Imágenes de páginas
PDF
EPUB

VII.

L'Euchariftie.

cale felon la tradition des Peres, pour en inftruire le peuple. C'est ce que nous appellons Catéchifme. On voit par ce qu'il dit enfuite qu'il y avoit des cas réservés à l'Evêque. Sçachez, ajoute-t-il, que nous n'ordonnerons perfonne, qui n'ait paffé quelque tems dans un monaftere, ou auprès d'un homme fçavant, & qui ne foit un peu inftruit. Nous avons quelques Sermons du même Auteur.

Enfin Ratherius ne fe croiant pas en sûreté à Sa mort. Sa Verone, retourna à l'Abbaïe de Lobbes près de doctrine fur Liége, dont l'Abbé étoit Folcuin qui nous en a laiffé une Chronique. Etant à Namur en 964, il y mourut & fut enterré folemnellement à Lobbes. Nous avons encore de lui une Lettre fort importante au fujet de l'Euchariftie. Je suis affligé, dit-il à celui à qui il écrit, que vous connoiffiez fi peu un Sacrement que Vous recevez fi fouvent, & que vous le preniez pour une fimple figure. Comme aux Nôces de Ĉana l'eau fut changée en vin véritable & non figuratif, de même ce vin eft changé au vrai fang & le pain à la vraie chair de Jefus-Chrift. Quoique la couleur & le goût demeurent, croiez néamoins que ce que vous recevez eft la vraie chair & le vrai fang du Sauveur. Il rapporte les paroles de l'inftitution de l'Euchariftie, & conclut ainfi : Voilà ce que nous apprenons de la bouche de la Vérité même: ne vous mettez point en peine de la maniere dont cela peut être, puifqu'on vous que c'eft un myftere & un miftere de foi. Puifque c'eft un myftere, on ne peut donc le comprendre: & on doit le croire fans ofer le fonder.

VIII.

dit

V I.

Flodoard fut le plus grand ornement de l'éFlodoard. glife de France pendant le dixiéme fiécle. Il nâ

quit à Epernai fur Marne à la fin du neuvième fiécle; & mourut l'an 966. Après avoir été instruit dans l'Ecole de Reims, il fut chanoine de cette églife. Dans un voiage qu'il fit à Rome, le Pape Léon VII lui donna des marques particulieres d'eftime. Il fe rendit très-recommandable par fa fçience & par fa piété. Ses écrits imprimés font l'Hiftoire de l'Eglife de Reims & fa Chronique. Cette Hiftoire divifée en quatre Livres, comprend tout ce qui regarde l'église de Reims depuis fa fondation jufqu'au tems de l'Auteur, qui l'a tirée des Archives de Reims dont il étoit gardien, des actes des Martyrs & des autres Saints, des actes des Conciles, des Lettres des Papes, & de plufieurs autres piéces originales. La Chronique renferme tout ce qui s'eft paffé de plus remarquable en France & dans les païs voifins pendant la vie de l'Auteur. Elle commençoit à l'an 917, & finiffoit en 965; mais nous ne l'avons que depuis 919 avec une continuation jufqu'en 978. Flodoart avoit écrit en vers des Vies des Saints. On en a imprimé au commencement de ce fiécle ce qui regarde les Papes, depuis Grégoire II jufqu'à Léon VII.

VII.

IX.

Au commencement du dixiéme fiécle mourut Eutychius Patriarche Melquite, ou Catholique Eutychius. d'Alexandrie. Il avoit été nommé Patriarche à l'âge de foixante ans, & avoit long-tems exercé la profeffion de Médecin à Alexandrie. Nous avons de lui un abregé d'histoire universelle, depuis la création du monde jufqu'à fon temps, écrit en Arabe fa langue naturelle. Quoique cet abregé ne foit pas exact, il ne laiffe pas d'être précieux, en ce que l'on y trouve la fuite des PatriarchesMelquites d'Alexandrie. Pendant les fept années de fon Epifcopat, il fut prefque toujours

II.

magne.

venable les fervices fpirituels qu'ils devroient leur rendre,quand même ils n'en recevroient aucun fecours temporel. Le Concile condamne en général les rapines & les pillages alors fi fré quens, les mariages clandeftins, la débauche, les parjures & les juremens, prefque aussi communs que les paroles. Il dit enfuite: le Saint Siége nous a fait fçavoir, qu'en Orient régnent encore les erreurs & les blafphêmes d'un certain Photius, qui dit que le Saint-Efprit ne procéde pas du Fils, mais feulement du Pere ; c'est pourquoi nous vous exhortons d'étudier dans l'Ecriture & dans les Peres, de quoi détruire cette erreur qui veut renaître.

