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guerifon de fon aine & la remiffion de ses pechés, & i chaque onction ils demanderont le pardon des fautes qu'il a commifes par le mauvais ufage de la partie qui eft ointe. Après les onctions ils prieront Dieu de garder par fa grace ce malade qu'il vient de purifier de nouveau,& de faire fervir les douleurs de fa maladie pour le fanctifier entie. rement, & pour expier les fautes qu'il a commises.

Ceux qui reftent auprès d'un agonifant doivent quel quefois lui parler de Dieu, en l'exhortant de s'en occuper, & quelquefois parler à Dieu pour le malade en le priant de le foutenir & de le fortifier. Il faut alors lui fuggerer doucement les prieres courtes & ferventes qui font à la page 84.

DES PRINCIPAUX DEVOIRS du Chrétien.

De l'amour de Dieu & du prochain.

E premier de nos devoirs eft d'aimer Dieu par def.

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nous

mêmes. Nous ne devons paffer aucun jour fans exer. cer cet amour envers Dieu & envers le prochain, c'està-dire, fans honorer notre Pere celefte, & fans rendre quelque bon office à nos freres.

L

De l'amour de Dieu.

'Homme n'est créé que pour poffeder Dieu, il eft tout fon bien, & tout fon bonheur. Pour le poffe. der il faut l'aimer; & comme c'est un bien infini, il faut l'aimer infiniment. L'homme eft donc obligé d'aimer Dieu tout autant qu'il eft capable de l'aimer; il eft obligé de l'aimer par deflus toutes chofes, & il ne doit rien aimer que pour Dieu & par rapport à Dieu. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre ame, de tout votre esprit, & de toutes vos forces. C'eftlà le plus grand & le premier commandement, dit Jesus

Chrift.

Aimer Dieu, c'est tourner vers lui le penchant de notre cœur, nos defirs & nos affections: c'eft lui rap

porter comme à notre fin toutes les pensées de notre efprit, tous les mouvemens de notre volonté, & toutes les actions de notre vie: c'eft nous attacher forteinent à fa loi, c'est le preferer à toutes chofes, à nos biens, à nos amis, & à notre vie même; aimer Dieu, ceft aimer tout ce qu'il aime, c'eft hair tout ce qu'il hait, c'eft aprouver tout ce qu'il fait, c'est trouver bon tour ce qu'il lui plait de nous envoyer, maladie ou fanté, pauvreté ou richelle. Aimer Dieu, c'eft gemir de nous voir feparés de lui, c'est soupirer fans cefle vers fa pol feffion. C'est là proprement ce que l'on doit appeller des actes d'amour de Dieu, & non pas penser, où lui dire feulement de bouche qu'on l'aime.

Dieu demande pour preuve de notre amour, non des penfées ni des paroles, mais des œuvres. Il faut donc que notre amour pour Dieu fe fafle connoitre, particu lierement par nos œuvres de forte que nous tâchions de faire toutes nos actions purement pour plaire a Dieu, & pour accomplir en toutes chofes fa fainte volonté, & non par un autre motif, tel que feroit l'amour de nous-mêmes, le defir de plaire aux hommes, ou un interêt temporel: mais uniquement pour l'honneur & Ja gloire de Dieu, & nous comporter en cela avec joye dans les chofes mêmes les plus difficiles & les plus penibles, pour lui donner des marques de notre amour fincere envers lui.

Si vous m'aimez, dit encore Jefus Chrift, gardez mes commandemens. Puis donc que notre Seigneur Jefus Chrift ne nous donne point d'autre marque à laquelle on puiffe connoitre fi on l'aime, que l'observation de fes com mandemens, ce n'eft point par des mouvemens fenfi bles de tendreffe, ni par des goûts & des fentimens que nous devons juger fi nous avons de l'amour pour Dieu. On penfera avec plaifir qu'on aime Dieu, & on fera avec bien du fentiment des prieres qu'on appelle actes d'amour de Dieu; & cependant avec tout cela on n'aimera pas Dieu, fi on ne fait ce qu'il ordonne. On fera dans la fechereffe, fans fentiment, fans goût, & on ne laillera pas d'aimer Dieu, fi on eft fidéle à lui obéir, & fi pour lui plaire nous avons grand foin de pratiquer

ce qu'il commande, & d'éviter ce qu'il deffend.

L'amour de Dieu nous fait ceffer de chercher les vai nes excufes que notre amour propre nous fait inventer pour nous difpenfer d'oblerver la loi de Dieu, & de nous acquitter de nos devoirs. Il nous porte à éviter tout peché, quelque leger qu'il foit, à faire tout ce que nous connoiflons devoir être plus agréable à Dieu, quoique d'ailleurs nous n'y foyons pas obligés; à détacher notre cœur des biens, des plaifirs, des honneurs & de toutes les chofes de ce monde, pour l'attacher uniquement à Dieu, à nous occuper toujours de Dieu, failant toutes nos délices de penfer à lui, à fouffrir pour fon amour tout ce qui nous arrive de fâcheux, & à lui faire un facrifice de ce que nous aimons davantage en ce monde, comme d'en fouffrir de bon cœur la privation, à de:eurer ferme & conftant dans la pratique de la vertu, nonobftant toutes les difficultés, toutes les tentations du démon, de la chair & du monde, à vaincre toutes nos répugnances & combattre fans ceffe notre amour propre & toutes nos inclinations dereglées. C'eft à ces marques que l'on peut connoitre fi nous avons un veritable amour de Dieu.

