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vendant à credit, qu'ils ne fe prévalent point de l'ignorance ou de la neceffité des autres, ni de la trop grande envie qu'ils ont d'acheter ou de vendre. Qu'ils fe contentent d'un gain moderé : qu'ils ne décrient point la marchandife des autres. Qu'ils ne vendent pas ce qui n'eft propre qu'au peché. Qu'ils évitent toutes ufures & autres injuftices palliées & autorisées par l'ufage. La pratique des hommes ne juftifie rien de ce qui eft contraire à la loi de Dieu. Qu'ils veillent fur leurs affaires, n'en entreprenant pas trop, ne rif quant pas trop leur bien, moins encore celui des autres. Qu'ils comptent moins fur leur induftric, leur credit ou leurs amis, que fur la benediction de Dieu. Qu'ils l'attirent par leurs prieres & par leurs aumônes. Qu'ils évitent l'inquietude & le trop d'empreffement. Qu'ils n'employent pas au negoce les tems fpecialement confacrés au Seigneur. Enfin qu'ils fe fouvien nent qu'offenfer Dieu dans le negoce, pour gagner c'eft s'adreffer au démon pour avoir des richeffes., Que s'ils negocient felon Dieu, ils gagneront tou-. jours, & que quand ils gagneront moins pour la terre, ils s'enrichiront pour le ciel.

On diroit aux Dames de qualité que leurs biens exemptent de travailler par neceffité, que fi elles n'ont pas befoin de travailler pour entretenir la vie temporelle, elles en ont befoin pour acquerir la vie éternelle.. Elles ne font point chrétiennes pour vivre dans la molleffe & l'oifiveté: qu'elles prennent donc hors du tems de la priere & de celui qu'elles doivent employer au gouvernement de leur famille, un exercice qui leur foit convenable qu'elles travaillent pour les pauvres ou pour l'Eglife, puifqu'elles n'ont rien à faire pour elles-mêmes. Leur vie eft route gagnée, parce qu'el les ont du bien : mais le ciel n'eft pas encore gagné. pour cela, & elles ne le gagneront pas à ne rien faire. Elles doivent rendre graces à Dieu de ce que n'ayant point befoin de travailler pour la terre, elles peuvent rapporter uniquement à lui leur travail. Les Dames riches en travaillant pour les pauvres travaillent pour elles-mêmes, parce qu'elles recueilleront dans le ciel

le fruit de ces travaux volontaires qu'elles auront fait fur la terre. Le travail le plus important & l'occupation la plus neceffaire & la plus indifpenfable des meres de famille de quelque qualité qu'elles foient, eft: l'éducation de leurs enfans, & une grande attention fur leurs domeftiques, fur tout lorfqu'ils font de different fexe.

On diroit enfin aux ferviteurs & fervantes, que la fervitude dans laquelle ils font, eft une fuite & une pu nition du pèché; car s'il n'y eut point eu de peché, toutes les conditions euffent été égales, il n'y auroit point eu de maitres ni de valets: ainfi qu'ils doivent offrir à Dieu dans un efprit de penitence le fervice. qu'ils vont rendre à leurs maitres; faire ce qu'ils font par affection & non par contrainte, & travailler non pour gagner les gages que les hommes leur ont promis, mais pour acquerir la vie éternelle que Dieu veut bien leur donner, s'ils le regardent en la perfonne de ceux qu'ils fervent, & s'ils font pour lui ce qu'ils font obligés de faire par leur devoir. Cette vue adoucira le joug de leur fervitude: elle leur fera fupporter avec moins de peine les fatigues de leur emploi: elle les rendra fideles dans le maniment du bien & des affaires de leurs maitres & exacts dans l'emploi du tems qui n'eft plus à eux, mais à ceux dont ils mangent le pain: enfin elle relevera les offices les plus bas de leur condition, parce que tout ce qui eft fait pour Dieu eft grand, & fi grand qu'il en fera lui-même la recompenfe.

Du Repas.

Nne doit manger & boire que pour vivre & pour reparer par la nourriture les forces diffipées & affoiblies par le travail, afin d'être capable de faire ce que Dieu demande de nous dans l'état où fa providence nous a engagé.

L'on ne peut boire ni manger pour le feul plaifir, fans fe rendre coupable devant Dieu. Comme nous ne devons vivre que pour Dieu, nous ne devons auffi conferver notre vie par la nourriture que pour Dieu.

Prenons garde de ne faire aucun excés dans le man. ger ni dans la boiffon,de ne pas manger avec trop d'em

preffement & d'avidité, & de ne pas fuivre notre fenTualité. Il faut manger avec modération & penfer ou à la bonté avec laquelle Dieu nous nourrit, pendant que tant d'autres meilleurs que nous fouffrent la faim; ou au breuvage amer de Jefus Chrift, ou à la faim enragée dont les damnés feront punis en enfer. Ces penfées empêchent la diffolution dans l'abondance des vivres, & elles infpirent la patience dans la difette.

Faifons une attention particuliere à ne point nous laiffer aller à des immodefties & des difcours libres, & à des legeretez qu'il eft aifé de commettre parmi la bonne chere. N'excedons jamais dans nos repas par gourmandise ou par une lâche complaifance pour ceux qui nous y veulent obliger, ou par le mauvais exemple de ceux avec qui nous fommes.

