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faite; & Daïmbert jugeant bien que le nouveau AN.1100. Roi Baudouin ne feroit pas plus facile, écrivit à Boëmond Prince d'Antioche en ces termes :

6.4.

Vous favez que vous m'avez élû malgré moi pour être Patriarche de Jerufalem; & je fai ce que j'y ai fouffert. A peine le Duc Godefroi laiffoit à l'Eglife ce que le Patriarche avoit tenu fous les Turcs jufques à ce qu'il s'eft reconnu & lui a reftitué tous fes droits, fe rendant vaffal du faint Sepulcre & le nôtre, & remettant en nôtre pouvoir la tour de David, toute la ville de Jerufalem avec fes dépendances & ce qu'il avoit à Joppé. Il a promis tout cela publiquement à Pâque & l'a confirmé au lit de la mort. Toutefois après fon decès le Comte Garnier a fortifié contre nous la tour de David, & a mandé à Baudoüin de venir au plutôt s'emparer violemment des biens de l'Eglife. En cette extremité je n'ai après Dieu d'efperance qu'en vous feul. Si vous avez de la pieté, & fi vous ne voulez pas dégenerer de la gloire de vôtre Sup. liv. pere, qui délivra le Pape Gregoire affiegé à LX.10. Rome, ̃hâtez-vous de venir au fecours de cette

Eglife comme vous me l'avez promis. Ecrivez donc à Baudouin pour lui défendre de venir fans nôtre permiffion : lui montrant qu'il n'est pas raisonnable d'avoir effuyé tant de travaux & de perils pour délivrer cette Eglife, & la reduire à prefent fous la fervitude de ceux à qui elle doit commander, comme étant leur mere. Que s'il ne veut pas fe rendre à la raison : je vous conjure par l'obéïffance que vous devez à faint Pierre, de l'empêcher de venir par tous les moiens poffibles, même par force s'il eft neceffaire.

On voit par cette lettre, qu'il ne tint pas au Patriarche d'exciter une guerre civile entre les Princes croifez mais la providence en difpo

:

fa

Sup. liv.

LXIV.8.67.

fa autrement. Car Boëmond avoit été pris par les Turcs quinze jours avant la mort de Gode- AN. 1100. froi; & Baudouin étant arrivé à Jerusalem, se reconcilia avec le Patriarche Daïmbert: nonobftant les efforts de l'archidiacre Arnoul, qui avoit prétendu au patriarcat, & qui étoit toûjours puiffant par fes richeffes & fes artifices. Enfin Baudouin fut couronné Roi par Daimbert à Bethlehem le jour de Noël de la même année 1100. & regna dix-sept ans.

III.

d'Anfe.

Hugues Archevêque de Lion aiant deffein d'aller à Jerufalem, envoia des députez au Pa- Concile pe lui en demander la permiffion, que le Pape Chr. Vird. Îui accorda; lui mandant de venir lui-même à p. 154. Rome, afin de recevoir la legation d'Afie, tom. X conse comme il avoit eu celle de Bourgogne, dont il P. 726, s'étoit fi dignement aquité. Cependant il le prioit Sup. liv. d'inftruire autant qu'il lui feroit poffible les le- LXIV n.21. gats qu'il devoit envoier. J'entens les deux Cardinaux Jean & Benoît, qui vinrent en France cette année. Les députez de l'Archevêque de Lion étant revenus avec cette réponse du Pape, il affembla fes fuffragans & le clergé de fon diocefe, afin d'obtenir un fubfide pour les frais de fon voyage. Ce fut le principal fujet du concile d'Anfe tenu l'an 1100. où affifterent les quatre Archevêques, de Lion, de Cantorberi, de Tours, & de Bourges ; & huit Evêques, d'Auftun, de Mafcon, de Challon, d'Auxerre, de Paris, de Die, & deux autres. Après avoir établi la paix, c'est-à-dire, comme je 、 croi, la treve de Dieu, on parla du voiage de Jerufalem ; & ceux qui étoient demeurez après avoir promis d'y aller, furent excommuniez jufques à ce qu'ils euffent accompli leur vœu. L'Archevêque de Cantorberi qui affifta au IV. concile d'Anfe étoit faint Anfelme, que l'état S.Anfelme de fes affaires retenoit à Lion depuis plus d'un

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à Lion.

an. Le concile de Rome du mois de Mai 1099. AN.1100. étant fini, Anfelme partit dès le lendemain, Edmer. . voiant le peu de fecours qu'il avoit à efperer Novor. P. du Pape. Après avoir évité plufieurs perils par Sup. liv, le chemin il arriva à Lion, où l'Archevêque le LXIV.n.62, reçut avec toute la joye & tout le respect poffi

55.

97.

ble; & Anfelme refolut de s'y arrêter: ayant perdu toute efperance de retourner en Angleterre du vivant du Roi Guillaume le roux. L'Ãrchevêque de Lion lui cedoit par tout la premiere place, & vouloit qu'il fit les ordinations, les dédicaces, & les autres fonctions épifcopales. Edmor. 1: Plufieurs s'empreffoient à recevoir de fa main vita. p. 13 le facrement de confirmation: mais il ne le p. Anf. donnoit jamais fans la permiffion de l'Arche6. 8. 13. vêque diocéfain. Pendant ce féjour de Lion il écrivit le livre de la conception virginale & du peché originel. Il n'y eft pas question de la maniere dont la fainte Vierge a été conçue, mais comment elle a conçu le Verbe incarné ; & l'auteur y montre que quand le Fils de la Vierge auroit été un pur homme, il auroit été tel que le premier homme, fans peché originel. Il traite ici amplement de la nature de ce pe

40.

ché.

