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bien fe diftinguent du commun en violant au moins quelqu'une de ces loix. Car les uns fe marient avec des perfonnes qui leur font parentes ou alliées dans un degré défendu les autres le font fans avoir fait publier tous les bans: les autres à des heures indues : & d'autres dans des tems qui font confacrés à la penitence, & dans lesquels l'Eglife pour ce fujet a deffendu fagement la folemnité des noces. On dira peut-être que ce font des formalités qui - n'obligent plus dès qu'on en a obtenu la difpenfe. Mais il eft bon de favoir que ce qui eft permis devant les hom⚫ mes, ne l'eft pas toujours devant Dieu, & quand on n'a pas quelque raifon folide pour vouloir être difpenfé d'une loi qui a été faintement établie, on a fujet de craindre que -Dieu ne puniffe par des fuites funeftes le violement qu'on en fait & il n'eft pas malaifé d'en trouver quantité = d'exemples terribles.

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Des Fiançailles.

Ne des principales regles de l'Eglife,eft que les perfonnes qui veulent contracter mariage, en aillent -faire une promeffe publique & folemnelle dans la Paroiffe de l'une des deux parties & en prefence du Curé; c'eft ce qu'on apelle les Fiançailles, lefquelles il eft bon de faire felon l'efprit de l'Eglife avant la publication du premier ban. Là on les avertit d'une chofe très-importante, qui eft de ne point demeurer dans une même maison jufqu'au jour du Mariage, & de ne fe voir pendant tout ce tems qu'avec une honneteté qui falle connoitre à tout le monde que ce font des chrétiens qui fe marient.

C'est un étrange aveuglement de croire que l'attente d'un Mariage rende permis ou tolerable ce qui ne le feroit pas dans d'autres circonftances. Les affiduités ne font ja. mais plus à craindre, parce qu'elles ne font jamais plus funeftes. Faut il s'étonner s'il y a tant de mariages infortunés, puifqu'il arrive fi fouvent que l'on le prépare à un Sacrement par des crimes. Ceux donc qui font fiancés, auffi bien que tous ceux qui fe frequentent dans la vue de le marier, ne devroient point converser ensemble hors la vue de quelque perfonne fage: car il y a beaucoup de danger de converfer feul à feul. Les parens ne devroient jamais permettre ces converfations de leurs enfans hors

leur vue ou de perfonnes fideles ; la jeunesse eft fort fra gile, & le demon les fera tomber immanquablement dans quelque faute, fans cette précaution.

Ceux qui font fiancés doivent fe difpofer au grand Sa crement qu'ils efperent recevoir par des prieres plus fie. quentes, par les aumônes, les bonnes œuvres & par une grande retenue, afin d'obtenir de Dieu la benediction dans une action d'où dépend le bonheur temporel & éter. nel de l'un & de l'autre.

Pour revenir à la ceremonie des Fiançailles, elle se doit faire avec toute la modeftie poffible, & les deux perfon. nes qui fe fiancent, doivent dans cette action élever jeur cœur à Dieu pour le prier humblement qu'il benifle la promefle qu'ils vont faire & le Mariage qui doit fuivre quelques jours après cette promeffe. Ceux qui affiftent à cette ceremonie doivent faire la même priere à Dieu pour les fiancés.

Du jour des Noces.

S'll y a quelques jours dans la vie où on a plus befoin de prieres pour attirer le fecours de Dieu, on peut dire que le jour du Mariage en eft un, vu les fuites qu'il doit avoir, felon que Dieu y répandra fa benediction ou sa malediction. Les perfonnes qui veulent se maries chrétiennement, ne viendront donc à l'Eglife qu'après avoir reçu peu de jours auparavant la fainte Communion, & après avoir ce jour-là même beaucoup recommandé à Dieu le mariage qu'ils doivent contracter. Il est juste qu'ils foient habillés en perfonnes qui doivent faire pa Toitre la joye qu'ils ont de s'unir l'un & l'autre : mais s'il eft à propos que ces ornemens ayent quelque magnifi cence felon la qualité des perfonnes qui fe marient, ils doivent en même tems être modeftes: l'époufe qui ne doit plaire qu'à fon mati, lui doit plaire par fa modeftie & fa pureté, non pas par des ajuftemens qui expofent ce qu'elle doit cacher, fi elle a une pudeur vraiement chie

tienne.

Le refpect avec lequel ils paroitront tous deux dans l'Eglife en doit infpirer à tous ceux qui les accompagneront, & ils doivent éviter de convier à cette ceremonie des étourdis & des libertins qui ne font capables que de

faire

faire des folies & des indécences, non feulement dans la mailon, mais même dans le temple de Dieu. A Dieu ne plaife qu'ils ayent avec eux des impies, qui loin de prier avec eux dans l'Eglife & pour eux, ne feroient qu'irriter Dieu par leurs irreverences facrileges.

Etant arrivés à l'Eglife pour y recevoir le Sacrement de Mariage, ils doivent recommander de nouveau à Dieu l'action qu'ils vont faire, & prier la fainte Vierge, Jeur Ange gardien, leut Patron & tous les Saints, d'interceder pour eux auprès de la divine Majefté, afin qu'ils obtiennent par les merites de Jefus Christ la grace de recevoir dignement ce Sacrement.

Lorfqu'ils feront devant le Prêtre, ils écouteront avec respect l'inftruction qu'il leur donnera : & quand ils répondront qu'ils fe prennent l'un & l'autre pour époux, comme c'eft en cette acceptation mutuelle faite en prefence du Curé qui la benit comme miniftre de Jefus Chrift que s'opere le Sacrement, ils éleveront leurs cœurs à Dieu - pour le prier interieurement de fanctifier du haut du Ciel par fa grace cette union qu'ils contractent entr'eux fur la terre: ils prieront Dieu en même tems de ne point - permettre que par la mauvaise conduite de l'un ou de l'autre ils foient obligés d'en venir à une féparation,& à =rompre une union qui doit être fi étroite & fi inviolable.

