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fes, priant Dieu, le louant & le remerciant fans ceffe de toutes les graces dont il l'avoit comblée, & gémiffant en fa prefence de l'aveuglement & de l'égatement des hommes. Il faut donc à l'imitation de la fainte Vierge nous éloigner du commerce des hommes charnels qui fuivent le torrent de leur cupidité & de leurs inclinations dereglées, qui ne font que fe porter mutuellement au mal, en S'infpirant leurs paffions, leur ambition, leur vengeance, leur amour pour les biens, pour les plaifirs, les divertiffemens & les folles joyes du fiécle. Ne fuivons en rien les coutumes & les maximes pernicieufes du monde ; fuivons des regles toutes contraires. Les gens du monde aiment & cherchent l'honneur & la gloire, aimons les humilia tions, ou au moins fouffrons en paix & avec patience celles qui nous arrivent. Les gens du monde aiment le plaifir, la bonne chere, aimons la penitence & la mortification. Ils font ardens à venger les injures, rendons le bien pour le mal. Ils aiment les procez, ayons- en de l'é. loignement. Ils aiment l'oifiveté, aimons le travail.

Voilà les veritables moyens d'être du nombre des vrais dévots à la fainte Vierge, de meriter la protection & de l'engager à nous accorder fes interceffions auprès de fon Fils, & à nous obtenir toutes les graces dont nous avons befoin durant le cours de notre vie, & enfin une heureuse mort, par laquelle nous pafferons à la participation du bonheur qu'elle poffede dans le Ciel.

Le plus grand honneur que nous puiffions donc rendre à la fainte Vierge, aux Anges & aux Saints, & la priere la plus agréable que nous leur puiffions adreffer, c'eft de les imiter & de fuiyre leur exemple.

On doit principalement confiderer & imiter dans lesSts. Anges, 1. leur aplication continuelleà Dieu, ils ne le per. dent jamais de vue. 2. Leur parfaite pureté & leur entier dégagement de toute amour des créatures; ils n'aiment que Dieu. 3. Leur foin empreffé pour le falut des ames, ils n'oublient rien pour les preferver du peché, & procu rer leur avancement dans la vertu. 4. Leurs combats per petuels contre les démons, ils ne ceffent de les repouffer par les armes de Dieu. 5. Leur prompte & amoureuse dépendance des ordres de Dieu, ils n'ont point d'autre volonté que la fienne.

envers la fainte Vierge, les Anges & les Saints. 397 On doit principalement confiderer & imiter dans les Saints, 1. La foi vive & agillante qui a fervi de regle à leurs jugemens, à leurs deffeins & à toute leur conduite. 2. L'efperance ferme des biens éternels qui leur a infpiré un genereux mépris pour tous les biens pallagers. 3. Leur amour ardent pour Dieu qui les portoit à faire tout pour fon amour & pour lui plaire, à l'aimer en tout & par tour, auffi bien dans l'adverfité que dans la profperité, à n'aimer rien qu'en Dieu & pour Dieu & à l'aimer plus que tout & plus qu'eux-mêmes. 4. Leur attention continuelle à la loi de Dieu, ayant un éloignement entier de tout ce qu'elle défend & une obéiffance exacte à tout ce qu'elle ordonne. 5. Leur amour pour le prochain, qui leur faifoit fuporter avec douceur les défauts des autres, leur donnoit de la compaffion pour leurs miferes corporelles & fpirituelles, & les portoit à les affifter en tout felon leur pou voir. 6. Leur amour pour leurs ennemis, qui leur faifoit étouffer tout fentiment de vengeance, de haine, d'a verfion & de rancune à leur égard & les portoit à prier pour eux, & même à leur rendre volontiers fervice. 7. Enfin l'efprit de penitence & de mortification, dont ils étoient animés pour expier leurs fautes paffées, ou pour prévenir celles auxquelles ils étoient expofés, qui les portoit non feulement à avoir un grand éloignement & une grande averfion des plaifirs, des divertiffemens & des fol. les joyes du fiécle, mais encore à fe priver des plaisirs même permis.

