Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ver continuellement on n'y penfe plus & on y infenfible.

devient

- En effet l'experience fait voir que les peres & meres qui querellent inceflamment leurs enfans, en font bien moins obéis que les autres, & n'ont prefque point de credit fur leur efprit ; c'eft pourquoi ceux qui veulent conferver leur autorité, doivent la ménager, & n'avoir recours aux reprimandes & aux châtimens que dans les occafions importantes : & en ces cas il faut proportionner la punition à leurs fautes & à leur âge. On doit aufli toujours leur faire connoitre la grandeur de leur faute, avant que de les châtier, & leur faire même connoitre la peine que l'on a & la violence que l'on se fait pour les punir: mais que c'eft notre devoir & leur propre bien qui nous y oblige. C'eft par ces moyens que l'on rendra le châtiment utile.

3. Les peres & meres font obligez d'être fort circonf pects dans toute leur conduite, ne difant & ne faifant jamais rien en prefence de leurs enfans qui puiffe leur donner mauvais exemple, & ils doivent encore plus les inftruire par leurs actions que par leurs paroles:car ils ont beau leur parler de la vertu, & les y exhorter, s'ils ne la fuivent pas eux mêmes : leurs enfans faifant plus d'at, tention à leurs actions qu'à leurs paroles, ils méprifent leurs inftructions & les imitent dans leurs défauts.

Si l'on donne les enfans à des Maîtres, on ne fauroit trop les choifir, & on ne doit rien épargner pour trou. ver des perfonnes vertueules, à qui on puiffe les confier avec fûreté.

On croit devoir encore avertir les peres & meres qu'ils font obligés de prendre certaines précautions qui font d'une plus grande conféquence que l'on ne penle fouvent. 1. C'eft de ne pas mettre coucher avec eux leurs enfans, lorfqu'ils n'ont pas encore un an, de peur de s'expofer à les étouffer pendant la nuit. 2. Lorfqu'ils ont plus de deux ans, ils ne doivent pas non plus les laif fer coucher avec eux pour ne leur point donner occafion de fe corrompre dès leur bas âge. 3. Ils ne doivent pas moins fe donner de garde de mettre dans un même lit les garçons & les filles, les freres avec les fœcurs, ni les

garçons avec les fervantes, ni les filles avec les valets, quelque petits qu'ils foient. 4. Saint François de Sales donnant des regles à Madame de Chantal pour l'éducation de fes enfans, lui marquoit encore de ne les fai re coucher qu'avec des perfonnes en qui elle avoit autant de confiance, qu'en elle même : & il ajoute que l'experience lui faifoit de plus en plus connoitre la ncceffité de cette précaution.

Vous devez l'éducation à vos domeftiques auffi-bien qu'à vos enfans. Si ce valet, fi cet aprentif, fi cette fer. vante eft fort jeune, vous êtes chargé de fon éducation, comme de celle de votre propre enfant ; vous lui tenez lieu de pere & de mere, vous devez lui donner bon exemple en tout, l'inftruire, le corriger, & le châtier, tant qu'il demeure chez vous, vous avez fon ame en depôt, & Dieu vous en demandera compte. Si ces domeftiques font grands & âgez, vous devez les avertir de leurs obligations, les exhorter de frequenter les Sacremens, d'affifter aux inftructions, & même de faire de bonnes lectures. Donnez-leur le tems de s'acquitter de ces de voirs: s'ils n'y font pas fideles, puniffer-les, & même chaffez-les de chez vous, s'ils font incorrigibles, & que vous n'ayez point d'autres moyens pour les réduire à leur devoir. Les maîtres & dames doivent confiderer que leurs valers & fervantes font les enfans de Dieu, & les membres de Jefus-Chrift, auffi bien qu'eux, & par confequent qu'ils font leurs freres & fœurs, qu'ils ont avec eux un maitre commun, & qu'ils doivent les traiter avec charité & avec bonté.

