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la Syrie; les nombreuses armées qui étoient arrivées d'OcApr.-J. C. L'an 1149. cident étoient capables de renverfer l'Empire des Atabeks; Noureddin mais leurs divifions étoient un obstacle au rétablissement de Cothbed- leurs affaires, & quoique les Atabeks fuffent eux-mêmes

din.

de Tyr. Aboulfa

radge.

nah.

en guerre les uns avec les autres, Noureddin par fon courage fe trouva toujours en état de repouffer les Francs. Il les avoit battus (a) à Yagra où ils étoient affemblés pour Aboulfedha faire le fiége de Damas. Lorfqu'il eut appris qu'ils avoient Guillaume levé le fiége de cette ville, que le Roi de France & l'Empereur s'étoient retirés, & que le territoire d'Antioche étoit dégarni de troupes, il avoit affiégé le château de Népa Benfchou Raimond Prince d'Antioche, fans attendre que toute fon armée fût affemblée, étoit venu au fecours de ce château. Noureddin qui ne le crut pas fi peu accompagné, avoit levé le fiége, & s'étoit retiré dans un lieu plus sûr, dont il ne fortit que quand il eut été informé de la véritable situation des Francs. Il marcha alors contre le Prince qui préfumant trop de fes forces, rangea fes troupes en bataille. Les Francs ne tarderent pas d'être mis en déroute. Raimond (b) percé de plufieurs bleffures fut tué fur le champ de bataille, sa tête fut coupée par ordre de Noureddin, & envoyée à Bagdad. Cette victoire de Noureddin avoit répandu la confternation parmi tous les Francs. Alors Noureddin envoya dans tout le territoire d'Antioche des troupes.. Il pénétra jufqu'au monaftere de S. Siméon, qui eft fitué fur une montagne très-élevée entre Antioche & la mer. Il defcendit fur le bord & s'y lava en présence de toute fon armée, comme une marque de fa victoire. 'De-là il vint fondre fur le château de Harem (c) éloigné d'Antioche d'environ dix milles, il le prit y mit une forte garnison.

&

Conftance femme de Raimond étoit reftée veuve avec deux jeunes enfans & autant de filles. Elle gouvernoit feule la principauté d'Antioche. Le Patriarche Aiméric l'affiftoit de fes confeils & de fon argent pour affembler des troupes

(a) L'an 543 de l'Hegire, de J. C. 1148.

(6) Il fut tué le 27 de Juin de l'an 1148.

(c) Nos Hiftoriens le nomment Harenc Cet événement arriva l'an 544 de l'Hegire.

din.

hafen.

L'an 11500

& les oppofer à Noureddin. D'un autre côté, le Roi de Jérufalem, Baudouin III. vint au fecours, de ce pays, il fe Noureddin Apr. J. C. préfenta devant Harem & en fit le fiége, mais comme cette Cothbedplace étoit munie de toutes fortes de provifions il fut obligé Aboulfedha de décamper quelques jours après, il fe retira à Antioche, Benelathir. & Noureddin continua de ravager tout le pays. Il affiégea (a) Aboulma& prit par compofition le château d'Apamée (b) fitué fur une colline environ à une journée de Hama, c'étoit une des places les plus fortes que les Francs euffent dans les environs; de-là ils venoient piller toute la contrée de Hama. Les Francs s'affembloient pour faire lever le fiége, mais ils s'en retournerent lorfqu'ils apprirent que Noureddin s'en étoit emparé. Ce Prince qui fouhaitoit de fe rendre maître de Damas alla fe préfenter (c) devant cette ville; Modgireddin qui en étoit Roi, la garantit du fiége en fe foumettant & en s'engageant à faire prononcer le nom de Noureddin dans la priere publique, après celui du Khalif & du Sulthan & à le faire graver fur les monnoyes. Noureddin fatisfait de cette foumiffion fe retira, & alla prendre le château d'Ezaz. Mais il revint l'année fuivante devant Damas; de-là il porta la guerre (d) dans la Comté d'Edeffe; Jofcelin le L'an 11 jeune depuis la prife de cette ville demeuroit à Tell-bascher où il venoit d'être affiégé par Mafoud Sulthan d'Iconium. Jofcelin défit Noureddin, & parmi le grand nombre de prifonniers qu'il fit, il trouva le Selikhdar ou Ecuyer de Noureddin avec les armes même de ce Prince; il l'envoya. au Sulthan Mafoud en lui faifant dire, voilà l'Ecuyer de celui qui a épousé votre fille (), peut-être dans la fuite Guillaume vous arrivera-t'il quelque chofe de plus fâcheux. Noureddin pour se venger de cet affront, fit raffembler les Turkomans, Benelathir. & leur fit de grandes promeffes s'ils pouvoient faire périr ou arrêter Jofcelin qui étoit le fléau des Mufulmans; les Turkomans rencontrerent ce Comte fur la route d'Antioche, comme il s'étoit féparé du refte de sa troupe, auffi-tôt ils

