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pour Jefus-Chrift, en déclarant qu'il fouffriroit plutôt = la mort que de le renier pour fon maitre; il commit néan moins ce crime, en s'expofant à la tentation & entrant chez le grand Prêtre. Ainfi quelque bon propos que l'on : forme de ne plus commettre aucun excez, toutes ces réfolutions s'évanouiflent, & on retombe dans les mêmes défordres, quand on retourne au cabaret, ou que l'on frequente encore des perfonnes fujettes à l'intemperance. Il faut donc abfolument fuir ces occafions, fi on veut - éviter le peché.

O

Des bals des danses.

N peut dire avec le grand faint Charles que les bals & les danfes font une invention du démon pour perdre les ames & pour corrompre les mœurs des fideles, & qu'il n'y a rien de plus pernicieux pour le falut. En effet c'est dans les danfes que tout confpire à donner imperceptiblement entrée au peché dans le cœur, tant de ceux qui danfent,que de ceux qui regardent danfer. Les affemblées de bals & de danfes, difent les Peres de l'Eglife, font le territoire du démon; car c'eft là que regne cet efprit impur: c'eft une fournaife où tout brule d'un feu impudique. C'eft là où les hommes & les femmes, les garçons & les filles fe rencontrent pour faire un commerce reciproque d'impureté, par les regards, par les geftes, par les paroles à double entente, par les chanfons impudiques, par les baifers libres, par les embraffemens lafcits, par les fales imaginations & par les défirs criminels qu'excite tout ce qu'on y dit & ce qu'on y fait : c'est là où les filles & les femmes font obligées de rougir,& malheur à elles fi elles ne rougiffent pas, par le détail de mille fot. tifes qu'on débite publiquement, ou par celles qu'on leur débite à l'oreille. C'eft là où un jeune homme prend une fille par la main, qu'il la lui ferre, pour l'émouvoir ou pour lui faire voir qu'il eft ému & qu'il brule d'un amour criminel pour elle: c'eft là où les oreilles font charmées par le concert des violons, où elles fe corrompent par l'ouye des chanfons diaboliques. C'est là où les yeux perdent leur pureté à examiner les perfonnes qui leur plaifent davantage, & qui s'apliquent avec foin à leur plaire: car perfonne n'ignore que les garçons & les filles I. Partie. X

fe mettent fur leur propre, qu'ils employent toutes les affecteries & les artifices imaginables pour se rendre aimables les uns aux autres, & pour plaire aux yeux de ceux qui les regardent. De forte qu'en confidérant les bals & les danfes fuivant les lumieres de la foi, on y découvre un maffacre horrible d'ames qui s'entretuent les unes les autres. On y voit des femmes en qui le démon habite, qui font à de miferables hommes mille playes mortelles, & des hommes qui percent le cœur de ces femmes par de criminelles idolâtries. La foi y fait voir les démons qui entrent dans ces ames par tous les fens de leurs corps, qui les empoifonnent par tous les objets qu'ils leur prefentent. Elle fait voir Dieu qui regarde ces ames avec indignation & qui les abandonne au démon. Enfin la foi fait voir que la danfe eft une compagnie d'aveugles & d'infenfez qui s'entredonnent la main pour s'abimer tous enfemble dans l'enfer.

Ainfi aller aux bals & aux danses, c'est vouloir se perdre, c'eft confentir à fa perte. Malheur aux peres & meres, qui loin de veiller avec tout le foin poffible fur la pureté de leurs enfans, ne craignent pas de les expofer à ces aflemblées contagieufes, & quelquefois même les obligent malgré eux à s'y trouver, fous pretexte de leur donner les airs du monde, & de faciliter par ce moyen leur établiffement.

Saint Charles, Archevêque de Milan, ce grand Cardinal, le reftaurateur de la difcipline Eccléfiaftique, s'eft apliqué avec un foin particulier à extirper ce refte de paganiline dans fon diocefe: il a recommandé très particu lierement aux Predicateurs de prêcher fouvent & avec force contre les danfes & les bals, & de faire voir combien Dieu y eft griévement offenfé, & combien le public en fouffie par les guerres, les fterilités, par les maladies & les autres calamités publiques, que ce Saint regardoit comme des fuites des danfes, & il ordonne aux Confeffeurs de ne pas donner l'absolution à ces danfeurs & à ces danfeufes qui ne font pas dans une volonté fincere de s'en abftenir à l'avenir.Ce qui doit auffi s'entendre des joueurs de violons & de tous ceux qui contribuent à ces divertif 'femens fi profanes & fi indignes de la fainteté du chriftia

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nifme. On peut dire des joueurs d'inftrumens, que s'ils les font fervir à ces divertiffemens criminels, ce font des ennemis de Jefus-Chrift, des organes du démon, des peftes publiques, des tifons de l'enfer.

Non feulement il n'eft pas permis de danfer, mais il n'eft pas permis de regarder les autres danfer, parce que, comme dit faint Chtifoftome, quand bien même en voyant danfer on ne feroit ému à aucune mauvaise convoitife, c'eft toujours participer au peché d'autrui, puifque c'eft l'aprouver & y confentir: or fuivant l'Apôtre faint Paul, celui qui fait le mal & celui qui y confent, font tous deux dignes de punition.

Il eft raporté dans la vie de faint Eloi, Evêque de Noyon,que cinquante perfonnes furent poffedées des malins efprits durant un an entier pour s'être opofez à ceSaint qui prêchoit un jour contre les danses.

On pourroit encore raporter ici plufieurs autres exemples des punitions que Dieu a fait à l'occafion des danfes: mais ce que l'on vient de dire doit fuffire pour donner une grande horreur à tout Chrétien d'un divertiffement fi profane & fi pernicieux.

