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tant qu'ils demeurent attachés au peché.

Mais comme il y a des Chrétiens qui allurent leur falut fur une faufle devotion qu'ils ont à la fainte Vierge, il y en a auffi qui l'affurent fur celle qu'ils ont à certains Saints & certaines Saintes, s'imaginant qu'ils recevront furement & immanquablement de Dieu toutes fortes de faveurs fpirituelles & temporelles par leur interceffion, fans fe mettre en peine ni de faire pénitence ni d'accomplir fa fainte loi. Il faut tenir pour conftant que les prieres que nous faisons aux Saints ne nous font d'aucun fecours qu'autant que nous marchons dans la voye des comman. demens de Dieu, ou que nous defirons fincerement d'y marcher.

Il y a encore beaucoup de gens fimples & fuperftitieux qui s'imaginent qu'il ne faut qu'être devot à certaines Reliques des Saints, que les porter fur foi, que frequenter les lieux où elles font confervées, pour ne point mourir en peché, pour n'être point privé des Sacremens à l'heure de la mort, pour être affuré de fon falut. Néanmoins quelque vertu que Dieu ait donné aux Reliques des Saints, la foi ne nous permet pas de croire qu'elles ayent le pouvoir d'empêcher que nous ne mourrions en peché, de faire que nous ne foyons point privé des Sacremens à l'heure de notre mort, & d'aflurer notre falut, à moins que nous ne menions une vie chrétienne.

Si on ne doit pas mettre l'aflurance de fon falut dans les Reliques des Saints, on ne doit pas auffi la mettre dans les Images des Saints. Cependant il y a bien des gens qui s'imaginent qu'il y a de grandes vertus dans quelques Images, qui croyent qu'en les portant fur foi, ou en les regardant, ou en leur portant quelque honneur, on eft certainement prefervé de differentes fortes de maux & d'accidens fâcheux, même de la mort fubite: en forte que fi ce que l'on attribue à ces Images étoit vrai, ces Images auroient plus de pouvoir auprès de Dieu que tous les Sacremens, ce qui eft une fauffeté manifefte.

Il faut favoir touchant l'honneur qui fe rend auxCroix & aux Images de Jefus Chrift, de la fainte Vierge & des Saints, 1. que cet honneur doit fe raporter à ce qu'elles reprefentent. Quand on fe profterne devant une Croix,

quand ce feroit même la vraie Croix fur laquelle Jefus Chrift a été attaché, ce n'est pas la Croix qu'il faut adorer, mais Jesus-Chrift mort pour nous, dont cette Croix nous renouvelle l'idée. Ce feroit une idolatrie que de raporter l'adoration à la Croix en elle-même & feparée de Jefus Chrift; car cette Croix n'eft point Dieu, & Dieu feul doit être adoré. Quand donc on fe met à genoux devant une Croix ou quelqu'autre image, ou qu'on les falue, ce doit être pour adorer Jesus-Chrift ou hono⚫ rer les Saints que ces images reprefentent. 2. Qu'il ne faut pas croire qu'il y a aucune divinité ni aucune vertu dans ces images. 3. Que nous ne devons pas adreffer nos prieres à ces images, mais à Jesus Christ ou à la fainte Vierge, ou aux Saints que ces images representent.

La devotion que l'on a pour certaines images miraculeufes n'a rien d'opofé à ces regles, quand elle est enten⚫ due felon l'efprit de l'Eglife. On apelle miraculeuse une image de Jefus-Chrift ou de la fainte Vierge ou de quelque Saint, à l'occafion de laquelle Dieu a operé quelques miracles. 1. L'Eglife ne croit point que ces ftatues ou images foient le principe de ces miracles, ni qu'il y ait en elles-mêmes aucune vertu : elle les conferve feulement avec refpect comme des monumens de la bonté & de la toute-puiflance de Dieu. 2.L'Eglife efpere que la vue de ces images renouvellant dans l'efprit des peuples le fouvenir des miracles que Dieu a operé à leur occafion, animera leur foi & les portera à faire des prieres plus ferventes qui pourront attirer fur eux de nouveaux effets de la protection de Dieu par les merites de Jefus-Chrift & par l'in« terceffion de la fainte Vierge & des Saints. 3. L'Eglife ne fouffre pas qu'on adreffe des prieres à ces images, ni qu'on mette la confiance en elles : ce font ceux qu'elles reprefentent qu'on invoque, c'eft en Dieu feul qu'on met fa confiance. 4. S'il fe trouve des gens qui par ignorance tombent fur cela dans quelque excès, où s'il fe gliffe quelques abus, l'Eglife ne les autorife pas, elle ordonne aux Pafteurs de les corriger, & d'aprendre au peuple ce qu'il faut croire fur ces devotions.