(a) L'an 545 de l'Hegire.

(b) Aboulmahafen met cet événement en 544.

(c) Dans le mois Mouharram de l'an

545 de l'Hegire:

(d) L'an 546 de l'Hegire.

(e) Noureddin avoit épousé une fille de Mafoud, Sulthan d'Iconium.

de Tyr.

Aboulfedha

l'arrêterent, mais leur ayant donné une fomme confidérable, Apr. J. C. ils le relâcherent; un Turkoman courut à Alep, & y rendit Noureddin compte de cette trahifon à Aboubekr fils de Daïeh qui en Cothbed- étoit Gouverneur, Noureddin étoit alors à Hemesse. Abou

L'an 1151.

din.

bekr envoya promptement des troupes qui envelopperent les Turkomans & Jofcelin, on le conduifit à Alep où il fut mis dans les fers & tué enfuite. Les inimitiés de ce Comte avec le Prince d'Antioche qui avoit été tué par Noureddin, l'envie qu'il eut d'envahir cette principauté ont terni fa mémoire, & ne l'ont pas moins rendu odieux aux Chrétiens qu'il étoit redoutable aux Musulmans. Les Chrétiens fe réjouirent de fon malheur, parce qu'ils le haïffoient; & les Musulmans regarderent fa prise comme l'évenement le plus favorable qui pût leur arriver, parce qu'ils le redou¬

toient.

La veuve de Joscelin étoit reftée dans Tell-bafcher; le Roi de Jérufalem qui appréhendoit que ce pays ne tombât tout entier entre les mains des Mufulmans, fe rendit à Antioche avec des troupes. Le Sulthan d'Iconium le ravageoit alors, & les armées de Noureddin étoient répandues de toutes parts. L'Empereur de Conftantinople inftruit des fuccès des Mufulmans fit offrir à la Comteffe d'Edeffe des fommes confidérables, à condition qu'elle lui remettroit toutes les places qu'elle poffédoit; il espéroit non-feulement de s'y maintenir, mais encore d'enlever aux Turcs toutes celles qu'ils avoient prises. Plufieurs des Princes Francs n'étoient point d'avis qu'on acceptât les offres de l'Empereur; mais Baudouin III Roi de Jérufalem, voyant qu'il étoit difficile de chaffer les Turcs de ce pays, & ne pouvant lui-même fe charger de le défendre, confentit à le donner aux Grecs, bien perfuadé cependant qu'ils ne pourroient le conferver longtems; il aimoit mieux que ce malheur arrivât aux Grecs qu'aux Francs. En conféquence, il conduifit lui-même avec le Comte de Tripoli & les principaux d'Antioche les Officiers de l'Empereur à Tell-bafcher, & emmena la Comteffe avec fes enfans, les Francs & les Arméniens qui youlurent fortir. Les Grecs prirent poffeffion de Tell-baf

cher

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cher (a), d'Aïntab, Rawandan, Tell-khaled, Bira, Samofath & autres.

