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On diroit à le voir tranquile en apparence,
Qu'il foutient fa disgrace avec indifférence :
On croiroit qu'il ne fonge au fond de ce Palais,
Qu'à jouir d'un repos qu'il ne goûta jamais :
Tant de tranquilité n'eft qu'un pur artifice,
Il est né dans le crime, il faut qu'il y périffe;
Il vous entraînera, s'il ne l'a déja fait.
Ce lien réciproque eft pour vous un forfait ;
Ce n'eft qu'une amitié funefte & redoutable :
Qu'ai-je dit, je profane un nom fi respectable;
L'amitié ne convient qu'à des cœurs vertueux :
Nous allons voir éclore un crime infructueux,
Il va fe confommer, & c'eft fous vos auspices,
Si vous n'y prêtiez pas des fecours fi propices.....
AURELE.

Pour paroître coupable, on ne l'est pas toujours, Crains moins pour ma vertu, ne crains que pour mes jours.

Oui, Maurice, ma vie est tout ce que j'expofe;
Je remplis un devoir que la pitié m'impose;
Ma naiffance, & le rang que je tiens dans l'Etat,
N'y ferviront jamais l'audace & l'attentat ;
C'eft pour les empêcher que je me facrifie :
Ecoute, puifqu'il faut que je me justifie,
Je ne le vois que trop, tu fembles foupçonner,
Que mon cœur par l'amour fe laiffe empoifonner.
Tu crois que pour Faufta mon ardeur se ranime;
Et qu'un efpoir fondé fur le fuccès d'un crime,

Me ramene aux genoux d'un objet trop aimé ;
Ne puis-je la revoir fans en être enflâmé!

Sans que mes premiers feux m'en inspirent l'audace;
L'amitié ne peut-elle en occuper la place?
Pourquoi n'aurai-je pas un pur attachement ?
Ah! Maurice, le cœur n'a-t'il qu'un fentiment?
Et l'amour ne peut-il fe changer en eftime?
Ce triomphe demande un effort magnanime:
Mais enfin il n'eft pas au-deffus d'un Chrétien;
Aprends donc le fecret d'un fatal entretien......
Il lui coûtera cher..... Mais je la vois paroître:
Ami, refte en ces lieux, tu vas me reconnoître.

SCENE III.

FAUSTA, AURELE, MAURICE, EUDOXE PULCHERIE, dans l'éloignement.

JA

AURELE.

'Ai devancé les pas de votre augufte Epoux, J'ai recherché l'honneur d'être admis devant vous; Je vous ai fait preffer de vouloir bien m'entendre: Ma conduite, Madame, aura pû vous surprendre, Vous allez me juger, & j'ofe fur ce point..... FAUSTA.

Seigneur, dans vos deffeins ne pénétrai-je point? Auprès de mon Epoux, vous fuis-je néceffaire?

Vous pouvez demander, dites, que faut-il faire?
Permettez-vous qu'on cherche à vous récompenser :
Le Prétoire eft vacant, daignez-vous y penser ?.
Parlez, oferoit-on vous offrir cette place?
Vous avez des Rivaux, Albin même a l'audace
De porter jufques-là fes vœux démesurés :-
Déclarez-vous, Seigneur, vos droits font afsûrés.
AURELE.

Si les grandeurs faifoient le bonheur où j'afpire,
Il ne tiendroit qu'à moi de partager l'Empire.

FAUSTA.

Ah! que m'annoncez-vous ?

AURELE.

Un malheur trop certain.

Je refufe à la fois le trône & votre main.

FAUSTA.

Qu'entends-je ! & qui pourroit vous les donner?

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Jufte Ciel! je me perds au fond de cet abîme,
Daignez plus clairement m'annoncer mon destin:
Seigneur, menace-t'on les jours de Conftantin ?
AURELE.

Oui, la mort en ces lieux lui creufe un précipice,
Un furieux confpire, & me croit fon complice.

FAUSTA.

Qui? vous, Seigneur.

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AURELE.

Daignez ne me rien reprocher;;

En flattant fon erreur, je voulois empêcher,
L'affaffinat affreux que fa rage médite.

FAUSTA.

Je ne fçais que penser, je demeure interdite.
AURELE.

Votre cœur incertain se trouble & fe confond:
J'interpréte aifément ce filence profond;

Mon raport vous paroît douteux, même infidéle,
Je vous deviens fufpect, vous foupçonnez mon zéle;
Vous croyez que je viens fuppofer un forfait,
Avoüez-le, Madame?

FAUSTA.

Ah! Seigneur, en effet,

Que voulez-vous, pourquoi faut-il que je vous

croye?

S'il eft vrai, vous deviez chercher une autre voie,
Qui pût faire échouer un projet aussi noir :
A qui recourez-vous, & quel est votre espoir ?
Falloit-il que j'en fuffe inftruite la premiere?
A quoi peut me fervir cette trifte lumiére?
Quels moyens affez prompts, quels fecours fi puiffans
Ai-je pour détourner des malheurs fi preffans?

AURELE.

Vous en pourrez trouver.... le Ciel en fera naître, A qui prétendez-vous que je livre le traître ?

A l'Empereur.

FAUSTA.

AURELE.

Helas! vous ne le voudrez pas,
Vous ferez la premiere à retenir mes pas.
FAUSTA.

Je ferai la premiere à hâter fon fuplice;
Si vous ne le livrez, vous êtes fon complice
Et le plus odieux de tous nos ennemis.

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La fource de mon fang, l'objet de tant d'amour.
Non, cruel, vous voulez, par un affreux détour,
Vous venger à la fois d'une trifte famille ;
Et perdre en même-tems le Pere par la Fille.
AURELE.

Ce raport eft fondé fur un fait trop conftant,
Il feroit dangéreux d'en douter un inftant;

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