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garde d'avoir autre chofe à la bouche que dans AN.1103. le cœur. Et enfuite: Quant aux Evêques qui ont changé la verité en menfonge, nous les excluons de la grace de faint Pierre & de nôtre focieté, jufques à ce qu'ils fatisfaffent à l'Eglise Romaine : & nous declarons excommuniez ceux qui pendant ce délai ont reçu l'inveftiture ou l'ordination, & ceux qui les ont ordonnez.

Anfelme étoit à Chartres à la Pentecôte, & vouloit paffer outre, quand l'Evêque Ives & d'autres perfonnes fages lui conseillerent de ne pas s'exposer aux chaleurs d'Italie en cette faifon. Il retourna donc au Bec, où il demeura jufques à la mi-Aouft, s'appliquant infatigablement à l'édification des moines. Enfin il arriva heureusement à Rome, & y trouva l'envoyé du Roi qui l'avoit prévenu de quelques jours.. C'étoit Guillaume de Varelvaft, depuis Evêque d'Exceftre, le même que le Roi Guillaume le roux avoit envoyé à Rome pour la même affaiSup. liv, re quelques années auparavant. Anfelme fut loXIV.24, gé au palais de Latran dans le même apparte

ment que le Pape Urbain II. lui avoit donné. Le Pape Pafcal ayant marqué le jour pour examiner l'affaire, Guillaume de Varelvaft plaida la caufe du Roi avec beaucoup d'éloquence: reprefentant l'état du royaume d'Angleterre, les bienfaits des Rois envers la cour de Rome, qui leur avoient attiré des privileges particuliers du faint Siege qu'il feroit dur & honteux au Roi fon maître de perdre les avantages de fes predeceffeurs; & que les Romains même en fouffriroient un préjudice notable,. qu'ils ne repareroient pas quand ils le voudroient.

Ce difcours toucha quelques-uns des Romains qui fe déclarerent hautement pour le Roi. Anfelme gardoit le filence attendant le jugement du Pape; & Guillaume croyant qu'il alloit pro

noncer

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noncer en fa faveur, ajoûta: Quoique l'on dife de part ou d'autre, je veux que tous les affiftans AN.1103. fachent que le Roi mon maître ne fouffrira point qu'on lui ôte les inveftitures, quand il en devroit perdre fon royaume. Alors le Pape dit: Sachez auffi, je le dis devant Dieu, que le Pape Pascal ne lui permettra jamais de les garder impunément, lui en dût-il couter la tête. Les Romains applaudirent à ce difcours; & par leur confeil le Pape accorda au Roi d'Angleterre quelques ufages de fes predeceffeurs, lui défendant abfolument les inveftitures des Eglifes, & le déchargea de l'excommunication prononcée par le Pape Urbain, fans toutefois en décharger ceux qui avoient reçu de lui les inveftitures, ou qui les recevroient à l'avenir. Anfelme prit enfuite congé du Pape, qui lui donna une lettre confirmative des droits de fa primatie, datée du feiziéme de Novembre 1103.

tom.X.contr

ep.45.

3. Novor.

P.67.

Mais Guillaume de Varelvaft demeura à Rome, fous prétexte d'un vœu qu'il difoit avoir fait d'aller à faint Nicolas de Bari: & en effet, pour effayer fi en l'absence d'Anfelme il pourroit faire changer au Pape de refolution. Il n'y réüifit pas, & obtint feulement une lettre pour le Roi d'Angleterre datée du vingt-troifiéme de No- ap. Edmer, vembre, où le Pape témoignant à ce Prince une amitié finguliere, l'exhorte par les motifs les plus preffans, principalement par fa propre gloire, à renoncer aux inveftitures, & à rappeller Anfelme, lui demandant une promte réponse. Guillaume de Varelvaft réjoignit Anfelme à Plaifance, & vint avec lui jufques à Lion où ils arriverent vers Noël, & Anfelme s'y arrêta pour celebrer la fête. Mais Guillaume voulut paffer outre, & lui dit en partant: Comme j'efperois que nôtre affaire auroit à Rome un autre fuccès, j'ai differé jusques ici de vous declarer

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les ordres du Roi. Sachez donc que fi vous reAN.1103. tournez en Angleterre dans le deffein de vivre avec lui comme vos predeceffeurs, il vous y recevra volontiers. Anfelme répondit: N'en dites pas davantage, je vous entens. Ils fe feparerent ainfi; & Anfelme demeura à Lion, honoré par l'Archevêque Hugues, comme s'il eût été lui-même Archevêque & le Seigneur de la ville.

