OUTE la vie du Chrétien doit être chrétienne, c'eft-à-dire, reglée fur les maximes de Jefus Chrift, animée de l'efprit de Dieu, éloignée du peché. & remplie de bonnes œuvres. Il n'y a point d'action, fi petite & fi commune qu'elle foit, qui étant faite pour Dieu & felon Dieu, ne contribue à nous procurer le bonheur éternel pour lequel nous fommes créés.

Pour bien faire toutes nos actions, il faut les offrir à Dieu avant de les commencer, & ne rien entreprendre qu'après avoir jetté les yeux fur la loi de Dieu, & nous être affurés nous-mêmes, par le témoignage interieur de notre conscience, que ce que nous allons faire ne I. Partie.

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déplaira pas à Dieu, mais lui fera agreable.

Il faut auffi faire toutes nos actions dans l'efprit & les fentimens que la foi nous infpire, & les accompagner de la priere, qui eft le moyen ordinaire par lequel nous attirons fur nous les graces de Dieu, fans lefquelles nous ne pouvons éviter le mal, ni pratiquer le bien. C'eft pour faciliter une pratique fi fainte & fi falutaire, qu'on a mis ici les inftructions & prieres fuivantes.

INSTRUCTIONS ET PRIERES pour commencer la journée chrétiennement. Du Réveil.

É matin à notre réveil, donnons notre premiere penfée à Dieu; confiderons - le avec refpect, comme étant le témoin de tout ce que nous ferons ce jourlà, & devant en être le juge. Adorons-le en efprit, & offrons-nous à lui par Jefus-Chrift, pour faire & fouffrir dans la journée tout ce qui lui plaira. Remercionsle de ce qu'il nous a confervé la vie pendant la nuit, & fupplions-le de faire par le fecours de fa grace, que nous paffions le refte de la journée dans fon fervice: car quoi que nous faffions,il faut que notre vie foit toute à Dieu, tant par la bonté de l'action, que par celle de l'intention, qui eft de faire la volonté en toutes chofes. Cette intention fanctifie les moindres chofes que nous faifons, pourvu qu'elles n'ayent rien de contraire à la loi de Dieu.

Du Lever.

Evons-nous toujours à une certaine heure reglée, Lille peut, par exemple, à quatre ou cinq ou fix heures au plus tard. Lorfque l'heure de nous lever cft arrivée, n'écoutons pas la pareffe, & ne nous amufons point à flatter notre chair, en nous laissant aller au defir dereglé du repos; mais levons-nous promptement à l'heure que nous devons nous lever, pour commencer la journée par cette diligence, cette fidelité & ce renoncement à nous-mêmes, qui nous obtiendra de Dieu l'efprit de feryeur dans nos autres actions.

En nous levant, faitons dévotement le figne de la croix, & difons plus de cœur que de bouche,, Mon ;, Dieu, faites-moi la grace de me lever pour l'amour ,,de vous, & pour faire ce que vous demandez de moi. De ce qu'il faut faire en s'habillant.

L faut nous habiller avec pudeur & avec modeftie,

roitre, fi cela fe peut, devant les autres, que nous ne foyons bien couverts. Il eft contre la bienséance & encore plus contre la pudeur, de laiffer voir nuds fes pieds, Tes jambes, ou quelqu'autres endroits du corps que l'on doit couvrir. Les filles & les femmes fur tout doivent avoir un foin particulier de se bien couvrir la gorge & les épaules. C'eft manquer de pudeur & de modeftic chrétienne de laiffer ces endroits du corps découverts'; 'c'eft fervir d'inftrument au demon pour faire perir les ames, en donnant par là occafion à des regards, à des penfées & à des affections impudiques; & les filles &les femmes qui ayant perdu tout fentiment de pudeur, font affés effrontées de fe laiffer voir en cet état, & qui 'donnent par là occafion aux hommes de tomber dans le peché, répondront devant Dieu ame pour ame, de tous ceux qu'elles auront fait périr de cette forte, qu'elles l'ayent fait à deffein, ou non. Pour ce qui eft des filles & femmes qui évitant les grandes nudités, tiennent une espece de milieu entre la modeftie chrétienne & l'immodeftie du fiécle, on peut juger qu'elles voudroient bien accorder Dieu & le demon, en donnant quelque chofe à l'un & à l'autre ; mais que dans la verité elles ne contentent que le demon. Tant qu'il y a du danger, elles font obligées de l'éviter. Or il eft certain qu'il y a un danger très effectif dans ces demi nudirés, par les effets qu'elles produifent dans l'imagination des perfonnes foibles ou corrompues, par les pensées & les defirs criminels qu'elles font naitre. Voyez ce qui eft marqué fur ce fujet dans l'article 16 de l'examen inftructif fur le 6 & 9 Commandement, dans la feconde partie de ce livre.