Ces décrets finiffent par une exhortation générale où les Evêques parlent ainfi : Il est arrivé par notre négligence, par notre ignorance & par celles de nos confreres, qu'il fe trouve dans I'Eglife une multitude innombrable de perfonnes de tout fexe & de toute condition, qui arrivent à la vieilleffe fans être inftruits de la foi. Quand il paroîtroit quelque chofe de bon & d'édifiant dans leur vie, comment peuvent-ils faire de bonnes œuvres fans le fondement de la foi? Le refte eft un abregé de la foi, & une exhortation à fuir le vice & à pratiquer la vertu. En général on voit dans les décrets de ce Concile, beaucoup de fcience eccléfiaftique & de zéle pour rémédier aux maux de l'Eglife.

II.

Dans un Concile tenu à Coblents, compofé Divers Con feulement d'Evêques d'Allemagne, on défendit ciles d'Alle- les mariages en-deça du fixiéme dégré de parenté, & l'on ordonna que les Curés recevroient les An. 922. dixmes des chapelles qui appartenoient à des Seigneurs laïques, & qu'ils les emploiroient pour l'entretien du luminaire pour exercer

Thofpitalité

l'hofpitalité & pour faire l'aumône. On y fit auffi un Canon qui foumet en tout les moines aux Evêques diocéfains. Dans un autre Concile An. 932. d'Allemagne tenu à Erford, on ordonna de célébrer les fêtes des douze Apôtres, & de jeûner les vigiles qui avoient été obfervées jufqu'alors. Dans celui d'Ingelheim, il fut réglé qu'on fe- An. 948. teroit la femaine entiére à Pâques, & à la Pentecôte le lundi, le mardi & le mercredi. On jeûnera la grande Litanie, c'eft-à-dire le jour de S. Marc, comme ceux des Rogations. On jeûnoit donc encore ces jours là.

L'ang 1952. on tint à Ausbourg un Concile où An. 952. l'on fit onze Canons. Il y eft défendu à tous les clercs, depuis l'Evêque jufqu'au foûdiacre, de fe marier & d'avoir chez eux des femmes. Il leur eft défendu d'avoir des chiens ou des oiseaux de chaffe, ou de jouer aux jeux de hazard, Les moines ne fe mêleront point d'affaires temporelles, & ne fortiront point de leurs monafteres fans la permiffion de l'Abbé. Tous les monafteres feront fous la conduite de l'Evêque diocéfain. Mais les Evêques n'empêcheront point les clercs d'embraffer la vie monaftique. On cite fouvent en ce concile les anciens Canons.

II I.

III. Concile de

Reims. race

Après la mort d'Adalberon, Hugues Capet fit élire Archevêque de Reims, Arnoul neveu de Charles Duc de Lorraine, le dernier de la: des Charliens. Arnoul ayant été foupçonné d'être d'intelligence avec fon oncle Charles, qui s'étoit emparé de la ville de Reims où l'on tint un concile, Arnoul fut obligé de déclarer de vive voix & par écrit, qu'il avoit violé le ferment de fidélité qu'il avoit prêté à Hugues, & en conféquence il fut dépofé & réduit à la Communion Laique. Abbon de Fleuri & quelques autres perTome IV.

F

An. 991.

IV. Difcours

d'Arnoul Evêque d'Orléans

fonnes, diftinguées par leur fcience & par leur éloquence, entreprirent de juftifier Arnoul. Ils produifirent pour cela la fauffe Lettre des Evêques d'Afrique au Pape Damafe avec la réponfe, pour montrer que toutes les grandes affaires de l'Eglife doivent être réservées au Pape, & fur-tout le jugement des Evêques. Ils lurent enfuite des extraits de plufieurs autres fauffes décrétales, & prétendirent que la caufe d'Arnoul devoit être renvoiée à Rome. On leur répondit qu'on avoit écrit au Pape, mais qu'il avoit été prévenu & gagné par de riches préfens qu'on lui avoit faits. Arnoul Evêque d'Orléans fit dans ce concile un difcours fort remarquable, dont nous allons rapporter les principaux traits.

Nous croions, dit cet Evêque, qu'il faut toujours honorer l'églife de Rome, à cause de faint Pierre ; & nous ne prétendons point nous fur les appel- opposer aux décrets des Papes, pourvu qu'ils ne lations à Ro- foient point contraires aux Canons qui doivent me. Il y téle- être éternellement en vigueur. Car nous devons dres des Pa- bien prendre garde, que ni le filence du Pape,

ve les défor

pes.

ni fes nouveaux décrets, ne combattent point

par

les anciens Canons. Voulons-nous donc affoiblir l'autorité du Pape? Non fans doute. S'il eft recommandable fa fcience & par sa vertu, nous n'avons rien à craindre de fa part ; & nòus le devons encore moins craindre, s'il s'égare par paffion ou par ignorance. Mais que Rome eft à plaindre! Cette ville après avoir produit tant de brillantes lumiéres de l'Eglife, vient de répandre d'horribles ténébres, dont les fiécles futurs parleront avec étonnement. Nous avons eu autrefois des Leons & des Gregoires, un Pape Gélafe, un Pape Innocent, dont la fageffe étoit incomparable. Néanmoins dans ces heureux tems, les Evêques d'Afrique s'oppofoient aux préten

« AnteriorContinuar »