un évêché que l'on croit être Guillaume Archevêque d'Yorc; il parle auffi d'un Evêque pauvre, à qui le Pape Eugene donna fecretement de quoi faire fes prefens, pour fauver la bienféance & l'honneur de ce Prélat. : AN.1152. LIX. Exemp Paffant aux exemptions, c'eft, dit-il, une plainte generale des Eglifes, qu'elles font tron- tions. quées & demembrées. On fouftrait les Abbez aux Evêques, les Evêques aux Archevêques, les Archevêques aux Primats. Vous montrez par là que vous avez la plenitude de la puiffance, mais peut-être aux dépens de la juftice. Il ne faut pas feulement regarder ce qui eft permis, mais ce qui eft bien feant, ce qui eft expedient. N'eft-il pas indecent de prendre vôtre volonté pour loi, & de negliger la raifon , pour n'exercer que v vôtre puiffance, , parce que vous n'avez point de fuperieur à qui on puiffe appeller? Il y a autant de baffeffe que de hauteur à ne fuivre que fa fantaisie c'eft vivre en bête. N'est-il pas indigne de vous de n'être pas content du total, fi vous ne vous attribuez encore je ne fai comment quelques petites portions? Et ne m'alleguez point le fruit de ces exemptions. Les Evêques en deviennent plus infolens, les moines plus relâchez, & même plus. pauvres. Ils pechent avec plus de licence, n'aiant perfonne pour les corriger; & on les pille plus librement, parce qu'ils n'ont perfonne pour les défendre. A qui auront-ils recours? Aux Evêques irritez du tort qu'on leur fait ? Ils regardent en riant les maux que font, ou que fouffrent ces malheureux moines. Vous ferez coupable de tous ces maux, du fcandale qui en refulte, des inimitiez, des difcordes éternelles entre les Eglifes.. Je doute même que vous ayez le pouvoir de confentir à ce qui produit tant de maux. Croyezvous qu'il vous foit permis de confondre l'orFf4 dre, AN.1152. dre, & d'arracher les bornes pofées par vos peres ? vous vous trompez, fi vous croyez que vôtre puiffance eft la feule établie de Dieu : comme elle eft la premiere : il y en a de moyennes; il 2 y en a d'inferieures. Vous faites un monstre, fi détachant un doigt de la main, vous le joignez à la tête, au-deffus de la main à côté du bras: en un mot, fi dans le corps de JESUS-CHRIST vous rangez les membres autrement qu'il ne les a placez lui-même. L'ordre de la hierarchie a Dieu pour auteur & tire fon origine du ciel : mais fi un Evêque dit: Je ne veux pas être foumis à un Archevêque, ou un Abbé : Je ne veux pas obéir à un Evêque, cela ne vient pas du ciel. Je fai que vous avez le pouvoir de difpenfer, mais pour l'édification feulement. Quand la neceffité preffe, la difpenfe eft excufable: quand l'utilité le demande, elle est loüable: je dis l'utilité commune, non celle du particulier. Il convient toutefois qu'il y a quelques monafteres exempts, fuivant l'intention des fondateurs, qui les ont donnez au faint Siege par une devotion particuliere. Enfin, dit-il, vous devez étendre vos reflexions fur toute l'Eglife, pour voir fi chacun y fait fon devoir mais particulierement pour favoir comment vos ordonnances font obfervées. Sans aller plus loin, je puis vous montrer, qu'on n'obferve point les reglemens que vous avez publiez de vôtre bouche au concile de Sup. n. 56. Reims, touchant la modeftie des habits dans le clergé & les ordres que doivent avoir les dignitez des chapitres. Si vous croyez qu'on les obferve, vous vous trompez : fi vous ne le croiez pas, vous avez eu tort ou d'ordonner des chofes impratiquables, ou de diffimuler l'inobfervation de vos reglemens. Il y a déja quatre ans qu'ils font faits, & nous n'avons vû encore pour ce fujet aucun clerc privé de son benefice, LX. Derniers livres de la ni aucun Evêque fufpendu de fes fonctions: ainfi la negligence a produit l'impunité, mere AN.1152. de l'impudence & du mépris des loix. On dit que Dieu ne fe met pas en peine des habits, mais des mœurs : l'indécence des