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Il entra dans le Clergé de Prague, & en fut élu Evêque malgré fa réfiftance. Il s'appliqua à régler en tout fa vie felon les faints Canons. II faifoit des aumônes abondantes, couchoit fur une cilice, dormoit peu, & paffoit la plus grande partie des nuits en prieres. 11 lifoit l'Ecriture fainte avec fes chapelains, vifitoit fouvent les prifonniers & les malades, prêchoit affidûment, & n'avoit en vue dans toute fa conduite que la gloire de Dieu & le bien de fon troupeau. Mais il eut la douleur de voir tous ses travaux infructueux. Son peuple s'obstinoit à courir à fa perte, & fon indocilité alla jusqu'à affecter de donner dans certains défordres, qui étoient ceux dont ce charitable Pasteur défiroit le plus de le tirer. La vue de la ftérilité de fon miniftere le porta à vouloir quitter fon Siége. Il faut avouer que ce deffein n'étoit pas conforme aux régles de l'Eglife, qui ne permettent pas qu'un Evêque quitte fon troupeau. Quelque ftérile que foit la terre dont la culture lui a été confiée par le fouverain Pasteur, il doit fe fouvenir que c'eft le travail qui lui eft commandé, & non pas le fuccès.

Adalbert alla à Rome confulter le Pape Jean XV, qui lui confeilla de quitter. Il fe retira dans le monaftere de Mont-Ĉaffin, où il édifia tous les moines par fon humilité & fes autres vertus. Il fut obligé cinq ans après, à la follicitation du Duc de Boheme, & de l'Archevêque de Mayence, de retourner à Prague, où il ne fit pas plus de fruit que la premiere fois. Alors il crut que Dieu ne l'appelloit pas à un travail où il n'avoit aucun fuccès, & retourna encore dans la folitude. Les Bohémiens dirent fans détour au Duc de Pologne, qui les exhortoit à profiser des foins de leur faint Evêque : Nous fom

mes des endurcis: pour lui c'eft un faint; nous ne pouvons compatir enfemble. Saint Adalbert alla travailler à la converfion des Pruffiens, qui étoient encore infidéles. Il cut beaucoup à fouffrir dans cette Miffion. Enfin il eut la gloire de fouffrir le martyre pour la foi. Les Payens le percerent de dards; & après qu'il fut mort, ils Jui couperent la tête, & la mirent sur un pieu. Cette mort bienheureufe arriva l'an 997. Le Duc de Pologne racheta fa tête & fon corps que les Payens avoient jetté dans un lac. L'Empereur Othon III aiant appris à Rome cette nouvelle, rendit graces à Dieu d'avoir honoré fon régne d'un événement fi glorieux. Quand il fut infor mé que Dieu faifoit beaucoup de miracles au tombeau de ce faint martyr, il réfolut d'y aller faire fes prieres. Il entra nuds pieds dans la ville de Gnefne, par refpect pour les reliques de faint Adalbert qui y étoient ; & il érigea cette ville en Archevêché.

I.

Ecrits du Prêtre Auxi

lius.

ARTICLE.

V I.

Auteurs Eccléfiaftiques du dixiéme fiècle.

U

I.

N faint Prêtre nommé Auxilius publia au commencement du dixiéme fiécle, plufieurs Ecrits pour la défenfe des ordinations faites par le Pape Formofe. Les ordinations & les reordinations que faifoient différens Papes, dont l'un cafloit ce qu'avoit fait fon prédéceffeur, le trouble & la confufion qui en étoient la fuite, furent l'objet des plaintes & des gémiffemens d'Auxilius. Ce Prêtre continua toujours d'exer

cer les fonctions de fon miniftere, & perfuada à plufieurs de ne les point quitter, malgré les Sentences par lefquelles Sergius III avoit déclaré leurs ordinations nulles, comme aiant été faites par Formofe. Auxilius justifia principalement la conduite, en montrant que fi les ordinations de Formofe font nulles, il en faut conclure que depuis environ vingt ans, la Religion Chrétienne, le Sacerdoce & les Sacremens ont manqué dans toute l'Italie.

