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de, & de tous les vices qui regnent dans le monde. 9. Un Paradis à gagner par nos bonnes œuvres. 10. Un temps à ménager précieufement. 11. Des occafions de peché à éviter foigneufement. 12. Enfin fouvenonsnous que nous avons la mort à fouffrir & le jugement de, Dieu a fubir; ce qui doit nous porter à faire chacune de nos actions, comme fi elle devoit être la derniere de notre vie, & qu'il fallut auffitôt après l'avoir faite, en aller rendre compte au Tribunal de Dieu.

Rappellons frequemment le fouvenir de la présence de Dieu, qui voit tout ce que nous faifons, qui entend zout ce que nous difons, qui connoit tous nos defirs, Toutes nos affections & toutes nos pensées les plus fecrettes; & que cette verité nous empêche de rien faire, de rien dire, de rien aimer, de rien defirer, de rien penfer volontairement qui puiffe déplaire à ce fouverain Juge, qui prononcera un jour la sentence qui nous rendra heureux ou malheureux pour toute l'éternité: que cette même verité nous portè à demander à Dieu avec ferveur les graces neceflaires pour nous acquitter exactement de tous nos devoirs, avec promptitude & avec ferveur, dans la feule vue de plaire à Dieu, qui confidere fans ceffe avec une grande attention toute notre conduite, & qui prépare des recompenfes infinies & éternelles pour ceux & celles qui auront bien vêcu dans la pratique du bien, & des châtimens infinis & éternels. pour ceux & celles qui auront vêcu dans le défordre.

Souvenons-nous que nous fommes obligés d'implo rer fans cefle le fecours de la grace de Dieu, pour combattre fans relâche notre humeur, notre panchant may. vais, notre propre volonté, nous fouvenant que nous n'obtiendrons le royaume du ciel qu'en nous faifant une continuelle violence, & que plus nous mortifierons nos paffions & nos inclinations, plus nous avancerons dans. la vie fpirituelle.

Enfin fuivons l'avis que Notre Seigneur Jesus Christ nous donne lui-même par ces paroles: Confiderez, veil lez, priez. Prévoyons & confiderons attentivement les Occafions du peché, qui peuvent fe rencontrer dans le Cours de la journée; les habitudes aufquelles nous foms

mes fujets, les inclinations qui dominent dans notre cœur, nos devoirs & nos obligations envers Dieu, envers notre prochain & envers nous mêmes, envers no tre famille, nos emplois, nos domeftiques, &c. Veil lons fur nous pour ne nous pas laiffer furprendre aux tentations du demon, de la chair & du monde; pour contenir notre langue, notre vûe, notre ouie, notre goût & nos autres fens dans la modeftie, pour nous mettre en défense contre le peché. Mais parce que toute la vigilance & la prévoyance humaine ne fervent de rien, fi Dieu ne nous garde & ne veille lui-même fur nous, s'il ne nous protege, s'il ne nous affifte & s'il ne nous foutient continuellement par le fecours de fa grace: élevons fans ceffe notre cœur vers lui pour implorer la protection & fon affistance, dont nous avons befoin à tout moment pour éviter le mal, & pour faire le bien. De la Méditation.

I faut tâcher de faire tous les jours devant ou après la Meffe,une demie heure ou au moins un quart d'heure de méditation ou oraison mentale. Ceux qui gagnent leur vie par le travail aux jours ouvriers, devroient faire cet exercice au moins aux jours de Dimanches & de Fêtes; c'eft un grand moyen d'avancer dans la vertų &perfection chrétienne.

On fe perfuade volontiers qu'on n'eft point capable de méditer, & que la méditation ou oraifon mentale eft un exercice génant & difficile : qu'il n'eft que pour les perfonnes retirées, & qui font hors de l'occupation des affaires. On s'imagine auffi que cet exercice deman de beaucoup d'efprit & de lumiere, mais c'eft une er reur. La méditation ou l'oraison mentale n'eft rien auare chofe, qu'une attention ferieufe aux veritez de la Religion, qu'on peut lire dans un bon livre. Elle confifte à confiderer comment nous pouvons regler notre conduite fur ces verités & à faire de bonnes refolutions. Pour faire la méditation ou l'oraison mentale, nous pouvons nous fervir de la méthode fuivante.

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Après nous être mis en la prefence de Dieu, & après avoir demandé la grace de bien méditer, faisons unc bonne lecture pour apprendre les veritez de la Religion.

On peut lire à cette fin une partie des avis qui font renfermés dans l'article precedent, ci-deffus pag. 1o. out dans l'article des avis pour la conduite de notre vie, qui eft dans la feconde Partie de ce Livre. Lifons len. tement & pofément : confidérons ce que nous lifons avec grande attention, remettons-nous ces verités dévant les yeux, & prions Dieu qu'il nous faffe connoître ce qu'il demande de nous par ces verités : appliquons ces verités generales à nos défauts ou à nos befoins particuliers; enfuite formons le défir d'en faire ufage, & la réfolution de nous corriger, & nous déterminons à prendre les moyens les plus propres à réfor mer notre vie.

Mais qu'est-ce que les réfolutions de la créature foible & impuiffante comme elle eft, fi Dieu ne la foutient, ne l'anime & ne la fait agir par fa grace. C'eft pourquoi il faut lui offrir nos lumieres, nos réfléxions & nos réfolutions, afin qu'il les beniffe, qu'il les rende utiles à notre falut, & qu'il nous rende fidéles à les fuivre, & à les mettre en pratique dans les occafions. Ce n'est donc pas fur nos réfolutions que nous devons nous ap puyer, mais fur la grace qu'il plaira à Dieu de nous donner. Il faut la défirer avec ardeur, la demander avec humilité, & l'attendre avec confiance, mais fans préfomption. Car fi nous avons fujet de tout efperer de la bonté de Dieu, & des mérites de Jefus-Christ, nous avons fujet de craindre que nos pechez & nos infidélités pallées & journalieres ne nous en rendent indignes.

