L'Eglife a établi cette fête folemnelle, 1. afin de fupléer aux féres de plufieurs Saints qu'on ne peut celebrer en particulier pendant le cours de l'année, tant à caufe de leur grand nombre, que parce qu'il y en a beaucoup qui font inconnus. 2. Afin que nous reparions en cette fête generale ce qui a manqué à notre pieté dans la celebration des fêtes établies en l'honneur des Saints en particulier. 3. Pour rendre graces à Dieu pour toutes les ames bienheureuses. 4. Afin qu'employant tout à la fois auprès de Dieu les prieres de tous les Saints > nous obtenions plus facilement de fa bonté, les graces neceffaires pour notre falut. 5. Pour nous exciter plus puiflam ment à la vertu par tant d'exemples reunis de gens de tout âge, de tout fexe & de toute profeffion, qui fervant Dieu dans leur état & faifant fa volonté en toutes chofes, font devenus des Saints & des Saintes. 6. Enfin pour nous animer à fervir Dieu par l'efperance du bonheur dont ces Saints jouiffent, & que Dieu nous donnera infailliblement, fi à l'exemple des Saints, nous avons foin d'éviter tout ce qui lui déplait, & fi nous nous ap pliquons à lui plaire en toutes chofes.

Pour celebrer dignement cette fête il faut entrer dans l'efprit de l'Eglife par raport à chacune des fix raifons que l'on vient de raporter. C'eft de quoi il faut nous occuper en cette fête & pendant toute l'octave dont on pourra fanctifier chaque jour par la meditation & la pratique des huit vertus ou beatitudes Evangeliques, que l'Eglife nous fait lire dans l'Evangile de la Touflaints, pour nous marquer le chemin qui a conduit les Saints au bon. heur dont ils jouiffent. On pourra fe fervir à cette fin des prieres fur les huit Beatitudes, qui font dans la premiere Partie de ce Livre, pag. 74.

Pour le jour des Morts.

A Foy nous apprend que quand Dieu par fa miferi corde nous pardonne la coulpe de nos pechés enfuite de notre penitence, il ne nous remet pas néanmoins toujours toute la peine que nous meritions, & que quoiqu'il nous remette la peine éternelle que nous devrions fubir, il nous condamne à endurer des peines temporel les. Les uns fouffrent en cette vie ces peines temporel

les, comme font ceux qui offrent à Dieu des jeûnes, des prieres, des aumônes & autres bonnes œuvres, & qui fouffrent de bon coeur en efprit de penitence les maladies & les autres afflictions que Dieu leur envoye pour les châtier de leur pechés. Les autres qui n'ont point fait peni. tence en ce monde, ou qui n'ont point fouffert des peines proportionnées au nombre & à la grieveté des offenfes qu'ils ont commifes, font obligés d'achever leur peni. tence en l'autre vie dans un lieu qu'on appelle le Purgatoire;parce que c'eft un lieu deftiné pour purifier les ames & effacer les reftes de leurs pechés. Nous pouvons aider ces mes fouffrantes en prefentant à Dieu nos prieres, nos jeûnes, aumônes, communions & autres bonnes œuvres à leur intention; & Dieu en confideration de ces bonnes œuvres diminue les peines de ces ames, les retire du feu du Purgatoire, & les fait entrer en Paradis. C'est pour inviter tous les Fideles à prier pour le foulagement & délivrance de ces ames, que l'Eglife a inftitué la comme. moration des Morts le lendemain de la Touflaints.

L'efprit de l'Eglife eft que nous prions ce jour-là, non feulement pour nos parens, amis & bienfaiteurs qui font morts, mais principalement pour toutes les ames du Purgatoire en general.