XXIX. Galon Evê que de Beauvais.

En France l'élection d'Etienne de Garlande pour l'évêché de Beauvais ayant été caffée, comme j'ai dit, on élut à fa place Galon Abbé de Sup. n., faint Quentin de la même ville. Sur quoi Ives de Chartres, qui comme enfant de l'Eglife de Beauvais, prenoit toûjours fes interêts, écrivit Iv. ep. 101, à Manaffés Archevêque de Reims, pour le preffer de facrer Galon: dont il favoit que la cour vouloit traverser l'élection. Vous favez, dit-il, que le huitiéme concile approuvé par l'Eglife Romaine, a défendu aux Rois de fe mêler de l'élection des Evêques; & que les Rois de France Charles & Louis, ont accordé aux Eglifes ces élections, comme ils l'ont écrit dans leurs capitulaires, & ont permis aux Evêques de l'ordonner dans les conciles provinciaux. Et ne vous arrêtez pas à ce que l'on a dit malicieusement au Roi de la condition fervile des parens de Galon car fa naiffance eft honnête quoique mediocre, & il n'y a homme vivant qui puisse prouver qu'elle foit fervile.

epift. 104.

Ives écrivit auffi fur ce fujet au Pape Pascal en ces termes La plus faine partie du clergé de Beauvais, de l'avis des Seigneurs & du confentement du peuple, a élû pour Evêque Galon, homme d'une vie exemplaire, inftruit des bonnes lettres & de la difcipline de l'Eglife. Quelques-uns toutefois du parti d'Etienne qui a été refufé, & qu'il avoit gagnez par des fourru

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res précieuses, & d'autres prefens femblables, n'ont pas voulu confentir à cette élection: quoiqu'ils ne puiffent alleguer aucune cause canonique. Ils fe font adreffez au Roi, & lui ont fait entendre que Galon eft mon disciple & mon éleve; & que ce lui feroit un grand adversaire, fi jamais il étoit Evêque dans fon royaume. Le Roi ainfi prévenu, ne veut point confentir à l'élection ni délivrer à l'élû les biens de l'évêché. C'eft que le Roi étoit en poffeffion de ces biens pendant la vacance du fiege. Ives continuë: Les électeurs auroient déja eu recours à vôtre fainteté, fi leur metropolitain ne les retenoit, leur ayant donné jour avec les oppofans. pour les accorder à ce que l'on dit : mais peutêtre veut-il adroitement empêcher la chofe fuivant l'intention du Roi. C'est à vous, faint Pere, à employer vôtre autorité pour foûtenir ces clercs fuivant la juftice de leurs demandes, & continuer avec fermeté comme vous avez commencé. Dans une autre lettre au Pape il epift. 105. ajoûte que le Roi avoit fait ferment, que jamais de fon vivant Galon ne feroit Evêque de Beauvais. Si un tel ferment, dit-il, peut annuller une élection canonique, il n'y aura plus en France que des intrufions fimoniaques ou violentes.

Anfelme écrivit auffi au Pape en faveur de 111. epist, Galon, à la priere de l'Eglife de Beauvais, dont 69. il avoit connu le trifte état du tems qu'il étoit au Bec ; & il rendit témoignage qu'on ne pouvoit trouver pour ce fiege un meilleur fujet. Galon fut en effet facré Evêque de Beauvais, mais le Roi trop fidéle à son ferment ne voulut jamais l'y foufrir.. Ce Prelat alla à Rome, epift. 1101. comme il paroift par une lettre d'Ives de Chartres au Pape Pafcal, où il parle ainfi ;. Il y a des pecheurs qui lorique nous les voulons cor

C 5

riger

Longin,an.

nous

riger & les tirer de leurs habitudes criminelles,
nous aportent des lettres du faint Siege, fur-
prises par je ne fai quels artifices pour fe défen-
dre de nous obeïr : ce qui produit dans l'Eglife
un mépris des commandemens de Dieu & une
corruption de mœurs, qui ne fe peut expri-
mer. Et ce qui eft de plus trifte, c'eft que ces
hommes corrompus font écoutez favorable-
ment par les colomnes mêmes de l'Eglife, quand
ils veulent calomnier les gens de bien. Ainfi
defefperant prefque de faire aucun fruit,
penfons fouvent à nous décharger de l'épifco-
pat; & dans le deffein de vous entretenir fur
ce fujet & fur plufieurs autres, nous fommes
venus quafi jufques aux Alpes. Mais fachant
qu'on nous y dreffoit des embûches, nous
avons furfis nôtre voyage; & nous vous en-
voyons nôtre confrere l'Evêque Galon, qui est
plus propre à fe cacher dans les lieux dange-
reux. Nous avons mis nos paroles en fa bou-
che, afin qu'après l'avoir écouté tant fur fes
befoins que
fur les nôtres, vous ordonniez ce

que vous jugerez convenable.

Galon fit quelque fejour à Rome; & l'histoi1104. lib.4. re de Pologne porte que le Pape Pafcal l'y envoya en qualité de legat: que foûtenu par l'autorité du Duc Boleflas, il y condamna & dépofa deux Evêques; & que Ladiflas fils du Duc étant né pendant le tems de fa legation, il le leva des fonts avec des Evêques du païs dans l'Eglife de Cracovie.

Cependant l'Eglife de Paris étant vacante par le decès de Guillaume de Montfort, arrivé comme on croit en 1101. une partie du clergé élut. Foulques doyen du chapitre, ce qui produifit une division scandaleufe; & Ives de Chartres confulté par deux Archidiacres, répondit qu'il ne donneroit fon confentement ni à cette

éle

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