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puis peu de Lorraine. Ils avoient aporté beauAN. 1120. coup d'argent, que Norbert donna à garder à un de fes anciens compagnons: mais celui-ci s'enfuit de nuit, emporta l'argent, & les laiffa Vitap.831. dans une extrême pauvreté. L'hiver étant paffé, Norbert alla feul prêcher à Cambrai; & dans un fermon qu'il fit au peuple, il convertit un jeune homme nommé Evermode, qui fut depuis Evêque de Ratzebourg en bafe Saxe. A Nivelle il gagna à Dieu un autre jeune homme nommé Antoine : ces deux avec Hugues, qui s'étoient attaché à lui l'année precedente, furent comme les fondemens de fon ordre ; & dans la femaine de la paffion de cette premiere année 1120. il avoit déja treize compagnons à Prémontré. Il en eut bien-tôt jusques à quarante, avec plufieurs laïques, & fongea à prendre une regle plufieurs lui confeilloient la vie eremitique, d'autres l'observance de Cifteaux : mais confiderant que lui & tous fes confreres étoient chanoines, il embraffa la regle de faint Auguftin, & ils en firent tous profeffion le jour de Noël l'an 1121. Il prit l'habit blanc, qui étoit celui des clercs, mais tout de laine fans porter de linge; finon par deffus à l'Eglife feulement ils portoient des femoraux ou calleçons. L'efprit de fes premiers difciples étoit d'aimer mieux des habits vieux & rapiecez que neufs il n'y avoit point de travail fi bas qu'ils dédaignaffent; leur filence étoit continuel, ils jeûnoient en tout tems, ne faifant qu'un repas par jour. Il leur recommandoit fur tout trois chofes la propreté dans le fervice de l'autel, la correction des fautes au chapitre, & la charité envers les pauvres. Tels furent les commencemens de l'ordre de Prémontré.

XVIII.

Canonifation de S.

:

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Barthelemi Evêque de Laon affifta cette mêArnoul de me année 1120. au concile tenu à Beauvais de

Soiffons.

puis

puis le dix-huitiéme d'Octobre jufques au vingtneuviéme par Conon Evêque de Prenefte, le- AN. 1125, gat du faint Siege fur les trois provinces de tom.x.conc, Rouen, de Reims, & de Sens. Il s'y trouva dou- ? 881. ze Evêques; fçavoir Guillaume de Champeaux m. ex praf. Evêque de Châlons, nommé la colomne des il. docteurs par l'auteur du tems: Geofroi de Chartres, Henri d'Orleans, Girbert de Paris, Pierre de Beauvais, Anguerran d'Amiens, Robert d'Arras, Jean de Teioüane, Lambert de Tournai, Bouchard de Cambrai, Barthelemi de Laon, Lifiard de Soiffons. Daimbert Archevêques de Sens y étant invité, fut retenu par maladie. Nous ne favons de ce concile, que ce qui regarde la canonization de faint Arnoul de Soiffons. Arnoul Abbé du monaftere d'Oudembourg, fondé par ce faint Evêque, étoit prefent, & tenoit entre fes mains le livre de fa vie & de fes miracles. L'Evêque de Soiffons le prit & le prefenta tout ouvert aux autres Evêques, difant Seigneur, voilà le livre que j'ai fait écrire de fa vie : je rends temoignage à la fin de la verité de ce qui y eft raconté; & quant aux miracles, j'en ai ici des témoins dignes de foi, & chez moi encore plus. Je vous prie d'examiner foigneufement ce livre, pour voir ce que l'on doit faire quant à moi s'il étoit dans mon diocefe, il y a long-tems qu'il ne feroit plus en terre.

Alors l'Evêque de Châlons prit le livre ; & voiant par la table qui étoit au commencement, le grand nombre des chapitres, il dit à l'Evêque de Tournai: Seigneur, que voulez-vous davantage fans ce livre, le témoignage du Seigneur Evêque de Soiffons & de fes clercs yous doit fuffire. Vous devez auffi prendre grande confiance en ce venerable Abbé, dont l'âge & la prudence nous plaît fort; & nous fommes

trop

Sup. liv. Lx11. 7,19.

n.

39.

trop occupez des affaires du concile pour pouAN.1120. voir lire ce livre. Geoffroi Evêque de Chartres dit auffi à l'Evêque de Tournai Je vous dis en verité, que fi le Seigneur avoit fait un de ces miracles pour un de mes prédeceffeurs : je ne confulterois ni Pape, ni legat, ni Archevêque. Alors quelques fameux docteurs prirent le livre & parcoururent quelques chapîtres de la vie : puis ils vinrent dire aux Evêques avec grande affurance Celui-là n'eft pas de Dieu, qui s'oppofe à la veneration de ce Saint. L'Evêque de Châlons dit: En verité c'est une honte à nous de douter d'une chofe fi claire. Seigneur Evêque d'Arras marquez un jour pour vous affembler fur le lieu, lever de terre le corps de ce ferviteur de Dieu, & le placer honorablement. L'Evêque de Tournai dit Voilà le legat affis là-haut dans cette Eglife avec nôtre Archevêque de Reims & celui de Tours: je vous prie venez devant eux, & faites confirmer vôtre avis par leur jugement. Ils dirent: Soit au nom de Dieu. L'Evêque de Tournai dit à celui de Châlons Je vous prie de plaider ma cause. Il le fit éloquemment & en peu de mots; & le legat avec l'Archevêque de Reims répondirent tout d'une voix Nous recevons vôtre jugement & nous confirmons vôtré decret. Alors Lambert Evêque de Tournai appella l'Abbé d'Oudembourg, & lui marqua le jour auquel on s'affembleroit dans fon monaftere pour lever folemnellement le corps faint : favoir le premier de Mai l'année fuivante 1121. Ce qui fut executé avec un grand concours de tous les peuples d'alentour. Et telle fut la canonization de faint Arnoul de Soiffons.