habits est la marque du déreglement des efprits & des mœurs. Dans le quatriéme livre, faint Bernard propofe au Pape pour objet de fa confideration, ce qui eft autour de lui, fon clergé, fon pe Confideraple, & fes domeftiques. Vôtre clergé, dit-il, tion. doit être parfaitement reglé, puifqu'il doit être. 1. la regle & le modele de tous les autres. Quant c.2. à vôtre peuple, tout le monde connoît l'infolence & le fafte des Romains. C'est une nation accoûtumée au tumulte, cruelle, intraitable, qui ne fait fe foumettre que quand on ne peut refifter. Et enfuite : C'eft alors principalement c.4. qu'ils veulent dominer, quand ils ont promis de fervir. Ils jurent fidelité pour mieux trouver l'occafion de nuire à celui qui s'y fie. Ils veulent déflors être admis à tous vos confeils, & ne peuvent fouffrir qu'on les refufe à une porte. Ils font habiles pour mal faire, & ne favent point faire le bien. Odieux au ciel & à la terre, impies envers Dieu, feditieux entre eux, jaloux de leurs voifins, inhumains envers les étrangers ils n'aiment perfonne & ne font aimez de perfonne; & voulant fe faire craindre de tous, ils craignent de tout le monde. Ils ne peuvent fe foumettre, & ne favent pas gouverner infideles à leurs fuperieurs, infuportables à leurs inferieurs; impudens pour demander & pour refufer importuns & inquiets jusques à ce qu'ils reçoivent, & ingrats quand ils ont reçu. Ils parlent magnifiquement & executent peu promettent liberalement & tiennent le moins qu'ils peuvent flateurs & médifans, diffimulez & traîtres. C'est le portrait que fait faint Ber Ff5 n.2. Bernard des Romains de fon tems; & toutefois il ne laiffa pas d'exhorter le Pape à travailler à leur converfion, quelque peu d'efperance qu'il ait de fuccès: puifqu'on n'eft obligé qu'à travailler, & non pas à réüffir. 2.7.8. Plus ils font rebelles, dit-il, plus vous devez avoir de courage à les attaquer: mais avec la parole, non avec le fer. Vous ne devez plus mployer le glaive, depuis qu'il vous a été dit de le remettre au foureau. Les deux glaives appartiennent à l'Eglife, le fpirituel & le materiel; mais l'un doit être tiré par la main du prêtre, l'autre par la main du foldat, fuivant le confeil du Sp. n..21. prêtre & le commandement du Prince. Nous avons déja vû cette allegorie des deux glaives; & le meilleur fens qu'on lui puiffe donner, eft que le glaive materiel ne doit être employé que par l'ordre du Prince, mais que le Prince doit confulter le prêtre pour favoir fi la guerre eft jufte, ou même fuivre fes exhortations pour employer fa puiffance à proteger la religion. . 94.5.6. Saint Bernard dit encore en cet endroit, ces paroles remarquables: Tout le zèle des Eccle- • fiaftiques ne tend qu'à conferver leur dignité : fi vous voulez dans l'occafion vous abaifler un peu & vous rendre plus fociable, on dit que vous ne favez pas garder vôtre rang, ni soûtenir vôtre perfonnage. Nous ne voyons point que faint Pierre ait jamais paru en public orné d'or & de pierreries, revêtu de foie, monté fur un cheval blanc environné de foldats & d'officiers marchant à grand bruit. En cela vous n'avez pas fuccedé à faint Pierre, mais à Conftantin. Souffrez-le pour vous accommoder au tems, mais faites votre capital de vos devoirs. Quoique revêtu d'or & de pourpre, vous ne devez pas dédaigner les fonctions de pafteur, ni rougir de 'Evangile. S. Bernard ne doutoit non plus de la da donation de Conftantin, que des fauffes decretales. Jourdain des Urfins avoit été envoyé legat en Allemagne vers le Roi Conrad en 1151. & Jourdain depuis étoit venu en France & en Normandie, legat en Allemagne. laiffant par tout des traces affreufes de fon paffage. C'eft ainfi qu'en parle faint Bernard dans une lettre à Hugues Cardinal Evêque d'Oftie, où il ajoûte On dit qu'il a commis par tout des actions honteufes, qu'il a emporté les déF f 6 poüilles epift. 290. |