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de votre mort, de me pardonner tous mes pechés & infi. delités, & de me donner toutes les graces neceflaires pour vivre & mourir dans votre faint amour. J'accepte par avance la mort en union de la vôtre comme un arrêt de la juftice de Dieu auquel je me soumets, comme un hommage que je veux rendre à l'immutabilité de fon être & comme la confommation de ma peni. tence. Faites, ô divin Jelus, que je regarde, que j'attende & que je defire la mort comme la fin de la tyrannie du peché, & le commencement du regne de la juftice, & comme le moyen neceflaire pour être uni parfaite

ment avec vous.

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L

De la maniere de paffer la foirée.

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commencée : pour cela, il faut après avoir pris le repas du foir, fuivant les regles marquées ci-devant touchant le repas, paffer la foirée d'une maniere fage, évitant la médifance, les paroles impudiques, les mauvai fes chanfons, les jeux & les divertiffèmens où Dieu eft offenfé, tels que font ceux où les garçons & les filles fe trouvent enfemble, & fe laiffent aller à des bailers & autres familiarités criminelles.

Quand on pafle mal la foirée, c'eft-à-dire, quand on palle ce tems là à s'entretenir des défauts des autres ou à dire des paroles impudiques ou des mauvaises chanfons, ou à des jeux & des divertiffemens tels que font ceux dont on vient de parler, le demon y préfide pour porter au peché les perfonnes de la compagnie : au lieu que quand on la palle chrétiennement, Jefus-Chrift s'y trouve pour y repandre fes graces & fes benedictions il feroit bon alors de faire ou d'entendre quelque bonne lecture, comme la vie du Saint du jour, ou quelqu'autre fujet de pieté.

AP

De la Priere du foir.

Près avoir paflé la foirée de la maniere marquée ci-deffus, il faut faire la priere du foir fans y man quer jamais fous pretexte qu'on eft fatigué du travail, ou qu'on eft preflé du fommeil.

Il faut faire la priere du foir en commun avec toute la famille, si cette louable coutume y eft déja établie : fi

elle ne l'eft pas, il faut tâcher de le perfuader aux au? tres; car les prieres que l'on fait en commun, où tous s'uniffent dans un même efprit & un même cœur, font les plus excellentes & les plus efficaces pour attirer les graces & les benedictions de Dieu; notre Seigneur Jefus Chrift ayant promis que toutes les fois que deux ou trois perfonnes s'affembleront en fon nom pour le prier, il fe trouvera au milieu d'eux. Si nous ne pouvons pas perfuader une pratique fi fainte & fi louable aux gens de notre maison, il faut faire notre priere en notre particulier en quelque endroit à l'écart, fans jamais nous en difpenfer.

Si la priere fe fait en commun, il faut que le pere ou la mere faffe affembler les enfans & les domeftiques, & tous s'étant mis à genoux fans s'appuyer, celui de la compagnie qui eft le mieux inftruit, fera tout haut les actes & les prieres qui font ci-après dans l'exercice de la priere du foir. Tous les autres l'écouteront avec attention & repondront à chaque article, Ainfi foit-il. Tous pourront dire enfemble le Symbole, l'Oraifon Dominicale & la Salutation Angelique. Celui qui dit la priere, doit dire chaque avertiffement d'un ton different de ce qui fuit l'avertiffement & s'arrêter aux pauses pendant quelque tems.

De l'examen du Soir.

Ne des plus importantes parties de l'exercice du

mande une attention bien ferieuse, non feulement pour reconnoitre les pechez que nous avons commis pendant le jour, mais encore davantage pour entrer dans les fentimens de regret que nous devons en avoir, & pour prendre les mesures & les moyens neceffaires pour ne les plus commettre.

Nous devons donc dans la priere du foir nous appliquer avec un foin particulier à reconnoitre les pechez que nous pouvons avoir commis dans la journée.

Il faut pour cela repaffer dans notre memoire toute la journée, & voir en quoi nous avons pu déplaire à Dieu dans nos actions, dans nos paroles & dans nos pentées.

Il faut examiner les infpirations que nous avons me

prifé, les graces dont nous n'avons pas profité, les bonnes œuvres que nous avons omifes, le tems que nous avons perdu, les pechez que nous avons fait commertre aux autres par nos mauvaises humeurs & par notre méchant exemple; de quelle maniere nous avons prié, mangé, travaillé, converfé; les jugemens de notre efprit, les attaches de notre cœur, les motifs de nos actions, les infidelitez aux devoirs de notre état.

Il faut fur-tout nous examiner fur l'état interieur de notre ame, fur nos difpofitions & nos inclinations fecrettes, qui font les fources & les racines de la plupart des pechez que nous commettons.

