particulier. Nos prieres toutes feules font trop foibles pour aller jufqu'à Dieu. Il les faut joindre à celles de l'Eglife, comme l'eau retenue dans un vafe étant incapable d'elle-même d'aller jufqu'à la mer, y eft portée fi on la rejette dans un fleuve qui l'emporte avec le refte de fes eaux, felon la comparaison de faint Chryfoftome.

que

C'eft auffi par cette raison l'Eglife prie toujours en commun & qu'elle demande tout en commun; ces prieres communes marquant que nous prions comme membres d'un même corps & en union avec ce corps. C'est par cette raifon qu'elle a toujours preferé les prieres publiques aux prieres particulieres, parce que cette union des fidelles dans un même corps y eft plus expreffément marquée. C'est par cette raison que les Peres remarquent qu'un des plus grands obftacles à la priere, eft l'averfion contre le prochain & le reffentiment des injures, parce qu'il n'y a rien qui foit plus oppofé à cette union des cœurs. [Vide Greg. mor, in Job. l. 10. c. II. Aug. in Pf. 54. C'eft le fondement de ce precepte de faint Paul, qui ordonne aux hommes dans la premiere Epitre à Timothée, de prier en tout lieu

d'élever leurs mains à Dieu fans colere fans divifion , (1. ad Tim. 2. 8. ) parce que ces vices font contraires à cette difpofition de charité & d'union avec nos freres néceffaire à la priere.

C'est enfin par cette raifon qu'il nous eft expreffément ordonné dans l'Oraifon Dominicale de pardonner à nos ennemis; parce que nous ne pourrions prier dans un efprit de paix & d'union avec eux, ni unir nos prieres aux leurs, fi nos cœurs étoient divifés par la colere & par la haine. Les membres font toujours d'accord enfemble, & fi-tôt qu'ils font divifés ils ceffent d'être membres d'un même corps, parce qu'ils ne le compofent que par leur union. Priez donc comme membres du corps de Jefus-Chrift, comme enfans de l'Eglife, c'eft prier en efprit d'union avec tout le refte des fidelles fans en excepter aucun. I eft vrai qu'il n'eft pas néceffaire d'avoir toujours expreffément certe pensée, & qu'il fuffit d'avoir cette difpofition de charité dans le cœur mais il eft bon néanmoins de l'avoir fouvent dans l'efprit pour nous donner lieu d'examiner fi nous l'avons dans le cœur, & fi nous n'y nourriffons point quelque femence fecrette de haine,

d'averfion, & de mépris contre quelqu'un des membres de l'Eglife, ce qui détruiroit tout l'effet de nos prieres & les rendroit incapables d'être reçûës favorablement de Dieu.

Fin du premier Volume.

1

TABLE

1

DES CHAPITRES

DU TRAITÉ

DE LA PRIERE.

LIVRE PREMIER.

Où il eft traité de la Methode de mé-
diter fur quelques fujets generaux
aufquels il eft bon de faire réflexion
chaque jour.

CHAP. I. D

Ela preparation éloignée à
P'Orafon, qui confifte dans
une vigilance continuelle fur fes paroles,
fur fes pensées.

page 1
CHAP. II. Que les Methodes d'Oraifon
Mentale ne doivent déplaire à perfonne,
parce que la premiere regle de toutes les
Methodes eft de ne s'y aftraindre point,

de ne s'en fervir qu'autant qu'elles
fervent à arrêter la mobilité de l'ef-

prit.

CHAP

6

CHAP. III. Que chacun fe peut faire differens ordres de penfées felon fes différens befoins, & par confequent diverfes methodes. Ordre que l'on peut fuivre dans l'Exercice du matin qui doit préceder l'Oraifon fur les sujets particuliers, &qui en peut faire la préparation prochaine. 17 CHAP. IV. De l'adoratiou de Dieu. 26 CHAP. V. De l'action de graces. 36 CHAP. VI. De la componction. CHAP. VII, Du fouvenir de la Beati

63

87

tude. CHAP. VIII. De la prévision & du reglement des actions de la journée. 93 CHA P. IX. De la préparation aux tentations dont on eft ordinairement at103 CHAP. X. Quel est l'usage que l'on doit faire de cet exercice.

taqué.

LIVRE SECOND.