ON

Des Spectacles.

Napelle fpectacles les divertiffemens publics, tels que font les comedies, les opera & les autres reprefentations qui fe font fur les théâtres.

Les fpectacles font abfolument mauvais, parce qu'on n'y reprefente que les objets de la concupifcence, & que tout ce qu'on y voit & tout ce qu'on y entend n'eft propre qu'à détruire l'amour de Dieu dans le cœur des fpectateurs & à exciter les paffions.

N'aimez point le monde ni les chofes du monde, dit l'Apô tre S. Jean, car tout ce qui eft dans le monde eft concupifcence de la chair, ou concupifcence des yeux, on orgueil de la vie. Dans ces paroles, le monde & le théâtre qui en eft l'ima ge, font également réprouvez. Il est donc défendu aux Chrétiens de fréquenter l'opera, la comedie & les autres fpectacles publics de cette nature: car les difcours impurs que l'on y tient, les intrigues d'amour qu'on y explique, & tout ce qui s'y paffe, nourrit & fortifie la concupifcence de la chair, la magnificence des habits, la beauté des dé

corations, le luxe & les vains ornemens qu'on y voit: tout cela reveille & entretient la concupifcence des yeux: des hiftoires & les piéces qu'on y reprefente, infpirent presque toujours aux fpectateurs des défirs de grandeur & des mouvemens d'ambition.

En affiftant aux opera, aux comedies & aux autres fpectacles publics de cette nature, on fe rend coupables de plufieurs pechez. Car il y a peché, 1. d'aplaudir aux comediens, de les aprouver & de contribuer à les entretenir dans leur damnable profeffion. 2. De s'expofer fans rai. fon & pour fon feul plaifir au péril d'offenfer Dieu. 3. D'autorifer par fa préfence des affemblées profanes, où toutes les maximes de l'amour & du libertinage se débitent au grand scandale de la Religion; où on n'entend que des chanfons qui amoliffent & qui corrompent le coeur. 4. On péche par la complaifance qu'on a pour tous ces airs languiflans & amoureux, quand on feroit même exemts de paffions. 5. Par la perte du tems qu'on employe à ces fpectacles. On fe plaint qu'on manque de tems pour les exercices du Chriftianifme, & on dérobe du tems à fes occupations & à fes devoirs les plus preffans pour de vains fpectacles, qui pour cette feule raison seroient criminels, quand ils ne le feroient pas d'ailleurs. 6. Par le mauvais ufage de l'argent qu'on y dépense. Dieu fera voir au jugement que plufieurs perfonnes qui ont manqué de pain auroient pu être fecourues avec l'argent qu'on a employé aux fpectacles. 7. Par raport aux effets que les fpectacles produifent infailliblement dans les perfonnes les plus innocentes, favoir une grande diffipation d'efprit, un éloignement des chofes de Dieu, une froideur pour la priere, un dégout des livres de pieté, un amour du monde : car c'eft là le regne du monde. Ces affemblées ne font compofées que de perfonnes mondaines, qui avec leurs parures immodeftes, ne fongent qu'à voir & à être vues. Le peché eft encore plus grand pour les perfonnes qui font profeffion de vertu, parce que les mondains s'autorifent de leur regularité aparente, & croyent fe pouvoir permettre des plaifirs que ceux qui paffent pour gens de bien ne fe refufent pas.

On ne prétend pas mettre ici au rang des spectacles dé

fendus les reprefentations qui fe font fur le théâtre dans les colleges pour l'exercice de la jeuneffe. Leurs reglemens portent que les tragedies & les comedies feront faites en latin, que l'ufage en fera rare, qu'elles auront un fujer faint & pieux, qu'il n'y aura rien dans les intermedes des actes qui s'éloigne de la bienféance, & qu'on n'y intro. duira aucun perfonnage de femme, ni jamais l'habit du fexe.

Les théâtres des operateurs & des baladins qui font ordinairement dreflés dans les places publiques, font regardez comme indécens par toutes les honnêtes gens, & ce ne font ordinairement que les artifans & les pauvres qui s'y arrêtent. Il femble même que le démon ait introduit pour eux cette forte de fpectacle, afin que comme ils n'ont pas le moyen de gouter dans les opera&les comedies le poifon dont il fe fert pour perdre les ames, ils puiffent facilement s'en raffafier aux pieds de ces théâtres publics & c'eft pour cette fin qu'il y employe des boutons dont il fe fert comme d'une pefte dont il infecte toutes les villes dans lesquelles ils vont, dit faint Chrifoftome. Auffitôt que ces boufons ridicules ont proferé quelques paroles impies & deshonnêtes, on voit que les fous s'emportent dans des éclats de tire, & qu'ils leur aplaudiffent pour des chofes pour lesquelles on devroit les lapider, dit ce faint Pere. C'est donc un divertiflement bien honteux & un déteftable plaifir que celui que l'on prend à cette forte de fpectacle, & ceux qui s'y trouvent font voir qu'ils ont l'efprit & le cœur bien bas, & qu'ils ont bien peu de chriftianifme.

Il ne convient pas non plus à des Chrétiens de fe trouver à des reprefentations de marionettes, dans lesquelles il n'y auroit rien qui parut agreable & divertiffant-, fi on n'y mêloit des paroles boufonnes & deshonnêtes avec des poftures & des mouvemens tout-à-fait indecens. C'eft pourquoi une perfonne fage ne doit regarder ces fortes de fpectacles qu'avec mépris, & les peres & meres ne doivent jamais permettre à leurs enfans d'y affifter, & doivent leur en infpirer beaucoup d'horreur, comme étant contraires à la bienféance & à la pieté chrétienne. Enfin il n'eft point permis de fe trouver aux fpectacles

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