De la Messe.

Ne perfonne qui veut vivre chrétiennement, ne doit pas manquer, autant qu'elle peut, d'affifter tous les jours au faint facrifice de la Mefle, c'eft manquer de foi & de zele pour fon falut, de négliger une pratique fi fainte & fi falutaire.

que

fe

Pour comprendre les grands avantages que l'on peut tirer de l'affistance à la fainte Meffe, il ne faut fouvenir que la fainte Mefle eft non feulement la répréfentation du facrifice que Jefus-Chrift a offert à Dieu fon Pere fur le Calvaire, en y mourant fur une croix pour fatisfaire à fa juftice pour nos pechez, & pour

nous meriter fes graces & fon royaume : : c'est auffi la continuation du même facrifice qui a été offert fur la croix; parce que dans la Mefle, le même Jefus-Chrifty fon même corps, fon même fang font prefens fur l'au tel, où ce divin Sauveur s'offre lui-même à Dieu fort Pere par les mains du Prêtre, pour les mêmes fins pour lesquelles il s'eft offert fur le Calvaire. On en retire auffi les mêmes avantages, puifque le prix du fang de Jefus-Chrift qui a été verfé pour nous fur la croix, & les merites infinis nous font appliquez dans le faint facrifice de la Meffe.

Quoique la pratique de faire dire des Meflès pour foi ou pour les autres vivans ou morts, foit falutaire, il s'y gliffe plufieurs abus, dont on croit devoir parler ici, afin qu'on s'en donne de garde. 1. C'est un grand abus de faire dire des Meffes plûtôt que de payer fes det tes; car c'est commettre une injuftice envers le pro chain, & c'eft en quelque façon vouloir rendre Dieu complice d'une espece de larcin. 2 c'est auffi un abus de fruftret de pauvres parens de ce qui leur eft neceffaire pour faire dire quantité de Mefles après la mort : ce qui eft encore une autre forte d'injuftice. 3. c'eft encore un abus fort commun, de ne faire prefque jamais dire des Melles, que pour des chofes temporelles, par exemple, pour obtenir la fanté du corps, pour réuffir dans une entreprife, pour gagner un procès, pour retrouver une chofe perdue, & découvrir le voleur, &c. & on n'en fair prefque jamais dire pour fa converfion, pour recouvrer la grace de Dieu perdue par le peché mortel; pour être delivré des ennemis de fon falut, pour furmonter une tentation, vaincre une mauvaise habitude, &c. fi un mari, une femme, un enfant, font malades, on fait au plutôt dire la Meffe pour leur guerifon : mais fi ce mati eft un jureur, un yvrogne; fi cet enfant est un libertin, on n'a pas le même foin. Enfin un quatrième abus eft qu'on ne fait dire que très-rarement des Meffes en action de graces pour les bien faits temporels & fpirituels. On a demandé à Dieu la fanté, le gain d'un procès une bonne recolte, il a accordé ces demandes, on ne penfe pas à l'en remercier,

Le facrifice de la Meffe ne peut être offert qu'à Dieu feul; & fi on y fait memoire de la Sainte Vierge & des Saints, c'eft afin qu'ils uniffent leurs prieres aux nôtres.

Comme les Prêtres ne font que les miniftres de JesusChrift,s'ils offrent le facrifice au nom & comme députés de toure l'Eglife, ce n'eft que parce qu'ils reprefentent Jefus-Chrift le fouverain Sacrificateur, qui a ordonné à tous les Prêtres en la perfonne des Apôtres, de continuer cet augufte facrifice, en leur difant la veille de fa Paffion, & après avoir changé le pain en fon corps, & le vin en fon fang: faites ceci en memoire de moi. J. C. s'offre donc lui-même invifiblement fur l'Autel; dès que les paroles de la confecration font prononcées, le pain eft change en fon corps & le vin en fon fang. Les Prêtres l'offrent visiblement en récitant les paroles du Canon qui fuivent celles de la confecration ; & les fidéles offrent auffi Jefus-Chrift, en s'uniflant à ce divin Sauveur & Mediateur, comme au chef dont ils font les membres, & en fe joignant au Prêtre comme au miniftre qui fait cette fonction pour eux, & pour tout le corps de l'Eglife. Auffi ne dit-il pas, je vous offre, mais nous vous of frons; parce qu'il n'offre pas feul; mais conjointement avec tous & pour tous les fidéles qui font prefens, & même au nom de tous ceux, & pour tous ceux qui font abfens & répandus par toute l'Eglife. Mais puifque les fideles offrent ainfi Jefus Chrift, qui eft un Dieu infiniment Saint, puifqu'ils doivent s'unir à cette victime pure & fans tache, il eft donc neceffaire qu'ils ayent la confcience exemptede tout peché mortel, ou au moins qu'ils ayent un defir veritable & fincere de fe convertir, de changer de vie, & de faire de dignes fruits de penitence.

C'eft pourquoi dans les premiers fiecles de l'Eglife on ne permettoit pas d'affister aux faints mysteres à ceux qui n'étoient pas en état de communier, on les faifoit fortir de l'Eglife après l'inftruction ou le Prône, avant de commencer le facrifice.

Quoique l'Eglife ait changéde discipline en permettant d'affifter à la fainte Melle fans communier, fon indulgence ne permet pas pour cela d'y affifter avec de

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