Contentons-nous de couvrir notre corps honnêtement, chrétiennement, fans fuperfluité & fans ces vains

ajuftemens qui font partie des pompes du démon, auf quelles nous avons renoncé dans notre batême. Voyez fur ce fujet l'article du luxe des habits, qui eft ci-après. C'eft à quoi les filles & les femmes doivent faire une attention particuliere. Qu'elles confiderent que dans leur batême elles ont renoncé à l'amour de cette beauté trompeufe, à ces parures & à ces ajuftemens qui ne fervent qu'à la vanité. Saint Germain recommanda à fainte Geneviève encore fort jeune, de ne jamais porter de collier de perles ou de pierres precieuses, & elle fuivit toujours cet avis, comme très-conforme à la modeftie chrétienne. Si l'on porte une croix au cou, il faut que ce foit avec pieté & modeftie : car il est honteux de faire fervir le figne de notre falut à l'ambition, à la vanité, & bien plus encore à l'impureté.

C'eft donc une indécence infuportable de porter une croix qui defcende fur une gorge découverte, ou fur la chair nue, & qui ferve d'attrait aux yeux impudiques pour s'y arrêter.

Il ne faut confulter le miroir que dans la pure neceffi. té; & pour empêcher les complaifânces qui pourroient nous arriver dans cette action, fouvenons-nous que no tre ame eft auffi defagreable aux yeux de Dieu, & dénuée des ornemens de la vertu, que notre beauté & nos ajustemens font agreables à nos propres yeux.

Il ne faut employer à s'habiller que le tems qui y eft abfolument neceffaire, fe fouvenant qu'on rendra compte à Dieu du trop de tems que l'on y met. On pourra en s'habillant reciter la priere fuivante.

Mon Dieu, dépouillez-moi du vieil homme & de tous fes pechez, de l'orgueil, de la vanité, de l'avarice & de la fenfualité, & me revêtez de l'homme nouveau, qui eft Jefus-Chrift, en me donnant la fainteté & les », vertus chrétiennes.

De ce qu'il faut faire après qu'on eft habille.

A querefperar del'eau

Près que nous fommes habillés prenons

un acte de contrition, en la mettant fur notre front, & difons: Mon Dieu, lavez mon ame de mes pechez que je dé tefte, afin que ma priere vous foit agréable.

1. L'eau benite par la vertu que lui donnent les prieres & les benedictions de l'Eglife, & les difpofitions inte rieures avec lesquelles nous recevons l'afperfion de cette cau, nous difpofe à la contrition, par laquelle les pechez veniels font effacez. 2. Elle chaffe les mauvaises pensées & les diftractions de l'efprit. 3. Elle prépare notre ame à la dévotion, & lui donne du goût pour les chofes fpirituelles. 4. Elle attire la grace & l'affiftance du S. Esprit, & aporte la paix & la tranquillité à notre ame.

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De la Priere du Matin.

Près avoir pris de l'eau benite,mettons-nous à genoux devant quelque image dévote, nous tournant, finon de corps, au moins d'efprit vers la Paroiffe ou l'Eglife la plus prochaine, confidérant que nous fommes en la prefence de Dieu & du très-faint Sacrement de l'Autel. Difons les prieres du matin, joignant les mains bien dévotement, ne nous appuyant pas fans neceffité fur le lit ou fur un fiége, ni fur quelque autre chofe, parce que cela eft indécent & indigne de la Majefté adorable de celui à qui nous parlons & à qui nous devons une profonde véneration; & ne tournant point la tête ni les yeux pour regarder ce qui fe pafle, ni écouter ce qui fe dit. Avoir coutume de manger ou de boire avant de prier Dieu, c'eft vivre en bête & non pas en chrétien: omettre fes prieres du matin à la moindre occafion, c'est se rendre indigne des graces fans lefquelles on ne peut éviter le peché pendant le jour : faire fans neceffité la priere du matin dans le lit, ou fe contenter de marmoter quelques Pater en s'habillant, c'eft bleffer le refpect qui eft dû à la majefté de Dieu.