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Espagnole; les Portugais la 16162 » haïflent, ils ne prendront ja » mais de la confiance en elle. Si » nous nous prefentons, elle eft per» duë; le Portugais fe foumet, & ren» tre fous nos Loix. Mais pour affurer »le fuccès de nos deffeins, il ne s'agit plus de borner le cours de nos conquêtes fur les frontieres: i) faut marcher vers Lifbonne même, » C'eft-là que nous devons porter » nos armes pour donner le dernier » coup à la liberté des Portugais. La chute de la Capitale, entraînera » celle de tout le Royaume. Cette "Ville ouverte de toutes parts ne fçauroit nous réfifter. Ne délibe»rons donc plus, mais agiffons, & »je répons du fuccès.

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La plupart de ceux qui affiftoient au Confeil, pour faire leur Cour au Favori, applaudirent à ce difcours mais ceux que l'interêt particulier ne conduifoit point, ceux à qui l'Etat étoit encore cher, & qui ne fe laif foient point aveugler par la paffion combattirent par des raifons folides cette efpece de déclamation de Dorn Louis de Haro. Un de ceux qui la combattit avec le plus de courage fur

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le Duc de Medina de las Torres. » Je conviens, dit-il, qu'il feroit auffi glorieux, & auffi utile de foumettre les Portugais, qu'il l'a été de fou» mettre les Catalans, Mais l'un est » bien plus difficile que l'autre. D'ail » leurs nous ne devons la victoire que » nous avons remportée fur les der»niers qu'à des conjonctures favora»bles, qui ne fubfiftent plus. Les Ca»talans ont occupé toutes nos forces pendant l'efpacede plufieurs années, quoiqu'ils n'euffent pas les mêmes reffources que les Portugais. Au ref»te, vous ne les euffiez jamais domp» tez, fi la France ne les eût abandon»nez dans un moment décifif. Si Marfin enfin ne fe fut retiré, les Catalans feroient encore aujourd'hui triomphans dans Barcelone. Vous ne de» vez la conquête de cette Place qu'à » la retraite de ce General. Cepen»dant vous étiez alors bien plus en » état de pourfuivre la guerre, que vous ne l'êtes aujourd'hui. Vous " aviez des foldats & de l'argent : aujourd'hui vous manquez de l'un » & de l'autre. Le Royaume eft épuifé de toutes manieres. La guerre a » confommé les finances, & les In» des achevent d'en faire un défert.

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Vous ne fçauriez aujourd'hui com- 1656. pofer une armée affez confiderable pour executer l'entreprise qu'on vient de vous propofer. Les » Portugais font d'autant plus re» doutables dans les conjonctures » prefentes, que leur courage, forcé " par la neceffité, va fe tourner en défefpoir,& en fureur. Tout eft à crain» dre de fa part. D'ailleurs c'eft une » erreur de croire que la France » & l'Angleterre l'abandonneront » au pouvoir de nos armes. Ces » deux Puiffances, toujours mortelles » ennemies de notre gloire,& de notre grandeur, fourniront par mer aux Portugais les foldats, les muni» tions, les Capitaines, qui leur feront neceffaires pour nous oppo» fer une longue & vigoureufe deffen»fe. Mais quand ces deux Puiffances » mêmes les abandonneroient, vous »ne fçauriez porter l'effort de vos » armes dans le Portugal, qu'en af" foibliffant vos armées de Flandres » & d'Italie, & alors vous expofez ce "pays à toutes les forces de la Fran » ce, qui déja menacent les Pays-Bas

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& le Milanés. Il eft prefque évi»dent que vous ne fçauriezrien gagner en Portugal, & que vous

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pourriez tout perdre ailleurs. Je croi donc qu'il eft de la fageffe de » ne point expofer la Monarchie à un danger auffi preffant. Je crois enfin qu'il faudroit attendre un tems plus favorable pour recouvrer le Portugal; ce qui ne feroit point » difficile, fi l'on pouvoit parvenir à marier l'Infante Marie-Therese

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fille de Philippe IV. avec Louis » XIV. Roi de France, & terminer » par cette alliance, les haines, & les " guerres qui divifent depuis fi long"tems nos Nations. Les Portugais

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dans l'efperance de participer à » cette paix, fe livreroient au repos, » leur courage s'amoliroit, la France » les priveroit de fes fecours, & alors » pouvant réunir fans danger toutes "nos forces, il nous feroit facile de » les réduire au point où nous les » fouhaitons.

Ce difcours, tout rempli de fageffe qu'il étoit, fut regardé comme fufpect, parce que le Duc de las Torres étoit allié à la maifon de Bragance. Cependant tandis qu'on déliberoit à Madrid, le Comte de Soure agiffoit fur la frontiere. Etant à Elvas il apprit que Villeneuve de Barcarota n'avoit qu'une foible garnifon, qu'on

pouvoit furprendre & forcer. Le Châ- 167 teau de cette Place étoit affez fort; & comme il n'étoit éloigné que de quatre lieuës d'Olivença, cette conquête pouvoit devenir d'une grande impor tance pour les Portugais. Le Comte de Soure fe difpofa donc à l'attaquer. Hfe mit en marche avec deux mille cinq cens chevaux, trois mille hommes d'infanterie, fix pieces de canon, & toutes les munitions neceffaires. Il paffa la Guadiane à Juremena, & il alla coucher à Olivença. Le lendemain il prit la route d'Alconchel, pour fe rendre à Barcarota; mais les chemins étoient fi mauvais, qu'on ne pût aller plus loin, à caufe du canon. Le Comte envoya alors André d'Albuquerque, General de la Cavalerie, avec fix cens chevaux & quelques Ingenieurs, pour voir fi on ne pourroit pas réduire la Place fans canon. Albuquerque s'acquitta de fa commiffion, & rapporta qu'il étoit prefque impoffible. On tint confeil de guerre, & après avoir long-tems déliberé, on convint qu'il falloit abandonner l'entreprise. Le Comte de Soure s'en retourna à Elvas, & ramena les trou pes dans leurs quartiers.

Cette retraite, qui étoit l'effet

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