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L'an 1244.

apprirent fa mort (a), elles décamperent auffi-tôt. Les Arméniens qui les poursuivoient à travers des chemins que les Apr. J. C. pluyes continuelles de l'automne avoient rendus impratica- Kaikhofbles, en firent périr un grand nombre. Kaikhofrou avoit du rou II. courage, mais il étoit trop adonné au vin & à la débauche. Ik avoit époufé la fille du Roi de Georgie, & il l'aimoit fi éperduement qu'il voulut faire graver fon portrait fur les mon noyes, mais il fe contenta d'y faire mettre un lion furmonté d'un foleil (b). Il laissoit trois enfans (c), Azzeddin Kaikaous Rokneddin Kilidge Arflan, dont les meres étoient Grecques, & Alaeddin Kaikobad né de la fille du Roi de Georgie.

Aboulfa

Azzeddin Kaikaous qui étoit l'aîné, monta monta fur le Kaikaous. trône, les Emirs lui prêterent ferment de fidélité, & on fit Benschoula priere publique en fon nom. Son Gouverneur nommé nah. Dgelaleddin Cortai, (d) Grec d'origine, & qui étoit aimé radge. du peuple à cause de fa fageffe & de fa prudence dans les Aboulfedha affaires, ne put empêcher que la divifion ne se mît entre ces trois Princes, & ne caufât la ruine de leur Empire.

On n'eut pas plutot appris à la Cour des Mogols la nouvel- L'an 1235. le de la mort de Kaikhofrou, que le grand Khan Oktai fit Aboulfafommer fon fucceffeur Kaikaous (e) de venir lui rendre honradge. mage en Tartarie. Le Sulthan représenta aux Envoyés Mogols, auxquels il fit beaucoup de préfens, qu'il ne pouvoit s'éloigner de fes Etats, fans les expofer à être ravagés par les Grecs & les Arméniens. Mais tout ce qu'il put dire ne fut point écouté, & il fut obligé de faire partir fon frere Rokneddin accompagné de fon Gouverneur nommé Bohaed

(a) Benfchounah place mal-à-propos fa mort à l'an 654 de l'Hegire, de J. C. 1256. Il fuit en cela Aboulfedha, dont il est le copifte. Aboulfaradge qui vivoit dans ce tems-là, la place à l'an 642, & je l'ai fuivi.

(b) Cette Médaille eft dans le Cabinet du Roi. Entre les jambes du lion, & vers fa queue il y a trois étoiles. Audeffus du lion eft un foleil, & autour de la Médaille on lit ces mots : Elimam el moftanfer billah_Emir el moumenin ;: c'eft-a-dire, que Moftanfer étoit alors Imam, ou Commandeur des Croyans, ou Khalif de Bagdad. De l'autre côté

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din; mais ce parti devint par la fuite le plus mauvais. RokApr. J. C. L'an 1247. neddin arriva en Tartarie dans le tems qu'Oktai khan venoit Kaikaous. de mourir, & il se trouva à l'affemblée générale des Mogols, dans laquelle Gaïouk fut proclamé Grand Khan. Ce nouveau Monarque de la Tartarie dépofa (a) Kaikaous, & donna le titre de Sulthan à Rokneddin Kilidge Arflan. Schamfeddin el Isphahani, Grand Vizir du Sulthan Kaikaous, & qui avoit époufé la mere de ce Prince, homme autant eftimé par fa fcience, qu'il étoit haï à caufe du grand crédit dont il abufoit, apprenant que Kilidge Arflan revenoit (b) de Tartarie à la tête de deux mille cavaliers Mogols, voulut enL'an 1248. lever Kaikaous, & aller fe renfermer avec lui dans un château qui étoit fitué fur le bord de la mer, pour y attendre les fuites de l'arrivée du nouveau Sulthan. Mais Dgelaleddin Cortai le fit auffi-tôt arrêter, & dépêcha un courier vers Bohaeddin, Gouverneur de Kilidge Arflan, pour l'informer de tout ce qui fe paffoit à Iconium. Celui-ci détacha un corps de Mogols qui arrêterent le Grand Vizir, on le mit à la torture pour fçavoir de lui où étoient fes tréfors, & on le fit enfuite mourir. Dgelaleddin Cortai qui n'étoit occupé que de l'intérêt de fon maître Azzeddin Kaikaous, s'aboucha avec Bohaeddin, & dans l'impoffibilité de résister aux Mogols, il aima mieux partager le Royaume entre les deux Princes, que de s'engager dans une guerre dont les évenemens font toujours incertains. Kaikaous eut Iconium, Angora, Acfara, Antioche & toute la partie Occidentale de ce pays, qui portoit alors le nom de Turquie. Céfarée, Siouas, Malathie, Arzendgian, Erzeroum, & tous les pays Orientaux furent le partage de Kilidge Arflan. Ils donnerent à Alaeddin Kaikobad le plus jeune, des biens particuliers, & mirent sur les monnoies (c) les noms des trois Princes.

