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Ces articles furent propofez dans le concile AN.1102. un peu à la hâte, & fans avoir été affez meditez: c'est pourquoi faint Anfelme ne voulut point les envoyer aux Eglifes d'Angleterre qu'il ne les eût écrits à loifir, & communiquez aux Evêques à leur premiere affemblée, pour les 111. epift. arrêter de leur commun confentement. C'est ce qu'il dit lui-même dans une lettre à fon archidiacre, à qui il explique quelques-uns de ces 111. epift. reglemens. Cet archidiacre ayant excommunié des prêtres qui avoient repris leurs concubines, 11. epift. Anfelme confirma l'excommunication: mais il s'oppofa au Roi Henri, qui exigeoit des amendes des prêtres qui n'obfervoient pas le decret du concile; & lui reprefenta refpectueusement que ce n'étoit pas au Prince à reprimer ces abus, mais aux Evêques, ou à leur défaut, à l'Archevêque & au primat.

112.

109.

XXIII.

Alb. A

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Le grand fuccès de la croifade attira une enSuite de la treprife qui en fut la fuite, dès la premiere ancroifade, née du regne de Baudouin, c'est-à-dire l'an 1101. Ab. Urf De Lombardie partirent environ cinquante milperg, 1101 le hommes conduits par Anfelme Archevêque quenf. lib. de Milan, Albert Comte de Blandraz, Guibert Comte de Parme, & plufieurs autres Seigneurs, qui fuivis d'un grand nombre d'Allemans, traverferent la Hongrie, la Bulgarie & la Thrace; & après Pâques de l'année 1102. arriverent à Vill. Tyr. x. Nicomedie. Vers le même tems, c'est-à-dire en 1101. partirent de France Guillaume Duc d'Aquitaine, Hugues le grand Comte de Vermandois, frere du Roi Philippe, qui avoit quitté la croisade après la prife d'Antioche. Etienne Comte de Chartres & de Blois, qui voulut reparer la faute qu'il avoit faite en fe retirant honteufement à la même occafion: Etienne Comte de Bourgogne, & plufieurs autres Seigneurs, avec environ trente mille hommes.

C. 12.

Ils prirent le même chemin ; & étant arrivez à C. P. y trouverent Raimond Comte de Tou- AN.1102, loufe: qui étoit venu demander du fecours à l'Empereur Alexis, pour retourner en Syrie, où il prétendoit s'établir. Les François le prirent comme pour chef, & ayant paffé le bras faint George arriverent à Nicée.

L'Empereur Alexis qui les avoit bien reçus en apparence, les appellant fes enfans, & leur faifant des prefens envoya fecretement avertir les Turcs de leur paffage, les excitant à s'y oppofer; & les croifez s'étant divifez mal à propos, une partie s'engagea dans des montagnes fteriles & des défilez où ils périrent pour la plupart. Quelques-uns arriverent à Tarfe en Cilicie, où Hugues le grand mourut le dix-huitiéme d'Octobre 1102. âgé d'environ quarantecinq ans, & fut enterré dans l'Eglife de faint Paul. Les croisez fe raffemblerent à Antioche, d'où le defir de vifiter les lieux faints les fit partir les uns par terre, les autres par mer pour Jerufalem. Ils prirent en paffant Tortofe ville maritime , que l'on croit être l'ancienne Antarade de Phenicie.

Cependant le Roi Baudoüin prit Cefarée de Palestine, & y établit un Archevêque nommé auffi Baudouin, qui étoit venu au premier voyage avec Godefroi de Bouillon. Enfuite il alla au-devant des croifez nouvellement arrivez, & les amena à Jerufalem, où ils celebrerent ensemble la fête de Pâques de l'année 1103.

&
peu de tems après le Duc d'Aquitaine revint
en France. Ceux qui refterent se trouverent à
une bataille que le Roi Baudouin donna impru-
demment contre les infidéles avec des troupes
trop inégales: la plûpart y périrent; entre au-
tres Etienne Comte de Chartres & Etienne
Comte de Bourgogne; & le Roi Baudoüin fe

fau

c. 199

fauva àgrand peine. Ainfi ce fecond voyage eût 'AN.1102. de fuccès. Thiemon Archevêque de Salspeu Vita ap. bourg étant pris par les Mufulmans, & preffé Tengnag P. de renoncer à fa religion, fouffrit la mort conftamment le vingt-huitiéme de Septembre, & eft compté pour martyr.

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8.

de.

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XXIV. Sur la fin de la même année 1102. la ComDonation teffe Mathilde renouvella la donation qu'elle de Mathil- avoit faite en faveur de l'Eglife Romaine, par Sup liv, un acte où elle parle ainfi Au tems du Pape LXII.2.48. Gregoire VII. dans la chapelle de fainte Croix ap. Baron, au palais de Latran, en prefence de plufieurs an. 1102. nobles Romains, je donnai à l'Eglife de faint Pierre, le Pape acceptant, tous mes biens préfens & à venir, tant deça que delà les monts; & j'en fis faire une charte. Mais parce que cette charte ne fe trouve plus, craignant que ma donation ne foit revoquée en doute, je la renouvelle aujourd'hui entre les mains de Bernard Cardinal legat, avec les ceremonies ufitées en pareil cas, & me deffaifis de tous mes biens au profit du Pape & de l'Eglife Romaine, fans que moi & mes heritiers puiffions jamais venir à l'encontre fous peine de mille livres d'or & quatre mille livres d'argent. Fait à Canoffe l'an 1102. le dix-feptiéme de Novembre. Le Cardinal Bernard avoit été Abbé de Vallombreuse, & fut depuis Evêque de Parme.

