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pris qu'il étoit mort, elle demanda s'il y avoit encore quelques Prêtres à jeun, qui puffent célébrer la Meffe pour lui. Adaldague fe préfenta, & la Reine lui donna fur le champ des braffelets d'or qu'elle portoit. Cette pieufe Princeffe lui fçut gré toute fa vie d'avoir dit la premiére Meffe pour l'ame du Roi fon époux, & concourut à le faire élever fur le fiége de Brême. Il travailla au progrès de la Religion dans le Dannemarc & dans le refte du Nord. Y fonda de nouvelles églises, y établit des Evêques, & depuis cet établissement la Religion chrétienne y fit de grands progrès.

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XIV.
S. Libentius

la

Libentius fucceffeur de faint Adaldague continua le bien que fes faints prédeceffeurs avoient continue commencé. Il étoit recommandable par la pu- même bonne reté de fa vie & par la rigueur de fes mortifica- œuvre. tions. Son humilité le faifoit paroître dans le cloître comme un fimple moine car c'étoit des moines qui fervoient l'églife de Brême, & les autres églifes que ces faints Evêques avoient fondées. Il n'alloit point à la Cour comme beaucoup d'autres, folliciter l'augmentation des biens de fon églife. Il demeuroit en repos chez lui, tout occupé du gouvernement de fon Diocèle, ne s'appliquant qu'à gagner des ames à Jefus Chrift, & tenant dans une exacte difcipline toutes les Communautés qui dépendoient de lui. Il prenoit foin par lui-même des étrangers & des malades, & les fervoit en perfonne, quoiqu'il eût chargé fon neveu du gouvernement de l'hôpital. Il vifitoit souvent les peuples des environs de l'Elbe, & travailloit à la converfion des payens. Il ne mourut qu'au commencement de l'an 1013.

Harold Roi de Dannemarc fut le premier qui rendir la Religion chrétienne dominante

XV.

Harold, Roi de Danne

que. Autres

fionnaires.

payen

marc martyr. dans ce Royaume. Il remplit le Septentrion Zéle de faint d'églifes & de prédicateurs de l'Evangile. Son Poppon Evêfils Suen qui étoit demeuré fe révolta, & faints Mif- engagea dans fa révolte tous ceux qui étoient ennemis du Chriftianifme. Harold fut tué & honoré comme martyr. Quelque temps après Heric Roi de Suéde entra en Dannemarc avec une armée innombrable; & Suen lui ayant livré un combat naval, fut vaincu, dépouillé de fon Royaume, & réduit à prendre la fuite. Tous ces malheurs furent regardés comme une punition de fon parricide, & de la perfécution qu'il avoit faite aux Chrétiens. L'Evêque de Slesvic s'adreffa à Heric de la part de l'Empereur, & parla en faveur des Chrétiens. On dit que les barbares demanderent un miracle à ce faint Evêque qui s'appelloit Poppon, & que fans héfiter il prit un fer chaud avec la main & n'en fut point brûlé. Pour les convaincre encore davantage de la divinité de la Religion chrétienne, il fe revêtit d'une chemife cirée, & fe tenant au milieu du peuple, il y fit mettre le feu. Enfuite levant les yeux & les mains au ciel, il la laiffa brûler entiérement & afsûra qu'il n'en avoit pas même fenti la fumée. Plufieurs milliers de payens fe convertirent à ce miracle, & le nom de cet Evêque fut célébre chez les Danois. Nous remarquerons ici que ces fortes de miracles ne juftifient point ce qu'il y avoit de contraire aux régles dans la conduite de ce faint Evêque. Dieu avoit égard à la fimplicité de fa foi qui n'étoit point affez éclairée; mais dans les beaux fiécles de l'Eglife nous n'avons point vû de miracles de cette efpéce.

Un autre miffionnaire illuftre de Danne marc fut Odincar l'ancien, qui prêcha en Finlande, en Zelande, en Schonen & en Suéde,

& convertit un grand nombre d'infidéles. Odin-
car le jeune fon neveu & fon difciple étoit de
la race des Rois de Dannemarc; & fi riche qu'il
fonda de fon patrimoine l'Evêché de Ripen
dans le Jutland. Libentius l'ordonna Evêque
pour la converfion des infidéles, & il établit fon
fiége à Rippen. Sa vie étoit très-fainte & il fou-
tint courageufement la Religion en Danne-
marc. D'autres faints perfonnages allerent juf-
qu'en Norvege, & y convertirent plufieurs
payens. Vers le milieu du dixiéme fiécle l'Em-
pereur Otton I foumit Boleflas Duc de Bohême
après une guerre de quatorze ans ; ce qui pro-
duifit la converfion de la plupart des Sclaves,
qui promirent de payer tribut & de fe faire
Chrétiens ; & on bâtit chez eux plufieurs nou-
velles églifes & des monaftéres d'hommes &
de femmes. Le pays
fut divifé en dix-huit can-
tons, dont quinze embrafferent la Religion
Chrétienne.

