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membre de l'Eglife catholique & uni avec fon chef. Les Saxons & les Danois font plus éloignez que vous, & toutefois leurs metropolitains prétent le même ferment, reçoivent avec honneur les legats du faint Siege, & envoyent à Rome non feulement tous les trois ans mais tous les ans. En cette lettre le Pape foutient que les conciles n'ont point fait de loi pour l'Eglife Romaine, puisque c'est elle qui donne l'autorité aux conciles: mais, avant les fauffes decretales nous ne voyons point de fondement à cette maxime. On trouve la même lettre mot epift. sa pour mot, mais plus abregée, adreffée à l'Archevêque de Palerme.

XXI.

Suite de l'affaire des

Sur. n. 14.

Cependant les deputez d'Angleterre étant arrivez à Rome, & ayant expliqué au Pape le fujet de leur voyage & les intentions du Roi, il inveftitune trouva point de paroles pour exprimer fon res en An étonnement; & il leur répondit avec indignation, gleterre que quand il y iroit de fa tête, les menaces d'un Edmer. 3. homme ne lui feroient jamais abolir les decrets Novor.p.61. des faints Peres. Il écrivit deux lettres fur ce fujet, l'une au Roi Henri, l'autre à l'Archevêque Anfelme. Dans la lettre au Roi il commence to. conc par le feliciter fur fon avenement à la couronep 97. ne, & fur ce qu'il n'imite pas le mauvais exemple du Roi fon frere fur lequel la vangeance divine a éclaté. Il l'exhorte à fuir les mauvais confeils qui attirent l'indignation de Dieu fur les Rois, par les inveftitures des évêchez & des abbaïes, & lui promet une amitié inviolable s'il renonce à cette prétention. Car, ajoute-t-il, nous avons défendu à tous les laïques par le jugement du S. Efprit les inveftitures des Eglifes; & il ne convient pas à un fils de reduire fa mere en fervitude, pour lui donner un époux qu'elle n'a pas choifi."

Dans la lettre à l'Archevêque, il l'exhorte à to

ap. Anf con- e8.44.

continuer dans fa fermeté à refifter au Roi; & AN.1102. ajoute: Dans le concile que nous venons de tenir au palais de Latran, nous avons renouvellé les défenses à tout clerc de faire hommage à un laïque, ou de recevoir de fa main des Eglifes ou des biens ecclefiaftiques. Car ce défir de plaire aux féculiers pour parvenir aux dignitez de l'Eglife, eft la fource de la fimonie. Il finit en déclarant à Anfelme, qu'il veut conferver en leur entier les droits de fa primatie, & que de fon vivant il n'y aura point d'autre legat en Angleterre. Ce qui femble être dit à caufe de la legation de Gui Archevêque de Vienne, qui avoit été fi mal reSup..10. que. Cette lettre eft du quinziéme d'Avril

ap. 42. ap. Anf. 45.

1102.

Elle fut accompagnée d'une réponse à plufieurs queftions qu'Anfelme avoit envoyées par les deux moines fes deputez Baudouin & Alexandre. Les principales décifions du Pape font les fuivantes. Un Evêque peut recevoir de la main d'un laïque des Eglifes fituées dans fon diocefe, parce que c'eft moins une donation qu'une reftitution, puifque toutes les Eglifes. d'un diocese doivent être en la puiffance de l'Evêque. Celui qui eft en peril de mort doit recevoir le viatique de la main d'un prêtre concubinaire, plûtôt que de mourir fans viatique. En general le Pape permet à Anfelme d'ufer de difpenfe en cas de neceffité contre la rigueur des

canons.

Quand les deputez furent de retour en Angleterre, le Roi Henri affembla les Seigneurs à Edmer. 3. Londres à la faint Michel 1102. & fit dire à Novor. FloAnfelme, de ne lui pas refufer les coûtumes de rent. Vigorn, chr. fon pere, ou de fortir du royaume. L'Archevêque répondit: Que l'on voye les lettres du Pape, & j'obeïrai autant que je pourrai, fans bleffer mon honneur & le respect du faint Siege.

Le

Le Roi dit : Que l'on voye s'il veut celles qui lui font adreffées pour les miennes on ne les AN.1102, verra point quant à préfent. Enfin il n'eft point question de lettres qu'il dife fans détour s'il veut fuivre en tout ma volonté. Plufieurs s'étonnerent de ce difcours du Roi, & difoient : Si ces lettres lui étoient favorables, il les montreroit même malgré l'Archevêque. Anfelme fit donc voir à tous ceux qui voulurent les lettres qu'il avoit reçues du Pape, principalement une du douziéme Decembre 1101. où Pafcal le epift. 99i faifoit fouvenir que les inveftitures avoient été condamnées par Urbain II. au concile de Bari où ils avoient affifté l'un & l'autre.

