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laquelle on n'obtient pas le Ciel, comme Jefus-Chrift le déclare dans l'Evangile.

Il y en a qui difent,qu'ils pardonnent volontiers à leur ennemi, qu'ils voudroient lui rendre fervice, fi l'occafion s'en prefentoit. C'eft quelque chofe, mais ce n'eft pas affez, parce qu'ils difent encore certaines chofes qui ne marquent pas un pardon cordial. Ils difent qu'il n'a qu'à faire les affaires : qu'ils ne veulent pas s'en mêler: qu'il demeure chez foi, qu'ils ne souhaitent pas de fe trouver dans fa converfation, &c. Tout cela marque la I difcorde, la divifion & l'inimitié. La charité n'eft point dans ceux qui font dans une telle difpofition à l'égard de quelqu'un. Dieu ne veut point ces indifferences & condamne ces froideurs de cœur. Un bon Chrétien ne ceffè jamais d'aimer le prochain ni de lui témoigner fon amour quelques mauvais offices qu'il en reçoive. Il fait que pout apartenir à Jefus-Chrift, il faut être janimé de fon efprit. Or Jefus Chrift n'a jamais eu d'averfion dans fon cœur ni d'indifference contre perfonne. Il a fuporté les injures, les affronts les plus fanglans & les traitemens les plus rudes, fans jamais témoigner le moindre fentiment de vengeance ou d'indifference. Il n'a jamais ceffé d'aimer ceux qui lui vouloient du mal. Il nous a donné un exemple que nous devons imiter. Il n'y a point d'excufe fur ce point: ainfi il ne faut pas nous contenter de ne pas vouloir du mal à notre ennemi, mais il faut lui souhaiter du bien comme à nous-mêmes; lui en faire, lui en procurer autant que nous pouvons dans l'ordre. Il faut avoir de l'amitié pour lui dans la disposition de notre cœur, & la faire paroitre dans les occafions avec prudence, lui parler avec douceur, ne jamais renouveller le paffé, l'embraffer dans notre cœur, &c. fans cette réconciliation de cœur nous ne pouvons obtenir de Dieu le pardon que nous lui demandons.

Il eft vrai qu'il y a des occafions où l'on rendroit certaines perfonnes plus fieres, & qu'on leur nuiroit en les prevenant, & en faifant quelque humiliation;, & qu'a lors il vaut mieux ne point faire d'avance; mais pour ne pas fe laiffer féduire par l'amour propre, il faut en ce cas confulter un habile Confeffeur, & fuivre exacte. ment fes avis, & il eft certain que nous devons au moins

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Des devoirs du Chrétien envers J. C. être difpofez dans la preparation de notre cœur à tout faire pour nous reconcilier entierement.

Si nous fommes affligés de la profperité de notre ennemi, fi nous nous réjouiflons de fa perte, fi nous prenons plaifir à en entendre dire du mal, fi nous n'ainions pas à en entendre dire du bien,tout cela marque que nous confervons contre lui une haine fecrette, & que nous ne l'aimons pas veritablement.

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Des devoirs du Chrétien envers Jesus-Chrift.

L n'y a de falut pour nous que par Jefus - Chrift; ileft notre unique efperance, notre unique mé diateur notre fouverain Pontife, notre Redemp teur notre Sauveur, notre Maitre, notre Chef; tout nous oblige indifpenfablement à lui rendre amour pour amour, vie pour vie, à l'adorer dans fa perfonne, dans fes mifteres, dans fes miracles, à mediter & à pratiquer fes paroles, à imiter fes vertus, étudier fes ac tions, les differentes qualités & fes difpofitions. Toute notre vie & toutes nos actions ne doivent donc auth tendre qu'à former Jefus Chrift dans notre cœur & dans notre conduite, qu'a retracer en nous l'image de cet homme Dieu, qu'à redreffer fur fon modele tous nos fentimens & nos difpofitions, & nous n'aurons de veritable pieté, qu'autant que nous aurons de conformité & de reflemblance avec Jefus-Chrift, que nous ferons unis à lui, & que nous aurons de fon efprit.

