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J. C.

L'an 1221.

intrépidité sans exemple se jetta dans l'Indus. Quatre mille de ses soldats s'y précipiterent avec lui. Au milieu même du Apr. fleuve, il ne cessoit de lancer encore des fléches contre les DgelaledMogols. Genghizkhan & ses soldats resterent étonnés sur le din. rivage. Ce Prince ne put s'empêcher de dire en se tournant du côté de ses enfans. « Dgelaleddin est un fils digne - de Mohammed son pere, puisqu'il échappe de ce danger, >> il a dû s'étre trouvé à bien d'autres. » Quelques Mogols voulurent le poursuivre dans l'eau, mais Genghizkhan les en empêcha. Il ordonna qu'on rassemblât le reste de la famille du Sulthan, fit tuer tous les mâles, & réserva les femmes & les filles. Il s'occupa ensuite du soin de faire retirer du fleuve tous les trésors que Dgelaleddin y avoit fait jetter.

Pendant ce tems-là, le Sulthan de Kharizme s'efforçoit de gagner l'autre bord du fleuve, ses troupes y étoient déja parvenues; pour lui, il fut porté par les flots avec trois de ses gens dans un lieu éloigné, & on le chercha pendant trois jours. Après qu'il eût rejoint son monde, il recommença la guerre dans ces quartiers, battit les Indiens en plusieurs rencontres, & lorsqu'il eût appris que les Mogols avoient repassé le Gihon, il vint à Lahor dans le dessein d'aller soumettre l'Eraque. Il laissa dans ses nouvelles conquêtes deux Officiers, Pehlevan Uzbek & Hassan Carrac, furnommé Quapha Moulk. Ce dernier dans la suite chassa Uzbek, & s'empara de tout ce qu'il avoit aux Indes (a).

La défaite de Dgelaleddin (6) s'étoit répandue dans tous L'an 12238 ses Etats, fon frere Gaïatheddin Tizschah qui régnoit dans Aboulfedha le Kerman, crut pouvoir en tirer quelque avantage pour fon aggrandiffement, il s'empara des villes de Rey, d'Ispahan, d'Hamadan, & des autres lieux de l'Eraque Persique, il battit fon oncle Baghan Thabesi qui s'étoit révolté contre lui. L'année suivante (c) il s'empara du Royaume de Fars qui L'an 12.240 appartenoit à l'Atabek Saad ben Dakla, & prit possession de Schiras. Saad, qui ne possédoit plus que quelques châteaux, fit la paix avec Tizschah, qui lui céda une partie du Fars.

Mais tout changea bientôt de face, Dgelaleddin revint L'an 1225.

(a) L'an 627 de l'Hegire, de J. C.

1229.

Tom. II. Part. II

(b) L'an 620 de l'Hegire.
(c) L'an 621 de l'Hegire.

Nn

Apr. J. C.

din.

dans le Kerman (a), & fe disposa à rentrer en Perfe; tous L'an 1225. ses Emirs se rendirent en foule auprès de lui & lui prêterent Dgelaled- ferment. Les peuples le reçurent avec des exclamations extraordinaires, & les Poëtes célébrerent fon retour par Herbelot. des Vers. Il reconquit Ifpahan & toute l'Eraque Persique, chassa fon frere Gaiatheddin Tizfchah du Royaume de Fars, qu'il rendit à Saad. De-là, Dgelaleddin vint s'emparer du Kouzistan qui appartenoit au Khalif Nafer, il prit l'Adherbidgiane, Kendgia, le pays d'Arran; c'est alors qu'il fit tranfporter fon pere de l'Isle où il avoit été enterré, dans le château d'Ardhan. Dans la suite, lorsque les Tartares se saisirent de cette place, ils l'exhumerent & brûlerent fes os. Ils faifoient un pareil traitement à tous les Rois dont ils trouvoient les tombeaux; celui de Mahmoud, fils de Sebekteghin éprouva cette destinée. Dgelaleddin prit ensuite la route de Bagdad & vint jusqu'à Yacouba. L'allarme se répandit dans Bagdad, & on se prépara à foutenir un fiége. Mais Dgelaleddin se contenta de mettre au pillage les environs, & fit ensuite marcher ses troupes du côté d'Arbel. Moudhaffer eddin Koukberi, qui étoit Roi de cette ville, se soumit. De-là le Sulthan passa dans l'Adherbidgiane qui avoit Tauris pour capitale, il s'en empara, & en chassa le Roi Moudhaffer eddin Uzbek, qui se retira à Kendgia fur les frontieres du pays des Georgiens.