Il y a trois chofes importantes à remarquer touchant l'interceffion de la fainte Vierge, des Anges & des Saints.

La premiere, c'eft que nous ne nous adreffons pas à eux comme à la fource des graces & des biens que nous defirons, & nous ne croyons pas qu'ils puiflent faire par leur propre vertu ce que nous leur demandons. Dieu eft l'unique fource de la grace & de toute autre forte de biens, c'eft lui qui en eft le maitre & qui les donne par JefusChrift, à qui il lui plait : c'eft pourquoi il y a une extrême difference entre les prieres que nous faifons à Dieu & celles que nous failons à la fainte Vierge, aux Anges & aux Saints. Nous prions Dieu de nous donner les biens ou de nous délivrer des maux, parce qu'il eft le fouverain

Seigneur & maitre de toutes chofes, mais nous n'en ufons pas ainfi à l'égard de la fainte Vierge, des Anges & des Saints, nous les prions feulement d'être nos protecteurs & nos interceffeurs auprès de Dieu & d'obtenir de fa bonté les chofes dont nous avons befoin. Nous nous adreffons à la fainte Vierge, aux Anges & aux Saints, parce que nous favons qu'ils font plus agréables à Dieu, qu'ils en feront écoutés plus favorablement. Mais quoique nous prions la fainte Vierge, les Anges & les Saints, c'eft toujours de Dieu que nous devons attendre les chofes que nous demandons, & c'eft toujours dans les méti tes de Jefus Chrift que nous devons mettre notre princi pale confiance, parce que la fainte Vierge, les Anges & les Saints n'obtiennent rien de Dieu, non plus que nous, que par les merites de Jefus-Chrift.

La feconde chofe qu'il faut remarquer touchant l'inter ceffion de la fainte Vierge, des Anges & des Saints, c'est qu'il faut principalement demander à Dieu par leurs prieres notre falut, notre fanctification, la victoire de nos paffions, l'amandement de nos fautes, l'amour de Dieu & les autres vertus, la grace d'obferver fes commandemens, de nous acquitter des devoirs de notre état & de vivre faintement. On peut cependant demander à Dieu par leur interceffion quelques graces temporelles comme la fanté & la guerifon des maladies du corps, le fuccès d'une affaire, pourvu qu'on demande ces chofes fans trop d'ardeur & d'empreffement, avec une entiere foumiffion à la volonté de Dieu, & dans la difpofition du cœur, de fouffrir la privation de ce qu'on demande avec paix & tranquilité, fans murmure & fans impatience.

Enfin il faut remarquer que la fainte Vierge, les Anges & les Saints n'employent ordinairement leurs interceffions auprès de Dieu que pour ceux qui tâchent de les imiter, ou qui en ont au moins un défir fincere. Il s'enfuit de là que la fainte Vierge & les Saints n'intercedent auprès de Dieu que pour peu de perfonnes, & que ceux qui s'imaginent fe procurer la liberté de pecher & l'impunité de leurs défordres par le culte qu'ils rendent à la fainte Vier. ge, aux Anges & aux Saints, font dans une étrange illu fion, comme on le fera voir dans l'article fuivant.

