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X.

Jean XVI.

Silveftre II.

Saint-Ange, par Crefcentius fils du Pape Jean X, & de la fameufe courtisane Théodora. Quelque tems après, Benoît VI fut étranglé dans la prifon. Son fucceffeur fut Donus, dont le Pontificat eft très-obfcur. Son fucceffeur fut Benoît VII qui fut élevé fur le Saint Siége au commencement de 975, & qui le tint neuf ans & quelques mois. Après fa mort Jean XIV fut nommé Pape. Mais Francon qui s'étoit fait élire dix ans auparavant fous le nom de Boniface VII eut tant de crédit, qu'il fit arrêter Jean XIV, le fit mettre au Château-Saint-Ange & dépofer. Quatre mois après il mourut de faim & de mifère dans cette prifon. Ainfi Boniface fut reconnu Pape. Mais il mourut fubitement vers la fin de la premiére année de fon Pontificat. Il étoit tellement haï, qu'après la fes créatures mêmes le percerent à coups de lances, le traînerent par les pieds & le laifferent tout nud dans la place devant la Statue Equeftre de Conftantin. Le lendemain matin quelques clercs prirent ce cadavre déchiré & l'enfévelirent.

mort,

Après la mort de Jean XIV, on élut Jean Jean XV. XV: mais foit qu'il foit mort avant que d'avoir Gregoire V. pu être ordonné, foit que fon ordination n'eût pas été canonique, on ne le compte point parmi les Papes, finon pour fervir de nombre. Jean XVI fut élevé fur le Saint Siége en 985. & le tint dix ans. Il étoit avare & difpofé à tout vendre. Après fa mort le Roi Othon Ill fit élire par le Clergé & le peuple de Rome, fon neveu Brunon qui n'avoit que vingt-quatre ans. Il prit le nom de Grégoire V. Mais quoiqu'il fut fi jeune, il ne le tint pas trois ans entiers. Crefcence le chaffa de Rome, & fit nommer à fa place un Grec qui fut appellé Jean XVI. L'Em

pereur Othon III voulant remédier aux défordres de Rome, y alla avec le Pape Gregoire. L'Antipape Jean s'enfuit, mais il fut pris par quelques ferviteurs de l'Empereur, qui lui couperent la langue & le nez & lui arracherent les yeux. Gregoire V mourut l'an 999. Othon fit élire Pape à fa place, fon Maître Gerbert Archevêque de Ravenne, qui prit le nom de Sylveftre II, & qui mourut l'an 1003. Ce fut à la priére de ce Pape, que l'Empereur Othon donna à l'Eglife de Verceil, la ville même de Verceil avec toute l'autorité publique ; & cette donation eft la premiére, où l'on voie la Puiffance publique donnée à une églife fans aucune borne.

II.

X1.

Rois

Grand, Gar

cia, Ordogne

Ramir II. Or

En Espagne, Alfonfe le Grand mourut l'an 910. Garcia lui fuccéda & ne régna que trois ans. EGLISE D'FSOrdogne II fon frere, qui regnoit déja en Ga-PAGNE. lice, s'établit à Léon, ancienne colonie Romaine & ville Epifcopale. Ce Roi enrichit cette Alphonfele églife, & la rendit une des plus confidérables d'Efpagne. Depuis ce tems, les Rois de cette par-11. Froila !! tie d'Efpagne prirent le titre de Rois de Léon. Alphonfe IV. Ce fut pendant le régne d'Ordogne II que le Pape dogne 111. Jean X envoia à Compoftelle un Légat, prier sanche le pour lui auprès du corps de faint Jacques. A cette occafion l'Evêque envoia à Rome un Prê- III. Bermond. tre, que le Roi chargea auffi de fes lettres, avec de riches préfens pour le Pape. Ce député fut bien reçu à Rome & y demeura un an › pendant lequel il eut quelque difpute avec les clercs de cette églife, touchant le rit Mosarabique ufité en Espagne.

gros. Ramit

XII.

Saint Gennade, Evêque d'Aftorga, qui mourut vers l'an 920, avoit été Abbé de Vierzo, ou S. Gennade. Saint Pierre des Montagnes. C'eft le monaftére que faint FruÂueux de Brague avoit fondé vers

guc.

XIII.

le milieu du feptiéme fiécle. Le lieu étoit devenu tout fauvage. Gennade avec les moines le défricha, & enfuite fut fait Evêque d'Aftorga. On voit par fon teftament, qu'il avoit rétabli plufieurs monaftéres ruinés par les Sarrafins, & qu'il les avoit foumis à la regle de faint Benoît. On voit par ce même teftament, que plufieurs monaftéres fe fervoient des mêmes livres, qu'ils fe prêtoient les uns aux autres. Ces livres qui étoient alors fi rares en Efpagne,étoient la Bible entiére, les Morales fur Job, les Vies des Peres, les Morales fur Ezéchiel, faint Profper, quelques Ouvrages de faint Ambroise & de faint Auguftin, les Lettres de faint Jérôme, le Livre des Regles qui eft peut-être le Recueil de faint Benoît d'Aniane. Vers la fin du regne d'Ordogne II, il y eut un combat contre les Sarrafins; deux Evêques furent pris & menés à Cordoue. L'un d'eux donna à fa place fon neyeu qui n'avoit que treize ans, & qui souffrit le martyre pour avoir réfifté courageufement à la paffion brutale du Roi Abderame. Ordogne, eut pour fucceffeur fon frere Froila II qui fut furnommé le cruel. Alfonfe IV. fon neuveu régna après lui l'an 926.

