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felon fon pouvoir tous les torts & tous les fcandales qu'on a caufé.

Il ne fuffit pas d'avoir quitté certains pechés exterieurs & groffiers, il faut avoir quitté tous ceux qui font incompatibles avec l'amour de Dieu, quelques autorisés qu'ils puiffent être par la coutume. Une paffion exceffive de paroitre ou de s'enrichir, une negligence confiderable à -veiller fur fes enfans ou fur fes domeftiques, des parures immodeftes, une vie d'oifiveté & de plaifir, &c. peu. vent être de ce nombre.

5. Il faut pour avoir cette pureté de conscience joindre au retranchement des vices toutes les vertus chrétiennes dans un certain degré, l'humilité, la chasteté, la pa-tience, la douceur, la charité fraternelle, & fur tout un amour de Dieu qui domine dans le cœur, par lequel nous préferions veritablement Dieu à toutes chofes, nous nous raportions à lui & nous foyons prêts à tout perdre & à tout fouffrir plutôt que de l'offenfer. Malheur à quiconofe aller à la table facrée fans avoir la robe de la pureté de confcience.

que

Examinons-nous donc avec foin, felon le confeil de l'Apôtre, avant de nous aprocher de la fainte communion; failons une épreuve rigoureufe de nous-mêmes, de crain-te de commettre un horrible facrilege en communiant indignement. Renonçons pour toujours au peché & à toutes les occafions du peché: fouillons jufqu'aux plus fecrets replis de notre conscience, pour voir s'il n'y refte point quelque attachement & quelque affection criminelle. Détachons-nous de tout ce qui peut déplaire à Dieu & nous faire perdre fa grace. Purifions nous par les gémiflemens, les humiliations & les travaux de la penitence. Que le befoin que nous avons de cette divine nourriture pour reparer la perte de nos forces fpirituelles nous porte à communier le plus fouventqu'il nous fera poffible; que notre unique douleur foit de nous en voir privés, notre unique crainte de tomber dans le peché qui nous en prive ou qui la tourne en poison, notre unique foin de nous y bien préparer & d'être du nombre des bons, pour qui elle eft la vie & le germe de l'immortalité bienheu reuse,

Left bon de faire faire aux enfans leur premiere conamunion le plutôt qu'il fera poffible, afin que l'Eucha riftie les fortifie contre les tentations, aufquelles la jeu. neffe doit les expofer. Mais il faut auffi que l'on ait foin de conferver en eux par une éducation chrétienne la grace & l'innocence du Batême. Car s'ils font tombés dans quelque dereglement & qu'ils ayent déja contractés quel que habitude criminelle, loin de les prefler de commu nier, il faut attendre au contraire qu'ils ayent allez de lumiere pour connoitre la mifere de leur état, l'indifpo fition où ils font pour la communion, le befoin qu'ils ont de fe corriger & d'apaifer Dieu par la penitence.

Il n'y a rien de fi dangereux que de leur faire croire des cet âge qu'il n'y a qu'à favoir le catechifme & à fe confetler pour communier. En leur recommandant de faire une confeffion generale pour fe préparer à leur premiere communion, il faut leur infpirer que c'eft pour changer de vie, pour renouveller leur ame, pour reparer la grace du Batême, pour fe confacter à Dieu & pour faire avec Jui une nouvelle alliance qu'ils doivent garder toute leur

vie.

De la Communion pafchale.

A ferveur & la pureté des premiers Chrétiens les ren. doient dignes de communier tous les jours; mais nous fommes a prefent fi éloignés de leur pieté, que non feulement nous fommes indignes de la communion, mais nous ne penfons pas même à nous en rendre dignes. Il a donc fallu que l'Eglife fit une loi pour obliger fes enfans à s'aprocher au moins une fois chaque année de ce pain divin, fans lequel ils ne peuvent avoir la vie éte: nelle, afin que cette obligation les fit rentrer en eux-mêmes, pour purifier leur confcience & les mettre en état de faire dignement la communion qui leur eft commandée.

Car il ne faut pas s'imaginer que l'Eglife ordonnant de communier à Pâques, ordonne ou permet qu'on falle une communion facrilege. Les menaces dont elle ufe en. vers ces mauvais Chrétiens qui par une negligence cri minelle ne veulent pas fe disposer à recevoir la commu. nion pafchale, ne regardent pas ceux qui s'adrefiant aux

Prêtres pour recevoir la penitence de leurs fautes, remettent par leur ordre ou par leur avis leur communion, jufqu'à ce qu'ils puiffent aprocher de l'Autel avec les dif pofitions requiles pour en aprocher dignement.

Quand Pâques eft venu, on ne demande qu'à communier & on ne pense point à fe convertir. On pretexte le commandement de l'Eglife, & on ne confidere pas que l'Eglife veut que les enfans communient, afin qu'ils vi vent & non pas afin qu'ils meurent de cette mort terrible que les méchantes communions operent dans les ames.

Un autre défaut des communions pafchales eft qu'on ne fe prépare que la veille ou lejour même qu'on doit communier. Cependant tout le carême devroit être employé dans cet exercice, & l'Eglife recommande aux fidéles de fe confeffer dès le commencement du carême, afin de recevoir les avis & les penitences qui puiflent pendant ce faint tems les rendre dignes de l'Eucharistie.

Du Viatique.