Il faut adorer fes humiliations, fes grandeurs, fes fouffrances, fa vie & fa mort, fes penfées, fes paroles, fes actions qui font pour nous des fources de graces pour en faire de femblables. Par exemple, pour rendre nos jeûnes méritoires, adorons Jefus Chrift jeûnant, & en uniffant nos jeûnes aux fiens, offrons-les à Dieu. De même pour fouffrir utilement, adorons Jefus - Chrift fouffrant, & uniflant nos fouffrances aux fiennes. Unif fons de mêmes nos prieres, nos converfations &c. à celles de Jefus-Chrift, offrons-les à Dieu dans cette union, il recevra les nôtres, les voyant unies à celles de fon Fils & faifant comme partie des fiennes.

Il faut le prier de faire par fa grace que nous continuions en nous fes états; car étant fes membres, nous lui devons être conformes, & ce qui s'eft paflé en lui

doit le continuer & s'accomplir en nous par l'imitation. Il a porté tous les jours fa Croix dans un efprit de foumiffion à Dieu, & de penitence pour les pechés des hommes: : portons toujours les Croix qui nous arrivent dans ce même efprit, c'eft-à-dire pour fatisfaire à la juftice de Dieu, & avec refignation à fa fainte volonté. Etant perfecuté il a pardonné à fes ennemis & a prié pour eux, faifons le même pour nos perfecuteurs. Il a aimé la pauvreté & les humiliations; fupportons du moins la pauvreté où nous nous trouvons, & l'humiliation qu'il y a d'être pauvre & meprifé. C'eft là ce qui s'appelle continuer les états de Jefus Chrift, & ce doit être l'apli cation de tous les fideles difciples : car il n'y aura que ceux qui lui auront été conformes fur la terre qui lui feront femblables dans le Ciel, & il n'y aura que ceux qui auront fouffert comme lui dans le tems qui regneront avee lui dans l'éternité.

De ce que nous devons à la fainte Vierge, aux Anges & aux Saints.

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Près Dieu & Jefus Chrift, il n'y a rien de plus refpectable & de plus digne de notre veneration & de notre culte que la fainte Vierge ; & comme Jesus-Chrift eft notre mediateur auprès de Dieu fon Pere, la fainte Vierge eft une puiffante mediatrice auprès de Jefus-Chrift fon Fils, de forte que c'eft avec grande raifon qu'elle eft appellée le refuge, des pecheurs. Aufli a-t-on toujours vu l'Eglife conduite & animée par le faint Elprit, recommander avec foin aux fidéles la dévotion envers la fainte Vierge, inftituer des Fêtes, ériger des Confrairies, élever des Temples & des Autels fous fon invocation,recommander par des Indulgences les pratiques de dévotion envers elle; enfin ne rien épargner pour étendre fon culte & pour ho norer la memoire.

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Il est donc très. jufte & très-falutaire d'honorer, d'eftimer & aimer beaucoup la fainte Vierge, de celebrer fes Fêtes avec dévotion, de s'y préparer par la penitence, de les fanctifier par la digne reception des Sacremens, d'honorer les images, de vifiter les lieux confacrés en fon honneur, d'entrer dans les Confrairies où elle eft particu lierement honotée, de recourir à elle pour obtenir par fon interceffion les graces dont nous avons besoin.

Saint Bonaventure dit que la pratique la plus effentielle de la devotion à la fainte Vierge, & en quoi elle confifte principalement, c'eft de s'apliquer avec foin à l'imiter.

Il ne faut pas s'imaginer qu'un modele fi parfait ne peut être qu'à la portée de ceux qui le font retirés dans les cloitres, pour tendre à la plus grande perfection. Car faint Ambroise affure que la conduite de la fainte Vierge eft comme un miroir expofé aux yeux de tous les fideles dans lequel ils doivent prendre les regles & les maximes de leur vie & de leur conduite, remarquer ce qu'ils doi vent fuir & ce qu'ils doivent imiter. En effet les perlonnes engagées dans le monde trouveront dans la conduite de la fainte Vierge des inftructions admirables. Vivre avec un mari dans une concorde & une foumiffion reglée; élever & nourrir un enfant fous les ordres de la providen cers'occuper dans un ménage de tout ce que la femme d'un artifan qui n'eft pas riche, fe trouve obligée de faire pour la fubfiftance de fa famille; ne point affecter de fingularité dans les habits & dans fa nourriture, & observer toujours les deux regles de l'amour envers Dieu & envers le prochain, c'eft ce que tout le monde peut imiter dans la fainte Vierge.