Après qu'Alfonfe eut regné quelques années, Diverfes af- il réfolut de quitter le monde & d'embraffer faires de l'E- la vie monaftique. Comme fon fils Ordogne glife d'Efpa. étoit trop jeune pour regner, il céda le Roiaume à fon frere Ramir. Mais aiant enfuite voulu reprendre la Couronne, il fut pris par fon, frere, qui lui fit crever les yeux. Ramir II bâtit, pour fa fille dans la ville de Léon, un grand monaftere en l'honneur de faint Sauveur. Il en bâtit encore quatre autres ; & à la fin de fa vie il reçut par les inftantes priéres des Evêques l'habit monaftique, & mourut après un régne

1

de dix-huit ans. Son fils Ordogne III lui fuc-
céda, & ne regna qu'environ fix ans. Son oncle
Sanche-le-Gros fut enfuite Roi pendant douze
ans. Du temps de ces Rois vivoit l'Abbé Dul-
quite, qui avoit plufieurs monafteres fous fa
conduite, & gouvernoit plus de deux cent
moines. Son fucceffeur fut Salvius, homme
fçavant & éloquent, qui dreffa une regle pour
les religieufes, ce qui fait croire qu'il en avoit
auffi fous fa conduite. Il compofa des Hymnes,
des Oraifons & des Meffes ; & tout ce qu'il
écrivoit étoit plein d'onction. Il eut entre autres
difciple un nommé Vigila, qui en 976 fit un
recueil de foixante & un Conciles, de cent
une Décrétales & de quelques autres Ouvra-
ges. Ramir III régna quinze ans après San-
che-le-Gros fon pere. Pendant fon enfance,
fa tante Elvire gouverna en fon nom. C'étoit
une Princeffe d'une éminente piété & d'une
rare prudence. Ramir III vécut en paix avec
les Sarrafins. Les Comtes de Galice, de Léon
& de Caftille, s'ennuiant de fon foible gou-
vernement, reconnurent pour Roi Bermond
II. Les Sarrafins prirent vers l'an 980 Siman-
ca dans le Roiaume de Léon, passerent au
fil de l'épée la plûpart des habitans, menérent
en captivité le peu qui reftoit, les chargérent
de chaînes, & les tinrent en prifon deux ans
& demi. Ces Chrétiens béniffoient Dieu au mi-
lieu de leurs fouffrances ; & comme ils demeu-
rerent fermes dans la foi, ils furent mis à
mort par ordre du Roi, & fouffrirent le martyre.
Vers le même temps mourut faint Rudefin-S. Rudefinde.
de Evêque de Dumes. Il étoit de la premiére
noblelle. Sa mere qui avoit beaucoup de pié-
té, lui procura une fainte éducation. On croit
qu'il n'avoit pas vingt ans, lorfqu'il fut fait

XIV.

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XV.

Evêque de Dume. Il fonda le monaftere de
Celle-neuve en Galice, & y fit fa réfidence.
On croit que les moines formoient fon Cler-
gé, & le foulageoient dans fes fonctions. II
avoit un parent nommé Sifenand, qui étoit Evê-
que d'Iria, dont le Siége fut depuis transféré à
Compoftelle. Comme il ne menoit point une
vie eccléfiaftique, & qu'il employoit fon temps
à jouer & à fe divertir, il devint très-odieux
non-feulement à fon Clergé & à fon peuple,
mais aux Grands & au Roi qui le fit enfermer.
Rudefinde fut contraint de fuppléer à l'absence
de Sifenand, & de prendre foin de cette église.
La Galice étant alors attaquée par les Normans,
& le Portugal par les Sarrafins, Rudefinde af-
fembla des sroupes, marcha contre les ennemis
& les repouffa. Il rentra victorieux dans Com-
poftelle au milieu des acclamations du peuple.
Cependant l'Evêque Sifenand qui étoit toujours
en prifon, vint à bout de rompre fes fers &
de fortir. Il menaça Rudefinde de le
percer
fon épée s'il ne fortoit de la ville. Peu de
temps après, cent bâtimens Normans abordé-
rent en Galice. Ces Barbares firent de grands
ravages autour de Compoftelle, & tuérent
l'Evêque Sifenand. On dit que Rudefinde renon-
ça à la dignité & embraffa la vie monaftique ;
qu'il gouverna plufieurs monafteres en Galice
& en Portugal, & qu'après fa mort il fe fit beau-
coup de miracles à fon tombeau.

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de

Bermond II, qui fut Roi de Léon depuis l'an Ravages des 982 jufqu'après l'an 1000, commit de grandes Musulmans. injuftices, & donna dans des excès de débauches. On regarda comme la punition de fes péchés & de ceux de fes fujets, qui étoient portés au mal par l'exemple de leur Souverain l'irruption des Mahometans dans fes Etats

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