Il fe commet encore beaucoup d'abus à l'occafion des Pelerinages aux lieux faints. Car il y a beaucoup de gens

qui s'imaginent que parce qu'on fait des Pelerinages aux lieux faints qu'on fera fauvé, quoiqu'on mene une vic mondaine, & qu'on n'ait pas grand foin de garder les commandemens de Dieu & de s'aquitter des devoirs de fon état. C'est une erreur groffiere & une illufion toute pure condamnée par le fecond concile de Chaalons. Ce même Concile enfeigne qu'on ne doit pas entreprendre des Pelerinages par fainéantife, par curiofité, pour courir, pour voir, pour être vu, ni pour d'autres femblables motifs, comme font la plupart des Pelerins, mais feulement par un principe de dévotion, par un efprit de peni. tence & dans le deflein de fatisfaire à Dieu par les bonnes œuvres & par les fatigues & autres peines qui accom. pagnent ordinairement les Pelerinages. Ce concile dit encore que les Pelerinages doivent être accompagnés de l'amandement de la vie & du reglement des mœurs. Suivant ces faintes regles il y a peu de Pelerins au monde, mais beaucoup de coureurs ou de voyageurs qui reviennent fouvent pires des lieux de devotion qu'ils ont vifité, qu'ils n'étoient quand ils font partis de leur maison, parce qu'ils ont mal fait une action fainte, & qui de fa nature les devoit avancer dans la pieté. Tels font entr'autres les jeunes gens de different fexe,qui entreprenant cesvoyages fous pretexte de pieté, mais qui en chemin faifant, & fur tour dans les endroits où ils fe trouvent pour paffer la nuit, s'abandonnent au libertinage. Eft-ce Dieu ou les Saints qu'on honore, ou plutôt n'eft-ce pas fes propres paffions, & par confequent le démon que l'on contente en ces occafions? Cet abus eft fort commun.

Pour ce qui eft des Confrairies, elles font établies dans l'Eglife, afin d'honorer Dieu,la fainte Vierge & les Saints, & de foulager les pauvres ; & afin que les fideles s'unif fent enfemble pour s'entr'aider à pratiquer les vertus chrétiennes & à fe fanctifier plus facilement dans les diverfes conditions où la divine providence les a apellés. Mais il ne faut pas fe perfuader que pour être de ces Confrairies, & en porter les marques exterieures, on foit affuré de fon falut, à moins qu'avec cela on n'ait grand foin de gatder les commandemens de Dieu & de s'acquitter des devoirs de fon état.

Il ne faut pas s'imaginer auffi que l'habit de Religieus non plus que les livrés des Confrairies, ni les inftrumens, ni les fignes exterieurs de pieté ayent un privilege fi extraordinaire, que celui de mettre ceux qui les portent dans la voye affurée du falut, fi avec cela on ne vit point en veritable Chrétien ; ce qui eft abfolument necessaire pour être fauvé, & fans quoi c'eft fe conduire plutôt en pharifien qu'en Chrétien, d'aflurer fon falut fur ces feules pratiques exterieures, qui très-fouvent ne font pas jointes avec l'efprinde pieté neceflaire pour être fauvé.

Enfin il y a encore d'autres abus qu'il faut éviter dans la dévotion envers la fainte Vierge & les Saints.

· I.