L'an 1254 Aboulfaradge.

Cependant les Mogols étoient mécontens de Kaikaous, & continuoient d'exiger qu'il fe rendît en personne en Tartarie pour prêter ferment de fidélité au Grand Khan. Mangoukhan qui l'étoit alors, venoit de lui envoyer (d) de nouveau re, les grands Sulthans Azzeddin, Rokneddin, & Alaeddin.

(a) L'an 645 de l'Hegire.
(b) L'an 646 de l'Hegire.

(c) La légende étoit, Effalathin el
nadham, Azz ou Rokn ou Ala; c'est-à-di-

(d) L'an 652 de l'Hegire.

des Ambaffadeurs. Kaikaous, convaincu par une malheureuse expérience, que la plus grande faute qu'il eut jamais com- L'an 1254. Apr. J. C. mife, étoit d'avoir envoyé fon frere en Tartarie, réfolut Kaikaous. cette fois d'obéir aux ordres du Grand Khan, mais à peine fut-il arrivé à Siouas qu'il revint fur fes pas, dans la crainte que les Emirs Turcs qui étoient attachés à Kilidge Arslan ne fe déclaraffent en faveur de ce Prince. Il rentra dans Iconium, & fit partir pour la Tartarie fon frere Alaeddin. Dans une lettre qu'il écrivoit au Grand Khan, il marquoit que la mort de fon Gouverneur Dgelaleddin Cortai, & le danger dont fes Etats étoient menacés du côté de l'Occident, par des ennemis qui n'attendoient que fon départ pour les envahir, ne lui permettoient pas de s'éloigner de la Turquie, & il affuroit ce Prince qu'il fe rendroit en perfonne à fa Cour auffi-tôt que la tranquillité feroit rétablie. Mais malheureusement Alaeddin qui étoit chargé de cette lettre mourut en chemin. Kaikaous craignit alors que les Mogols n'entendant pas parler de lui, ne le vinffent attaquer ou ne le dépofaffent. Il étoit d'ailleurs réfolu de ne point aller en Tartarie, & pour fe délivrer de toutes fes inquiétudes, il forma le deffein de faire périr fon frere. Plufieurs Emirs qui en furent inftruits firent échapper Kilidge Arflan. Ce Prince fortit du château déguifé en cuifinier, portant un plat fur fa tête, & fuivi d'une troupe de domeftiques dans le même déguisement. Il se rendit à Céfarée, où il leva une armée avec laquelle il s'approcha d'Iconium; mais la fortune qui lui avoit été favorable jufqu'alors, l'abandonna; il fut battu & fait prifonnier par fon frere, qui le fit enfermer dans le château de Daoulaou.

Cette victoire rendit Kaikaous maître de toute la Tur- L'an 1255; quie, fans être plus tranquille. Un Général Mogol nommé Baijou Novian (a) qui commandoit un détachement de l'armée d'Houlagou han s'approcha de fes Etats, & lui (b) demanda des quartiers d'hyver; Kaikaous penfa que c'étoit un rébelle qui fuyoit Houlagou, & fe prépara à le chaffer. Il marcha contre lui accompagné de Michel Palæologue, qui com

(a) Novian eft un mot Mogol, qui au mot Arabe Emir. veut dire, Chef, Général, & répond (b) L'an 653 de l'Hegire.

Apr. J. C.

Gregor.

Aboulfa

radge.