111. epift, Cependant il apprit la mort du Pape Urbain II. & la promotion de Pafcal: à qui il écrivit une lettre, où il explique ainfi le fujet de fa retraite d'Angleterre Je voyois plufieure maux que je ne pouvois corriger, & qu'il ne m'étoit pas permis de tolerer. Le Roi vouloit que je confentiffe à fes volontez, qu'il appelloit fes droits, & qui étoient contraires à la loi de Dieu. Car il ne vouloit pas que l'on reconnût le Pape en Angleterre fans fon ordre, ni que je lui écriviffe ou que j'en reçuffe des lettres. Depuis treize ans qu'il regne, il n'a point permis de tenir de concile dans fon royaume.

,

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Il donnoit les terres de l'Eglife à fes vaffaux; & fi je demandois confeil, tous les Evêques du AN.11004 royaume, & mes fuffragans mêmes refusoient de me le donner, finon conformément à la volonté du Roi. Je demandai permiffion d'aller confulter le faint Siege fur mes devoirs : le Roi répondit, qu'il se tenoit offenfé de la feule demande de ce congé : que je lui en fiffe fatisfaЄtion ou que je fortiffe promtement de fon royaume. J'aimai mieux fortir, & auffi-tôt le Roi s'empara de tout l'archevêché, laiffant feulement aux moines le vivre & le vêtement; & nonobftant les avertiffemens du défunt Pape il continue encore dans cette ufurpation. Voici la troifiéme année que je fuis forti d'Angleter-re, j'ai dépensé le peu que j'avois emporté, & beaucoup plus, que j'ai emprunté & que je dois encore; & je fubfifte par la liberalité de l'Archevêque de Lion. Je ne le dis pas par le defir de retourner en Angleterre, mais pour vous faire connoître mon état ; au contraire je vous conjure de ne me pas ordonner d'y retourner: finon à condition que je puiffe obferver la loi de Dieu, & que le Roi repare le mal qu'il a fait à mon Eglife. Autrement il fembleroit que j'aurois été juftement dépoüillé, pour avoir voulu confulter le faint Siege : ce qui feroit d'un dangereux exemple. Quelquesuns moins éclairez, demandent pourquoi je n'excommunie pas le Roi mais les plus fages me confeillent de n'en rien faire, parce qu'il ne me convient pas de me plaindre & de me vanger tout ensemble. Enfin les amis que j'ai auprès du Roi m'ont mandé qu'il fe moqueroit de mon excommunication.

V.

Mort de Guillaume

Quelque tems après Anfelme aprit la mort le roux. du Roi Guillaume le roux, qui fut tué cident à la chasse le jeudi fecond jour d'Aoust

A 4

par ac

Henri 1. Roi d'Angleterre. l'an Lib. 3. Nov.

l'an 1100. & mourut fur le champ, fans peniAN.1100. tence & fans confeffion. Anfelme le pleura amerement; & affura qu'il auroit mieux aimé que Dieu l'eût retiré du monde lui-même, que de laiffer mourir de la forte ce malheureux Prince. Il reçut bien-tôt un député de l'Eglife de Cantorberi, avec des lettres où on le prioit inftamment de revenir ; & par le confeil de l'Archevêque de Lion il fe mit en chemin pour l'Angleterre fort regreté dans le païs qu'il quittoit. Il n'étoit pas encore arrivé à Clugni, quand il reçut un autre député du nouveau Roi Henri & des Seigneurs du royaume, pour preffer fon retour. La lettre du Roi portoit, qu'après la mort de fon frere il avoit été élû Roi par le clergé & le peuple d'Angleterre ; & que la crainte des ennemis, qui vouloient s'élever contre lui, l'avoit obligé à fe faire facrer fans attendre l'Archevêque, à qui il en faifoit excuse, proteftant de vouloir fe gouverner par fes confeils. Guillaume le roux n'avoit point laiffé d'enfans; & comme Robert Duc de Normandie fon frere aîné n'étoit pas encore revenu de la croisade, Henri; qui étoit le cadet, profita de fon abfence, & fe preffa de fe faire reconnoître & couronner Roi. Il fe maintint nonobftant les efforts de fon frere, & regna plus de trente-fix ans. Anfelme fit telle diligence, qu'il arriva à Douvre le vingt-troifiéme de septembre, & fut reçu avec une extrême joye de toute l'Angleterre qui efperoit à fon retour une espece de refurrection, par la reparation de tous les defordres paffez, principalement dans la religion.

Edmer 3.
Nover.

VI. Concile de

En France les deux legats Jean & Benoît tinValence. rent plufieurs conciles: dont le premier qui tom x.cone avoit été indiqué à Autun, fut tenu à Valence. Hug FL. Le principal fujet étoient les plaintes des cha

P. 717 ex

p.254.

Flav.

noi

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