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ne pouvez offrir à Dieu de facrifice plus agréaAN.1105. ble, que de combattre celui qui s'eft élevé contre Dieu, qui s'efforce d'ôter le royaume à l'Eglife, qui a élevé l'idole de Simon dans le lieu faint; & qui a été chaffé de l'Eglife par le jugement du Saint-Efprit, que le Prince des Apôtres & leurs Vicaires ont prononcé. Nous vous ordonnons cette entreprise à vous & à vos vaffaux pour la remiffion de vos pechez, & comme un moyen d'arriver à la Jerufalem celeste.

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p.6;0.

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Le clerge de Liege répondit à cette lettre par un long écrit adreflé à tous les hommes de bonne volonté, qui eft l'apologie de tous ceux qui reconnoiffoient Henri le pere pour Empereur legitime. Dès le titre ils fe declarerent Catholiques, & attachez inviolablement à l'unité de l'Eglife; & ils le montrent encore mieux dans le corps de la piece, où ils nomment l'Eglife Romaine leur Mere, le Pape Pascal leur Pere, l'Apoftolique, l'Evêque des Evêques, l'Ange & l'oint du Seigneur; à qui appartient la follicitude de toutes les Eglifes. Ils reconnoiffent aufli pour vrai Pape, Hildebrand ou Gregoire VII. & déclarent qu'ils n'adhererent jamais à aucun Antipape ainfi il n'y a aucun fujet de les traiter de fchifmatiques.

Au fonds ils foûtiennent qu'ils ne doivent p. 634. E. point être reputez excommuniez, pour rendre à Cefar ce qui eft à Cefar fuivant l'Evangile, 1. Pet. 11. contre les nouvelles traditions. Ils rapportent les preceptes de faint Pierre & de faint Paul Rom XII. touchant l'obeiflance dûë aux Souverains: puis ils concluent C'est donc parce que nous honorons le Roi, parce que nous fervons nos maîtres, non feulement fous leurs yeux, mais en fimplicité de coeur c'eft pour cela qu'on p. 636 nous traite d'excommuniez. Ils infiftent fur la validité du ferment, que les Evêques comme

les

les autres ont fait aux Princes depuis un tems immemorial, en recevant d'eux les regales, c'est-à-dire les domaines dépendans de leur couronne. Ils foutiennent que c'est une très-ancienne coûtume, fous laquelle font morts plufieurs faints Evêques; & que ce ferment étant legitime, ne peut être violé fans parjure. Ils ajoûtent que la prétention de difpenfer de ces fermens eft une nouveauté introduite par Hildebrand.

Ils disent enfuite: Si on lit avec l'efprit de p.637. B. Dieu les faintes Ecritures & les hiftoires, on trouvera que les Rois & les Empereurs ne peuvent point ou difficilement être excommuniez; & la queftion est encore indécise : quoiqu'ils puiffent être avertis & repris avec diferetion. Et encore: Il ne faut pas trop s'alarmer de ce p. 638. B, qu'on nous traite d'excommuniez. Nous croyons! que Rome même nous exceptera de l'excommunication. Le Pape Hildebrand qui est l'auteur de ce nouveau fchifme, qui le premier a levé la lance facerdotale contre le diadême, excommunia d'abord indifferemment tous ceux qui favorifoient Henri : mais enfuite corrigeant cet excès, il excepta de l'excommunication ceux qui étoient attachez à l'Empereur par devoir & par neceffité, non pour executer volontairement fes ordres, ou lui donner de mauvais confeils; & il en fit un decret.

Sup. liv.

Sur ce que le Pape Pascal traitoit l'Empereur Henri d'heretique, ils répondent: S'il l'eft, p. 639. A. nous en fommes affligez pour lui & pour nous. Nous ne difons rien maintenant pour fa défenfe nous disons feulement que quand il feroit tel nous ne laifferions pas de fouffrir qu'il nous commandât, parce que nous croirions meriter par nos pechez d'avoir un tel maître; & nous ne devrions pas même en ce cas, cherD 2 cher

2.

cher à nous en délivrer en prenant les armes contre lui, mais en adreffant à Dieu pour lui 1. Tim 11. nos prieres. Les Rois pour qui faint Paul conjuroit les fidéles de prier n'étoient pas chrétiens; & il dit pourquoi on doit prier pour les mauvais Princes afin que nous menions une vie tranquille. Ce feroit une conduite apoftolique d'imiter l'Apôtre: mais pour nos pechez, l'apoftolique, le Pape au lieu de prier pour le Roi pecheur, excite la guerre contre lui, & empêche que nôtre vie ne foit tranquille. D'où vient cette autorité au Pape de tirer un glaive meurVerift trier outre le glaive fpirituel? Le Pape Gregoire premier dit, que s'il eût voulu fe mêler de faire mourir des Lombards, ils n'euffent plus eu ni Roi ni Ducs. Mais, ajoûte-t-il, parce que je crains Dieu, je ne veux participer à la mort d'aucun homme quel qu'il foit. A cet exemple tous les Papes fuivans fe contentoient du glaive fpirituel jufques au dernier Gregoire, c'eft-à-dire Hildebrand, qui le premier s'eft armé contre l'Empereur du glaive militaire, & en a armé les autres Papes par fon exemple.