1. Il y a des perfonnes peu inftruites qui prient premie. rement & prefque uniquement la Ste. Vierge, ou un Saint, ou une Sainte, dont on aura recommandé la devotion, pendant qu'elles négligent de s'adreffer à Dieu & à JefusChrift, ou ne s'y adreffent que très-rarement, ne confiderant pas que c'eft à Dieu principalement comme étant la fource de toutes les graces, & à Jesus-Christ comme notre unique mediateur envers Dieu, que nous devons adreffer toutes nos prieres. Nous pouvons à la verité adreffer nos prieres à la fainte Vierge & aux Saints: mais nous ne devons pas tellement prier la fainte Vierge & les Saints, que nous oublions Dieu & Jefus Chrift, puisque toutes les graces que la fainte Vierge & les Saints peuvent obtenir pour nous, viennent de Dieu par les merites de Jefus Chrift.

2. C'eft auffi une erreur très-blamable de croire que la fainte Vierge & les Saints, à qui nous nous adressons, ont plus d'amour & de bonté pour nous que Dieu ou Jefus Chrift. Quoique la fainte Vierge & les Saints n'ayent de compaffion & de tendreffe pour les pecheurs qu'autant que Dieu & Jefus Chrift leur en infpirent ; cependant il y a des gens qui s'imaginent que la fainte Vierge eft toute portée à la clemence, comme fi elle n'avoit point à cœur les interêts de Diea & de Jesus-Chrift offenfé par les hommes, & ils croyent que Dieu & Jesus Christ font plus portés à la juftice & à la rigueur qu'à la clemence; comme fi Dieu ne fe plaifoit pas à faire éclater particu. lierement fa toute puiflance à pardonner & avoir pitié de

nous. Dieu & Jefus. Chrift ne font portés à la juftice & à la rigueur qu'à l'égard des pecheurs endurcis & impeni tens: la fainte Vierge & les Saints ne peuvent s'intereffer pour le falut des pecheurs, qu'autant que Dieu par fa mi• fericorde infinie veut bien leur donner l'efprit d'une vraie penitence, qu'il accorde fouvent aux prieres de la fainte Vierge & des Saints, & aux gemiffemens de l'Eglife.Mais c'eft Dieu qui par les merites de Jefus-Chrift infpire à la fainte Vierge & aux Saints ces prieres qu'il exauce; comme c'eft lui même qui forme les gémiflemens de l'Eglife; c'eft lui feul comme fource de toutes graces & de toute mifericorde, qui pardonne aux pecheurs & a pitié d'eux.

3. Une autre erreur qui ne feroit pas moins dange reufe, feroit de s'adreffer à la fainte Vierge &aux Saints, comme fi la mediation de Jefus-Chrift n'étoit pas fuffifante, ou de s'y adreffer tellement qu'on diminuât la con. fiance que nous devons avoir en Dieu & en Jesus-Chrift; eu enfin comme fi la fainte Vierge & les Saints pouvoient quelque chofe independamment de Dieu & de JefusChrift.

On entend quelquefois dans des fermons,& on lit dans certains livres de devotion des manieres indifcretes de parler qui peuvent donner lieu à ces erreurs ; comme lorfqu'on dit que la fainte Vierge eft la maitreffe & la dépofitaire des tréfors de la charité de Dieu, & qu'elle peut en difpofer comme il lui plait ; qu'on ne peut rien faire de meilleur ou de plus excellent que de fe confacrer entierement au fervice de Marie; qu'il faut faire & raporter tous les jours toutes nos actions à fon honneur, &c. fans jamais faire aucune mention de Dieu qui doit être la fin derniere de toutes nos actions, de toutes nos affections, de toutes nos devotions & de toutes nos prieres.

De la fanctification des Dimanches & des Fêtes Uoiqu'il n'y ait aucun jour que nous ne devions en

failant de bonnes œuvres, nous fommes pourtant obligés de fanctifier d'une maniere toute particuliere certains jours que Dieu s'eft comme refervé & que l'Eglife nous preferit. Ces jours font les Dimanches & Fêtes.

La fanctification des jours de Dimanches & de Fêtes confifte en deux choses.

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