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noines d'Autun contre Norgaud leur Evêque, qu'ils accufoient d'être entré dans ce fiege par fimonie, & d'en diffiper les biens. Par l'autorité des legats il obligea les chanoines de venir au concile de Valence, nonobftant leurs proteftations de ne devoir être traduits hors de leur province car Valence eft de celle de Vienne. Le concile commença le dernier jour de Septembre 1100. & il s'y trouva vingt-quatre prelats, tant Archevêques & Evêques qu'Abez. L'Archevêque de Lion étant malade, y envoya des députez; & on difoit qu'il avoit empêché les Evêques de Langres & de Challon d'y venir car il n'étoit pas content, que les legats lui ôtaffent le jugement d'un Evêque de fa province. L'Evêque de Mâcon revenant de Rome avoit été pris par l'Antipape Guibert, qui le tenoit en prison: ainfi il n'y eut de la province de Lion que l'Evêque d'Autun qui affifta au concile de Valence.

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Ses parties étoient treize chanoines de fon Eglife, entre lefquels étoient deux Archidiacres, le prévôt & le chantre de plus l'Abbé de faint. Benigne de Dijon, l'Abbé de Flavigni, & les députez de l'Abbé de Clugni. Mais il foûtenoit qu'ils n'étoient pas recevables, parce que les ouailles ne doivent point accufer leur pasteur;. qu'ils avoient confenti à fon élection & à fa confecration, quoi qu'avertis fous peine d'anathême, de propofer leurs reproches. Que l'un d'eux avoit reçu de lui l'ordre de diacre, l'autre la charge de chantre, & lui avoient fait hommage l'un & l'autre. Enfin qu'il n'y avoit qu'un témoin outre l'accufateur. Les legats répondirent, qu'en matiere de fimonie, toute perfonne, fûtelle infame, eft reçue à accufer; & que le Pape Gregoire VII. dans un concile de Rome avoit déposé un Evêque fimoniaque fur l'accufation

A 5

d'un

AN.IIOO.

d'un Abbé fon complice. Que d'ailleurs il fuffiAN.1100. foit d'un accufateur avec un témoin.

VII.

Guibert.

Domnizo.

Quand ce vint au jugement il y eut de la contestation entre les Evêques & les Legats. Les Evêques difoient, que l'on devoit obliger l'accufé à fe purger, fuivant l'ufage de l'Eglife Gallicane confirmé au concile de Clermont en prefence du Pape Urbain. Les Legats répondirent, que fuivant les canons, c'étoit aux accufateurs. à prouver ce qu'ils avançoient. L'accufé appella au faint Siege, mais les Legats ne défererent point à fon appel parce que le Pape leur avoit donné la plenitude de fa puiffance. La féance du concile ayant duré jufques à la fin du jour, on remit la décifion de l'affaire. Pendant la nuit Norgaud envoya des prefens aux Evêques, dont quelques-uns les prirent, d'autres les refuferent; & ceux-ci en furent remerciez publiquement par les Cardinaux legats, dans la féance du lendemain. L'affaire y fut encore agitée; mais non pas terminée; & à la priere de tous les Evêques, on donna un délai jufques au concile que les mêmes Legats devoient tenir à Poitiers. Cependant Norgaud fut declaré fufpens de toute fonction épifcopale & facerdotale. Et c'est ce qui fe paffa à fon égard au concile de Valence.

L'Antipape Guibert mourut pendant la tenuë Mort de de ce concile, c'est-à-dire vers le commencement 'Antipape d'Octobre l'an 1100. la vingtiéme année de son Chr.Virdun. intrusion dans le faint Siege, & la vingt-troifié·P.256. me de fa revolte contre Gregoire VII. Dès le commencement du pontificat de Pascal, les RoPetr Pifan mains le preffoient d'abattre l'Antipape: trouvant honteux qu'il eût refifté à ses trois predeceffeurs. Ils lui offroient de l'argent; & les députez du Comte Roger venant le complimenter de la part de leur maître, mirent à fes pieds mille onces d'or. Le Pape Pascal encouragé par

ces

ees fecours, commença à agir contre Guibert: le chaffa d'Albane, & par là ruina fon parti dans AN. 1100. Rome. Guibert fe retira à Citta-di-Caftello; & dans cette fuite il mourut fubitement. Toutefois le fchifme ne fut pas éteint. Son parti lui fubftitua un nommé Albert, qui fut pris par les Catholiques le jour même de fon élection," & enfermé à faint Laurent. Les fchifmatiques élurent enfuite Theodoric, qui fut pris au bout de trois mois & demi, & enfermé au monaftere de Cave. Enfin ils élurent Maginulfe qui feduifoit le peuple par des prédictions & des fuperftitions magiques mais il fut auffi chaffé de Rome, & mourut en exil reduit à une extrême mifere.