Prions le Seigneur qu'il nous previenne de cette douceur interieure qui nous fait aimer fa loi & trouver plus de joye à combattre nos mauvaises inclinations, que les autres n'en trouvent à les fatisfaire. Sa bonté rend cette douceur plus fenfible à ceux qui commencent à entrer dans fon fervice, pour les attirer en quelque forte comme des enfans par des careffes : fa fageffe fait s'il nous eft utile que cette douceur foit fenfible: mais prions-le qu'elle ne quitte jamais le fond de notre cœur, & qu'il nous faffe cette mifericorde; que les amusemens & les enforcellemens des niaiseries & des bagatelles de ce monde ne nous obfcurciffent point les yeux interieurs, pour nous empêcher de voir les vrais biens & de goûter combien le Seigneur eft doux.

Com

De l'amour propre.

Omme l'amour de Dieu ne peut regner dans notre cœur que par la deftruction de l'amour propre, on a jugé à propos de reprefenter ici une partie de fes funeftes effets, pour nous exciter à le combattre, afin d'établir en

effet

effet, pour nous exciter à le combattre, afin d'établir en nous l'empire de l'amour de Dieu fur les ruines de notre propre amour. L'amour propre eft un amour de nous mêmes,qui nous porte à rechercher les plaifirs & les douceurs de la vie, les biens & les richeffes de ce monde, les hon. neurs & l'eftime des hommes, fans aucun raport & fans fubordination à Dieu. C'est un levain d'iniquité qui corrompt toute la maffe de nos actions, de nos défirs & de nos pensées, comme il fe peut voir en parcourant tout ce qui fait l'objet de nos affections.

1. Notre vie eft de toutes les chofes fenfibles celle qui naturellement nous eft plus chere. Or qui peut fe vanter d'aimer la vie uniquement pour Dieu, fans aucun retour d'amour propre? Il faudroit pour cela être dans une telle fituation qu'il nous fut tout à fait indifferent de vivre ou de mourir; ou fi nous avions plus de penchant pour la vie que pour la mort, que ce ne fut uniquement qu'en vue de Dieu, pour procurer fa gloire & lui rendre quelque fervice, après avoir expié nos pechés par une fincere penitence. Il faudroit étre prêt de mourir à toute heure fuivant le bon plaifir de Dieu,fans fonger de prolonger notre vie d'un moment plus qu'il ne l'a ordonné: mais qui eft ce qui fe trouve dans cette fituation? les foins & les mouvemens inquiets que nous nous donnons fans ceffe pour la confervation de notre vie, le défir violent que nous fentons de ne pas mourir fitôt, tout cela marque évidemment que nous aimons la vie par amour propre & non pas pour Dieu.

2. La fanté eft un bien qui nous eft auffi fort précieux. Or qui eft ce qui aime la fanté fans amour propre & fans autre vûe que des interêts de Dieu ? Si nous aimions la fanté fans amour propre & uniquement pour Dieu, il nous feroit égal d'être fains ou malades; nous ferions autfi contens & auffi tranquilles au milieu des douleurs les plus aigues d'une fâcheuse maladie, que dans la fanté la plus parfaite : nous ne ferions pas inquiets de nous voir long-tems detenus dans un lit, ou renfermez dans une chambre fans pouvoir fortir : nous n'aurions point de chagrin, lorfque les remedes ne réuffiroient pas, ou lorf qu'on nous refuferoit ceux que nous croirions nous être I. Partie. T

neceffaire. Enfin quelque train que prendroit notre maladie, nous demeurerions dans un parfait abandon entre les mains du Seigneur, fans fouhaiter autre chose que l'accompliffement de fa fainte volonté. Mais qui peut fe glorifier d'être dans cette fituation? Il eft vrai que nous nous fervons de divers prétextes spécieux pour ju. ftifier l'amour que nous avons pour la fanté. Nous difons qu'on fe relâche dans la pieté pendant la maladie, qu'on y devient fenfuel, négligent, en un mot qu'on n'y fait rien pour Dieu, ni pour foi, ni pour le prochain. Mais dans la verité ordinairement fi on fouhaite une meilleure fanté, c'eft au fond parce que l'on voudroit bien fortir d'un état de fouffrance, & que l'amour propre ne trouve pas fon compte dans l'infirmité.

3. Paffons de la fanté aux perfections du corps,com. me font, la beauté, la bonne grace, la force, l'adresse, l'aptitude pour de certains arts, la voix & autres femblables; qui eft celui qui poffede ces bonnes qualités fans y avoir de l'attache, & n'en a du plaifir, que parce qu'elles lui donnent le moyen de rendre à Dieu plus de gloire? Qui eft celui qui fe voyant distingué par ces en. droits, ne conçoit pas dans fon cœur quelque fecrette complaifance, n'en prend pas occafion de fe preferer aux autres, & ne feroit pas fort fâché de fe voir privé de toutes ces qualités ? Et qui eft celui qui fe voyant dépour vû de tous ces avantages, & les remarquant dans les au tres, n'en a pas quelque peine, & n'en reflent pas de la jalousie dans le fond de fon ame? Or qu'est-ce que tout cela, finon amour propre ?

4. Des perfections du corps venons à ce qui fait la paffion des gens du monde, favoir les biens, les richeffes, les commodités de la vie, les plaisirs sensibles, les honneurs & l'eftine des hommes. 1. A l'égard des biens, des richefles & des commodités de la vie, qui eft celui qui n'en fouhaite la poffeffion & l'ufage qu'autant que cela peut contribuer à la gloire de Dieu ? à qui ce foit une même chofe, d'avoir du bien peu ou beaucoup, d'être riche ou pauvre, d'être bien ou mal logé, bien ou mal meublé, bien ou mal vêtu, bien ou mal nourri, bien ou mal couché? Ah! il ne faut

que faire

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