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Ceux qui affiftent à cette ceremonie doivent demander à Dieu pour ceux qui se marient qu'il fanctifie du Ciel cette union qu'ils contractent fur la terre, qu'il beniffe leur Mariage, & qu'il unifle leurs cours pour toujours par le lien de la charité. Ils ne doivent pas oublier de reparer auffi les fautes qu'ils peuvent avoir faites en pareille occafion, en s'humiliant, en demandant pardon à Dieu, en entrant dans des difpofitions plusChrétiennes.

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Du feftin des Noces.

L doit y avoir une grande difference entre des noces de Chrétiens & celles de perfonnes qui ne connoillent point Dieu ces derniers confacrent au démon prefque tout le jour de leur Mariage.

La fin toute charnelle pour laquelle ils fe marient, l'impieté des conviés, les irreverences dans l'Eglife, les excès de la table, les emportemens & les infolences, les S

I. Partie.

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danfes & les chansons diffolues, & toutes les autres chofes qui fe paffent a leurs noces, font autant de facrileges of ferts à l'ennemi des hommes qui prefide à ces Mariages, & qui devient par ces funeftes commencemens le maitre de toute la fuite qui en dépend.

Mais ceux qui craignent Dieu fe réjouiffent en lui & felon lui, ils n'invitent que des perfonnes fages avec lef quelles ils font un repas, où il ne s'y pafle rien que d'hon nête, imitant ces Saints dont il eft dit dans l'Ecriture, qu'ils le mettoient à table en beniflant Dieu, & qu'ils celebroient le feftin des noces avec la crainte du Seigneur Cette crainte empêchera qu'on n'y falle des excès dans le boire ou dans le manger, & qu'on n'y dife des paroles diffolues & deshonnêtes.

Ce feftin peut être plus ou moins magnifique, selon la qualité & le pouvoir des perfonnes; mais les riches auront foin en même tems de nourrir ce jour-là quelques pauvres ou de leur faire quelques aumônes, afin de fanctifier leur banquet par cette action de pieté : & les pauvres prendront garde de ne point faire follement le jour de leurs noces un repas qui paffe leurs forces, qui les endette & qui les incommode dans la fuite.

L

Des devoirs des gens mariés.

E Mariage a été inftitué non pour donner toutes for. tes de libertés à la concupifcence, mais pour l'empêcher de fe porter à des excès,pour la regler, pour la contenir en de certaines bornes, & pour la faire fervir à une fin honnête & legitime, comme dit faint Auguftin. C'eft pourquoi le même faint Docteur déclare après faint Ambroife, qu'un homme qui vit avec incontinence dans le Mariage, devient en quelque maniere l'adultere de fa propre femme. Les perfonnes mariées doivent donc,non feulement éviter toute affection étrangere & illégitime, mais auffi ufer du mariage avec la moderation & l'honnêteté conforme à la chafteté conjugale que Dieu exige des Chrétiens.

Les gens mariés doivent fe garder une fidelité inviolable, & fe rendre le devoir toutes les fois que l'une des deux parties le requiert de l'autre, & que rien ne les en difpenfe. Elles peuvent en tout tems garder la continence

pourvu que ce foit d'un commun accord, & l'Apôtre leur recommande cette vertu, principalement dans les tem's confacrés à la priere & à la penitence. Les premiers Chrétiens fuivoient exactement cette regle, ne manquant jamais de joindre la continence à l'abitinence dans les jours de penitence. L'Eglife y obligeoit même autrefois tous les fidéles pendant le Carême : elle les exhortoit encore à le faire quelques jours avant & aprés la fainte Communion: de forte que pour fuivre fon efprit & celui de l'Apôtre, il eft bon dans les jours de jeûnes, de fêtes & ceux aufquels on fe difpofe à recevoir la fainte Euchariftie, d'oublier les titres d'époux & d'époufe pour fe fouvenir qu'étant pecheurs il faut apaifer Dieu par les gémiffemens & les aufterités, & que lorfqu'on reçoit le corps formé d'une Vierge, il eft jufte d'aprocher autant que l'on peut felon le corps même de la pureté des Vierges.

Il faut néanmoins remarquer que dans les jours même aufquels l'Eglife commandoit autrefois & recommande encore la continence, ce doit être tellement d'un commun confentement, que celui des deux qui a le deffein de fe conformer à l'Eglife, ne perd rien de fon merite devant Dieu en obéillant & rendant ce qu'il doit, & que même il pourroit pécher griévement, s'il vouloit garder la continence fans le confentement de l'autre.

La fin principale du Mariage étant la naiffance des enfans, il est naturel aux gens mariés d'en défirer; ils pecheroient même s'ils fouhaitoient de n'en point avoir, & fur tout s'ils ufoient d'artifices & de moyens pour empêcher la fecondité de leurs femmes. Mais ils ne doivent defirer des enfans que pour les donner à Dieu, & pour les confacrer à fon fervice.

Lorfqu'ils ont des enfans, ils font obligés de les former à la vertu, de leur donner une bonne éducation dès leurs plus tendres années, & d'avoir foin de leur infpirer l'efprit & les fentimens du Chriftianifme, plutôt que de les corrompre par l'air & les maximes contagieufes du monde.

Il faut néanmoins qu'ils pensent à leur établissement temporel & à les marier, lorfqu'ils témoignent être por tés à ce genre de vie. Mais il ne leur eft jamais permis

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