L'Evêque de Mâcon délivré de la prifon de Chr. Vid. Guibert trouva à Rome des députez de l'Eglife p. 256. d'Autun, qui en fa prefence rapporterent au Pape ce qui s'étoit paffé au concile de Valence: & le Pape en fut encore informé par les lettres p. 157. des deux Cardinaux Jean & Benoît fes legats, qui prioient les Cardinaux qui étoient à Rome de ne pas fouffrir que l'on donnât atteinte à ce qui avoit été fait pour l'honneur de l'Eglife Romaine. L'Evêque de Mâcon intercedoit pour l'Evêque d'Autun fon confrere, & le Pape le renvoya avec des lettres par lefquelles il exhortoit fes legats à favorifer la juftice promettant en ce cas de ratifier leur jugement. Dès le quatorziéme d'Avril de cette année 1100. le Pape avoit accordé à Norgaud la confirmation des privileges de fon Eglife, le reconnoiffant pour Evêque legitime. L'Evêque de Mâcon revint auffi Pafch.epift. en France, & affifta au concile de Poitiers.

Avant la tenuë de ce concile, & même de celui de Valence, Ives de Chartres ayant reçu du legat Jean des lettres pleines d'amitié, lui répondit par une lettre où il louë d'abord fa ferA 6

meté

38.

VIII. Concile de Poitiers. Iv.epift.84

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meté de s'eftre abftenu de la communion du Roi. AN.I100. En quoi, ajoûte-t-il, vous avez travaillé

pour vôtre réputation & pour l'interêt de la legation dont vous étes chargé : quoique quelques Evêques de la province Belgique ayent couronné le Roi à la Pentecofte, contre la défense du Pape Urbain d'heureuse memoire, comme s'ils Sup. liv. croyoient que la justice fût morte avec lui. J'ai LXIV.2.1, expliqué ailleurs ce que c'étoit que ce couron

to x. p.720. 7221

nement des Rois aux grandes fêtes ; & le Roi Philippe s'en étoit rendu indigne, étant retombé dans l'excommunication, pour avoir repris Bertrade. Ives de Chartres continue: Quant à ce que vous propofez de tenir un concile à Poitiers, ou ailleurs dans la province d'Aquitaine, je l'approuve entierement. Parce que s'il fe te-noit dans la province Belgique ou dans la Geltique, il faudroit paffer fous filence plufieurs. chofes, qui étant examinées cauferoient du fcandale, & étouferoient prefque tout le fruit du concile mais qui étant diffimulées, diminueroient beaucoup l'autorité de vôtre legation. Quant au terme du concile que vous avez marqué au vingt-neuviéme de Juillet, les Evêques de nos quartiers en prendront pretexte de dire, qu'ils n'ont pas le tems de faire ce voyage & de s'y préparer. Car plufieurs d'entre eux ne pourront arriver au lieu du concile que par des chemins détournez, & après avoir obtenu des faufconduits de toutes parts. C'eft pourquoi il me paroîtroit plus convenable de le remettre à l'entrée de l'automne. Nous en parlerons fi Dieu nous fait

la grace de nous voir, auffi-bien que de plufieurs

autres chofes que je ne veux pas confier au papier.

Le concile de Poitiers fut en effet differé, & ne commença que le jour de l'octave de S. Martin dix-huitiéme de Novembre. Il s'y trouva quatrevingts Prélats, Evêques ou Abbez, entre autres

Ives de Chartres, comme il paroît par fes lettres. On y jugea la caufe de Norgaud Evêque d'Auftun AN.110. commencée au cóncile de Valence. Norgaud étoit present affifté de l'Evêque de Challon & de celui de Die, envoyez pour le défendre par l'Archevêque de Lion qui ne pouvoit fouffrir que les legats vouluffent juger fon fuffragant hors de fa province. Trente-cinq chanoines d'Auftun vinrent à ce concile contre leur Evêque : on repeta ce qui avoit été dit de part & d'autre au concile de Valence; & prefque tous les Prélats du concile de Poitiers demeurerent fermes pour l'ufage dé l'Eglife Gallicane, touchant la purgation des accufez, contre la prétention des legats. On accorda donc à l'Evêque d'Auftun la faculté de fe purger, & on ordonna qu'il le feroit fur le champ & avec des perfonnes capables. On recufa pour cet effet l'Evêque de Challon & l'Evêque de Die, qui étoient déclarez pour lui. L'Archevêque de Tours, P'Evêque de Rennes, & plufieurs autres qui étoient de la province Lionoife; s'offrirent d'abord pour jurer avec l'Evêque d'Auftun. Mais les chanoines leur dirent: Vous ne connoiflez pas le perfonage, & vous vous exposez à un faux ferment: comme nous le prouverons par raison, par ferment, & par le jugement du feu. Cette remontrance retint l'Archevêque de Tours & les autres; & l'Evêque d'Austun n'ayant pû accomplir de purgation canonique, fut condamné à rendre l'étole & l'anneau paftoral. Il fe retira derriere l'autel avec les fiens, & ne voulut ni obéir à ce jugement ni rentrer dans l'affemblée. C'est pourquoi il fut dépofé de l'épiscopat & du facerdoce, avec menace d'excommunication s'il n'obéïffoit. On excommunia auffi tous ceux qui lui obéiroient comme Evêque, ou qui lui préteroient fecours tant qu'il perfi

fte

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