 568 de l'Hegire.

(6) Ou, felon d'autres, Vighifch.

(d) Aboulfaradge le nomme Fouma Ce mot eft Chinois, & veut dire gendre.

Apr. J. C.

nommé Caramara, entra dans le Kharizme où il joignit les troupes de Tagasch. Les deux armées s'approcherent de la L'an 1172. capitale, & obligerent Sulthan fchah de fe réfugier à Ni- Sulthan fabour (a). Alors Tagafch fut reconnu Sulthan de Kharizme, & fon frere Sulthan schah se maintint pendant quelque tems dans le Khorafan.

fchah.

Tagafch.

L'an 186

Sulthan schah tenta dans la fuite de détrôner fon frere. Il rentra avec une armée dans le Kharizme, & vint fe préfenter devant la capitale (6); mais les habitans de cette ville qui étoient en grand nombre, furent fi peu furpris de le voir campé fous leurs murailles, qu'ils ne daignerent pas fermer leurs portes. Sulthan schah apprit enfuite que Tagafch ravageoit tous les environs de Merou capitale du Khorafan, & qu'il fe préparoit à en faire le fiége. Il quitta d'Herbelor. auffi-tôt le Kharizme, & fe rendit en diligence à la tête de cinq cens cavaliers choifis dans le Khorafan; à la faveur de la nuit il rentra dans Merou, & empêcha par-là que cette ville ne fût prife. Alors Tagafch fe retira du côté de Schad-bagh dont il fit le fiége. Le Gouverneur de cette place nommé Sandgiar schah fe défendit avec beaucoup de courage pendant deux mois; mais enfin il fut contraint de racheter lui & fa place en promettant une groffe fomme d'argent à Tagasch qui fe retira dans le Kharizme.

Auffi-tôt que ce Prince fut de retour dans ce pays, il envoya un de fes principaux Officiers dans la ville de Schad-bagh, pour recevoir la fomme qui lui avoit été promife par le Gouverneur, & traiter en même tems de la paix avec fon frere. Sandgiar schah refufa de tenir fa parole, fit arrêter l'Ambaffadeur de Tagasch, & il ne rendit la liberté à ce Miniftre qu'après que la paix eût été conclue entre les deux freres. Cette paix fut prefque auffi-tôt rompue (c). Tagafch ne recevoit aucune fatisfaction, ni de fon L'an 1187. frere, ni de Sandgiar fchah fon beau-frere. En conféquence il fe détermina à venir affiéger de nouveau le château de Schad bagh où Menghely begh, un des plus riches Sei

(a) L'an 568 de l'Hegire. (6) L'an 582 de l'Hegire.

(c) L'an 583 de l'Hegire.

L'an 1187.

gneurs du pays, fe trouvoit alors renfermé avec Sandgiar Apr. J. C. fchah. Ces deux Emirs ne pouvant réfifter aux efforts du Tagafch. Sulthan, eurent recours à la médiation des Imams de la fecte d'Aly, qui avoient beaucoup d'autorité dans le pays. Tagafch écouta ces Chefs de la Religion. Il fut arrêté que la place demeureroit au pouvoir de Tagafch, que les habitans feroient confervés dans la poffeffion de leurs biens & de leurs franchises, & que Sandgiar fchah feroit traité favorablement par Tagafch; mais à l'égard de Menghelybegh, qui avoit engagé Sandgiar fchah à ufer de mauvaifefoi, & qui n'avoit amaffé de grands biens que par mille extorfions qu'il avoit faites dans le Khorafan, Tagafch voulut qu'il rendit compte de fes biens. Menghely fut auffi-tôt remis entre les mains de plufieurs Officiers qui étoient chargés d'examiner fa conduite & de le juger; cette efpece de commiffion le condamna à une groffe amende, & le renvoya pour le refte au jugement du premier Imam nommé Phakhreddin (a), dont il avoit tué autrefois le fils appellé Aboufaid. Menghely fut condamné à mort à cause de ce meurtre. Après la prise de Schad-bagh, Tagafch se rendit maître de Nifabour, dont il donna le gouvernement à fon fils Malek fchah, & après avoir pacifié le Khorafan, il reprit la route du Kharifme.

L'an 1192

Dans la fuite (b) Tagasch marcha à la tête de fon armée d'Herbelor. dans l'Eraque Perfique au fecours de Kizil-arflan fils d'Ildeghiz, qui étoit attaqué par Thogrul, Sulthan des Seljoucides; mais lorsqu'il arriva dans cette Province, il trouva que les deux Princes avoient fait la paix. Comme il prétendoit tirer quelque avantage de cette guerre, il fut fâché de leur réunion, & pour n'avoir pas entiérement perdu fon il fe faifit de Rei & du château de Thabrek, où il laiffa des troupes fous les ordres de Tamgadge un de fes principaux Officiers. L'année fuivante (c) il entra dans le Khorafan, à l'occafion de quelques différends qui étoient furvenus entre lui & fon frere Sulthan fchah, au fujet des limites des deux Etats. Lorfqu'il fut arrivé dans le terri (c) L'an 589 de l'Hegire.

L'an 1193.

tems,

(a) Fils d'Abdolaziz.
(b) L'an 588 de l'Hegires

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