Imágenes de páginas
PDF
EPUB

MONROSE.

Tout Paris là-deffus n'a qu'une feule voix.

DORNANE.

C'eft qu'il te rend justice. On l'obtient quelquefois, Quand on a le fecret de fe la faire rendre.

Une affaire dépend du tour qu'on lui fait prendre. La fortune & l'amour fe reffemblent tous deux : C'est la même façon pour traiter avec eux.

[blocks in formation]

Qu'il a fallu te faire écrire, & t'arracher?

Car avec toi, mon cher, à moins de fe fâcher...

MONROSE.

Je trouvois que le ftyle en étoit un peu ferme.

DORNANE.

Eh! tant mieux. Tu voulois mesurer chaque terme.

MONROSE.

Ou du moins adoucir'.....

DORNANE.

Va, va, le ftyle eft bien

La foupleffe eft pour nous un indigne moyen,

Prefque toujours nuifible, & jamais légitime:
Qui s'abaiffe foi-même eft fa propre victime.
On ne cherche que trop à nous humilier.

Nous devons éxiger, & non pas fuplier,

à Arifte.

[blocks in formation]

Quoi! vous avez reçu tous ces vains complimens?

MONROSE.

Oui, je les ai reçus. Devois-je m'en défendre?

ARISTE.

Vous n'empêcherez pas ces bruits de fe répandre
DORNANE.

Les empêcher? Je dis que c'eft un coup d'Etat,
On n'y fçauroit donner trop de cours & d'éclat,
Sur la foi de ce bruit heureux & profitable,
Chacun trouve que rien n'étoit plus équitable.
Tout le monde applaudit. Je vous laiffe à penfer
Si la Cour qui le voit, pourra fe difpenfer
D'un acte d'équité que l'on trouve à fa place.
Il ne dépend plus d'elle. Il faut qu'elle le faffe

Et qu'enfin elle céde à la néceffité.....

ARISTE.

Vous en parlez, Monfieur, avec capacité.

DORNANE.

En feriez-vous furpris ?

ARISTE.
Vous êtes politique.

DORNANE.

Et bien meilleur ami. C'eft de quoi je me pique,
ARISTE à part.

Contre cet étourdi je ne fçaurois tenir.

à Monrofe.

Dans un inftant, Monfieur, pourrois-je revenir?

Commandez.

MONROSE.

ARISTE.

J'aurois eu quelque chofe à vous dire.

Je veux prendre mon tems.

DORNANE.

Enfin il fe retire.

SCENE VIII.

MONROSE, ARAMONT, DORNANE.

MONROSE toujours joyeux.

JE puis done m'applaudir avec vous fans témoins,

Et vous féliciter du fuccès de vos foins.

Il les embrasje.

Permettez ce transport à ma reconnoiffance:
D'autres effets feront peut-être en ma puiffance,

[ocr errors]

Ma chute étoit horrible; il faut en convenir.
Si je vous faifois voir quel affreux avenir

Etoit devant mes yeux ! ...

DORNANE.

23

Eloignons cette idée;

Puifqu'auffi bien l'affaire eft prefque décidée.
D'ailleurs, ton défespoir m'étoit injurieux.
Suis-je donc un ami fi frivole à tes yeux ?
Que le fort te trahiffe, ou foit qu'il te feconde,
Mets-toi bien dans l'efprit que je n'ai rien au monde
Qui ne te foit acquis: je crois que là-deffus
Tu veux bien m'épargner des fermens fuperflus.
Bien fouvent ce ne font que des mots d'habitude
Qui joignent le parjure avec l'ingratitude.

MONROSE.

Va, j'en fuis convaincu; ce n'eft pas d'aujourd'hui
Mais je ne veux pas être à la charge d'autrui.
Vous dirai-je pourtant que la froideur d'Arifte
Jette dans mon efprit un doute qui n'attriste?
DORNANE ?

C'eft un homme fáché, qui voit avec dépit
Que nous n'ayons point eu recours à fon crédit.
Eh! combien n'eft-il pas de ces gens tyranniques,
De ces jaloux amis qui veulent être uniques ;
Affez durs, pour trouver mauvais qu'un malheureux
Leur faffe voir enfin qu'on peut fe paffer d'eux?
Heureux, qui peut ainfi mortifier leur gloire,

Et venger l'amitié!.... Mais fi tu veux m'en croire,

Le tems eft cher, il faut, & même dès ce jour,
Aller, tête levée, & paroître à la Cour.

MONROSE.

Oui, c'est bien mon deffein, dès que je ferai quitte Du rendez-vous d'Arifte.

DORNANE.

Expédie au plus vite.

Sans adieu. Tout ira comme je le prévois.
Je vais nous faire écrire à dix ou douze endroits.

SCENE IX.

MONROSE, ARAMONT:

ARAMONT.

Moi, je vais faire un tour chez tous nos gens

Pour raffembler ici ceux qui font néceffaires.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

D'avoir à vous offrir un rang digne de vous !

Fin du premier Alte.

(doux

ACTE II;

« AnteriorContinuar »