Voyez encore fur ce fujet l'article des maîtres & dames dans Pexamen inftructif qui eft dans la feconde Partie de ce livre. Du Veuvage.

L

Es

gens mariés étant obligez de n'avoir l'un pour l'autre qu'un amour faint & chrétien, ils ne doivent point fe laiffer aller à une douleur exceffive, lorfque l'un des deux vient à mourir: puifque ce feroit une marque qu'ils manqueroient de foi, & qu'ils n'auroient pas une vive efperance des biens éternels, & qu'ils ne feroient pas affez detachés des créatures. Ce n'eft pas par cette forte de douleur qu'ils doivent témoigner leur amour,

mais par le foin qu'ils auront de prier l'un pour l'autre, & de foulager par des aumônes & autres bonnes œuvres, l'ame de celui d'entre eux qui eft mort le premier.

Une perfonne veuve doir donc recevoir avec une par faite refignation de cœur l'état du veuvage où Dieu l'a mife, fe foumettant en cela comme en toute autre chose, à l'ordre de la divine providence, qui difpofe comme il lui plait, des biens & des maux, de la vie & de la mort, & generalement de tout ce qui arrive en ce monde.

L'état du veuvage a de grands avantages, qui doivent détourner une perfonne veuve de s'engager dans un fe cond mariage. C'eft pourquoi l'Apôtre S. Paul dit, qu'une veuve qui demeurera veuve, fera plus heureuse que fi elle fe remarioit. En effet une perfonne qui n'eft plus liée par le mariage, a la liberté de ne penser qu'aux chofes de Dieu : elle n'a que Dieu, à qui elle doive plai re, au lieu qu'étant dans le mariage, un mari eft obligé de plaire à fa femme, & une femme eft obligée de plaire à fon mari:& ainfi fon cœur eft divifé, comme dit le même Apôtre. Et de plus une perfonne veuve qui vit dans la continence, en fe privant pour l'amour de Dieu, de la liberté de pafler à d'autres noces, lui fait un facrifice très-agréable, en lui offrant les peines de fa viduité, & furmontant avec le fecours de fa grace les tentations auf quelles elle peut être exposée.

Les veuves fur-tout qui ont des enfans, ne devroient pas fe remarier,à moins qu'elles n'y foient forcées par des raifons de confcience. Car ordinairement un mari n'ai mera pas les enfans d'un autre lit ; parce que, outre que ce n'eft pas fon fang, il voir qu'ils ôteront du bien à fes enfans: la femme s'imaginera toujours que fon mari n'a pas d'amour pour les enfans qu'elle a eu d'un autre mari. S'il les veut châtier pour leur faire faire leur de voir, elle croira qu'il ne les aime pas : que c'eft par averfion qu'il les corrige: elle le dira à fon mari, & ce fera une fource de querelle & de divifion. De même fi un veuf ayant des enfans fe remarie, il eft à craindre que fa femine n'aime pas les enfans d'un autre lit, qu'elle n'en ufe mal avec eux, il arrivera que le mari s'en fâ chera & maltraitera cette femme. Enfin s'il y a des en

[ocr errors]
[ocr errors]

fans de differens lits, ordinairement ils ne s'aiment gueres, fouvent ils fe difputent, ils fe querellent, ils fe bat. tent, & telle eft la caufe ordinaire de la divifion de ces fortes de ménages.

13 Saint Paul enfeigne aux veuves ce qu'elles doivent faire pour être des veritables veuves. Il dit premierement qu'elles doivent avoir foin de leur famille. Si donc elles ont des enfans & des domeftiques, elles doivent les inftruire ou faire inftruire des verités de la Religion, & veiller fur leur conduite, pour empêcher qu'ils n'offenfent point Dieu, & les obliger à s'acquitter fidelement de tous leurs devoirs du Chrétien. Si elles font tutrices de leurs enfans, elles doivent conferver leurs biens, & les faire profiter, autant que cela fe peut faire légitimement, fans cependant rien épargner pour leur procurer une bonne éducation fuivant leurs facultés.