XIX.

Edmer élû
Archevê-

:

La même année 1 120. Raoul Archevêque de Cantorberi étant revenu de Normandie en Anque de S. gleterre, reçut une deputation d'Alexandre Roi André,

d'E

d'Ecoffe: avec une lettre, où il le prioit de

lui envoyer le moine Edmer, pour remplir le AN1120. fiege épifcopal de faint André vacant depuis Edmer. s. long-tems. L'Archevêque crut que cette voca- Nov. p. 97° tion venoit de Dieu, fachant bien qu'Edmer n'y avoit aucune part: car il avoit été affiduëment à fon fervice comme à celui de faint Anfelme; & avec la permiffion du Roi d'Angleterre, il l'envoya au Roi d'Ecoffe. Etant arrivé, il fut élû Evêque de faint André par le clergé & le peuple du païs du confentement du Roi, fans toutefois recevoir de lui la croffe ni l'anneau, ni lui faire hommage: mais le lendemain, quand il dit au Roi qu'il vouloit retourner à Cantorberi fe faire facrer par l'Archevêque, à caufe de la primauté de cette Eglife fur toute la grande Bretagne : le Roi le quitta en colere, ne voulant point que l'Eglife de faint André fût foumife à celle de Cantorberi, & ordonna à Guillaume moine de faint Edmond de continuer à gouverner le temporel de l'évêché comme pendant la vacance: dépoüillant ainfi Edmer qu'il venoit d'inveftir. Toutefois un mois après il le remit en poffeffion de l'évêché & du gouvernement de l'Eglife d'Ecoffe ; & alors Edmer prit la croffe fur l'autel comme de la main de Dieu..

Cependant Turftain, Archevêque d'Yorc étoit au deça de la mer, poursuivant fon rétablissement; & comme il prétendoit que c'étoit à lui à facrer l'Evêque de faint André, il écrivit à l'Archevêque de Cantorberi de ne le pas faire, & au Roi d'Ecoffe de ne le pas fouffrir. Ce qui nuifit beaucoup à l'autorité de l'Evêque élu, & aliena de plus en plus de lui le Roi d'Ecoffe. Edmer voyant donc qu'il ne pouvoit faire grand bien en ce royaume, tant que le Roi lui feroit

contraire refolut de retourner à Cantorberi

pour

XX.

Concile de

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pour y prendre confeil. Mais le Roi lui en refufa la permiffion, difant que fon royaume ne dépendoit en rien de l'Eglife de Cantorberi, & qu'on lui avoit donné Edmer entierement libre de tout engagement à cette Eglife. Edmer demanda confeil à l'Evêque de Glafcou, & à deux moines de Cantorberi qu'il avoit avec lui; & après avoir fondé l'efprit du Roi ils dirent à Edmer: Vous ne vivrez jamais ici en paix du regne de ce Prince nous le connoiffons, il veut lui feul être tout dans fon royaume, & ne fouffre point de concurrence d'aucune autre puiffance. Il eft aigri contre vous fans favoir pourquoi, & jamais il ne fe reconciliera entierement. Il faut donc tout quitter, ou paffer vôtre vie dans l'opprobre avec les Ecoffois, vous accommodant à leurs ufages contre le falut de vôtre ame mais le Roi ne vous laiffera pas fortir, fi vous ne lui rendez l'anneau & la croffe. Edmer prit ce dernier parti: il rendit au Roi l'anneau, qu'il avoit reçu de fa main; & remit la croffe fur l'autel, où il l'avoit prise. Ainfi il fortit d'Ecofle cedant à la violence, & revint à Cantorberi, où il fut reçu à bras ouverts par l'Archevêque & les moines.

le

pa

Le royaume de Jerufalem étoit affligé depuis quatre ans de plufieurs calamitez; entre autres, Naploufe des fauterelles & de famine : ce qui porta Guill. Tyr. lib. xi. 6. triarche Guermond & le Roi Baudouin à convoquer cette année 1120, une affemblée generale des Prélats & des Seigneurs à Naplouse ou Naples de Palestine, qui eft l'ancienne Samarie. Les Prelats qui s'y trouverent, furent Guermond Patriarche de Jerufalem, Ebremar Archevêque de Cefarée, Bernard Evêque de Nazareth, Afquitil de Bethlehem, dont l'évêché avoit été érigé l'an 1110. à la poursuite du Roi Baudouin. Au concile de Naplouse assistoient

Id.x1.6.12

encore

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