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périeurs & les procureurs qui travaillent fous leurs ordres, font plus chargés d'affaires que de fimples peres de famille. Il faut faire part à la Communauté, au moins de celles qui font plus importantes ainfi plufieurs rentrent dans les follicitudes du fiécle aufquelles ils avoient renoncé; fur-tout les fupérieurs, qui devroient être des hommes tout fpirituels & tout intérieurs. D'ailleurs les grandes richeffes attirent la tentation des grandes dépenfes. Il faut bâtir une églife magnifique, l'orner & la meubler richement; Dieu, dit-on, en fera plus honoré : il faut faire des bâtimens fpacieux & folides pour une Communauté nombreuse & perpétuelle, & donner au moins toutes les commodités qui peuvent favorifer l'obfervance exacte de la régle. Cependant l'humilité en fouffre; il eft naturel que tout cet extérieur groffiffe l'idée que chaque moine fe forme de foi-même ; & un jeune homme, qui fe voit tout d'un coup fuperbement logé, qui fçait qu'il a part à un revenu immenfe, & qui voit au-deffous de lui plufieurs autres hommes, eft bien tenté de fe croire plus grand, que quand il étoit dans le monde fimple particulier & peut-être de baffe naiffance.

Les études firent encore une grande différence entre les anciens moines & les modernes. Les anciens n'étudioient que la morale chrétienne › par la méditation continuelle de l'Ecriture fainte & par la pratique de toutes les vertus. C'étoient de fimples laïcs qui travailloient de leurs mains, & qui évitoient avec grand foin tout ce qui pou voit les tirer de l'obfcurité qu'ils aimoient, & les manifefter au monde, dont l'oubli leur paroiffoit avantageux. Nos moines d'Occident étoient clercs pour la plupart dès le feptiéme fié-, cie. Ils embrafloient toute forte d'études, & s'at

tachoient même à celles qui étoient les moins conformes à leur état. Nous en avons vu un exemple dans l'Abbé Gerbert qui fut depuis Pape. Les premiers Abbés de Cluni furent des plus fçavans hommes de leur temps, & leur fcience les faifoit rechercher par les Evêques & les Papes, & même par les Princes. Tout le monde les confultoit, & ils ne pouvoient fe difpenfer de prendre part aux plus grandes affaires de l'Eglile & de l'Etat. L'Ordre en profitoit, des biens augmentoient, les monafteres fe multiplioient: mais la régularité en fouffroit; & des Abbés fi occupés au dehors, ne pouvoient avoir la même application pour le dedans que faint Antoine & faint Pacôme, qui n'avoient point d'autres affaires, & ne quittoient jamais leurs folitudes.

V II.

XII.

Réuniffons maintenant fous un feul point de vue, les fujets de confolation que l'Eglife avoit, Biens de l'Eau milieu des maux dont elle été affligée.

glife.

Plufieurs Rois

Princeffes

L'Angleterre eut dans le cours du dixiéme fié-d'Angleterre cle, plufieurs Rois pleins de zéle pour la gloire travaillent à de Dieu & le falut de leurs fujets. Edouard le faire fleurit vieux, Aldeftan, Edmond, Edred travailloient la Religion. à procurer aux églifes de bons Evêques, & ar- d'une grande rêter le cours des défordres. Ils donnoient leur piété. confiance à ceux qui en étoient les plus dignes, & fe fervoient des confeils des gens de bien pour l'avantage de la Religion. Le Roi Edui tout corrompu qu'il étoit, fupportoit en plufieurs occafions les remontrances les plus fortes que lui faifoient de faints Evêques. Edgar qui lui fuccéda, crut que Dieu ne l'avoit élevé fur le trône, que pour réparer les maux que fon frere Edui avoit faits, rappeller les gens de bien qu'il avoit exilés, & faire changer de face à l'églife d'Angleterre, dont il prenoit avec zéle les interêts. Ce

XIII.