Nous devons fut tout imiter fon humilité, la pureté, fon amour envers Dieu & le prochain, & fa retraite.

Elle étoit fortie de la race royale de David, elle avoit été remplie dès fa conception des plus grandes graces du Seigneur & choifie pour être la mere de Dieu. Cependant elle n'a jamais fait paroitre fur la terre aucune de ces grandes qualités. Elle rendoit à Dieu toute la gloire de ce qu'il y avoit de grand en elle, & elle n'étoit occupée que de fon néant. Plus elle étoit relevée devant Dieu, plus elle s'abaifloit en elle-même. Quoiqu'elle fut vraiment mere de Dieu, elle a voulu toujours demeurer dans T'obscurité, & même expofée aux foupçons de S. Jofeph fon époux, & à la cenfure des Juifs. Elle s'eft rabaiflét dans fa purification au rang des autres femmes après un enfantement fi divin, qui l'avoit rendue encore plus pure & plus Vierge. Elle nous a appris par fon exemple à rendre à Dieu la gloire de tout ce que nous fommes & de tout Ce que nous poffedons, de notre efprit, de notre credit,

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de notre naissance, de notre vertu : à ne point perdre de vue notre néant, à ne nous point facher contre ceux qui nous font passer pour des pecheurs tels que nous fommes; à porter humblement la confufion de nos pechés, fur tout quand nous allons aux pieds des Prêtres pour leur décou vrir les défordres de notre vie,leur déclarant fans déguifement & fans nous excufer tout le mal que nous avons fait. C'est le moyen d'imiter la fainte Vierge dans fon humilité.

Nous devons auffi l'imiter dans fa pureté. Elle a aimé d'une maniere toute particuliere cette vertu,qui ne comprend pas feulement la virginité du corps, mais encore celle de l'efprit & du cœur, qui l'a tellement feparé des chofes de la terre, qu'elle n'a eu que Dieu feul pour objet, le principe & la fin de fes penfées, de fes paroles & de fes actions. Pour imiter la fainte Vierge dans fa pureté nous devons avoir une grande horreur de toute action, de toute parole, de tout défir, de toute affection & de toute pensée contraire à la pureté, & n'avoir aucune attache aux créatures.

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Il faut encore imiter la fainte Vierge dans fon amour envers Dieu. C'est par cet amour qu'elle a toujours mis tout fon bonheur & fon plaifir à Dieu, à éviter tout ce qui pouvoit lui déplaire, à étudier fans ceffe fes volontés pour les fuivre en toutes chofes & à renoncer aux biens, honneurs, aux plaifirs, & à toutes les chofes de la terre, pour s'attacher uniquement à fon fervice. Aimons donc Dieu comine elle de tout notre cœur, de tout notre efprit, de toutes nos forces ; en forte que ni les grandeurs, ni les abaiffemens, ni les promeffes, ni les menaces, ni les flateries, ni les carefles, ni les perfecutions, ni rien au monde ne foit capable de nous faire offenfer Dieu. Aimons auffi tout le monde, comme la fainte Vierge les a aimé pour leur falut.

Enfin imitons la fainte Vierge dans fa retraite. Elle a fui les gens du monde dès fa plus tendre jeuneffe. Elle a choifi la retraite comme l'état le plus afluré pour s'avan cer de plus en plus dans l'amour de Dieu, & jouir en paix de fa prefence, s'apliquant dans cette retraite aux travaux qui convenoient à son état, dans la vue de faire la volonté de Dieu en cela auffi bien qu'en toutes autres cho 1. Partie.

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