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N apelle Viatique, la provifion de vivres que fait un voyageur, avant que de fe mettre en chemin ; & on donne ce nom à la communion que font les malades qui étant en danger de mort,fe veulent préparer au grand voyage de l'éternité. L'Euchariftie étant le fceau de la paix de l'homme avec Dieu & le gage de la gloire future, il ne faut point fortir, s'il eft poffible, de ce monde fans ce fceau & ce gage.

Le malade qui reçoit leViatique doit donc avoir dans l'efprit le voyage qu'il va faire, renoncer à cette terre des mourans , pour ne plus penfer qu'à l'autre vie, & prier Jefus Chrift d'être fon guide dans ce paffage, fa force dans ce dernier combat, la patience dans les douleurs, fa confolation dans les frayeurs de l'agonie, fa lumiere dans les tenebres & fa vie dans la mort même, mais fur tout qu'il foit fon mediateur & fon avocat dans le compte qu'il va rendre à Dieu de toute fa vie. Qu'il s'humilie devant fon juge & qu'il s'abandonne avec confiance à fon Sauveur qu'il entre dans un regret fincere du mauvais ufage qu'il a fait des Sacremens & des graces qu'il a reçues qu'il offre toutes les peines de fa maladie en penitence, & qu'il n'ait plus d'autre recours qu'à celui qui le vient

vifiter, par la prefence de fon corps, en le priant en même tems de le vifiter par l'abondance de fa grace; enfin qu'il entre dans le fentiment du bon Simeon,après qu'il ent reçu notre Seigneur, & qu'il dife comme lui avec une fainte joye: maintenant je mourrai en paix, puisque j'ai reçu mon Sauveur.

EXERCICE POUR LA COMMUNION.

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De ce qu'il faut faire avant la Communion.

Oute notre vie devroit être une preparation continuelle pour nous rendre dignes de la plus grande de toutes les graces, qui eft de communier dignement: mais il faut prendre au moins quelques jours pour s'y preparer encore plus particulierement.

Il faut donc quelques jours avant la communion & principalement la veille s'y difpofer par des prieres plus ardentes & par des bonnes œuvres faites dans cette vue: par exemple, retranchant quelque chofe de fon fommeil, de les repas, gardant le filence & la retraite, pratiquant quelques œuvres de mifericorde corporelles ou fpiri tuelles.

Il faut nous endormir le foir qui precede la commu‹ nion dans la pensée du bonheur que nous efperons; rappeller cette pensée pendant la nuit, fi nous nous éveillons, la rapeller fur tout le matin à notre reveil & nous en occuper autant que nous le pourrons jufqu'au tems de la communion, en tâchant de nous mettre dans les difpositions avec lesquelles on doit en aprocher, qui font i. la pureté du cœur: 2. l'ardeur de la charité : 3. la mortification des paffions: 4. le détachement des créatures: f. l'union avec Dieu. Afin d'entrer dans ces difpofitions, il faut confiderer 1.la grandeur de celui qui fe donne à nous. 2. notre baffeffe & notre néant ; 3. la maniere pleine d'amour avec laquelle il fe donne ; 4. la fin pour laquelle il fe donne, qui eft pour nous fanctifier, pour être la nourri ture de notre ame, fon foutien & la force: & enfin pour nous donner un gage de la gloire qu'il nous prepare dans l'autre vie.

Il faut encore avant d'aprocher de la fainte communion remercier Dieu du pardon de nos pechés, que nous nous confions qu'il nous a accordé dans le Sacre

ment de Penitence, & renouveller la contrition que nous y avons conçue, les refolutions que nous y avons prises, & les promeffes que nous y avons faites.

Il faut auffi nous reprefenter les fins pour lesquelles nous nous propofons de communier, qui font 1. de glorifier Dieu & lui rendre nos hommages par notre Sei gneur Jefus Chrift. 2. Pour meriter l'accompliflement des promeffes qu'il a faites à ceux qui mangeront fa chair & boiront fon fang. 3. Pour renouveller le souvenir du miftere de notre Redemption que Jesus-Christ a operé par la paffion & par fa mort, & pour en concevoir une vi. ve reconnoiffance. 4. Pour demander à Dieu l'union & la paix de la fainte Eglife, dont l'Euchariftie eft le fimbôle, le gage & le lien. 5. Pour nous fortifier dans la vie de la grace, pour acquerir l'augmentation de la charité & des autres vertus, & recevoir le gage de la refurrection & de la vie éternelle.

Outre ces vues generales, il faut nous propofer auffi quelque fin particuliere, comme d'entrer dans le miftere que l'Eglife celebre ce jour-là, d'obtenir de Dieu la grace d'imiter le Saint dont on fait la fête, de nous corriger de quelque défaut & d'avancer dans quelque vertu, de le remercier de quelque grace que nous en avons reçue, de lui demander la converfion de quelque pécheur, ou quelqu'autre grace pour nous ou pour les autres.

Le principal ornement du corps, lorfqu'on vient à une action fi fainte, eft fans doute le filence & la modestie. La robe nuptiale fe trouve fous les haillons du pauvre même. Il eft cependant de la décence & du refpect dû aux faints mysteres, de garder dans fes habits & dans tout fon exterieur, lorsqu'on en aproche, toute la bienséance & toute la propreté qui convient à chacun dans fon état : il y auroit de l'indécence d'en aprocher le vifage crafleux, les cheveux mal peignez, avec du linge & des habits mal propres, en deshabillé, & d'une maniere avec laquelle on ne voudroit pas paroître devant une perfonne de confideration. Mais des parures exceffives & de vains ornemens conviennent beaucoup moins pour recevoir un Dieu caché qui obfcurcit tout l'éclat de fa gloire.

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