XXV.

Vita Utton.

avec

En Allemagne Rupert Evêque de Bamberg S. Otton étant mort la même année 1102. on porta à la Evêque de Bamberg. cour fuivant la coûtume, les marques de l'éDodeth. pifcopat, j'entend la croffe & l'anneau, Urfperg la requête pour avoir un Evêque : mais l'Empereur Henri prit un délai de fix mois, au bout defquels il écrivit qu'on lui envoiât des députez, difant qu'il avoit trouvé un digne Evêque pour cette Eglife. C'étoit vers Noël, & les députez étant arrivez à la cour de l'Empereur

lib 1. c. 3. to. 2. Canif.

P.333.

fleur dit , que l'affection qu'il avoit pour leur Eglife, lui avoit fait prendre un fi long terme, AN.1103 afin de faire un bon choix puis prenant par la main Otton fon chapelain il leur dit : Voilà vôtre maître & l'Evêque de Bamberg. Les députez furpris fe regardoient l'un l'autre, & les affiftans qui avoient efperé cette place pour eux ou pour les leurs, fembloient les exciter par leurs geftes & par leurs murmures à faire quelque remontrance. Ils dirent donc à l'Empereur : Nous efperions que vous nous donneriez quelque perfonne de la cour connue & bien apparentée : car nous ne connoiffons point celui-ci. Voulezvous favoir qui il eft, dit l'Empereur? Je fuis fon pere & l'Eglife de Bamberg doit être fa mere. Nous ne changerons point: nous ne l'avons choifi legerement, mais après avoir connu fon merite par une longue experience, & nous le trouverons bien de manque quand nous ne l'aurons plus.

pas

Otton se jetta aux pieds de l'Empereur fondant en larmes, & les députez accoururent pour le relever. Il refufoit difant, qu'il étoit un pauvre homme indigne d'une telle place, & priant que l'on choisît entre fes confreres quelque perfonne noble & riche. Voyez-vous, dit l'Empereur, quelle est fon ambition ? C'est la troifiéme fois qu'il refufe. J'ai voulu lui donner l'évêché d'Augsbourg, & enfuite celui d'Halberftat. Je croi que Dieu le refervoit à l'Eglife de Bamberg. En parlant ainfi il lui mit au doigt l'anneau épifcopal & la croffe à la main; & lui ayant ainfi donné l'inveftiture, il le mit entre les mains des députez. Otton eut bien de la peine à confentir, à caufe de la difpute touchant les inveftitures; & déflors il promit à Dieu de ne point demeurer Evêque, qu'il ne reçût de la main du Pape la confecration & l'inveftiture du

con

confentement & fur la demande de fon Eglife. Il AN.1103. celebra à Mayence la fête de Noël avec l'Empereur, & demeura à la cour environ fix femaines.

2.4.

avec

L'Empereur le fit conduire à Bamberg par les Evêques d'Augsbourg & de Virsbourg; d'autres Seigneurs & une nombreuse fuite; & il y arriva la veille de la Purification premier de Février 1103. Dès qu'il vit l'Eglife cathedrale, il defcendit de cheval, fe déchauffa, & fit le refte du chemin, marchant à pieds nuds fur la neige & fur la glace, au milieu du clergé & du peuple, qui l'étoit venu recevoir folemnellement en proceffion. Peu de jours après & avant toute autre affaire, il envoya à Rome des députez cs. avec une lettre au Pape Pascal, où il lui déclaroit fa foumiffion & lui demandoit confeil. J'ai paffé, difoit-il, quelques années au fervice de l'Empereur mon maître, & j'ai gagné ses bonnes graces mais me défiant de l'inveftiture donnée de sa main, j'ai refusé deux fois des évêchez, qu'il me vouloit donner. Il m'a nommé pour la troifiéme fois à celui de Bamberg; mais je ne le garderai point, fi vôtre Sainteté n'a pour agréable de m'inveftir & me confacrer elle-même. Faites-moi donc favoir vôtre volonté.

to. x. cont.

P 688.

€ 6.

Pafc.ep 67.

Cette lettre fit grand plaifir au Pape, parce qu'il y avoit alors peu d'Evêques dans le royaume d'Allemagne, qui rendiffent à l'Eglife Romaine la foumiffion convenable. Il fit donc réponse à Otton, le reconnoiffant pour Evêque élû de Bamberg, loüant fa conduite & l'invi1.7. tant à venir hardiment à Rome. Otton fit telle diligence, qu'il y arriva à l'Afcenfion, qui cette année 1103. étoit le feptiéme de Mai. Le Pape étoit à Anagnia où il alla le trouver avec les députez de l'Eglife de Bamberg qui le demandoient pour Evêque. Otton raconta fidélement au Pape la maniere de fon élection, & mit à fes pieds

la

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