Il faut par exemple confiderer fi nous fommes naturellement coleres, impatiens, fuperbes, ambitieux, portez à la vanité, envieux, jaloux, avares attachés aux biens: fi nous avons de l'inclination pour la bonne chere & les délices de la table, pour la boiffon, pour l'impureté fi nous aimons trop notre corps, notre fanté, nos commodités : Si nous fommes durs & fans charité pour le prochain : Si nous aimons l'eftime des hommes, les ajustemens fuperflus, les ornemens de la vanité, les beaux,meubles, les belles maisons & autres chofes qui favorisent la vaine gloire: Si nous avons quelque amour humain & deregle pour quelque perfonne: fi nous avons de la paffion pour le jeu & les divertiffemens: fi nous fommes curieux d'apprendre des nouvel les inutiles, d'entendre ou de voir des chofes qui portent au peché ou qui infpirent l'amour des chofes du monde ou des pompes de fatan : fi nous avons une mau vaife curiofité ou malignité à connoitre & reveler les dé fauts & les vices du prochain, même des perfonnes ecclefiaftiques & des perfonnes religieufes : fi nous fommes trop prompts à faire des jugemens temeraires, à interpreter en mauvaise part les actions mêines innocentes des autres : fi nous nous plaisons à railler, à rire, à mé. dire du prochain : fi nous fommes fujets à l'efprit de vengeance, à concevoir du reffentiment & de la haine con tre ceux dont nous croyons avoir été offensés dans notre perfonne, ou dans celle de nos parens ou de nos amis; & enfin nous fommes pareffeux & negligens dans nos af

faires, dans nos devoirs, & fur tout dans ce qui regarde le fervice de Dieu & de notre falut.

Il y a un nombre infini de difpofitions du cœur, d'inclinations & de paffions semblables dans le fond de l'ame de chacun de nous, qui font les caufes & les principes de nos pechez, que l'on ne reconnoit prefque jamais, & fur quoi on ne pense pas même à s'examiner. Les hommes néanmoins ne font damnés que pour ne les avoir pas reconnues, ou pour ne s'en être pas corrigés.

On ne fauroit donc trop recommander la pratique de l'examen de confcience qui comme un miroir fidele nous doit reprefenter à nous-mêmes tels que nous fommes. Mais ce qui eft à craindre, c'est suivant l'avertiflement de l'Apôtre faint Jacques, que nous n'en ufions avec la legereté de ceux qui après avoir vu leurs taches dans un miroir, s'en vont auffi tôt, & bien loin de les ôter, ils oublient au moment ce qu'ils ont apperçû. Je veux dire que cette pratique de l'examen fi utile par elle-même, deviendra fans fruit, fi après avoir remarqué nos défauts nous en demeurons là: ou plutôt, fi nous nous en allons avec une tranquilité ftupide,. fans nous appliquer efficacement à corriger tout ce que nous avons reconnu de défectueux dans notre conduite. C'eft pourtant ce qui arrive prefque toujours.

Nous ne ferons rien de folide pour notre amende ment, fi en reconnoiffant nos défauts nous ne tâchons d'en découvrir les fources, & fi les ayant découvertes, nous ne nous appliquons à remedier à ces fources, d'où proviennent les fautes que nous commettons. Comme c'eft un travail aflez inutile que de couper les branches d'un mauvais arbre, tandis qu'on laiffera la racine, elle repouflera toujours. C'eftpourquoi fi, par exemple, nous fommes fujets à dire des menfonges, il faut voir d'où vient cette mauvaise habitude. C'eft peut être par vani té ou pour nous justifier, ou par avarice pour gagner quelque chofe, ou par une legereté d'efprit, ou par une trop grande precipitation de pa ler. Attachons - nous donc à couper cette racine & les branches tomberont d'elles-mêmes : je veux dire que nous nous appliquions à l'humilité, au definteressement & au filence, & nous verrons

verrons heureusement que nous ne mentirons plus. Si Hous nous laillons aller à des paroles dures: Si nous bleffons la charité: Si nous nous échapons contre le prochain, c'eft déja beaucoup d'en avoir de la douleur; mais toute cette contrition ne fera pas efficace, fi nous ne furmon. tons par des bontez & des offices de charité & d'amitié, l'antipathie que nous avons peut-être contre cette perfonne qui nous rend fi rudes envers elle; ou fi nous n'évitons cette compagnie, où nous favons que cela ne manque prefque jamais de nous arriver. Ainfi de tous nos autres défauts, dont il faut tacher de découvrir la fource afin que nous appliquant à la rétrancher, nous puiffions acquérir une guérison solide.

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Si par une conduite que Dieu permet quelquefois, nous nous trouvons dans une fi grande stupidité, ou dans des ténebres fi épaiffes, que nous ne voyons rien voyons au moins cette pauvreté avec confufion, étant aflez convaincus d'ailleurs que nous fommes coupables de bien des fautes: humilions-nous d'autant plus, que nous ne les appercevons pas.

Aprés avoir examiné notre confcience, il faut nous abbaiffer profondement devant la majefté de Dieu, implorer fa clemence & fa mifericorde par les mérites de Jefus - Chrift fon fils, & former une résolution fincere appuyée fur le fecours de fa grace,de travailler déformais ferieusement à nous corriger de nos défauts, & de lui être plus fideles à l'avenir.

Il faut entrer dans la difpofition de fouffrir & de perdre tout, de mourir même, plutôt que de l'offenfer mortellement, & de commettre même aucun peché veniel de volonté deliberée, Enfin il faut dire notre Confiteor dans ces fentimens, & ne jamais oublier les promeffes que nous aurons faites à Dieu, de peur de tomber pour l'éternité dans fa disgrace & fa malediction.

L. Partic

E

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