Sun. liv.

XXXVI. 7.

4.

Sur la derniere claufe de la lettre, où le Pape ordonne au Comte de Flandre, de faire la guerre à l'Empereur pour la remiffion de fes pe641. E. chez, le défenfeur de l'Eglife de Liege dit : j'ai beau feuilleter toute l'Ecriture & tous fes Interprétes, je n'y trouve aucun exemple d'un tel commandement. Hildebrand eft le feul, qui mettant la derniere main aux faints canons, a enjoint à la Comteffe Mathilde, pour la remiffion de fes pechez, de faire la guerre à l'EmP. 642. pereur Henri. Or nous avons appris, qu'on ne peut lier ni delier perfonne fans examen. C'est la regle qu'avoit fuivie jufques à prefent l'Eglife Romaine. D'où vient donc cette nouvelle maxime, fuivant laquelle on accorde aux coupables,

pables, fans confeffion & fans penitence l'impunité des pechez paffez & la liberté d'en commettre d'autres ? Quelle porte ouvre-t-on par là à la malice des hommes ?

AN.1106.

XLI.

nonce à la

Otto Fri

La diette ou affemblée generale du roiaume Teutonique indiquée à Mayence pour la fête de Henri le Noël 1105. fut la plus nombreufe que l'on eût pere revue depuis plufieurs années ; & il s'y trouva couronne. plus de cinquante Seigneurs. Richard Evêque Ursperg. d'Albane & Gebehard Evêque de Conftance le- an. 1106. gats du Pape y vinrent & y confirmerent l'ex- fing, VII. communication contre l'Empereur, Henri. Ce Chr. c. 11. Prince étoit gardé à Bingue où fon fils l'avoit arrêté par surprise, & il demandoit la liberté d'aller à Mayence, pour y être oui mais les Seigneurs, qui craignoient que le peuple ne s'émût en fa faveur, allerent au devant de lui à Ingelheim; & firent fi bien par leurs confeils & vita Henr. leurs artifices, qu'ils lui perfuaderent au même 19. ap. Urlieu de fe reconnoître coupable & de renoncer au ftit.p.389. royaume & à l'empire. On lui demanda fi fa renonciation étoit volontaire. Il répondit qu'oüi, & qu'il ne vouloit plus fonger qu'au falut de fon ame. Il fe jetta aux pieds du legat Richard, demandant l'abfolution des cenfures: mais le legat répondit, qu'il n'en avoit pas le pouvoir, & que fon abfolution étoit refervée au Pape & à un concile general. Henrirenonça donc à l'empire, remettant à fon fils toutes les marques de fa dignité, favoir la croix, la lance, le feptre, la pomme & la couronne; & Henri le fils fut élû pour la feconde fois Roi de Germanie cinquième du nom, par tous les Seigneurs du royaume l'an 1106. après que fon pere eut regné près de cinquante ans. Il reçut le ferment des Evêques & des Seigneurs laïques, & les legats confirmerent fon élection par l'impofition des mains. Si tout cela fe fit licitement ou non, c'eft ce que

D 3

nous

AN.1106.

nous ne décidons point, dit Otton de Frisingue.

ap. Urfp. Après que l'on eut reprefenté au nouveau Roi & à toute l'affemblée la corruption inveterée des Eglifes Germaniques, tous promirent unanimement d'y remedier ; & pour cet effet il fut refolu d'envoier à Rome des deputez capables de confulter le faint Siege, de répondre aux plaintes & de pourvoir en tout à l'utilité de l'Eglife. On choifit pour cet effet de Lorraine Brunon Archevêque de Treves, de Saxe Henri de Magdebourg, de Franconie Otton Evêque de Bamberg, de Baviere Eberard d'Eiftet, d'Allemagne Gebehard de Conftance, de Bourgogne P'Evêque de Coire : avec quelques Seigneurs laiques pour les accompagner. Ils étoient chargez entre autres chofes, d'obtenir, s'il étoit poffible, que le Pape paffat au deça des Alpes.

XLII.

6.12

ap. Urftit. 8.396.

Henri le pere fe retira cependant vers le bas Lettre de Rhin, à Cologne, puis à Liege, & en l'une Henri le & l'autre de ces villes il fut reçu comme Empere au Roi de France. pereur. Il fe plaignoit de la fraude & de la vioOtte. VII. lence qu'on lui avoit faite pour exiger fa renonciation; & il écrivit fur ce fujet une lettre au Roi de France, où il fe plaint premierement du fiege apoftolique, comme de la fource de la perfecution qu'il foufre : Encore, dit-il, que j'aye fouvent offert de rendre à ce fiege toute forte d'obéiffance & de foumiffion, à condition que l'on me rendroit auffi le même honneur qu'à mes predeceffeurs: Leur haine, il parle des Papes, les a portez jufques à violer le droit de la nature, & armer mon fils contre moi : enforte qu'au préjudice de la foi qu'il m'avoit jurée comme mon vaffal, il a envahi mon royaume, dépofé mes Evêques & mes Abbez, foutenu mes ennemis ; & ce que je voudrois pouvoir cacher, il a même attenté à ma vie.

Dans

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