L

Des abus qu'il faut éviter dans la devotion envers la fainte Vtergeles Saints, & du bon & mauvais usage des Reliques, des Images, des Pelerinages des Confrairies, E démon s'efforçant de perdre les hommes,non feulement par les tentations qui les portent ouvertement au mal, mais encore par des aparences fpecieufes de vertu & de religion, trouve même plus de fuccès & plus de facilité à les vaincre de cette maniere que de l'autre. Il travaille à leur faire croire qu'ils marchent dans la bonne voye, lorsqu'ils font dans l'égarement: à leur faire prendre une lueur faufle pour la veritable lumiere, & à leur perfuader qu'ils peuvent être devots en confervant leur cupidité & leurs paffions. C'eft par ce deffein fi artificieux & fi cruel qu'il leur fuggere une devotion contraire à la foi & à la doctrine de l'Eglife envers la fainte Vierge & les Saints, les Reliques & les Images, ou à l'égard des Pelerinages, des Confrairies, de certains habits, de certains inftrumens, de certaines Qraifons & certaines pra. tiques de pieté. Gardons-nous donc bien de nous laiffer aller à l'illufion de ceux & celles qui croyent qu'il fuffic d'être devot à la fainte Vierge pour être fauvé, quelque vie qu'on mene d'ailleurs: foyons aflurés au contraire que la fainte Vierge a en horreur la fauffe devotion de ceux qui la veulent rendre la protectrice de leurs crimes, en difant qu'elle leur en obtiendra le pardon fans qu'ils changent de conduite: qui croyent que nul devot à la fainte Vierge ne peut perir, quelque mauvaise vie qu'il mene: car puifque Jefus-Chrift fon Fils a declaré que tous ceux qui diront: Seigneur, Seigneur, n'entreront point pour cela dans le Ciel, & que ce bonheur eft uniquement refervé à ceux qui feront la volonté de Dieu, qui prati queront fes commandemens & qui s'aquitteront fidelement des devoirs de leur état, fur quelle affurance pourroit-on fe flater de fon falut, en difant, fainte Vierge, fainte Vierge Marie, mere de Dieu, notre Dame, notre Avocate, notre protectrice; ou en portant le Scapulaire, ou en recitant le Rofaire, ou en jeûnant ou gardant quel. que abftinence certains jours à fon honneur, fans mener avec cela une vie chrétienne?

Ne vous y trompez pas. Car quand vous porteriez

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jour & nuit le Scapulaire, quand vous reciteriez tous les jours le Rofaire, quand vous feriez abftinence tous les mercredis, quand vous jeûneriez tous les famedis, quand vous communieriez tous les jours de fêtes de la fainte Vierge en un mot quelque devotion que vous pratiquiez à son honneur, fi avec cela vous n'observez point les commandemens de Dieu & de l'Eglife, fi vous ne vous acquittez point des devoirs de votre état, fi vous ne veillez point fur vos enfans, fur vos domeftiques, fi vous ne praiquez point les vertus chrétiennes, la douceur, la patience, l'humilité, fi vous ne mortifiez point vos paffions, fi vous ne forcez point vos inclinations, fi vous ne resti. tuez pas le bien mal acquis, fi vous ne payez pas vos dettes, le pouvant faire; fi vous n'avez pas de charité pour les pauvres, fi vous ne pardonnez pas les injures, fi vous n'aimez point vos ennemis, fi vous n'évitez pas le peché & les occafions du peché ; en un mot fi vous ne menez pas une vie chrétienne, vous avez beau vous declarer ferviteur de Marie, & l'honorer par quelques marques exterieures de devotion envers elle, elle ne vous reconnoitra point pour être du nombre de fes devots, elle rejettera vos hommages, & bien loin de demander des graces pour vous, elle follicitera au contraire votre punition & votre perte. En un mot, fi vous vivez dans le peché, vous y mourrez & vous irez en enfer avec toutes vos pratiques de devotion envers la fainte Vierge.

Si l'Eglife apelle la fainte Vierge le refuge des pecheurs, elle l'entend feulement des pecheurs penitens qui travail. lent ferieufement à leur converfion, qui implorent humblement le fecours de la fainte Vierge pour avoir un ac cès favorable auprès de Jefus-Chrift fon Fils. Parler au trement c'eft faire outrage à la fainte Vierge & la rendre la protectrice des ennemis de Dieu dans le tems même qu'ils l'offenfent, &qu'ils font encore difpofés à l'offenfer. La fainte Vierge entrant dans tous les defleins de Jefus Chrift fon Fils, ne prie que pour nous obtenir la grace de détefter & de quitter nos vices & de travailler à détruire nos mauvaifes habitudes, & à combattre nos incli nations dereglées. Elle aime tous ceux qui aiment Dieu, elle hait le déreglement de tous ceux qui offensent Dieu,

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