Turquetul.

pieux Roi s'informoit avec foin des maux qui pouvoient attirer la colere de Dieu fur fon peuple, afin d'y remédier. Il étoit fur-tout attentif à la conduite que tenoient les moines & les eccléfiaftiques. Toutes les graces & les faveurs étoient pour les clercs pieux & éclairés; au lieu qu'il faifoit fentir fon indignation à ceux qui deshonoroient la fainteté de leur état par une vie mondaine. Il donna à fes fujets un grand fcandale; mais à l'exemple de David, il en fit une rigoureufe pénitence, & confola par fon fincere repentir, l'Eglife qu'il avoit contristée par fon incontinence. Le refte de sa vie fut emploié à fatisfaire à la juftice de Dieu par toute forte de bonnes œuvres. La Reine Elfride pleura jufqu'à fa mort le crime qu'elle avoit commis, en faifant affaffiner le jeune Edouard. L'Eglife honore plufieurs Princeffes qui vécurent dans la plus grande piété. L'Angleterre fe reffentit pendant le dixiéme fiécle de tout le bien qu'Alfrede y avoit fait à la fin du neuviéme. On vit plufieurs Seigneurs fe mettre fous la conduite de faint Odon, & feconder le zéle des Rois vertueux, qui s'appliquoient à humilier le vice, & à mettre en honneur la vertu. Ces Seigneurs pratiquoient fidélement tout le bien qu'ils connoiffoient.

Turquetul neveu du Roi Edouard-le-vieux fe Retraite du diftingua entre tous les autres. Il n'omit aucune Chancelier des bonnes œuvres, que fa charge de Chancelier Ses fuites a- le mettoit en état de faire. Après avoir édifié touvantageufes te l'Angleterre par fa juftice & par fa charité, il pour l'églife l'édifia par fa retraite & par fa vie pénitente. Le d'Angleterre. Roi touché de fa grande piété, vouloit qu'il fut

chargé du foin d'une églife; mais cet illuftre folitaire refufa perfévéramment le redoutable fardeau de l'Episcopat. On admiroit comment un

homme qui avoit été élevé & avoit long-tems vécu très-délicatement, pouvoit mener une vie fi auftere & fi mortifiée. Avant que de fortir de Londres, il fit crier par toutes les rues, que s'il avoit fait tort à quelqu'un, il le répareroit en donnant trois fois d'avantage. Il fit préfent au Roi de foixante Terres dont il étoit Seigneur, & n'en réferva que fix qu'il donna au monaftere de Croisland qu'il rétablit. Plufieurs fçavans le fuivirent dans fa retraite, & dix d'entre eux prirent l'habit monaftique. Les autres garderent leur habit féculier, & Turquetul leur donna un logement féparé, avec une chapelle où ils faifoient l'office du jour & de la nuit aux mêmes heures que les moines. Nous avons cru devoir faire attention à la retraite de Turquetul, parce qu'elle eat des fuites très-avantageufes pour l'églife d'Angleterre.

Quels biens ne fit point faint Odon Archevê

XIV.

& d'autres

que de Cantorberi, & faint Dunftan fon fuc- Renouvelleceffeur! Dunftan fut le reftaurateur de l'état ment que promonaftique dans ce Roiaume. Il fit refleurir le cure s. Odon célébre monaftere de Glaftemburi: il en fonda Saints Evêd'autres qui furent une pépiniere de Saints ques. dont il fe fervit pour faire en Angleterre une efpéce de renouvellement. Ses foins s'étendoient à tout, & fa follicitude étoit auffi univerfelle que les befoins. Rien ne fut capable de lui faire adoucir les falutaires rigueurs de la pénitence. On fe rappelle avec quelle intrépidité il répondit aux Lettres du Pape, qu'un Seigneur excommunié avoit obtenu par argent, & par lesquelles le Pape ordonnoit à l'Archevêque de lever la cenfure. Aucun homme mortel, dit-il, ne m'empêchera jamais d'obferver la loi de Dieu. Saint Ethelvolde & S. Ofualde s'affocierent à S. Dunf tan pour travailler à rétablir la difcipline.

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fes interêts.

la

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