L'an 1226.

Dgelaleddin avoit alors une armée nombreuse; après qu'il Herbelot se fût rendu maître de l'Adherbidgiane, il alla attaquer les Géorgiens (b). Le Roi du pays se prépara à une vigoureuse défense, & vint au-devant de lui avec une armée supérieure en nombre. Le Sulthan, après l'avoir examinée par lui-même de dessus une hauteur, reconnut qu'il y avoit avant l'avant-garde des Géorgiens une troupe de Khozars. Ces peuples qui s'étoient révoltés sous le régne précédent, avoient eu recours à Dgelaleddin, qui avoit obtenu de fon perele pardon de leur faute. Il profita de cette circonftance, & leur envoya du pain & du fel, pour leur rappeller dans la mémoire les services qu'il leur avoit rendus. Les Khozars qui eurent honte de faire la guerre à leur bienfaicteur, aban (a) L'an 622 de l'Hegire. (6) L'an 623 de l'Hegire,

donnerent aussi-tôt le parti des Géorgiens, & se retirerent Apr. J. C. chez eux. Après cette désertion le Sulthan fit offrir une treve L'an 1226. d'un jour à ses ennemis, afin de leur laisser le tems de faire Dgelaledleurs réflexions sur la retraite des Khozars, & les porter à un accommodement. C'est pendant cet intervalle que les plus braves des deux armées se firent des défis. On prétend que le Sulthan voulut prendre part à cette espece de gloire. Il se déguisa en simple cavalier, & se présenta au combat. Un Géorgien vint à lui, aussi-tôt le Sulthan le jetta par terre d'un coup de lance, & terrassa de la même façon les trois fils de ce Géorgien. Un homme d'une taille gigantefque lui offrit ensuite le combat, & lui porta sans relâche de violens coups, que ce Prince para avec beaucoup d'adresse ; mais comme il s'apperçut que son cheval, qui étoit trèsvif, alloit tomber avec lui, il mit pied à terre, & foutint l'assaut de son ennemi. Il prit si bien son tems, qu'il lui porta un coup de lance dans le front, & le renversa mort. Les deux armées jetterent de grands cris d'admiration. Aussitôt le Sulthan, profitant de leur étonnement, chargea fes ennemis, & remporta une victoire qui le rendit maître du pays. Pendant que le Sulthan étoit occupé de la guerre Nifawis des Géorgiens, il apprit que Barak hadgeb s'étoit emparé du Kerman. Cet homme étoit un Khitan, qui avoit été envoyé en ambassade par les Mogols à Mohammed. Les belles qualités que ce Sulthan avoit remarquées en lui, furent cause qu'il le retint à son service. Barak hadgeb s'attacha enfuite à Dgelaleddin fon fils, dans le tems qu'il n'étoit que Roi de Ghazna. Enfin il se révolta entiérement, & fonda dans le Kerman une Dynastie connue sous le nom de Caracatayens. Ensuite Dgelaleddin contraignit le Cadhy de Tauris à rompre le mariage d'Uzbek avec la fille du Sulthan Thogrul, dernier Roi des Seljoucides, & il épousa cette Princesse. Il continua à poursuivre Uzbek, envoya contre lui une armée à Kendgia, & l'obligea de se retirer ailleurs. Après avoir fait une ligue offensive & défensive avec Moadhem isa, Roi de Damas, & Koukberi, Roi d'Arbel, il alla enlever Tephlis aux (a) Géorgiens.

din.

(4) L'an 623 de l'Hegire,

Cela n'empêcha cependant pas que ce Sulthan n'entreApr. J.C. prît dans la même année le siége de la ville de Khelath; Dzelaled- il resta long-tems devant cette place, où commandoit Hou

L'an 1126.

din.

fameddin aly, Lieutenant d'Afchraf. Les neiges qui tomberent alors en abondance, obligerent le Sulthan de décamper. Peu de jours après il reparut devant cette place, & fe difposa à l'attaquer une seconde fois: mais après plusieurs affauts inutiles il leva le fiége à cause de la rigueur du froid. Le Gouverneur de Khelath se mit à son tour en campagne à la tête des troupes d'Afchraf, & alla prendre sur Dgelaleddin les villes de Khoi, de Salmas & de Nakhdgiouan. Le Sulthan, occupé alors à repouffer les Mogols qui étoient