Alors les Evêques qui avoient été deputez de Rome, dirent que le Pape leur avoit dit de bouche autre chofe, que ne contenoient ces lettres, ni même celles qu'ils avoient aportées au Roi; & declarerent foi d'Evêques, que le Pape les avoit chargez de dire au Roi, que tant qu'il vivroit d'ailleurs en bon Prince, il lui pafferoit les inveftitures des Eglifes, pourvû qu'il les donnât à des perfonnes vertueufes. Or, ajoûtoient-ils, le Pape n'a pas voulu faire cette conceffion par écrit: de peur que fi elle venoit à la connoiffance des autres Princes, ils ne s'attribuaffent le même droit, au mépris de l'autorité du Pape. Les deputez de l'Archevêque foûtenoient que le Pape n'avoit rien dit à perfonne de contraire à fes lettres : mais les Evêques difoient: Outre ce que nous avons traité avec le Pape devant vous, nous en avons eu des audiances fecretes. Les Seigneurs fe trouverent partagez fur ce fujet : Les uns difoient, que fans s'arrêter aux paroles, il faloit s'en tenir à l'écriture & aux feaux du Pape : les autres foûtenoient qu'il faloit plûtôt croire le rapport de trois Evêques, que du parchemin & du plomb;

&

& que les moines n'avoient plus droit de porter AN.1102. témoignage depuis qu'ils avoient renoncé au monde.

XXII

718. ex Edm.

Le Roi encouragé par le difcours des Evêques, commença à preffer Anfelme de lui faire hommage, & de facrer ceux à qui il alloit donner des évêchez. Anfelme ne voulant pas démentir ouvertement les Evêques, répondit, que pour éviter toute furprife, il étoit d'avis de renvoyer à Rome confulter le Pape : que cependant fi le Roi donnoit l'inveftiture de quelque Eglife, il ne le regarderoit point comme excommunié, ni celui qui l'auroit reçuë: mais qu'il ne le facreroit ni ne permettroit de le facrer. Cette propofition fut approuvée, & le Roi pour ufer de fon prétendu droit donna auffi-tôt par la croffe l'inveftiture de deux évêchez: à Roger fon chancelier celui de Salisburi, & celui d'Herford à un autre Roger fon lardier : ainfi nommoit-on celui qui gardoit les provifions de bouche.

En ce tems-là, & à l'occafion de cette affemConcile de blée, Anfelme tint un concile national à LonLondres. dres dans l'Eglife de faint Pierre d'Oüestmintom. X. fter, par la permiffion du Roi, du confentement des Evêques, des Abbez & des Seigneurs de tout le royaume. Anfelme y prefida, & avec lui s'y trouverent Gerard Archevêque d'Yorc, Maurice Evêque de Londres, & onze autres Evêques, compris les deux qui venoient de recevoir l'inveftiture. Il y eut auffi plufieurs Abbez; & les Seigneurs y affifterent fuivant la priere qu'Anfelme en fit au Roi: afin d'autorifer par le concours des deux puiflances les decrets du concile. Ce qui étoit neceffaire, parce que depuis plufieurs années il ne s'étoit point tenu de concile en Angleterre. En celui-ci on commença par condamner la fimonie, & on

dépofa fix Abbez qui en furent convaincus

trois qui avoient reçu la benediction abbatiale, AN.1102. trois qui ne l'avoient pas encore. On dépofa trois autres Abbez pour d'autres causes.

On fit en ce concile plufieurs reglemens dont il ne nous refte que les fommaires en vingtneuf articles. Voici les plus remarquables. Dé- art. Tì fenfe aux Evêques de prendre la charge de tenir les plais pour les affaires temporelles, & de s'habiller comme les laïques. Tous les clercs en 10; general doivent porter des habits d'une couleur. C'eft que les laïques les portoient mi-partis ou bigarrez. On ne donnera point à ferme 3. les archidiaconés. Aucun clerc ne fera prevoft ou procureur, c'eft-à-dire, intendant d'un laïque, ni juge de fang. On renouvelle l'ordon- 4. 5. 6û nance de la continence des clercs ; & on decla- 7. re que les enfans des Prêtres ne leur pourront fucceder en leurs Eglifes. Défense aux Abbez 17. de faire des chevaliers : c'est-à-dire de leur donner la benediction folemnelle comme les Evêques. Les moines ne donneront la penitence 13, que par la permiffion de leur Abbé, qui ne l'accordera que pour ceux dont les ames font à leur charge. Les moines ne tiendront point de 10, fermes, ne recevront des Eglifes que de la main des Evêques ; & laifferont la fubfiftance *1. neceffaire aux Prêtres qui les deffervent. On declare nulle la promeffe de mariage faite fans témoins. On défend, même aux laïques, de laif- 13. fer croître leurs cheveux, à caufe des débauches infames des jeunes gens contre lesquelles on prononce anathême. Défense de rendre à des 18. corps morts, à des fontaines, ou à d'autres chofes, aucun honneur religieux fans l'autorité de l'Evêque. Défense de vendre les hommes comme des bêtes, ce qui jusques alors s'étoit pratiqué en Angleterre.

Ces

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