VIII.

XVI, Converfion

des Polonnois

On regarde Volodimir comme le premier Prince chrétien de la nation des Ruffes. Ditmar rapporte que Volodimir embrassa le Chriftia- des Ruffes & nilme par les exhortations d'Helene fon époufe fœur des Empereurs Bafile & Conftantin ; mais que fes mœurs ne s'accordoient gueres avec la pureté de la Religion chrétienne. Ce Prince dans fa vieilleffe fit de grandes aumônes pour racheter fes péchés ; il mourut & fut enterré dans la grande ville de Kiovie. Les Mofcovites, qui font les Ruffes, ont mis Volodimir au nombre des Saints de leur nation, & le regardent comme leur Apôtre. Car quoique le Chriftianifme eut pénétré chez les Ruffes dès le fiécle précédent fous le Patriarche Ignace, on trouve que vers le milieu du dixiéme fiécle, ils exer

cerent d'horribles cruautés contre les Chrétiens, particuliérement contre les Prêtres, à qui ils perçoient la tête avec des clous. Auffi on ne compte l'établiffement folide du Chriftianifme, & la converfion entiére de la nation, que depuis le regne de Volodimir, à la fin du dixiéme fiécle. Ils ont toujours confervé le Rit grec dans les cérémonies de la Religion.

Miciflas Duc de Pologne avoit épousé la fœur de l'ancien Boleflas Duc de Boheme; caṛ ces deux peuples Bohemiens & Polonois étoient Sclaves. Cette Princeffe nommée Dobrave étoit chrétienne, & travailla à la converfion de fon époux qui étoit encore payen. Elle le porta par fes exhortations continuelles à recevoir le Baptême. Plufieurs de fes fujets fe convertirent à fon exemple ; & leur premier Evêque nommé Jourdain, travailla beaucoup avec le Duc & la Ducheffe pour l'établissement de la Religion.

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EGLISE DE

FRANCE.

L

ARTICLE. I I.

Eglifes de France & d'Allemagne.

I.

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Es Normans après avoir ravagé la France pendant environ foixante & dix ans s'y établirent enfin, & embrafferent le chriftianifRégnes de me. Le Roi Charles le Simple voyant qu'il ne Charles le pouvoit pas leur résister résolut par le confeil des Seigneurs, de traiter avec eux. Il chargea Francon Archevêque de Rouen, de demander à Rollon leur chef une trêve de trois mois qu'il accorda. Les Normans étoient alors maîtres de Rouen & du pays d'alentour. Quand

Simple, & de

Raoul. Converfion des Normans.

la trêve fut expirée, les François recommencerent la guerre. Rollon de fon côté recommença fes ravages, & alla jufqu'en Bourgogne. A fon retour il affiéga Chartres. L'Evêque fortit au milieu des Efcadrons armés, revêtu comme pour dire la Meffe, & portant la croix & ce qu'on appelloit la chemise de la fainte Vierge. Les Normans furent repouffés, ce qu'on attribua à la vertu de cette Relique. Enfin les François las de voir leur pays ruiné, obligerent le Roi Charles d'engager l'Archevêque Francon à propofer la paix à Rollon, à condition qu'il fe feroit chrétien. La condition fut acceptée ; le traité fut conclu ; le Roi céda à Rollon tout le pays nommé depuis Normandie & la Bretagne. Il lui donna fa fille en mariage, & Rollon promit d'embraffer la Religion chrétienne, & de vivre en paix avec les François. Rollon dans fon Baptême reçut le nom de Robert. Il fit inftruire & baptifer fes Comtes, fes Chevaliers & toute fon armée. ne vécut que cinq ans depuis & les employa à donner de bonnes loix & à faire obferver exactement la juftice. Il rebâtit plufieurs églifes, & la Religion commença à refleurir dans toute la Normandie. Mais là converfion de ce peuple ayant été fi prompte, & la politique y ayant eu tant de part, il étoit difficile qu'elle fût fort folide dans les particuliers. Elle n'empêcha pas que la France ne fut toujours expofée aux ravages de ces barbares fous le foible regne de Charles le Simple.

II

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Les Seigneurs profiterent de l'occafion pour s'ériger prefque en Souverains. Ils en vinrent à une conjuration ouverte, & prirent dans une affemblée tenue à Soiffons l'an 920 la réfolution de ne plus le reconnoître pour Roi. Deux

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