L'an 1127. rentrés (a) dans fon pays, ne put arrêter le Gouverneur de Khelath. Dgelaleddin livra plufieurs combats à ces Mogols qui remporterent souvent la victoire. La guerre ne dura cependant pas long-tems avec eux, & dans la même année il revint aux environs de Khelath, où il fit de grands ravages & des actions indignes d'un grand Prince. Il devenoit de plus en plus formidable. Tizschah fon frere qui le redoutoit, se retira chez les Ifmaéliens. Sur la fin de L'an 1129. l'année (b) il vint affiéger Khelath pour la troisieme fois; Aboulfedha Azzeddin ybek y commandoit alors pour Afchraf. DgelaAboulfa- leddin battit cette ville du côté du lac avec vingt machiAboulmanes, & y passa tout l'hyver. Le fiége fut long & rude. Les

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kajen.

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habitans furent réduits à de grandes extrémités. Ils mangerent jusqu'aux chiens; la livre de pain, mesure de Damas, y valut jusqu'à une piece d'or d'Egypte; la ville fut emportée l'épée à la main ().

Dgelaleddin qui jusqu'alors avoit résisté à tous les efforts des armées innombrables des Mogols, vint échouer vis-àvis des petits Rois de la Syrie & de l'Egypte. Il n'est plus ce grand Dgelaleddin, cette barriere que Genghizkhan n'avoit pu furmonter, c'est un Prince aufli lâche & auffi effémine, que s'il n'eût jamais forti de son sérail, qui fuit devant une poignée de foldats, & qui va enfin se faire massacrer par des voleurs. Après la prise de Khelath, Alaeddin kaikobad,

(a) L'an 625 de l'Hegire.

(c) L'an 627 de l'Hegire.

(b) L'an 626 de l'Hegire,

Sulthan de l'Asie mineure, & Afchraf reunirent leurs troupes Apr. J. C. à Siouas, dans le dessein de chasser Dgelaleddin de sa nou- L'an 1229. velle conquête; le Sulthan fortit de Khelath avec quarante dige Dgelaledmille hommes. Les deux armées en vinrent aux mains, Afchraf & Alaeddin eurent la supériorité, mais les Kharizmiens n'avoient pas pris la fuite. De part & d'autre on resta toute la nuit dans ses rangs, & l'on recommença le lendemain le combat; alors le Sulthan de Kharizme fut défait entiérement, & obligé de prendre la fuite après avoir perdu un nombre prodigieux de ses gens. Le reste fut fait prifonnier, & quelques-uns se sauverent dans les montagnes de Trébisonde; quinze cens de ces derniers tomberent dans des précipices, & y perdirent la vie. Le Sulthan de Kharizme marcha nuit & jour vers Khortobret, où il arriva seul, de-là il prit le chemin de la Perse, & s'arrêta à Khoi.

Afchraf après cette victoire envoya un Ambassadeur au Sulthan de Kharizme, pour le prier de bien traiter les prisonniers qu'il avoit chez lui. Le Sulthan dit à l'Envoyé : >> Les prisonniers qui font entre les mains d'Afchraf, ne font >> que des esclaves, & ceux que j'ai faits sur lui, font des • Kois & des Princes de sa famille; au reste, s'il souhaite la >> paix, j'y confens». Aschraf lui fit cette réponse : » Tous > mes pays ont été exposés à la fureur de vos foldats; vous - les avez ravagés, vous y avez commis toutes fortes de - crimes, tout est encore teint du sang que vous y avez ré>> pandu; avant que de faire la paix, il faut rendre les vil- les que vous avez prises; à l'égard des Rois que vous > avez faits prifonniers, mon frere Modgireddin yacoub est >> le seul; je le regarde aujourd'hui comme mort; un grand - nombre d'autres tiennent sa place ; je loue Dieu de ce >> qu'il m'a donné une famille qui monte à plus de deux mille - braves cavaliers. Pour vous, qui n'avez point d'enfans, > vous ne laisserez après vous que des gens qui vous dé>> testeront ». On peut croire que de semblables reproches ne produisirent pas la paix; le Sulthan irrité fit tuer en sa présence Ibegh, Gouverneur de Khelath, qui avoit été pris dans le dernier fiége.

1

Dgelaleddin, par sa mauvaise conduite, se rendoit alors Aboulfedha

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