N'imitons pas les perfonnes qui n'ont d'autre entretien que celui des ragoûts, des vins délicieux & de la bonne chere, ne penfant qu'à contenter leur bouche, fe plaignant toûjours de ce que les chofes ne font pas affez à leur goût, & mettant presque toute leur félicité à contenter leur apétit, à boire ou à manger.

Ne laiffons jamais paffer de repas fans nous mortifier, particulierement dans les chofes qui ne fervent qu'à flatter notre goût. Cette mortification eft un hommage que nous devons à l'abftinence & aux jeûnes extrêmes que Jefus Chrift notre chef a volontairement fouffert durant la vie. C'est un acte de penitence & de fatisfactions pour nos pechés & un moyen d'aflujettir toujours le corps à l'efprit

Obfervons exactement l'abstinence & le jeûne commandez par l'Eglife. En jeûnant, ne devançons pas l'heure du repas. Que nos collations foient legeres & non pas des foupés. Souvenons - nous que Dieu jugera lui-même des excufes & des difpenfes qu'on allegue pour ne pas obferver les loix de l'Eglife.

En évitant l'intemperance pour nous, ne nous rendons pas coupables de celle des autres, foit en les excitant à des excès, ou à violer les loix du jeûne ou de l'abftinence, foit en ne les empêchant pas autant que nous le devons.

Le peché en ce point n'en eft pas moins grief pour être plus commun.

Il ne faut point negliger la pieufe coutume de de. mander à Dieu fa benediction avant le repas, & de le remercier après l'avoir pris. C'eft le moyen de fanctifier la nourriture que nous prenons, & d'obtenir que le demon ne s'en ferve pas pour nous nuire. Il faut être fidele à faire ces prieres toutes les fois que nous prenons quelque nourriture mais il faut faire ces prieres non pas par coutume & avec precipitation, mais avec attention & refpect,nous fouvenant que nous parlons à Dieu, & qu'il nous regarde en toutes nos actions.

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Des Recreations.

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tuelle ; moins encore à un pecheur qui ne merite que l'enfer. Cependant il y a des recréations permifes, par ce qu'il il y en a de neceflaires. Le corps fatigué par un long & pénible travail a befoin de repos : l'efprit épuisé par une forte application a befoin de relâche.

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Ne nous recréons donc jamais que par befoin, puif que c'eft le befoin feul qui rend la recréation permife. Employons peu de tems à nous recréer, puifque la recréation longue paffe les bornes de la neceffité, & n'eft plus un délaflement permis, mais une oifiveté criminelle. Souvenons-nous, qu'une vie de divertiffement & de plaifir eft une vie antichrétienne & de reprouvé & qu'un pecheur doit fe priver de plufieurs plaifirs permis, pour expier les criminels. N'employons jamais à la recreation le tems des divins Offices. C'eft un grand abus de ne regarder les jours de Dimanche & de Fête, que comme des jours de divertiffement, & d'employer ces faints jours, ou au moins la plus grande partie d'iceux à la chaffe ou au jeu, ou à la promenade, ou autres parties de plaifir, quand bien même on auroit affifté aux Offices & Inftructions publiques.

Evitons tous les divertiffemens défendus & dange reux, comme font les jeux de hazard, les danfes, les bals, les fpectacles, les veillées, les promenades & furtout les têtes-à-têtes avec des perfonnes de sexe diffe

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tent: tous les jeux accompagnés de paroles ou de gef tes qui reveillent des penfées impures, les débauches' du carnaval, de la veille des Rois, de la S. Martin, & autres rencontres femblables; enfin les chansons badines & libertines & les cabarets.

Si nous jouons de l'argent à des jeux permis, que ce foit peu de chofe. Ne jouons jamais precifement pour gagner: on ne doit jouer que pour fe délafler. Ne nous emportons point dans les pertes : n'infultons pas à ceux qui perdent. Ne nous recréons pas indifferemment avec toute forte de perfonnes. Les perfonnes emportées nous cauferont du chagrin, au lieu de nous réjouir. Les perfonnes attachées au jeu, nous feront paffer les bornes d'une recréation permife: Les perfonnes d'un fexe different font fouvent pernicieufes & toujours à craindre.

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Pour fanctifier nos recréations & pour en éviter les dangers, il eft à propos 1. de ne commencer aucun jeu aucune recréation, qu'après avoir offert à Dieu ce que nous allons faire en difant, au moins de cœur : Mon Dieu, c'eft pour votre amour & > pour donner de relâche à mon efprit, afin de vous fervir peu », enfuite avec plus d'application.,, 2. De rappeller de tems en tems le fouvenir de la prefence de Dieu, confiderant qu'il nous voit & qu'il nous écoute: ce qui doit nous empêcher de rien faire & de rien dire qui puiffe lui déplaire. Enfin d'être exacts à finir la recréation à l'heure marquée, & de prendre auffi tôt après, quel tems pour nous recueillir, pour en rendre compte Dieu, & pour lui offrir le travail qui doit fucceder.

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Des Converfations & des Vifites.

'On commet fouvent une infinité de fautes dans les converfations: C'eft pourquoi l'Apôtre faint Jacques appelle la langue, un monde d'iniquité. En effet 1.Combien de paroles équivoques contre la pureté. 2. Combien de déguifemens contre la verité. 3. Com bien de médifance contre la charité. 4. Combien de vaines louanges données & reçûes contre l'équité. 5. Combien de mauvaifes actions aprouvées par complai fance contre la justice. 6. Enfin combien de railleries

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