Prenons en ce jour la refolution de ne laiffer paffer do rénavant aucun jour fans offrir à Dieu quelque priere particuliere pour le foulagement & la délivrance des ames du Purgatoire, & de faire de plus à cette intention de tems en tems quelques aumônes, quelques jeûnes ou abftinences ou quelque autre œuvre penible ou autre bonne œuvre, & quand nous entendrons fonner pour quelque mort, de prier auffitôt pour le repos de fon ame, & d'affifter fi nous pouvons, à fon enterrement & aux fervices qui fe feront pour cette perfonne : enfin de profiter de toutes les occafions qui fe prefenteront de procurer du foulagement aux Fideles trepaffés. Cet exercice de charité retournera à notre propre avantage. 1. Les ames que nous aurons foulagé par nos bonnes œuvres, lorfqu'elles feront dans le Ciel, demanderont à Dieu pour nous les graces dont nous avons befoin pour vivre faintement fur la terre. 2. Après notre mort Dieu inspirera à

des ames pieuses, les mêmes fentimens de compaffion pour nous.

Prenons auffi la refolution en ce jour d'éviter non feu lement les grands pechés qui nous peuvent damner, mais d'éviter même les plus legeres fautes qui doivent être expiées par des fuplices auffi étranges que font ceux du Purgatoire. Confiderons ferieulement qu'un feul moment des peines du Purgatoire eft infiniment plus penible à fouffrir que les plus grands maux de cette vie. Quel eft donc notre aveuglement de ne pas acquiter nos dettes dans un tems où nous le pouvons faire fi facilement, en uniflant nos mortifications & les peines de cette vie avec les fouffrances de Jesus-Chrift.

Pour les fetes qui fe celebrent pendant le cours de l'année à l'honneur de la fainte Vierge, des Anges, des Saints des Saintes.

LFêtes à fhonacur de la Sainte Vierge, des Anges &

E Saint Esprit a inspiré à l'Eglise d'inftituer plufieurs

des autres Saints & Saintes, I. afin que nous fouvenant en ces jours des graces que Dieu a faites à la fainte Vierge, aux Anges, & aux Saints, nous en remercions fa bonté, & la louions & beniffions pour toutes ces faveurs dont il les a gratifié. 2. Afin que penfant aux merveilles que Dieu a operées en eux, & aux vertus qu'ils ont pratiqué, nous y participions en nous en conjouiflant avec eux. 3. Afin que confiderant leur fidelité envers Dieu, leur zele pour fon fervice, leur courage dans les afflictions & leurs autres vertus, nous foyons excitez à les imiter. 4. C'eft afin qu'étant affiftez de leurs prieres nous puiffions obtenir plus facilement la remiffion de nos pechés, la victoire de nos paffions, & la grace de ne plus offenfer Dieu.

Il faut tacher d'avoir un Livre qui contienne la vie des Saints, & lire la vie du Saint dont on celebre la fête. Il fera bon de lire au moins l'article de ce que nous devons à la fainte Vierge, aux Anges & aux Saints. pag. 303. Pour la fete de la Dedicace des Saints Patrons.

CE qu'on appelle la fête de la Dedicace, eft une fo

lemnité qui fe celebre tous les ans, pour faire fouveBir les Chrétiens qu'à pareil jour leur Eglise a été confa

crée à Dieu, & que Jefus-Chrift dans le très-Saint Sacré ment a commencé d'habiter au milieu d'eux. Ou bien c'eft la fête des Saints Patrons du lieu, fous le nom defquels l'Eglife dudit lieu a été confacrée à Dieu.

Si nous regardons la fête de la Dedicace comme l'anniverfaire de la confecration de l'Eglife du lieu où se celebre cette fête, nous devons confiderer que cette Eglise a été confacrée à Dieu pour être le lieu de fa demeure, pour nous y affembler, afin de le louer, de lui rendre le culte que nous lui devons, de lui adreffer nos prieres, & de lui offrir le très-augufte Sacrifice de l'Autel ; & que Dieu menace de fuplices terribles ceux qui profaneront ce faint lieu.

