L

1.

L

EGLITE

D'ANGLETER

tan, & d'Ed.

* E faint Roi Alfrede mourut la derniere année du neuviéme fécle, & eur pour fucceffeur fon fils Edouard, qui eft connu fous le nom d'E- Regne d'Edouard l'ancien. Il fe fignala pardosard tandes victoires éclatantes qu'il remporta fur les cia, Al Danois. Il leur enleva l'Effex, l'Estanglie, la mond I. Mercie, le Northumberland, & plufieurs au- Commenceures provinces: Il foumit auffi les Gallois & ment de laat les Bretons. Il fit tenir dès le commencement de Odon. fon regne un Concile, où on lut une lettre du Pape Benoît IV, qui fe plaignoit de ce que le Roi laiffoit le pais d'Oüeflex depuis fept ans Tome IV.

A

Siége de Cantoiberi.

fans Evêques. Le Concile & le Roi en établi rent dans chaque province. Un des plus illuf tres fut faint Odon, qui fit beaucoup d'honneur à l'Eglife d'Angleterre. Il étoit fils d'un Seigneur Danois païen, établi en Angleterre, qui remarquant dans fon fils beaucoup d'inclination pour la Religion Chrétienne, faifoit tous fes efforts pour lui en infpirer de l'éloignement. Le jeune Odon ne laiffoit pas de fréquenter les églifes, & d'écouter les inftructions qu'on y faifoit. Le pere irrité le déshérita ; & le jeune homme ravi de perdre pour Dieu tout ce qu'il pouvoit efpérer fur la terre, quitta fes parens & entra au fervice d'Athelme, un dés principaux Seigneurs & des plus pieux de la Cour du Roi Alfrede. Athelme trouvant dans le jeune Odon de très-heureuses inclinations, lui témoigna une affection vraiment paternelle, & le fit bien étudier. Après qu'Odon fut baptifé, il reçut la Tonfure clericale & les Ordres jufqu'au foudiaconat. Il paffa plufieurs années dans l'Ordre de foudiacre à caufe de fa jeuneffe, & fut enfuite ordonné diacre & enfin élevé au Sacerdoce. Le Duc Athelme & les autres Seigneurs avoient tant d'eftime pour fa vertu, qu'ils fe confeffoient à lui, & fe conduifoient par fes

confeils.

Odon fit avec ce Duc le voyage de Rome S. Odon eft pendant lequel il le guérit d'une maladie par élevé fur le fes priéres. Après la mort de ce Seigneur & du Roi Alfrede, il fut très eftimé du Roi Edouard. Ce Prince étant mort l'an 924, fon fils Aldeftan qui lui fuccéda, eut pour Odon autant d'eftime & de refpect qu'en avoit eu fon pere. Il le contraignit de fe rendre aux defirs du Clergé & du peuple de Schireburne, qui l'avoient choifi pour leur Evêque. Odon qui conpai

foit la grandeur du fardeau dont on vouloit le charger, réfifta tant qu'il put; mais il fallut enfin fe rendre à une vocation fi claire & fi canonique. Le Roi Aldeftan crut devoir à fes priéres une victoire qu'il remporta l'an 938. Conftantin Roi d'Ecoffe, fix autres petits Rois d'Irlande ou de Galles, & douze Officiers Généraux y perdirent la vie. Aldeftan mourut deux ans après fans enfans, ayant laiffé plufieurs monumens de fa piété. Il avoit fait travailler à la traduction d'une Bible en langue Saxone, qui étoit alors la langue vulgaire d'Angleterre. Il eut pour fucceffeur Edmond fon frere à qui l'Evêque Odon ne fut pas moins cher. L'Archevêque de Cantorberi étant mort peu de tems le Roi preffa Odon de prendre fa place. Mais il s'en défendit par l'autorité des Canons, qui condamnent les tranflations. Le Roi lui repréfenta que faint Pierre avoit été transféré d'Antioche à Rome, & lui dit qu'il y avoit dans l'hiftoire de l'Eglife beaucoup d'exemples femblables, fans pouvoir néanmoins les nommer ; qu'en Angleterre même S. Mellit avoit paffé de Londres à Cantorberi. Si l'on eut été alors plus éclairé, on auroit fçu qu'il étoit fort rare, que l'utilité de l'Eglife & la gloire de Dieu fuffent le vrai motif des tranflations; que l'Eglife avoit toujours condamné la plûpart des exemples qu'on auroit pu citer ; & qu'il étoit d'une dangereufe conféquence de les multiplier. Odon qui n'avoit en vûë que d'obéir à Dieu, & qui connoiffoit les pieuses intentions du Roi, se rendit; mais il repréfenta que tous ceux qui avoient rempli le Siége de Cantorberi depuis la converfion des Anglois, avoient été moinès & qu'il vouloit fuivre une fi fainte & fi ancienne coutume. Le Roi loua fon humilité & fa

piété, & envoya en diligence au monaftére de Fleury fur Loire, qui paffoit alors pour un des plus réguliers. L'Abbé de Fleury vint luimême apporter l'habit monaftique, & après qu'Odon l'eut reçu, il prit poffeffion du Siége de Cantorberi vers l'an 942.

Quelque temps après, il fit des réglemens pour la confolation du Koi Edmond & pour l'inftruction de fon peuple. Il marqua les devoirs du Roi & des Seigneurs ; ceux des Evêques, & fur-tout la vifite du diocèfe chaque année ; les devoirs des Prêtres, des clercs & des moines, recommandant fort aux moines la ftabilité & le travail des mains. Les autres inftructions regardent le peuple. Le Roi Edmond de fon côté fit des loix dont plufieurs regardent la Religion. Il y recommande la continence aux clercs, fous peine de perdre tous leurs biens temporels, & d'être privés de la sépulture après leur mort. Il charge les Evêques des réparations des églifes, & promet sûreté à ceux qui s'y réfugient. C'eft que les meurtres & les violences étoient des maux prefque auffi communs en Angleterre qu'en France, comme il paroît par ces mêmes loix. Le Roi qui vouloit remédier à ces maux, fit venir auprès de lui l'Abbé Dunftan, dont il connoiffoit le mérite, afin que ce faint homme l'aidât de fes confeils. Mais enfuite fur de faux rapports que lui firent des envieux, il le chaffa de fa Cour. Trois jours après, le Roi étant à la chaffe, fe vit fur le point de tomber dans un précipice. Il crut que Dieu le puniffoit de fa faute, & envoya auffi-tôt appeller Dunftan, à qui il promit une amitié éternelle. Il lui donna la terre de Glaftembury au pays d'Oüessex, aujourd'hui dans le Comté de Sommerfet.