Saint Paul dit en fecond lieu, que les veuves doivent être irreprehenfibles, c'eft à dire, qu'elles doivent vivre d'une maniere fi fage, qu'on ne puifle leur réprocher aucun vice. Ainfi elles doivent vivre dans la continence avec pudeur & modeftie. Elles doivent renoncer à l'amour & au trop grand foin de leurs commodités, à la vanité des habits & des ornemens fuperfius, à la bonne chere, & aux divertiffemens; puifqu'une veuve qui vit dans les plaifirs, eft une ame morte devant Dieu, comme dit le même Apôtre. Elles doivent auffi fuir l'oifiveté, la curiofité & la demangeaifon de parler, les longues & frequentes vifites. Elles ne doivent donc point être, comme celles, dont parle cet Apôtre, lesquelles vont de maison en mailon, qui font curieufes, babillardes, qui veulent tout favoir & parler de tout. Elles ne doivent point fans neceffité aller par les rues, par les places publiques, & fur tout éviter de fe trouver avec les hommes; mais elles doivent aimer la retraite, le filence, la mortification, le travail, la priere, la lecture des bons livres, & s'occuper fuivant leurs talens à des œuvres de pieté & de charité, & fur tout aux œuvres de mifericorde fpirituelles & corporelles. Les veuves chrétiennes devroient rougir de confufion de ne point imiter Anne, dont l'Eyangelifte faint Luc fait l'éloge, & dont il nous reprefen

te les exercices pieux & laborieux Cette veuve de l'an-
cien Teftament, & avant que l'Evangile fut annoncé, est
un modele parfait de la continence & de la vie d'une
ve vraiement chrétienne.

De l'Extrême-Onction.

veu

L'Extrême-Onction chun Sacre in cecins fuit ideen o tre Seigneur Jefus-Chrift pour le secours fpirituel & corporel des malades.

Les effets de l'Extrême-Onction font 1. de rendre la fanté au malade, s'il eft expedient pour fon falut, ou du moins elle lui donne des forces pour porter fon mal avec plus de patience. 2. Elle fortifie le malade contre les tentations du démon. 3.Elle lui donne du courage pour fe refoudre à la mort & pour furmonter toutes les difficultés qui fe prefentent à ce dernier paflage. 4. Enfin elle le purifie des reftes de fes pechés, c'eft-a-dire qu'elle remet les pechés qu'il auroit oublié, & une partie de la peine qu'il a merité de fouffrir en l'autre monde pour les pechés.

Pour recevoir les graces qui font attachées à l'Extrême-Onction, il faut concevoir une grande douleur & une grande déteftation de tous les pechés qu'on a commis pendant fa vie, & demander pardon à Dieu à chaque onc tion de toutes les fautes qu'on a commifes par la partie C fur laquelle le Prêtre fait l'onction, favoir à l'onction des yeux pour les regards, aux oreilles pour l'ouie, aux le vres pour le goût & la parole, à la poitrine pour les penfées & les affections du cœur, aux mains pour l'attouchement, aux pieds pour les pas.

Il ne faut pas attendre qu'on foit à l'extrêmité pour recevoir l'Extrême-Onction, il fuffit pour la recevoir d'être dangereufement malade. C'eft un grand abus d'atten dre qu'un malade agonife pour lui donner ce Sacrement: car étant alors fans connoillance, il ne peut fe difpofer à le recevoir avec foi & avec pieté ; & ce Sacrement étant inftitué pour guérir le corps, auffi bien que pour fortifier l'ame, l'on ne doit pas attendre qu'on foit à l'extrêmité pour le recevoir, parce que ce feroit s'expofer à être privé au moins de les trois premiers effets.

Les perfonnes qui affiftent lorfqu'on donne l'ExtrêmeOnction, doivent demander à Dieu pour le malade la

« AnteriorContinuar »