Le jour de la fête de la Dedicace doit donc être employé à reparer par une devotion extraordinaire les immodefties qu'on a commifes dans l'Eglife, & les fautes qu'on y a faires, en affiftant avec peu de devotion au faint Sacrifice de la Meffe & aux autres Offices divins. Il faut faire enforte que cette folemnité foit comme une amende honorable & une reparation d'honneur que nous devons faire à Dieu, à caufe des profanations de fon faint Temple, par les penfées vaines & peut-être criminelles dont nous nous y fommes occupez, par les paroles inutiles que nous y avons dites, & par les poftures inde centes que nous y avons tenue.

Si nous confiderons le jour de la Dedicace comme la fête des Saints Patrons, fous le nom defquels l'Eglife du lieu a été dediée & confacrée à Dieu, nous devons faire attention qu'ils font appellez nos Patrons, non feulement parce qu'ils font nos avocats & nos interceffeurs auprès de Dieu, mais encore parcequ'ils font les modeles que nous devons imiter, & lur la vie defquels nous devons regler la nôtre. De forte que pour nous acquitter de notre devoir au jour de la fête des Saints Patrons, il faut nous adreffer à eux comme à nos interceffeurs, afin qu'ils obtiennent de Dieu par leurs prieres le fecours qui nous est necellaire dans nos befoins fpirituels, & la patience pour fuporter les befoins corporels. Il faut auffi les regarder comme des exemples que nous fommes obligés de fuivre & d'imiter, fi nous voulons parvenir au bonheur dont

#ils jouiffent dans le Ciel. C'eft pourquoi il eft bon de lire leurs vies pour aprendre ce qu'ils ont fait, parce qu'ils ne feront nos protecteurs qu'autant que nous ferons ou que nous defirerons fincerement & efficacement de devenir leurs imitateurs.

MA

Ca

Pour le faint jour de Dimanche.

Omme le faint jour de Dimanche est celui les que Chrétiens font obligés de fanctifier chaque femaine, il eft à propos de bien connoitre fon inftitution & les moyens de le paffer chrétiennement.

Il faut donc favoir qu'au lieu du Samedi qui étoit le jour de repos de la loi ancienne, les Apôtres infpirés du faint Efprit ont inftitué le jour fuivant qui s'apelle le Dimanche, c'est-à-dire le jour du Seigneur, parce qu'ils ont dedié ce jour au fervice de Dieu, & ordonné que les Chrétiens s'abftiendroient de toute forte de travail, & ne s'employeroient qu'aux chofes du falut.

Ce qui obligea les Apôtres à ce changement de la celebration du Samedi à celle du Dimanche, fut non feule ment afin qu'il y eut de la difference entre les Chrétiens & les Juifs, mais auffi parce que le Dimanche eft un jour auquel nous avons reçu de très-grandes graces de la bonté divine. Le Dimanche eft le jour auquel Dieu a commencé la création du monde, auquel Jesus-Chrift eft ref fufcité & a achevé l'ouvrage de notre Redemption. Enfin c'eft ce jour auquel le faint Esprit eft descendu sur la

terre.

Ainfi le Dimanche eft inftitué, 1. pour nous faire fouvenir de ces grands bienfaits, de la création du monde, de la Refurrection de Jefus-Chrift & de la defcente du faint Efprit. 2. Pour adorer la majefté de Dieu & reconnoitre que c'eft lui qui nous a donné la vie, & qui peut nous l'ôter quand il lui plaira. 3. Pour lui demander pardon des pechés que nous avons commis pendant la femaine paflée. 4. Pour le prier de nous faire la grace de l'aimer & de ne plus l'offenfer jamais, & pour lui demander toutes les chofes qui nous font neceffaires.

C'eft de quoi nous devons nous occuper au jour de Dimanche. Voyez encore ce qui eft marqué dans l'article de la fanctificatiou des Dimanches & Fêtes, qui eft dans la premiere partie de ce Livre, pag. 315