Imágenes de páginas
PDF
EPUB

FAUSTA.

.

Je vois que l'on vous donne un avis falutaire,
Dans les bras du fommeil vous êtes attendu :
C'est là que votre fang doit être répandu;
Si vous vous obstinez à me croire coupable,
C'en eft fait, votre mort devient inévitable.

CONSTANTIN."

Ainfi de plus en plus vous voulez obscurcir
Un fait trop évident qui vient de s'éclaircir.

[ocr errors][merged small]

'Ainfi tout m'eft nuifible, & rien ne vous éclaire, La vérité fur vous fait un effet contraire;

Il me reste un témoin, (s'il échape à leurs coups) Faites chercher Maurice, il les confondra tous.

ALBIN.

Maurice! hélas, Seigneur, je l'ai cherché moi-même Ce malheureux fe cache avec un foin extrême.

CONSTANTIN.

Eh! que pourroit me dire un témoin fuborné
Un Traitre que fa fuite a déja condamné ?
FAUSTA.

Voulez-vous donc périr, aveugle que vous êtes,
Et fervir de Miniftre à leurs fureurs fecretes?
Reftez dans votre erreur! jufte Ciel ! je frémiş,
Vous ne pouviez pas mieux fervir vos ennemis.
Achevez leur triomphe aux dépens de ma vie,
Ordonnez qu'à l'inftant elle me foit ravie;

Le dernier de mes jours deviendroit le plus doux
Si ma mort vous pouvoit dérober à leurs coups.
Vous m'y.verriez voler avec plus d'affurance;
Mais je n'emporte pas cette heureuse espérance;
La victime en mourant ne vous fauvera pas,
Et nous perdrons tous deux le fruit de mon trépas.
Vous ne me répondez qu'avec un air farouche,
L'estime, la pitié, l'amour, rien ne vous touche
Que la feule innocence eft un foible secours!
Mais au moins de ma vie examinez le cours :
Vous n'y trouverez point un funefte préfage,
Vous fçavez fi jamais l'art fût à mon ufage.
Mon cœur vous fût connu par des titres plus doux,
Vous fcutes avant moi qu'il étoit fait pour vous.
Vous reçûtes ma main, comme un gage céleste
Des plus grandes faveurs de ce.Dieu que j'attefte.
Depuis qu'ai-je donc fait, quelle fatalité,
Peut armer contre moi votre credulité ?
On a beau fe cacher fous un dehors auftere,
Un penchant malheureux porte fon caractere;
Il paroît à travers le plus fombre détour,
On laiffe appercevoir ce qu'on doit être un jour;
Puis-je être tout d'un coup parricide & parjure?

CONSTANTIN.

Ces frivoles difcours n'ont rien qui me raffure;
Les crimes on entr'eux un trifte enchaînement,
Des moindres aux plus grands on parvient aisément y

Un amour affrené s'y porte de lui-même,
Plus il eft criminel, & plus il eft extrême :
Mais c'eft trop employer d'inutiles raisons,
Avoüez moi plûtót toutes vos trahisons:
Convenez des forfaits dont vous êtes complice,
Je veux que cet aveu vous ferve de fupplice.

FAUSTA.

Vous me faites frémir.

CONSTANTIN.

Ne déguisez plus rien

FAUSTA

Vous avez prononcé votre arrêt & le mien:
Vous pouvez me plonger dans la nuit éternelle,
Je ne conviendrai point que je fois criminelle:
Pour vous défabufer mes foins font fuperflus,
Vous lirez dans mon cœur quand je ne ferai plus
Vous connoîtrez trop tard toute votre injustice,
Son excès deviendra votre plus grand fupplice:
Ils me juftifieront en vous perçant le fein :
Ce n'eft qu'en expirant fous le fer affaffin,
Que tout s'éclaircira dans votre ame jalouse,
Et vos derniers foupirs feront pour votre Epouse.
Mais je reffens déjà tout ce que je prévois.
Ah! je ne foûtiens plus tant de maux à la fois;
Et je fuccombe enfin à ma douleur mortelle.

Elle tombe entre les bras d'Eudoxe.

CONSTANTIN attendris

Qu'on l'ôte de mes yeux, & qu'on prenne foin d'elle.

SCENE

A

SCE NE V I.

CONSTANTIN, ALBIN.

CONSTANTIN à fa fuite.

Mes vives douleurs laiffez un libre cours;
Faut-il que je me vange en l'adorant toujours :
Ah! qu'il eft mal aifé de punir ce qu'on aime!
Pour la juftifier je me confonds moi-même ;
Je cherche des raifons que je ne puis trouver,
Ses pleurs m'en ont plus dit qu'elle n'en peut prouver.
Je vois, je fens qu'il faut que fa mort nous fépare,
Ma foibleffe m'impose une loi fi barbare.
Vengeons-nous,qu'elle meure... ah! quel arrêt affreux!
Dois-je être auffi cruel que je fuis malheureux ?
L'amour défefperé me parle encor pour elle:
Que dis-je! fi Faufta ne m'étoit pas fidelle;
Je connois trop fon cœur, en ce moment fatal,
Elle auroit autrement regretté mon Rival:

Elle eût fait, pour le fuivre, un aveu déplorable.
Laiffe-moi refpirer, furie inexorable!

Affreufe jaloufie, ou du moins fur mes yeux,

Ceffe enfin d'épaiffir un nuage odieux!

Chere & funefte Epoufe:ô doux nom qui m'accable!... Albin, eft-bien sûr qu'elle foit fi coupable?

G

74.

Elle accufe fon Pere; il m'a toujours hai,
Pour prix de ma clémence il m'a toujours trahi:
Il médite fans ceffe un retour vers le Trône;
Je fçais que cet efpoir jamais ne l'abandonne;
Il s'accufe lui-même, il ofe s'imputer

Un complot qu'il voudroit peut-être exécuter:
Il s'offre à ma vengeance, il vole audevant d'elle....
N'eft-ce point pour fa Fille une ruse nouvelle ?
Peut-être pour lui-même. Il veut m'embaraffer.
Par cet aveu,
fans doute, il croit tout éfacer:
Seroit-il criminel..... Eh! comment peut-il l'être?
Mais qui peut démêler tous les replis d'un traître;
Il l'a toujours été. Dûffai-je m'abuser,

Mon cœur à fes foupçons ne peut fe refufer:
Ils me font bien permis.

ALBIN.

En faut-il d'avantage?

Dès que Maximien vous cause quelque ombrage,
Dès qu'il vous eft fufpect, il le faut préyenir,
Aucun égard pour lui ne doit vous retenir :

CONSTANTIN.

Mais n'eft-ce point commettre une injuftice extrême?
ALBIN.

Seigneur, vous fçavez trop les droits du Diadême
Surtout dans un dánger qui vous eft perfonnel;
Un fujet qu'on foupçonne eft affez criminel.
Et qui fçait en effet le fort qu'il vous aprêtę?
Pour votre fûreté, fouffrez que je l'arréte,

« AnteriorContinuar »