Apr, J. C. L'an 115.2

Cothbed

Noureddin apprit bientôt que les Francs défefpérant de Noureddin pouvoir fe maintenir dans ce pays l'avoient remis aux Grecs, din. & que le Roi de Jérufalem conduifoit avec lui une multitude de peuple qui abandonnoit la contrée d'Edeffe. Réfolu de les enlever, il marcha au-devant d'eux, les rencontra proche Doulouk,(b), éloignée de cinq à fix milles de Tellbafcher. Les Francs fe rangerent en bataille, & firent tous leurs efforts pour gagner la fortereffe d'Aïntab, qui n'étoit pas éloignée de-là. Les premiers s'y rendirent & s'y repoferent pendant la nuit. Le lendemain le Roi de Jérufalem fe remit en marche. Toute cette troupe étoit compofée d'un très-petit nombre de foldats, le refte étoit des vieillards, des femmes & des enfans. On marcha toujours au milieu des Turcs; les bagages étoient hériffés des fléches que ceux-ci lançoient. Les Francs profiterent du tems que les troupes de Noureddin étoient allées chercher des vivres pour gagner la forêt de Marriz, & enfuite le pays d'Antioche, où ils furent alors en sûreté. Les Grecs de leur côté ne conferverent pas long-tems tous les châteaux de la Comté Benelathir. d'Edeffe qui leur avoient été abandonnés. En moins d'un Aboulfedha an Noureddin leur reprit Tell-bafcher, Ain-tab, Doulouk, Aboulfaradge. Ezaz', Tell-khaled, Courous, Rawandan, Bordge errefas, Benfchoula fortereffe de Bira, Kafarfoud, Khafarlatha, Marafch, nah. Nahar-el-dgiouz, Hifn-el-bada, Hifn-farfout & plusieurs hasen.

autres.

Aboulma

La mort d'Anar Régent du Royaume de Damas, & L'an 1154. beau-pere de Noureddin, arrivée quelque tems auparavant, avoit apporté un changement confidérable dans la Syrie. Modgireddin abc Roi de Damas, étoit un Prince mol & efféminé qui redoutoit les Francs, il avoit même tant de complaifance qu'il leur rendoit tous les esclaves Chrétiens. Noureddin craignant à juste titre que tôt ou tard les Francs ne s'emparaffent de cette ville, écrivit (c)

(4) Nos Hiftoriens les nomment Turbeffer & Hamtab.

(b) Nos Hiftoriens la nomment TuTome II. Part. II.

lupa.

(c) L'an 549 de l'Hegire.

pour eux

aux habitans, en gagna plufieurs, & profita du tems que les Apr. J. C. Francs étoient occupés au fiége d'Afcalon, & qu'en conféNoureddin quence ils ne pourroient point envoyer des fecours au Roi Cothbed- de Damas, pour s'approcher de cette ville avec fon armée.

L'an 1154.

din.

Benjamin de Tud.

Guillaume

de Tyr.

On lui ouvrit la porte orientale, il prit poffeffion de Damas, affiégea ensuite Modgireddin qui s'étoit retiré dans le château, & fit offrir à ce Prince de lui donner Hemeffe en échange; celui-ci l'ayant accepté Noureddin, entra dans le château, mais il ne tint pas fa parole; il voulut donner au lieu d'Hemeffe la ville de Napoulous, Modgireddin rejetta cet échange, fe retira à Bagdad où il resta jusqu'à sa mort, mécontent de la conduite de Noureddin.

La ville de Damas, capitale du Royaume du même nom, étoit une des plus grandes & des plus belles villes de la Syrie; elle étoit fortifiée de hautes murailles, à quinze milles aux environs, ce n'étoit qu'une plaine délicieuse remplie de jardins. Un Auteur qui s'y rendit dans le tems que Noureddin en étoit le maître, dit qu'il n'y a pas de ville plus abondante en toutes fortes de fruits que Damas. L'Amna & le Pharphar qui defcendent du mont Hermon, au pied duquel elle eft fituée, arrofent tout fon territoire ; les eaux de l'Amna font diftribuées par des canaux dans les maisons des Grands, dans les marchés & dans les places publiques; le Pharphar traverse toute la ville. La Mosquée de Damas eft une des plus fuperbes de l'Orient. On prétend qu'il y avoit une muraille de verre percée de fenêtres, dont le nombre répondoit à celui des jours de l'année folaire, ce qui fervoit à indiquer les différens tems de l'année. On croyoit qu'elle avoit été faite par art magique; mais il n'étoit point rare de trouver dans l'Orient de ces fortes de bâtimens de verre; auparavant des Ouvriers de Samarcande avoient fait connoître aux Chinois cette maniere finguliere de bâtir, & depuis ce tems on avoit conftruit à la Chine de grandes falles de verre qui pouvoient contenir une centaine de perfonnes.

Noureddin n'avoit pas encore fait une conquête fi importante. La prise de Damas le rendoit maître de tout le Royaume. Pendant que les Francs étoient encore devant

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