Ce motif & plufieurs autres le déterminerent à compofer contre Sergius, qui lui avoit défendu fous peine d'anatheme d'exercer les fonctions du Sacerdoce, fon Livre des Ordinations, qui fut fuivi bien-tôt apres d'un Dialogue intitulé l'Aggreffeur & le Défenfeur, dans lequel il foutient qu'il ne faut point obéir aux Pasteurs qui commandent des chofes injuftes, parce que dans ce cas leur excommunication eft nulle. Car, dit-il, il y a bien de la différence entre les Siéges, & les Pontifes qui y font affis. On doit rendre à chaque Siége l'honneur & le refpect qui lui eft dû felon les Canons ; mais il ne faut pas fuivre des Pontifes qui s'égarent, & qui agiffent contre la foi & la Religion Catholique. Ce faint Prêtre reproche au Pape Sergius d'avoir agi contre l'une & l'autre : puis il ajoute, qu'on ne doit point fe mettre en peine d'une excommunication lancée pour obliger de commettre un crime. Auxilius croioit donc, dit le grand Bof- Déf. de la fuet, qu'il pouvoit arriver qu'un Pape abusât Déclarat, du de fon pouvoir d'excommunier, pour obliger Clergé de de commettre un crime. Auxilius conclut par ix. ch. 31. France liv. ces paroles, dites tant en fon nom qu'au nom de ceux qui étoient unis à fa caufe: Reftant donc dans le rang de notre ordination, nous attendons le Jugement équitable du Concile géné

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Ch. 32.

ral. Il efpéroit, dit encore M. Boffuet, que ce Concile feroit affemblé, non par le Pape, auteur de tous les troubles, mais par l'Empereur puifqu'on ne pouvoit espérer de recevoir du fecours de l'églife de Rome, tandis qu'elle étoit cruellement déchirée par des divifions intestines. En attendant que ce Concile füt affemblé du confentement des Evêques, Auxilius,malgré l'excommunication de Sergius, étoit toujours dans la communion de l'Eglife Catholique, & même dans celle de l'églife de Rome, & du S. Siége, puifque ce S. Siége étoit uni au refte de l'Eglife.Ĉe font encore les paroles du grand Bossuet.

Sigebert, & Baronius après lui, parlent avantageufement d'Auxilius. Baronius dit que les maux fur lefquels gémiffoit ce Prêtre, avoient été faits par des raviffeurs du Siége Apoftolique & par des intrus. Mais Auxilius n'a pas recours à ce moien. Il ne dit pas, que Sergius n'étant point Pape, il peut méprifer impunément ses ordres; il emploie des raifons qui tendent toutes à prouver, qu'on ne doit pas obéir aux Papes mêmes légitimes, quand ce qu'ils commandent eft criminel. Enfin il eft certain que le Prêtre Auxilius ne voiant plus d'autre reméde aux maux de l'Eglife, implora le fecours du Concile général contre un Pape qu'il regardoit comme véritable & légitime. M. Boffuet, que nous ne faifons que copier, conclut de cet exemple, que par un fecret jugement de Dieu, il s'eft trouvé plufieurs occafions, dans lefquelles l'églife de Rome ne pouvant remédier elle-même aux grands maux dont elle étoit accablée, elle n'a trouvé du fecours que dans l'autorité de l'Egli-a. fe Catholique répandue par tout le monde. Dieu a placé l'Evêque de Rome dans le rang qu'il occupe, pour être le lien de la Société

,

& de la Communion Catholique ; mais cela n'empêche pas que Dieu ne permette qu'il arrive certains événemens, dans lefquels les plus gens de bien doivent demeurer privés de la communion du Pape, à l'exemple du Prêtre Auxilius. Ces paroles de M. Bofluct font remarquables.

II.

11.

C'eft dans le dixiéme fiécle que vécut Siméon Metaphrafte, fi connu par fon recueil de Vies Metaphrafte. des Saints. Il nâquit à Conftantinople d'une famille illuftre. Il reçut une bonne éducation, & fit de grands progrès dans l'étude des BellesLettres. Il parvint dans la fuite aux charges les plus confidérables. Il fut Maître des Offices, grand Tréforier, & emploié à des négociations importantes. Etant encore jeune il alla dans l'Ile de Crete, & ce fut dans ce voiage qu'il apprit la vie de faint Théoctifte de Lefbos, affez semblable à celle de fainte Marie Egyptienne. Il l'apprit d'un faint moine qui lui recommanda de l'écrire, & ce fut par-là qu'il commença à compofer les Vies des Saints. Enfuite l'Empereur, vraisemblablement Conftantin Porphyrogenete, l'exhorta à en faire le plus ample recueil qu'il pourroit. Métaphraste avoit toutes les cominodités néceffaires pour entreprendre ce travail, & fur tout de grands biens pour fe procurer les copiftes & les livres dont il avoit befoin.

Mais il ne fe contenta pas de raffembler les Vies des Saints, il en changea le ftile; & au lieu de les copier telles qu'elles étoient dans les originaux, il s'avifa de les refaire pour la plûpart, parce qu'il les trouvoit trop fimples & trop éloignées du goût de fon fiècle, qui n'épas celui du vrai & du naturel, mais du

toir

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