mandoit un corps de Grecs qui étoient dans l'armée du SulL'an 1155. than. Michel Palæologue, pour quelques fujets de méconKaikaous. tentement, avoit quitté la Cour de l'Empereur Théodore LafNicephor. caris, & étoit venu fe réfugier auprès du Sulthan qui l'avoit Georges reçu avec honneur, & lui avoit fait rendre ce que des TurAcropol. komans lui avoient enlevé dans fa route. Il combattit vailPachymer lamment, déja les Mogols avoient le deffous, mais étant reyenus à la charge, les troupes du Sulthan furent obligées de prendre la fuite. Baijou Novian alla délivrer Roknęddin Kilidge Arflan & le créa Sulthan de tous les pays foumis aux Seljoucides de l'Afie mineure. Kaikaous fe fauva auprès de Théodore Lafcaris qui étoit à Sardes. Cet Empereur lui fit de grands préfens; mais craignant que les Mogols, fous prétexte de défendre Kilidge Arflan, ne le vinffent attaquer en qualité d'allié de Kaikaous, il engagea celui-ci à ne pas refter dans l'Empire, & le renvoya avec quatre cens foldats com mandés par Ifaac Ducas Murfuphle. Kaikaous lui remit Laodicée, & entra dans la Turquie d'où il envoya un Ambassadeur (a) vers Houlagou pour fe foumettre à lui, & fe plainAboulfa- dre de la conduite de Baijou Novian. Houlagou ordonna que les deux Princes partageroient entre eux leurs Etats, Kaikaous rentra dans Iconium & Kilidge Arflan fe retira dans le campement de Baijou Novian.

Georges
Acropol.
Pachymer.

L'an 1257

radge.

Le Sulthan Kaikaous qui n'ofoit se fier trop aux Mogols, & qui étoit continuellement dans la crainte que fon frere ne vînt l'attaquer, leva une armée confidérable de Kurdes de Turkomans & d'Arabes. Scherfeddin Ahmed, & Scherfeddin Mohammed, deux Chefs des Kurdes, vinrent lui of frir leurs fervices, & pour les récompenfer il donna au premier Malathie, au fecond Khortobret; cette générofité déplut aux Mogols & aux habitans de ces deux villes, Ceux de Malathie fermerent leurs portes à Scherfeddin Ahmed, qui après avoir perdu trois cens hommes, alla faire le dégât dans le pays de Calondia; enfuite le Roi de Miafarekin le battit dans le pays d'Emed où il étoit entré, & le tua avec, tous fes gens. Scherfeddin Mohammed fur auffi tué par Ankourai Novian, près de Khortobret,

(d) L'an 655 de l'Hegire.

L'an 1257.

Kaikaðus donna le gouvernement de Malathie à Aly Bahadour, qui fçut forcer les habitans à le recevoir, & défit les Apr. J. C. Turkomans Ajaziens, qui fous la conduite de leur chef Jou- Kaikaous. tibegh, ravagoient tous les environs. Le Sulthan commencoit à rétablir fes affaires, & à fe faire refpecter dans fes Etats, Torfque Baijou Novian fit une nouvelle irruption, & lui enleva plufieurs places qu'il remit à Kilidge Arflan. Le Géné#al Mogol prit Ableftain, où il tua fix mille hommes, & réduifit en efclavage les femmes & les enfans; il s'empara auffi de Malathie dont Kilidge Arflan donna le gouvernement à un de fes Mameluksnommé Phakhreddin Ayaz.Baijou Novian ne fut pas plutot décampé, qu'Aly Bahadour tenta de la reprendre, mais ayant été repouffé par les habitans, il en forma le fiége, & réduifit cette ville à la derniere extrémité. Une famine horrible obligea les habitans de fe rendre; mais comme tous les environs avoient été ravagés, la famine continua ; les chiens, les chats, les vieux cuirs, les corps morts devinrent une nourriture que l'on fe difputoit. C'eft dans cette famine que l'on vit une mere mettre fon enfant dans le four pour le enfuite. Telles furent les fuites de la guerre manger les deux freres fe faifoient depuis fi long-tems. Kaikaous qui avoit contre lui les Mogols, chercha tous L'an 1259. les moyens de les appaifer. Il fe rendit (a) auprès d'Houla- Aboulfedha gou qui l'avoit mandé avec fon frere, & leurs Etats furent Aboulfapartagés de nouveau entre eux. Kaikaous eut Céfarée jusqu'aux frontieres de la grande Arménie, Kilidge Arflan, Akfara jufqu'aux pays qui étoient fous la domination des Grecs. Les deux Princes fuivirent Houlagou-khan jufqu'au bord de l'Euphrate, & revinrent dans leurs Etats en affez bonne intelligence. Mais la paix dont Kaikaous jouit alors ne fervit qu'à Pachymerë accélérer fa ruine. Il s'abandonna entierement à l'oifiveté, & fe rendit méprifable aux yeux de fes Emirs qui détestoient les Mogols, maîtres alors de l'Empire des Seljoucides, & plufieurs chercherent une retraite auprès de Michel Palæologue. Kaikaous lui - même dont la capitale étoit foumise aux Mogols & qui languiffoit dans l'esclavage, fortit de fes Etats

que

(a) L'an 657 de l'Hegire.

radge.

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